9.10.06

Présence des femmes en journalisme aux É.-U.

En 1972, le journaliste Tim Crouse qui travaille alors pour le magazine Rolling Stone écrit un livre sur les journalistes qui couvrent les campagnes présidentielles de Richard Nixon et George McGovern et le phénomène de journalisme de meute (pack journalism), un des classiques des années soixante-dix sur les médias de l’époque.  Le titre : The Boys on the Bus, ces «gars» qui suivaient la plupart du temps dans des autocars nolisés les moindres déplacement des candidats.

Si Crouse a parlé des boys, c’est que les femmes étaient absentes de la couverture journalistique politique à l’époque et étaient confinées à des magazines féminins, culinaires, de décoration et autres.

Les temps ont-ils changé?

Ruth Davis Konigsberg, éditrice du magazine Glamour et du site Web WomenTK a effectué une analyse des textes publiés de septembre 2005 à septembre 2006 par cinq grands magazines dits d’«intérêt général» qui traitent de politique, d’enjeux sociaux, de littérature, etc., soit The Atlantic, Harper’s, The New York Times Magazine, The New Yorker, et Vanity Fair.

Bilan : le nombre d’articles publiés écrits par des femmes représente en moyenne le tiers de l’ensemble des articles, un ratio masculin/féminin de 3:1.

Mais il s’agit bien d’une moyenne car le ratio varie beaucoup d’une publication à l’autre.

The New York Times Magazine : 2,2:1

Vanity Fair : 2,7:1

The Atlantic : 3,6:1

The New Yorker : 4,1:1

Harper’s : 6,9:1

Konigsberg note pourtant que les femmes constituent un important lectorat pour ces magazines.  Pour The New Yorker, 1,8 million de femmes pour 1,7 million d’hommes; pour Vanity Fair, trois fois plus de femmes que d’hommes.  En outre, selon BusinessWeek, le lectorat masculin des magazines est en baisse alors que le lectorat féminin se maintient.

Elle souligne de plus qu’au delà des chiffres et des ratios d’articles signés par des femmes, il faut voir quels sujets il leur est «permis» de traiter.  Par exemple, dans The Atlantic et The New Yorker, les femmes n’écrivent que sur le mariage, la maternité et autres sujets connexes, la danse, et aussi de la poésie et des nouvelles.  Pour ce qui est des «grosses histoires», on les réserve aux «gars».

Voir le texte de Konigsberg et les résultats ventilés de son enquête.
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