10.3.06

Haïti : l’axe de coopération sud-sud se confirme

Comme je le soulignais il y a trois semaines (voir Haïti : La suite des choses et la dette bolivarienne), il y aurait une ouverture sur la coopération «sud-sud» qui serait à l’avantage d’Haïti dans l’énorme tâche de reconstruction qui attend ses élus confirmés et à venir. Des informations récentes permettent de confirmer ces possibilités.

D’une part, on lit dans Haïti Échanges (7 mars) que «Le Président vénézuélien Hugo Chávez a annoncé, dimanche 5 mars, officiellement que toutes les dispositions sont déjà prises par son gouvernement en vue de l’intégration d’Haïti dans l’accord pétrolier préférentiel Petrocaribe, rapporte lundi l’agence de presse chilienne Orbe. Le chef de l’État précise qu’il présentera la proposition directement au Président élu d’Haïti, René Préval, lors d’un tête-à-tête qu’ils auront au Chili samedi prochain en marge de la cérémonie d’investiture de la nouvelle présidente chilienne Michelle Bachelet. "C’est un peuple frère et nous avons une dette historique envers le peuple d’Haïti qui souffre d’une pauvreté infinie", a indiqué Chávez dans le cadre de son programme hebdomadaire radiotélédiffusé "Alò Presidente".»

Soulignons au passage que la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, d’origine haïtienne, se rendra elle aussi à Valparaiso (Chili) pour assister à l'assermentation de la présidente Michelle Bachelet, mais le communiqué émis par Rideau Hall ne mentionne pas de rencontre prévue avec le nouveau président haïtien.

Petrocaribe est une initiative du gouvernement vénézuélien qui vise à offrir des produits pétroliers à prix préférentiels à 13 pays de la Caraïbe. Petrocaribe dispose d’une politique de crédit à long terme à taux d’intérêt très faibles et qui peut aller jusqu’à la fourniture compensatoire de biens et de produits au Venezuela.

Selon des chiffres de 2003, Haïti consommait l’équivalent 11 800 barils de pétrole par jour. À titre comparatif, et ce pour une population très légèrement supérieure, la République dominicaine voisine consomme l’équivalent de 128 000 barils par jour. Un allégement du fardeau pétrolier à court terme aurait des effets immédiats dans les secteurs de la production d’électricité et du transport. En février, l’essence ordinaire se détaillait à plus de 1 $ US le litre à Port-au-Prince, et la capitale était en proie à d’importantes pénuries d’électricité faute de carburant dans les centrales électrogènes.

Puis, de l’Agence Haïtienne de Presse (AHP), on apprenait ce 9 mars qu’en plus de conférer avec Hugo Chávez au Chili dans le cadre pré-cité, René Préval se rendra en Argentine pour une seconde rencontre avec le chef d’État vénézuélien ainsi qu’avec les présidents argentin Néstor Kirchner et brésilien Ignacio Lula Da Silva. Les discussions porteront sur différentes avenues de coopération économiques et sociales avec Haïti a fait savoir le président élu.

Préval ne néglige cependant pas les bailleurs de fonds traditionnels, précise l’AHP, car il rencontrera les 27 et 28 mars le président étasunien George Bush ainsi que des responsables des Nations Unies, de l’Organisation des États Américains (OÉA), de la Banque Mondiale, de la Banque Interaméricaine de Développement (BID) et du Fonds Monétaire International (FMI).
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