6.2.06

L’étrange affaire des caricatures

Pas besoin de refaire le topo, tout le monde est bien au fait du tollé qu’a provoqué la publication de caricatures de Mahomet (Voir la galerie dans Courrier international). Ce que je trouve étrange de cette affaire m’est venu vendredi dernier d’un billet de Danielle Attias qui écrivait : «je viens de découvrir que ces caricatures ont été publiées par le quotidien danois Jyllands-Posten le 30 septembre 2005 dernier. Pourquoi les ressortir maintenant? À quelles fins? Est-ce un moyen utilisé pour dévier l'attention des opinions publiques? À suivre...»

Samedi, dans L’Humanité, Bruno Odent tente une explication : «Les condamnations des dessins satiriques représentant le prophète Mahomet parus initialement dans un journal danois (qui l’avait lui même tiré d’un média norvégien) se sont multipliées dans l’ensemble du monde musulman au rythme de l’hyper médiatisation donnée à cette affaire.[...] L’événement qui aurait dû en rester à la dimension d’un aléa bien peu glorieux de la vie médiatique et politique danoise où les services d’un caricaturiste, libre et excessif par définition (croquant notamment Mahomet portant un turban en forme de bombe), ont été utilisés, non sans arrière-pensées, par un quotidien conservateur proche du pouvoir, lui même allié au parti d’extrême droite d’une certaine Pia Kjaersgaard, dont les dérapages xénophobes sont permanents.»

Du côté de la BBC qui consacre une foire aux questions sur l’affaire, on glane d’autres détails. Les caricatures, après avoir été publiées par un journal danois en septembre 2005, ont d’abord été reprises par un journal autrichien en janvier avant de l’être par bon nombre de médias européens quelques jours plus tard. On apprend également que dès octobre 2005, il y a eu protestations diplomatiques contre le Danemark de la part d’un certain nombre d’États islamiques.

Mais revenons aux questions posées par Danielle Attias, soit «Pourquoi les ressortir maintenant? A quelles fins? Est-ce un moyen utilisé pour dévier l'attention des opinions publiques?» Et c’est là qu’à défaut de réponse adéquate, l’affaire devient étrange.
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