1.7.05

La convivialité comme idéologie

?La notion nous est présentée dans le plus récent bulletin hebdomadaire Alertbox de Jakob Nielsen intitulé Usability: Empiricism or Ideology?. Si la tâche des spécialistes de la convivialité des sites Web consiste à étudier le comportement des utilisateurs et à déterminer ce qui peut rendre l’expérience de consultation plus efficace et agréable, il existe une mission non moins importante qui est de rechercher la simplicité et de défendre les droits des utilisateurs.

Ce nouvel espace de droits repose, selon Nielsen, sur quatre principes.

Le droit des utilisateurs à primer sur la technologie. S’il y a conflit entre la technologie et l’humain, c’est la technologie qui doit s’adapter.

Le droit à l’habilitation. Les utilisateurs devraient comprendre les processus, et être en mesure de maîtriser les résultats.

Le droit à la simplicité. Les utilisateurs devraient pouvoir exploiter leur matériel avec le minimum de complications.

Le droit au respect de son temps. Des interfaces mal conçues font perdre un temps précieux.

Il a été établi que les sites transactionnels qui optent pour la convivialité doublent leur chiffre de ventes ou autres résultats attendus. C’est que, selon Nielsen, le Web est l’environnement concurrentiel par excellence en raison de la profusion de sites et que les utilisateurs n’investiront pas temps et énergie sur des sites qui enfreignent leur droit à la simplicité.

Simple.

Il est possible de s’inscrire sans frais à l’avis de publication hebdomadaire par courriel de Alertbox.

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30.6.05

Trois polars, trois styles

Selon une étude menée sur le marché de l’édition en France en 2003, sur près de 100 millions de romans vendus, le policier représentait 15,6 millions, dont près de 13 millions en format poche. En 2003, le chiffre d'affaires global du roman était de 423,5 millions d'euros dont 62 millions d'euros pour le policier, 38,1 millions pour les Poches. Le genre fait recette.

Au Canada, la récente étude sur la lecture et achat de livres pour la détente du ministère du Patrimoine canadien révèle que la catégorie dite «Espionnage, suspense, détective, aventure» se classait au premier rang des préférences de 24 % des femmes et de 14 % des hommes.

Pour ma part, j’ai habituellement peu le temps de lire des polars, et il me faut attendre la pause estivale pour m’y adonner. J’en ai lu trois récemment, trois très différents.

Dans le polar, et ceci s’applique à tous les autres genres d’écriture, tout tient au style. Et qu’est-ce que le style? Le thème même a inspiré certains grands. «Le style n’est que l’ordre et le mouvement qu’on met dans ses pensées» (Buffon). «Le style n’est qu’une manière de penser» (Flaubert). «Le style, c’est l’oubli de tous les styles» ou encore «Le style, c’est le mot qu’il faut» (Jules Renard).

Trois polars lus récemment, donc, et trois styles.

Journal d’un tueur sentimental de Luis Sepúlveda, traduit de l’espagnol par Jeanne Peyras, Editions Métaillé, 1998. Dans ce livre, l’auteur chilien fait dans le bref, 75 pages en gros caractères, une heure de lecture tout au plus. Comme journal aussi, c’est succinct, l’action se déroule sur une période de six jours. Écrit à la première personne, on ne connaît jamais le prénom ou le nom de ce tueur à gages, ni ceux de la Française dont il s’est amouraché, ni celui de son employeur, seule sa cible fait exception. Si bref et si concis est ce récit qu’on a peine à en décrire la trame sans dévoiler l’issue, sauf pour dire qu’on se retrouve en enfilade d’hôtels, d’avions, et de coups de téléphone pour une conclusion pour le moins abrupte. Le style est froid, contrairement à certains autres ouvrages de Sepúlveda, et le déroulement simpliste. Dommage.

La peau du tambour de Arturo Pérez-Reverte, traduit de l’espagnol par Jean-Pierre Quijano, Éditions du Seuil, 1997. Lorenzo Quart, le père Lorenzo Quart, est agent au service de l’Instituto Per Le Opere Esteriore (IOE) du Vatican, officiellement l’Institut pour les oeuvres extérieures, mais mieux connu comme le bras armé du Saint-Office, le service de renseignement du Vatican, «la main gauche de Dieu», «le service des sales affaires».

Un hacker s’introduit dans le système informatique central du Vatican et dépose un message dans la boîte de courriel personnelle du Saint-Père. Surnommé Vêpres par les services informatiques du Saint-Siège qui sont incapables de repérer l’origine de la communication, le pirate dit vouloir attirer l’attention du pape sur une petite église de Séville, construite au XVIIe siècle, et qui est l’objet de la convoitise de spéculateurs fonciers. «Une église qui tue pour se défendre...» écrit Vêpres. C’est l’église Nuestra Señora de las Lágrimas, Notre-Dame des Larmes, où deux morts suspectes se sont produites en peu de temps. L’IOE est saisie de l’affaire, et Quart hérite de la mission de l’éclaircir.

Ce n’est pas un roman de techno-fiction comme pourrait le laisser croire l’entrée en matière. Ce qui est au centre du roman c’est plutôt l’enquête à dimension très humaine que mènera Quart à Séville, les rencontres qu’il y fera, les tentations auxquelles il sera confronté. Comme disait La Bruyère, «Tout est tentation à qui la craint», et c’est le cas de Quart quant il fait la rencontre d’une aristocrate andalouse.

Le style de Pérez-Reverte, du moins en traduction, est efficace et alerte. En plus de généreuses précisions historiques sur la ville de Séville et de belles descriptions de la ville, l’auteur ouvre la porte sur les arcanes du Vatican. Après tout, que faisait Quart en mission pour l’IOE au Panama au moment de l’invasion étasunienne et de la chute de Noriega, et à Sarajevo aux plus sombres moments de la guerre civile? Des feux de souvenirs qui viendront hanter Quart par les chaudes nuits sévillanes.

S’il y a problème, c’est dans la lenteur du développement. Bien que le style soit vif, l’action progresse trop lentement, laissant le lecteur à piétiner lors de redites trop nombreuses des personnages et des redondances dans leur description. Certains passages auraient eu intérêt à tomber sous le crayon bleu de l’éditeur. S’il fait un peu plus de 450 pages, on aurait pu en tirer un excellent ouvrage qui en aurait compté la moitié. De plus, si l’ensemble du sujet est minutieusement ficelé, même s’il est trop suremballé, la fin m’a parue un peu simpliste.

La Muraille invisible de Henning Mankell, traduit du suédois par Anna Gibson, Éditions du Seuil, 2002. Si dans La peau du tambour l’informatique est accessoire au récit, elle occupe une place centrale dans le roman de Mankell. Décès d’un consultant en informatique devant un guichet bancaire automatique, enquête à un logis qui lui servait de bureau, découverte d’une chambre secrète, recours à un jeune hacker pour percer le mystère de l’ordinateur du disparu, et cyber ballades dans les grands réseaux informatiques de la haute finance sont au menu. Les descriptions techniques (réseaux, matériel, etc.) de Mankell sont réalistes, mais les non initiés apprécieront leur simplicité.

Dans le concret, l’action se déroule à Ystad (Suède) où Kurt Wallander est inspecteur de police. Il enquête sur le décès du consultant, même si tout porte à croire qu’il soit décédé de causes naturelles, mais aussi sur l’assassinat crapuleux d’un chauffeur de taxi par deux jeunes filles. Peu à peu, son enquête fait converger les deux événements et il découvre un vaste complot visant à saboter les rouages de l’économie mondiale. À l’image des réseaux qu’il utilise, «l’ennemi se révèle omniprésent, omnipotent et invisible.». Évidemment. Wallander et ses adjoints, avec l’aide du hacker repenti, parviendront à déjouer le complot.

Le récit est bien mené, sans longueur, et le personnage principal est bien campé et nous paraît sympathique. Proche de la retraite, c’est un enquêteur dont l’expérience se conjugue à un solide instinct qui ne lui nuira pas dans ce monde nouveau pour lui des réseaux informatiques..

Il y a plusieurs années, j’ai lu au sujet d’un criminel québécois en fuite qui avait trouvé refuge en Oregon et s’y était installé sous un nom d’emprunt dans une petite collectivité rurale. Il vécut ainsi durant quelques années sans être embêté jusqu’au jour où les sherrifs locaux se présentèrent à sa porte pour l’arrêter. Curieux à savoir qu’est-ce qui avait pu trahir son identité, l’enquêteur responsable de son arrestation lui confia que c’était son habitude de parler de la météo et d’y accorder beaucoup d’importance. Le limier, auquel le fugitif avait toujours paru suspect, avait découvert qu’il s’agissait d’un trait caractéristique aux Québécois. Il avait alors communiqué sa description à divers corps policiers du Québec pour en conclure que cet outsider était bel et bien l’homme recherché.

On comprend cette propension des Québécois à parler du temps qu’il a fait, qu’il fait et qu’on prévoit qu’il fera. Au printemps, on peut connaître une chute de 20 degrés en 12 heures. Sur une base annuelle, on doit composer avec des écarts de 75 degrés.

J’ignore s’il en est de même en Suède, mais tout au long de La Muraille invisible l’auteur nous renseigne d’une manière bien sentie sur le temps qu’il fait au moment où l’action se déroule. Sympathique, et ça aide a la visualisation de la scène sur l’«écran intérieur».

Voilà, trois polars en trois styles.
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29.6.05

Quand Blogger gaffe

J’ai souvent écrit dans ces pages que j’aimais bien l’interface de publication Blogger, surtout depuis que son acquisition par Google avait mis un terme aux problèmes récurrents de lenteur des serveurs. Mais voilà que Blogger a commis une bourde qui pourrait en convaincre plus d’un à migrer vers une autre plate-forme.

Blogger gaffeSans vous importuner des détails technico-techniques, disons que Blogger a modifié l’interface de publication faisant en sorte que des codes de mise en page s’inséraient automatiquement dans le gabarit des utilisateurs, avec pour résultat que ladite mise en page déterminée par l’abonné s’en trouvait modifiée. Dans certains cas (comme le mien), on avait droit à un chamboulement de colonnes, dans d’autres (comme chez Martine), c’était la taille des caractères qui se trouvait modifiée. Ce qui soulève la colère des utilisateurs, comme si la canicule et le smog n’irritaient pas déjà assez nos nerfs fragiles, c’est que Blogger n’a jamais daigné avertir ses abonnés des modifications, ni pris le temps semble-t-il d’évaluer les effets sur des millions de pages déjà publiées. Et ils sont mécontents les blogueurs dont Technorati recense les commentaires.

Qui plus est, même si l’infrastructure de Blogger avait été consolidée par les bons soins de Google, il semble que cette modification inopinée pousse de très nombreux utilisateurs à chercher des correctifs, modifier des gabarits, bref, le temps de publication et surtout de republication complète d’un blogue avec archives pour accommoder le nouveau gabarit s’en trouve considérablement allongé.

Du côté de chez Blogger, toujours pas de communiqué expliquant le pourquoi de la modification des gabarits.

Mise à jour : 30 juin
Merci à Martine qui nous apprend que Blogger a trouvé
une solution au problème. Il semble qu’il était lié à l’introduction de la fonction Blogger Images qui vise à simplifier l’insertion de graphiques dans les billets. Comme effort de «simplification», on aurait pu trouver mieux.
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Des canicules : retour sur Chicago en 1995

Une canicule est une période de grande chaleur associée à la constellation du Grand Chien, quand l’étoile Sirius se lève et se couche avec le soleil, du 24 juillet au 24 août. Ce sont les jours de la canicule, canicularis dies. En anglais on parle de cette période comme les dog days of Summer (les jours du chien), expression immortalisée dans un film de Sidney Lumet en 1975, Dog Day Afternoon, dont l’action se déroule par une journée torride. La traduction du titre en français, Un après-midi de chien, a malheureusement détourné le sens de l’expression.

Depuis quelques années, les épisodes caniculaires se font plus précoces dans l’année et fréquents. Par exemple, ces jours-ci, le sud de l’Europe est aux prises avec une canicule et les gouvernements de France, d’Espagne, d’Italie et du Portugal mettent en oeuvre les plans d’intervention pour éviter une reprise de l’hécatombe de 2003. Pour rappel, la canicule européenne cette année-là aurait fait entre 30 000 et 40 000 morts.

Heat WaveChicago, 1995. Le mercredi 12 juillet, le Chicago Sun-Times publie un court article, relégué en page 3, sur l’imminence d’une vague de chaleur qui pourrait s’avérer mortelle (Heat Wave on the Way - And It Can Be a Killer). On annonce également que les taux d’ozone et d’humidité seront élevés, et que l’indice de chaleur (température ressentie) pourrait atteindre les 49C. Le lendemain, le mercure atteint les 40C, et l’indice de chaleur (humidex) 53C. Au cours des cinq jours qui suivent, on dénombrera plus de 700 morts attribuables à la chaleur. Cette vague de chaleur mortelle est l’objet du livre du sociologue Eric Klinenberg, Heat Wave: A Social Autopsy of Disaster in Chicago.

Plusieurs éléments du livre le distinguent d’autres ouvrages du genre, à commencer par cette notion de «post-mortem social» d’une tragédie urbaine. L’auteur rappelle qu’à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, des scientifiques comme Rudolph Virchow et William Osler ont lutté pour légitimer et institutionnaliser l’autopsie pour déterminer la cause de décès dans le but d’accroître l’efficacité du traitement médical. Klinenberg adapte donc le modèle à l’étude de la canicule mortelle de Chicago en 1995. Il écrit : «Comme c’est le cas pour toutes les autopsies, cet examen de la vague de chaleur de 1995 tient l’espoir qu’en étudiant la mort on comprenne davantage la vie, et aussi les façons de la protéger.»

Ce qui ressort dans plusieurs chapitres de ce livre est que la principale vulnérabilité des victimes était leur isolement social. Les études épidémiologiques sur la vague de chaleur ont clairement établi un lien entre l’isolement et la mortalité, et les commissions politiques qui ont enquêté sur la tragédie sont arrivées à cet égard à deux conclusions principales. D’une part, de plus en plus de personnes âgées aux États-Unis vivent seul (ce qui est confirmée par les données du Bureau des recensements). D’autre part, la majorité de ces personnes qui vivent seul sont fières de cette autonomie et s’abstiennent de demander ou d’accepter quelconque aide parce qu’elle compromettrait leur identité comme personnes auto-suffisantes.

Klinenberg ne réfute pas ces deux constatations, mais soumet qu’elles n’expliquent pas complètement pourquoi tant de victimes de la canicule étaient des personnes qui habitaient seul. Dans un de ses chapitres, il explore quatre tendances qui contribuent à la vulnérabilité comme groupe des personnes âgées (et souvent démunies) aux États-Unis, tendances qu’on retrouve aussi dans la plupart des sociétés industrialisées.

D’abord le poids démographique croissant de cette tranche de la population. Ensuite, une culture de la peur, de la crainte de la violence réelle ou perçue dans l’entourage conjuguée à la valorisation de l’individualisme et de l’auto-suffisance. Aussi, une transformation de l’espace marquée par la dégradation, la fortification ou la disparition d’espaces publics sûrs. Enfin, une condition liée au genre qui affecterait surtout les hommes sans enfants et aux prises avec des problèmes de consommation d’alcool ou de drogues.

Sur ce dernier point, Klinenberg en arrive à un constat inattendu. Il écrit : «Le paradoxe selon lequel les femmes âgées sont plus susceptibles que les hommes de vivre seul, mais beaucoup moins susceptibles d’avoir rompu des liens sociaux, apparaît dans toute sa clarté à l’examen des dossiers des personnes décédées. J’ai trouvé les dossiers de 56 personnes dont les corps n’avaient pas été réclamés à la morgue et avaient été inhumés aux frais des autorités de comtés ou de l’État. Or, 44 d’entre eux, environ 80 %, étaient des hommes, un indicateur probant que les hommes ont souffert de manière disproportionnée des conséquences de l’isolement social au cours de la crise.»

Selon Klinenberg, les hommes qui atteignent la vieillesse ont plus de difficulté que les femmes à entretenir des liens sociaux, héritage de l’éducation reçue et de la vie adulte des personnes de cette tranche d’âge. Alors que les hommes se définissent souvent en fonction de leur milieu de travail et des liens qui s’y tissent, les femmes tissent des réseaux de contacts plus élaborés et fertiles qu’ils maintiennent une fois la vieillesse atteinte. Pour les hommes, la rupture avec leur milieu de travail se solde souvent par un repli sur soi et un isolement qui, en situation de crise comme la canicule de 1995 à Chicago, augmente le taux de mortalité de cette catégorie de la population.

Heat Wave comporte aussi un chapitre fort pertinent sur le rôle que les médias ont joué durant la canicule de 1995 à Chicago, et sur le fonctionnement de la «machine médiatique». Par exemple, le samedi 15 juillet fut la journée la plus mortelle de la canicule de Chicago, on dénombra alors quelque 300 victimes. Les fins de semaine, les journaux fonctionnent avec un effectif réduit, ce sont principalement des reporters généralistes, des stagiaires ou des journalistes à contrat de durée déterminée (les one-years dans le jargon) qui s’affairent dans les salles de rédaction.

Un journal comme le Chicago Tribune n’avait donc pas à sa disposition un journaliste scientifique pour traiter du phénomène d’inversion thermique et des autres facteurs météorologiques qui étaient responsables de la canicule. Les journalistes dont l’affectation principale était les services publics (police, incendie, ambulances, bureau du coroner, morgue, etc.) étaient également en congé, tout comme ceux affectés à l’hôtel de ville et à la politique municipale. Faute de ces spécialistes, il était donc difficile pour le journal d’avoir une idée précise de l’ampleur de la tragédie qui se déroulait, et de la réaction des services publics.

Klinenberg décrit aussi une discussion houleuse dans une salle de rédaction de chaîne de télévision au sujet de l’importance à donner à l’événement. Devait-on amorcer le bulletin de nouvelles avec le chroniqueur météo? Fallait-il prendre l’antenne en direct dès qu’un développement survenait? Fallait-il produire des reportages à dimension humaine (human interest stories) ou encore enclencher en mode catastrophe et se transformer, ne fut-ce que pour quelques jours, en télévision de service public.

La chaleur se résorba, la ville compta ses morts, les politiciens déclinèrent toute responsabilité. Deux semaines après, une nouvelle vague de chaleur envahit la ville, plus courte et moins extrême que la première. La température atteignit 35 degrés, et l’indice de chaleur 40 degrés. Les mêmes politiciens qui avaient déclaré n’avoir rien pu faire pour éviter la première tragédie ordonnèrent des interventions immédiates. Une population déjà sensibilisée aux précautions à prendre en cas de chaleur accablante sembla s’accommoder sans trop de difficulté. On ne dénombra au cours de ce second épisode caniculaire que deux morts attribuables à la chaleur.

En 1999, Chicago vécut un autre épisode caniculaire de l’ampleur de celui de juillet 1995, mais les autorités municipales disposaient alors d’un plan d’intervention très complet : communication avec les médias, ouverture de centres de répit, transport gratuit en autobus vers ces centres, appels téléphoniques aux personnes âgées, visites en personnes aux personnes âgées vivant seul. Le bilan fut lourd, on compta 110 morts, mais tout de même une fraction de ce qu’on avait eu à déplorer en 1995.

Pour Klinenberg, il serait injuste de jeter le blâme sur un organisme ou un individu pour ce qui arriva à Chicago en 1995. «La canicule mortelle représente un échec collectif, et la recherche de boucs émissaires, que ce soit le maire, les médias ou les services de santé, ne fait que nous éloigner des vrais problèmes. Nous savons qu’il y aura davantage de canicules, toutes les études sur le réchauffement de la planète le confirment. La seule façon d’éviter d’autres désastres est de s’attaquer à l’isolement, à la pauvreté et à la peur qui prévalent dans tant de nos cités.»

En complément de lecture :

Autopsie d’un été meurtrier à Chicago
par Eric Klinenberg
Le Monde diplomatique, août 1997

Plan montréalais de prévention et protection en cas de chaleur accablante (format PDF)
Agence de développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux
13 juin 2005

Plan canicule 2005
Ville de Paris

Consortium Ouranos
Ouranos a pour mission de favoriser l'acquisition de connaissances pour mieux évaluer les changements climatiques régionaux et leurs impacts environnementaux, sociaux et économiques.
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