23.3.06

Cas d’appropriation de nom de domaine

On sait que quiconque peut réserver un nom de domaine. On vérifie s’il est disponible, on communique avec un régistraire, on verse les droits pour une durée déterminée, on trouve un hébergeur, et voilà, le tour est joué. Mais au delà de la période initialement prévue, cette inscription est renouvelable lorsqu’elle vient à échéance, sinon le nom redevient disponible.

Certains régistraires préviennent par courriel les détenteurs de noms de domaines à l’approche de l’échéance du renouvellement. Ceci évite de «perdre» son nom de domaine qui pourrait être récupéré par d’autres.

Voilà que mon collègue du Devoir, Benoît Munger, s’est fait ravir le nom de domaine (bmunger.ca) qui hébergeait son blogue après avoir négligé de renouveler son inscription. Le domaine en question a été «approprié» pour moins de 15 $CAD par un Russe de Saint-Pétersbourg le 17 mars dernier, et ce par l’entremise d’un régistraire canadien, agréé par l’Autorité canadienne pour les enregistrements Internet (ACEI), et qui a aussi des bureaux en Grande-Bretagne.

Là où l’affaire prend une dimension embarrassante, c’est que le citoyen russe en question utilise le nom de domaine qui hébergeait le blogue de Munger pour faire la promotion de matériel pornographique. Ainsi, tous les blogues ou répertoires qui contenaient une référence au blogue de Benoît ont maintenant un lien pointant vers un site porno.

Pour le chipeur de nom de domaine, il y a un avantage a s’approprier un nom déjà connu plutôt que de choisir un nom inédit. Comme la mise en marché de la porno repose en très grande partie sur une multitude de liens qui pointent vers certains sites, accaparer un nom de domaine déjà connu et y inscrire des liens vers ces sites accapare aussi la fréquentation antérieure de ce nom de domaine. Et comme tout est payé au clic... Il y a d’ailleurs des services de veille des noms de domaines qui arrivent à échéance sans être renouvelés.

Et le problème, c’est qu’il n’y a rien d’illégal dans ce genre d’appropriation de nom de domaine. Resterait à savoir si la politique de règlement de différend de l’ACEI qui «vise à fournir un cadre permettant de traiter de manière relativement peu coûteuse et rapide les cas de noms de domaine enregistrés de mauvaise foi dans le registre des noms de domaine de tête de code de pays point-ca exploité par l'ACEI (le “registre”)» pourrait être un recours possible.

P.S. J’ai tenté depuis ce matin, sans succès, de rejoindre Benoît par téléphone et par courriel pour obtenir ses commentaires.

P.P.S. Merci à P.V. qui m’a mis sur cette piste.

Mise à jour : 28 mars

Benoît m’a fait parvenir le courriel suivant :

Comme on dit, cordonnier mal chaussé. J'ai loupé le renouvellement de ce nom de domaine, dont je possédais les droits depuis quelques années, pour une banale histoire d'adresse de courriel obsolète. Pas trop grave. De toute façon j'avais l'intention de le laisser aller.

Merci de me l'avoir signalé.
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