6.10.06

Une frappe contre l’Iran? Le Canada y sera

La question de l’enrichissement d’uranium par l’Iran devrait bientôt se retrouver devant le Conseil de sécurité de l’ONU si on en croit les plus récentes dépêches.  Un des scénarios possibles est que devant le refus persistant de l’Iran de cesser ses activités de développement du nucléaire, avec ou sans l’aval du Conseil, les États-Unis tenteront une opération militaire contre l’Iran, avec l’aide de l’OTAN, d’Israël...  et du Canada.

Cette participation canadienne à une attaque de l’Iran est un des nombreux points qui ressortent d’une analyse approfondie de Mahdi Darius Nazemroaya du Centre de recherche sur la mondialisation sur les préparatifs militaires navals en vue d’une frappe contre l’Iran, The March to War: Naval build-up in the Persian Gulf and the Eastern Mediterranean.

Le navire canadien NCSM Ottawa, après avoir quitté son port d’attache en Colombie-Britannique pour participer à des exercices de chasse aux sous-marins à Hawaï en septembre, se joint au groupe expéditionnaire de frappe (ESG 5) des États-Unis pour des «exercices» semblables dans le Golfe persique à proximité des côtes iraniennes.  Le nom de code de cette opération : Altair, «la contribution maritime du Canada à la campagne contre le terrorisme.  La frégate de patrouille de classe Halifax doit joindre les efforts navals de la coalition à la fin de septembre et sera déployée pour six mois[...] “Ce déploiement démontre l’engagement du Canada envers la sécurité internationale et la campagne contre le terrorisme,” a indiqué le Général Rick Hillier, chef d’état-major de la Défense nationale.» selon un communiqué du ministère canadien de la Défense nationale.

La participation militaire canadienne à la «campagne contre le terrorisme» ne se limite donc pas à l’Afghanistan.  Nazemroaya établit un lien entre les exercices de traque de sous-marins à Hawaï et la présence du Ottawa dans le Golfe persique.  «Pourquoi a-t-on mené ces exercices?» écrit-il, «Combien de pays du Proche-Orient ou de la région du Golfe disposent de sous-marins?  L’Iran est le seul pays qui ne soit pas un allié des États-Unis qui possède sa propre flotte de sous-marins.»

En cas d’attaque de l’Iran, la mission du Ottawa ne sera pas de tout repos.  Nazemroaya souligne que lors d’exercices militaires plus tôt cette année, l’Iran a mis à l’essai des missiles anti-navires de fabrication russe et chinoise très perfectionnés et presque impossibles à déjouer.

C’est sous le gouvernement libéral de Paul Martin que le Canada adopté une politique dite des «trois D» : diplomatie, développement, défense.  Il ajoutait ainsi une composante militaire à l’aide étrangère et au développement.  Évidemment, le gouvernement conservateur de Stephen Harper n’est que trop heureux de cette politique qui sert à le rapprocher de Washington.

Toutefois, n’y aurait-il pas lieu de faire preuve d’un peu plus de transparence et de dire au public que nous engageons un navire militaire canadien avec 255 hommes à bord dans ce qui semble, de toute évidence, être une escalade militaire dirigée contre l’Iran?
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