7.8.06

Israël/Liban : Une guerre de l’eau?

Initialement, l’objectif déclaré d’Israël en frappant le Sud-Liban était de mettre fin au tir de roquettes du Hezbollah et de créer un zone tampon, d’où l’argument d’auto-défense évoqué par les dirigeants israéliens.  Or, un observateur averti du Proche-Orient, Kaveh L Afrasiabi, avance une autre théorie sur les motifs du présent conflit : l’enjeu de l’agression israélienne serait l’annexion pure et simple du Sud-Liban pour avoir accès à l’eau de la rivière Litani. 

Afrasiabi écrit dans le Asia Times qu’au fur et à mesure qu’Israël élargit la zone qu’elle juge nécessaire à assurer sa sécurité, et que la dite zone rejoint maintenant la rivière Litani à 70 kilomètres au nord de la frontière israélon-arabe, ses motifs deviennent de plus en plus clairs.

L’accès par Israël à la rivière Litani se traduirait par une augmentation des ressources hydriques de 800 millions de mètres cubes annuellement selon Afrasiabi.  Il pourrait hypothétiquement par la suite y avoir négociation entre la Israël et la Syrie sur la question du Golan, source du tiers des ressources en eau d’Israël, mais un scénario plus réaliste serait le maintien du refus d’Israël de se plier aux résolutions 242 et 338 des Nations Unies exigeant son retrait des territoires syriens.

Mis à part la dimension géostratégique et celle de l’eau, reste à savoir si la tentative d’Israël de s’accaparer du Sud-Liban et de redessiner la carte du Proche-Orient sera tolérée par la communauté internationale.

Il y a plusieurs raisons de croire qu’avec le silence complice des États-Unis sur cette attaque d’Israël contre l’intégrité territoriale du Liban, Israël sera en mesure de faire fi des critiques et d’aller de l’avant avec son plan non déclaré d’annexion du Sud-Liban, écrit Afrasiabi.

Ce qui est moins sûr, selon lui, c’est si les efforts combinés du Hezbollah, du reste de la société libanaise et des autres forces arabes de la région pourront contrer cette tentative d’annexion du Sud-Liban.
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