25.3.06

Facta non verba

Deuxième Force opérationnelle interarméesElle était en Haïti pour appuyer le coup d’État qui a renversé Jean-Bertrand Aristide en février 2004. Elle est en Afghanistan où elle impressionne par son efficacité le commandement militaire étasunien. Et voilà qu’elle aurait participé en Irak à la «libération» des otages canadiens, bien que les circonstances entourant cette opération demeurent nébuleuses (voir La Presse, Des zones d'ombre demeurent sur l'opération de sauvetage). Il s’agit de la Deuxième Force opérationnelle interarmées, mieux connue dans le milieu sous son acronyme anglais JTF2, dont la devise est Facta non verba, «des actes, pas des paroles».

On lisait également hier dans le quotidien La Presse au sujet de la libération des otages : «Ironiquement, ce sont les autorités britanniques et américaines qui ont d'abord révélé que des Canadiens avaient participé aux efforts de sauvetage. Réticentes à offrir quelque détail, les autorités canadiennes ont été obligées en fin de journée de confirmer les dires du Pentagone et du ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw, qui ont soutenu que des soldats et des policiers canadiens ont joué un rôle dans cette mission. Toutefois, il a été impossible de savoir hier combien de soldats et de policiers canadiens y ont participé.»

Le JTF2 a été créé le 1er avril 1993 quand les Forces armées canadiennes ont accepté la responsabilité des opérations fédérales antiterroristes, qui relevaient auparavant de la Gendarmerie royale. Par contre, c’est une des unités les plus discrètes des Forces armées. «Si la vie vous intéresse» disait autrefois une publicité des Forces canadiennes. Eh bien si le JTF2 vous attire, sachez qu’il vous faudra servir au moins deux ans dans les rangs des Forces avant d’y être admissible. Sachez aussi que neuf aspirants sur dix sont rejetés tellement les critères sont pointus. Le JTF2 compterait environ 300 membres; on projette de doubler ce nombre sous peu.

Canada's Secret CommandosMalgré l’extrême discrétion qui entoure le JTF2, la CBC a publié un texte relativement étoffé sur le sujet, mais l’oeuvre maîtresse sur le JTF2 a été écrite par le journaliste d’enquête David Pugliese, Canada's Secret Commandos: The Unauthorized Story of Joint Task Force Two. En fait, le JTF2 est si discret que ses membres ne peuvent obtenir de pension d’invalidité du ministère des Anciens combattants s'ils sont blessés car il faudrait lors de la réclamation préciser les circonstances ayant mené à l’invalidité, ce qui risquerait de dévoiler le lieu et la nature des opérations.

Et voilà, Facta non verba. On en sait probablement davantage à Washington et à Londres sur ce que font nos militaires à l’étranger. Si Harper garde le mutisme sur le rôle du Canada dans la libération des otages disant «"Je peux seulement dire que nous avons participé dans cette (opération) réussie[...]. Mais j'ai toujours dit que je ne suis pas libre d'en dire plus que ça pour des raisons de sécurité nationale», la question se pose à savoir si, malgré sa visite très médiatisée en Afghanistan, il est vraiment au fait du rôle des militaires canadiens à l’étranger.
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