17.3.04

Un cabinet

Le premier ministre provisoire d’Haïti, Gérard Latortue, a annoncé la composition de son gouvernement. Le nouveau cabinet comprend 13 membres, dont deux femmes mais ne compte aucun membre du Lavalas, le parti d'Aristide.

Quelques commentaires.

Le ministère de la Justice et de la Sécurité publique sera dirigé par Bernard Gousse, un avocat professeur de droit de 45 ans. Me Gousse est un ancien conseiller principal de la International Foundation For Electoral Systems (IFES), un organisme basé à Washington qui reçoit des fonds de la National Endowment for Democracy (voir la fiche de l’IFES) notamment pour ses activités au Nicaragua.

Yvon Siméon, un économiste de 66 ans, prendra la tête du ministère des Affaires étrangères, des Cultes et des Haïtiens vivant à l'étranger. M. Siméon était porte-parole de la Convergence démocratique en France. On pourrait l’inviter à faire preuve d’un peu plus de ... diplomatie. Extrait d’entrevue avec un journaliste de Jeune Afrique le 23 février 2004 :
J.A.I. : Parmi ses soutiens étrangers, il y a le Black Caucus, qui regroupe les élus noirs du Congrès américain...
Y.S. : Savez-vous comment on appelle les membres du Black Caucus en Haïti? Les «Blacks coquins».
(...)
J.A.I. : Vous ne dénoncez donc pas le recours à la lutte armée?
Y.S. : Non! Mieux, on la comprend.

À l’Éducation nationale et à la Culture, Pierre Buteau, éducateur de carrière et historien. M. Buteau est membre du Groupe des 184 et co-signataire du premier communiqué de l’organisme. En 2002, dans AlterPresse il qualifiait le régime d’Aristide de «pouvoir bizarroïde» et notait la «difficulté de renouvellement du personnel politique et l’absence d’éthique» dans les pratiques politiques. Le voilà confronté à un beau défi.

Selon l’Agence Haïtienne de Presse, «plusieurs membres de l’OPL (Organisation du Peuple en Lutte*) et de la Convergence font partie du gouvernement Latortue: Yves André Wainwright, Adeline Magloire Chancy, Philippe Mathieu et Yvon Siméon, respectivement ministre de l’Environnement, de la Condition féminine, de l’Agriculture et des Affaires étrangères. Pour sa part, le groupe des 184 compte Bernard Gousse, de la Justice, Danièle Saint-Lot, du Commerce et de l’Industrie et Pierre Buteau de l’Éducation nationale. L’ancienne plateforme politique de l’opposition compte donc au moins 7 ministres sur un total de 12 portefeuilles, sans compter les postes de secrétaires d’État. Les autres ministres sont des technocrates réputés proches de l’opposition ou des amis du premier ministre.»

* Créée en 1991 sous le nom de Organisation Politique Lavalas, l’OPL fut, pendant des années, une formation pro-Aristide prônant l’idéologie lavalas. Aux élections législatives de 1995, elle remporta 17 des 27 sièges au Sénat et 66 des 83 à la Chambre des Députés. Aujourd'hui, ses membres militent dans l’opposition.
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