11.8.06

Israël/Liban : Une guerre de l’eau? (2)

Le 7 juillet, j’écrivais un billet sur l’importance de l’eau dans les enjeux de l’agression israélienne sur le Liban (Israël/Liban : Une guerre de l’eau?).  Kim Murphy du Los Angeles Times revenait hier (10 juillet) sur cet aspect méconnu du conflit (Old Feud Over Lebanese River Takes New Turn). 

Israël a bombardé des canaux d’irrigation ouverts et souterrains qui distribuent de l’eau à partir du fleuve Litani sur plus de 10 000 acres et à 23 villages du Sud-Liban et de la vallée de la Bekaa, ce qui a réalimenté les accusations voulant qu’Israël cherche à s’approprier les riches bassins versants libanais, accusations qu’Israël nie formellement.

Ce n’est pas d’hier qu’Israël convoite ces sources d’eau rappelle Murphy.  Le leader sioniste Chaim Weizman qui devait devenir le premier président de l’État hébreu avait déjà inclus en 1919 le fleuve Litani parmi «les exigences essentielles à la mise sur pied d’un État juif».  David Ben-Gurion, premier à occuper le poste de premier ministre israélien, a lui aussi à la fin des années quarante, à l’aube de la création de l’État juif, proposé d’y inclure le fleuve Litani.  Dans les années cinquante, ce fut au tour de Moshe Dayan, alors chef d’état-major de Tsahal, de se dire en faveur d’occuper et d’éventuellement annexer le Sud-Liban jusqu’au fleuve Litani.

Une bonne partie du débit du Litani est dirigé vers une série de barrages hydro-électriques, ce qui laisse peu pour l’irrigation, mais le gouvernement libanais prévoyait (avant le début de l’agression) un projet d’une valeur de 200 millions de dollars pour optimiser l’irrigation et l’étendre à d’autres zones de la région.

Outre le Litani, d’autres sources sont convoitées.  Le 26 juillet dernier, le site israélien Debka spécialisé en questions militaires et de renseignement annonçait déjà que «Peut-être le gain le plus important de cette crise pour Israël est la récupération d’une de ses principales sources d’eau, les sources de Wazani dans le village de Ghajar.  Ceci s’est accompli dans les premières heures de l’offensive des forces armées vers l’est.  Israël ne sera pas empressé de céder cet acquis.»

Mais pour en revenir au Litani, si Israël et le Liban étaient en paix, on pourrait entrevoir une heureuse collaboration entre les deux pays selon le professeur d’hydrologie Haim Gvirtzman de la Hebrew University.  Le partage des ressources impliquerait une vente d’électricité au Liban par Israël, et une cession d’une partie de l’eau du Litani par le Liban à Israël.

Bon, ne rêvons pas...

P.S.  J’ai reçu quelques courriels me demandant d’où venait mon intérêt marqué pour les événements que l’on connaît.  C’est que j’ai effectué la recherche et la rédaction des dossiers du site eXtremis, notamment la section «Guerre de l’eau» du dossier «Planète ravagée» qui portait sur l’eau en territoires palestiniens, puis le dossier «Désobéir» dont une partie importante portait sur Tsahal.
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