3.2.06

Québec : Médias «trads» et blogues

Ils ont tardé à y venir, mais des journalistes des médias traditionnels s’adonnent maintenant aux blogues. Certains, comme Josée Blanchette du Devoir, après avoir lancé le sien en janvier 2005, ont même eu le temps de quitter l’espace blogue après quelques mois (dernier billet, 28 juillet). Il y aurait eu surabondance de commentaires et de courriels selon l’auteure. Dommage, mais on comprend. D’ailleurs, en annonçant le début de l’expérience, Joblo écrivait : «Je ne sais trop si c'est l'ultime piège à cons qui me bouffera les dernières minutes qui me restent, mais je suis tombée dedans mains jointes, comme dans la religion ou les chips. Ne manquait qu'un point G à Joblo pour en faire Joblog.[...] Appelons ça une page personnelle active sur laquelle l'interactivité s'installe. Ce qu'on ne ferait pas pour éviter l'ennui...»

Comme j’écrivais déjà, «C’est vrai qu’on peut difficilement demander à des cumulards de prendre le temps de bloguer. Entre la chronique à écrire, l’autre article pigé, l’émission à animer, la présence à l’émission d’un ou d’une collègue, le commentaire occasionnel parce qu’ils sont à portée de micro, et que sais-je encore, leurs semaines sont déjà bien chargées. On ne peut être partout à la fois, même si on le voudrait.»

Ça n’empêche pas les Francs tireurs Richard Martineau de Voir (un des premiers «trads» blogueurs) et Patrick Lagacé du Journal de Montréal de tenir des blogues très fréquemment mis à jour, et de susciter de nombreux commentaires.

Par ailleurs, le chroniqueur Michel Vastel tient un blogue sur le site du magazine L’Actualité, quoique certains comme le communicateur Marc Snyder ne soient pas persuadés qu’il s’agissent dans la forme d’un «vrai» blogue. Pour le fond, c’est du bon Vastel. D’ailleurs, j’ai bien apprécié qu’il nous fasse officiellement part de ses prévisions chiffrées sur le résultat de l’élection du 23 janvier dernier, peu de chroniqueurs l’ont fait. Ce n’est pas nécessairement d’avoir raison qui compte, c’est de se commettre. Et les mois qui viennent fourniront à Vastel amplement de matériel à bloguer.

Cyberpresse nous offre de beaux exemples. J’aime bien les chroniques linguistiques des Amoureux du français (Fabienne Couturier et Paul Roux), surtout que Paul Roux ait pris le temps la semaine dernière de répondre à un certain académicien (voir Maurice Druon et nous). Mais parmi les blogues de Cyberpresse, si on en juge par l’abondance des commentaires, le Sans ligne rouge de François Gagnon qui traite de hockey est certainement le plus populaire et celui qui représente le plus l’«esprit» blogue. C’est un blogue généreux sur le plan du contenu, et aussi de l’interactivité entre l’auteur et ses lecteurs.

Le seul problème des blogues de Cyberpresse, et ce sans égard au contenu, est l’interface d’accueil qui ne présente que les premières lignes du plus récent billet. Certes, les archives sont disponibles par jours et par mois, mais on souhaiterait un «look» davantage blogue avec un aperçu des billets précédent en acceuil.

Enfin, un tout nouveau blogue, celui de Lise Ravary rédactrice en chef du magazine Châtelaine lancé ce 2 février. Elle confie tenir un journal depuis longtemps : «Après 30 ans, j’ai l’impression de me parler toute seule. C’est pourquoi l’idée du blogue m’a séduite. Je vais continuer à tenir mon journal, à l’abri des regards, car je ne vais certes pas vous ennuyer avec mes petites histoires intimes. Mais voilà, pour mes 50 ans, je m’offre une nouvelle tribune dans l’espoir de susciter la réflexion, la discussion, le brassage des idées. Je serai souvent à contre-courant. Si je ne décoiffe personne, en aucun cas, je n’aurai pas bien fait mon travail.»
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