1.2.06

Chine : Microsoft suggère une approche commune, Google explique

Après que Yahoo! eut identifié un de ses clients et transmis ses données personnelles aux autorités chinoises qui lui reprochaient d’avoir transmis des secrets d’État par courriel, après que Microsoft eut fermé le blogue d’un client chinois de son service d’hébergement de blogues MSN Spaces à la demande du gouvernement, et après l’annonce récente que Google se plierait à la censure dictée par Beijing, voilà que Microsoft suggère aux entreprises de technologie une approche commune à l’égard des restrictions gouvernementales relatives au contenu des blogues. C’est le vice-président et conseiller juridique principal de Microsoft, Brad Smith, qui a formulé cette suggestion lors d’une conférence prononcée hier à Lisbonne (voir le communiqué de Microsoft).

L’approche de Microsoft repose sur trois principes. D’abord, l’adoption de normes précises pour protéger l’accès au contenu. Microsoft ne bloquera l’accès à un contenu que si elle reçoit une directive gouvernementale lui enjoignant de le faire sous peine de mesures juridiques, ou si le dit contenu contrevient aux conditions d’utilisation de ses services. Puis, Microsoft ne bloquera l’accès au contenu visé que dans le pays dont les autorités auront fait la demande de blocage; le contenu demeurera accessible au reste du monde, une mesure permise par des changements apportés à l’infrastructure de MSN Spaces. Enfin, lorsque les autorités d’un pays demandent le blocage d’un contenu, Microsoft informera l’auteur des raisons précises du blocage. Nulle part dans le communiqué de Microsoft n’est-il question d’un pays en particulier.

Le service d’hébergement de blogues MSN Spaces aurait 35 millions d’abonnés, dont 3,3 millions en Chine. Smith a déclaré que Microsoft cherchait à établir un consensus entre l’industrie et les gouvernements en ce qui a trait à la censure de contenus, mais a refusé de préciser s’il avait directement proposé cette approche à Google et à Yahoo!. Pour John Palfrey de la faculté de droit de Harvard, l’initiative de Microsoft a du bon, mais il s’attend à ce que l’entreprise de Bill Gates doive faire face à d’énormes pressions si elle maintient l’accès ailleurs dans le monde à des contenus censurés dans un pays, et si elle communique aux auteurs de ces contenus les raisons précises du blocage. (Voir Associated Press, Microsoft Amends Blog Shutdown Policies.)

Aujourd’hui, devant le Congressional Human Rights Caucus qui tenait audience à Washington sur le thème des droits de la personne, d’Internet et de la République populaire de Chine, Google a expliqué la nature de ses activités en Chine, et sa décision de lancer Google.cn pour offrir un meilleur service à la clientèle chinoise. Andrew McLaughlin, conseiller principal aux politiques chez Google et chercheur à la faculté de droit de Harvard, a déclaré que Google envisageait aussi participer à la recherche d’une approche commune de la part de l’industrie face aux restrictions gouvernementales sur le contenu.

Il a toutefois ajouté que le gouvernement des États-Unis avait un rôle important à jouer en matière de liberté d’expression et d’ouverture des communications. «Par exemple, en tant que société étasunienne dont le secteur principal d’activité est celui de l’information, nous avons demandé au gouvernement des États-Unis à traiter la censure comme un obstacle aux échanges commerciaux.»

Soulignons que le caucus du Congrès sur les droits de la personne entendra également des représentants des sociétés Cisco, Yahoo! et Microsoft et des organismes Reporters sans frontières, Human Rights Watch et Amnesty International sur la question de la censure d’Internet en Chine.

Mise à jour, 2 février

Précisons ici que Google n’a pas délégué de représentants à l’audience, mais a fait parvenir un communiqué signé par Andrew McLaughlin, conseiller principal aux politiques chez Google.

Idem pour Yahoo! et Microsoft qui ont fait parvenir une déclaration commune par écrit, tout comme l’équipementier Cisco.

Comme le rapporte News.Com, les parlementaires n’ont pas du tout apprécié que Google, Microsoft, Yahoo! et Cisco fassent parvenir des déclarations écrites. Le représentant démocrate de Californie, Tom Lantos, a déclaré que ces toutes puissantes sociétés devraient «avoir honte» d’agir ainsi : «Avec toute leur influence, leurs moyens et la visibilité dont elles jouissent, ils ont refusé de s’investir dans le type d’action positive comme le font tous les jours les militants de droits de la personne en Chine.» Puisque le caucus n’a pas statut de comité, il ne peut forcer les sociétés à témoigner. La «bande des quatre» devra cependant comparaître le 15 février prochain devant le comité des relations internationales de la chambre des représentants.
|