6.8.05

Mémoire et Racines 2005

FestivalierC’est en fin de semaine dernière que se déroulait à Saint-Charles Borromée (Joliette) la onzième édition du festival de musique traditionnelle Mémoire et Racines qui proposait comme d’habitude un menu copieux de spectacles, d’activités et d’occasions de photos. En fait, l’événement n’est pas à strictement parler un festival de musique car on y retrouve d’autres disciplines comme le conte et la danse, en plus d’ateliers sur la chanson, la musique et les danses d’ici et d’ailleurs, et même un atelier de câlleurs de sets carrés. Se rajoute évidemment au programme officiel d’activités de nombreux «jam sessions» animés de gens de tous âges venus d’un peu partout dans un esprit festif unique à Mémoire et Racines. L’ambiance est exceptionnelle, la musique aussi. Une de ces sessions regroupait pas moins de 11 violons, quatre guitares, trois accordéons, sans parler des podorythmeurs et autres accompagnateurs. Fallait entendre. Ces sessions se poursuivent très tard la nuit, ou jusqu’à très tôt le matin; celle de la nuit de samedi à dimanche s’est éteinte vers 6h30 dimanche matin.

En après-midi, les spectacles se répartissent simultanément sur sept scènes acoustiques installées sur un vaste terrain en bordure de la rivière, ce qui exige parfois de faire des choix difficiles tant l’offre est abondante en qualité et en quantité. En soirée, place aux grands concerts sur la scène principale. L’intérêt de ce festival est qu’autant il offre une excellente sélection de musiciens, chanteurs et groupes d’ici, autant il fait aussi découvrir des artistes d’ailleurs.

Vent du NordDes artistes québécois présents cette année, retenons trois noms. D’abord, Le Vent du Nord (photo), un groupe formé en 2002 mais qui s’est rapidement imposé comme une des formations incontournables en «trad» au Québec. Quatre musiciens, huit instruments (dont une vielle à roue), mais surtout une solide cohésion mélodique et rythmique (en anglais, on dirait «tight»). Puis un groupe connu dans sa région, mais auquel on aimerait être exposé plus souvent, Abitibi Pure Laine, avec une performance hors du commun par le violoniste Mathieu Roy. Disons que ces deux groupes s’inscrivent dans la lignée de La Bottine Souriante (aussi présente au Festival en soirée d’ouverture) en ce qu’ils apportent une touche de modernisme, tant par le choix des instruments que par les orchestrations, à la musique traditionnelle. Et évidemment, Wagon Bar, un trio difficile à définir dont l’instrumentation inhabituelle (dont l’oud) conjuguée à une unique performance vocale se prêterait à merveille à la trame sonore d’un film.

Joseba TapiaDans un tout autre registre, le groupe basque Tapia eta Leturia a séduit le public. Joseba Tapia est un virtuose du trikitixa, un accordéon typique du pays basque, et accompagné de son groupe a permis de voir les nombreuses ressemblances, du moins sur le plan de la sonorité, entre la musique d’ici et celle de cet ailleurs si loin qu’est le pays Basque. Mais ce qui aura valu au groupe une ovation bien sentie est certainement l’interprétation de la chanson Mon pays de Gilles Vigneault, mais en langue basque. Belle occasion d’apprendre que cette langue n’appartient pas au complexe indo-européen, caractéristique linguistique unique des habitants de cette région d’Europe. Ça aussi, fallait entendre.

Tony McManusEnfin, une des belles découvertes de l’année au Festival est le guitariste écossais Tony McManus. McManus, qui poursuit une carrière internationale, n’en était pas à sa première présence au Québec. En 1997 il a enregistré au Studio du Chemin no4 (Joliette) un disque intitulé «Pourquoi Québec?», question qui trouve sa réponse au verso de l’album, «Pourquoi pas...». Classé dans le genre celtique, McManus ne vous rappellera pas du tout Alan Stivell (ouf...). Il se distingue par l’interprétation sans faille d’un vaste répertoire puisé dans les Îles britanniques, l’Europe Centrale et l’Amérique du Nord. Seulement trois albums à son actif, mais un must dans toute discothèque d’amateur de guitare acoustique.

J.-P. CormierBref, une grosse édition 2005 de Mémoire et Racines. Resterait à souhaiter pour l'an prochain le retour du multi-instrumentiste des cordes J.-P. Cormier ou de la violoniste hors pair Anne Lindsay sur la grande scène, comme en 2002; la suggestion a déjà été formulée aux organisateurs.
|