12.8.06

Après Olmert, Livni?

Malgré l’adoption à l’unanimité au Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 1701 (on attend toujours le texte complet sur le Web), Israël étend le champ de ses opérations militaires peut-on lire dans Le Monde.

Comme je le soulignais dans des billets précédents, quelles que soient les opérations sur le terrain, l’image des forces armées et des services de renseignement israéliens aura écopé au cours de cette campagne, tout autant que l’image du premier ministre Ehud Olmert. 

Il y a grogne au sein du cabinet israélien, notamment entre Olmert et sa ministre des Affaires extérieures Tzipi Livni à qui il aurait interdit de se rendre à New York pour l’adoption de la résolution 1701 rapporte Haaretz.  Madame Livni s’était préparée pour ce voyage depuis des jours, souhaitant s’adresser directement au conseil et aux représentants des membres permanents, mais Olmert aurait refusé prétextant qu’elle lui avait demandé son autorisation trop tard.

Madame Livni s’est opposée à la poursuite des opérations militaires deux jours après leur déclenchement, estimant qu’il n’y avait rien à gagner avec cette stratégie et qu’il fallait faire place à la négociation et à la diplomatie.  Craignant l’escalade des hostilités, elle a voté contre le bombardement du QG du Hezbollah dans le quartier Dahiya de Beyrouth.  Depuis, elle a appuyé du bout des lèvres, par solidarité ministérielle, les autres décisions mais a refusé de les commenter publiquement.  Elle a toutefois signifié aux chefs militaires qu’advenant une solution politique au conflit, ils devraient mettre un terme à leurs opérations.

Si on en croit certains observateurs, une fois clos ce triste chapitre de l’histoire d’Israël, Ehud Olmert ne pourra continuer à diriger le pays.  Serait-ce là une occasion pour Tzipi Livni de lui succéder?

Tzipi LivniOn lit dans sa biographie sur Wikipedia qu’elle est : «née à Tel Aviv le 5 juillet 1958 et y vit toujours.  Elle est mariée et mère de deux enfants.  Elle est la fille de Eitan Livni, un immigré d'origine polonaise, également membre du Likoud et parlementaire.  Elle a été lieutenant dans l'armée et a travaillé pour le Mossad au début des années 1980.  Elle est diplômée de la faculté de droit de Bar Ilan, et a exercé en tant que juriste, spécialisée dans le droit public et commercial.  Livni a été une grande supportrice du plan de désengagement des territoires occupés d'Ariel Sharon et s'est impliquée fortement pour que ce plan soit approuvé par la Knesset, notamment en tentant une médiation avec les membres du parti opposés à cette opération.  Elle est également considérée comme faisant partie des membres pacifiques du Likoud.»

Depuis 2001, elle a accumulé une expérience ministérielle considérable, ayant occupé les portefeuilles de la Coopération régionale, de l’Agriculture et du Développement rural, de l’Immigration, du Logement et de la Construction, de la Justice, puis des Affaires extérieures.

En novembre 2005, elle quitte le parti Likoud pour suivre Ariel Sharon dans son nouveau parti, Kadima.  En janvier 2006, alors qu’Ariel Sharon n’est plus en mesure de diriger le pays pour cause de santé, elle dément les rumeurs voulant qu’elle convoite la direction de Kadima et déclare : «je ferai personnellement tout mon possible pour aider le Premier ministre par intérim à assumer ses fonctions et à prendre les bonnes décisions.»

La citation la plus controversée qu’on lui attribue date du 28 mars 2006 alors qu’elle a déclaré sur les ondes d’une chaîne de télévision étasunienne «Quelqu’un qui combat les soldats israéliens est un ennemi et nous riposterons.  Mais je crois qu’il ne s’agit pas de terrorisme si la cible est un militaire.»

Il est certain que le présent conflit changera considérablement, à terme, l’échiquier compliqué de la politique intérieure israélienne.  Il y aura certainement, si un semblant de paix s’installe au Sud-Liban, des élections législatives.  Tiraillé entre pacifistes et faucons, l’électorat pourrait-il opter pour une modérée pragmatique au dossier impressionnant?  À suivre.
|