28.1.05

TBL, on lui doit tant...

Tim Berners-LeeBonne nouvelle. On apprend que Tim Berners-Lee, celui dont la contribution a été essentielle à l’avènement du Web, a été désigné Britannique de l'année 2004. D’après AFP, «Son désintéressement ajouté à sa modestie et à son ingéniosité ont convaincu un jury de couronner Berners-Lee Britannique de l'année 2004. "Il a choisi de ne pas exploiter commercialement son invention. Il en a fait don à la communauté quasi délibérément", a expliqué jeudi l'historien David Starkey, membre du jury qui avait présélectionné 21 noms parmi les centaines de noms proposés par le public. "S'il en avait tiré une exploitation commerciale, il ferait aujourd'hui passer Bill Gates pour un indigent." Berners-Lee a imaginé ce qui est devenu le World Wide Web en 1990 alors qu'il travaillait au laboratoire européen de recherche sur les particules à Genève, pour faciliter le travail entre scientifiques à travers le monde. Au lieu de déposer un brevet, il a ensuite choisi de le mettre à disposition sur internet.»
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Un répertoire de blogues d’analystes en TI

La société de recherche et de veille Tekrati vient de publier une étude révélatrice sur l’adoption tardive de la formule blogue par les analystes du secteur des technologies de l’information. Dans la première partie de ce rapport spécial (Special Report: The State of Analyst Weblogs, Part 1), on soumet que si les analystes ont tardé à prendre le virage blogue, c’est que la formule représente une remise en question du processus de veille de l’information, un processus dans lequel l’analyste est au centre des interactions entre clients et sujets de recherche. Selon Tekrati, seulement 10 % des 350 cabinets d’analyse en TI qui constituent son répertoire principal tiennent des blogues.

Parmi les constatations de Tekrati, notons le fait que la plupart de ces blogues sont publics, alors qu’une minorité est réservée aux seuls clients des cabinets d’analyse. Les blogues sont revendiqués principalement par des particuliers au sein des grands cabinets d’analyse, bien que certains cabinets expérimentent avec des blogues collectifs. Le cabinet bien connu Jupiter Research compte pas moins de 16 blogues de ses analystes vedettes (sur un effectif de 70 analystes).

Cordonniers mal chaussés? Tekrati a observé que bon nombre de ces blogues ne répondent pas aux normes de mise en page HTML, qu’il est souvent impossible d’apporter des commentaires aux billets publiés par les analystes, ou d’inscrire un rétrolien (trackback) au billet. En revanche, on constate que ces blogues ne sont pas uniquement des véhicules de promotion commerciale des services des analystes et des cabinets, et qu’on y aborde des questions de fond.

La semaine prochaine, Tekrati publiera la deuxième partie de son rapport spécial sur les blogues d’analystes, et ces derniers partageront leurs expériences en tant que blogueurs. Entre temps, Tekrati a constitué un répertoire des blogues d’analystes qui compte à ce jour 65 inscriptions.
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26.1.05

L’inflation des blogues

Je constate dans certains cercles une tendance assez déconcertante depuis un certain temps, soit celle de l’inflation verbale et médiatique autour de tout ce qui a trait aux blogues. Je n’ai rien contre les blogues, on l’aura compris depuis longtemps. J’ai été un des premiers chroniqueurs à parler du phénomène il y a plus de quatre ans (Chroniques de Cybérie, 17 octobre 2000), et j’en remercie encore la bonne amie qui m’avait mis sur la piste. Mais j’ai l’impression que récemment on fait fausse route en donnant dans l’inflation et dans la surenchère concernant le phénomène.

On se rappellera que les blogues ont vraiment «décollé» avec le 11 septembre 2001, puis avec les warblogs quand George W. a lancé sa campagne d’Afghanistan. Le phénomène s’est ensuite amplifié avec l’invasion de l’Irak, puis avec la présidentielle de l’an dernier aux États-Unis. Parallèlement, les outils et les plate-formes se sont multipliés, et les blogues aussi. Ils occupent une place grandissante dans l’économie de l’attention, menacent d’érosion le public acquis des médias traditionnels (MT), et portent même le germe d’un changement dans les pratiques journalistiques. Là où on tombe dans l’inflation, c’est quand on prête aux blogues plus de vertus qu’ils ne méritent.

Prenons le cas de la révolution orange en Ukraine. S’il était intéressant de voir des Ukrainiens commenter la saga électorale, le petit nombre de blogues qui était accessibles en anglais et en français ne permettaient pas de contre vérification de l’information diffusée en raison de la barrière linguistique. Comme le soulignait à juste titre John Rosenthal du Transatlantic Intelligencer, la plupart des blogues non-ukrainiens ont été à la remorque des MT dans ce dossier, et ont peu contribué à diffuser un portrait juste de la situation. On est resté avec l’image du bon pro-occidental et du méchant pro-soviétique, sans donner dans la nuance.

On peut porter un constat tout aussi triste sur la crise humanitaire provoquée par les tsunamis. Steve Outing du Poynter Institute écrivait le 6 janvier : «Le séisme et les tsunamis en Asie du Sud, et leurs conséquences, représentent un point tournant pour le journalisme participatif. Ce que le 11 septembre 2001 a fait pour déclencher le phénomène des blogues et leur créer une renommée, les tsunamis de décembre 2004 l’a fait pour élargir le concept du journalisme citoyen dont les blogues sont partie prenante.» Outing étaye sa cause en mentionnant le grand nombre de photos et de vidéos (principalement de touristes et d’étrangers) qui se sont retrouvés en ligne et qui constitueront pour les historiens une masse inestimable de documents originaux sur la tragédie.

Dans un cas comme dans l’autre, les blogues (sauf celui de Rosenthal, russophone) ne m’ont rien apporté de plus que ce que les MT avaient à m’offrir. D’une part, à cause de la polarisation accentuée de la crise ukrainienne, d’autre part parce que les grandes chaînes de télévision ont toutes reprises les vidéos amateurs des tsunamis.

C’est maintenant au secteur des affaires de vanter les vertus des blogues. Lors du récent Blog Business Summit, on a parlé de blogues en temps de crise pour les grandes entreprises. Rapidité et souplesse d’intervention, possibilité de donner un «visage humain» à une entreprise, rétroaction immédiate de la part des consommateurs, méthodes pour fédérer les blogues de manière à contrer l’image négative... on n’a rien épargné pour persuader les dirigeants d’entreprise qu’ils devaient investir l’espace des blogues.

Tendance annoncée. Airbus dévoile son A-380? Boeing riposte par l’entremise de son p.d.-g. Randy Baseler et lance un blogue. Le fabricant automobile General Motors (merci Thom!) en a assez de la couverture peu élogieuse de la presse spécialisée? La haute direction lance un blogue, Fastlane, et se sent même tenue de publier son code d’éthique en matière de blogues.

Ukraine, tsunamis, Airbus/Boeing, Ford... et l’esprit blogue dans tout ça?

Ce qui est regrettable dans ce type d’inflation, c’est qu’on présente les blogues comme une panacée à tous les maux dont peut souffrir la communication alors qu’il n’en est rien. Et on risque, à force de surenchère, de créer des attentes auxquelles il sera impensable de répondre.

Tentons donc de replacer le débat sur l’avenir des blogues dans une perspective plus réaliste, et de comprendre que les blogues ne seront qu’un instrument parmi tant d’autres dans un nouvel ordre communicationnel.

Mise à jour : 27 janvier

Jack Shafer, dans Slate, reprend pour l’ensemble mes propos. «Dans l’empressement qu’on manifeste à définir une nouvelle technologie et à vanter ses mérites, la tendance humaine à la surenchère s’installe. [...] Les blogues d’actualité, de politique, de sports, de collectivités, de jardinage, de technologie, de magasinage, de radio, de vidéo, et les blogues sur les blogues ont tous un énorme potentiel. Mais nous devons à cette technologie prodigieuse de ne pas trop lui en demander trop vite.»
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25.1.05

Microsoft de nouveau sur la sellette

On se souviendra que, fin novembre 2004, la société Microsoft lançait sa plate-forme blogue nommée Spaces. Mais voilà qu’on apprend de Mike Wendland du Detroit Free Press que le nom Spaces était déjà utilisé par une petite entreprise d’édition de blogues de la région de Rochester (New York), Edict Spaces. L’entreprise a été fondée en 1987 par Tor Hough pour offrir des services de conception de sites et d’applications Web, et a pris le virage blogue en 2002.

Hough dit avoir communiqué avec Microsoft concernant l’utilisation du nom Spaces, qui sur son site est toujours suivi du logo TM (marque déposée), et avoir aussi communiqué avec des avocats spécialisés en droit commercial. Il n’a reçu jusqu’à présent aucune réponse de Microsoft, mais n’a toujours pas porté plainte.

Le journaliste Mike Wendland a cependant obtenu une déclaration d’un porte-parole de Microsoft qui soutient que les vérifications diligentes ont été effectuées avant d’adopter le nom Spaces pour sa plate-forme d’édition de blogues.

Edict Spaces envisageait prendre de l’expansion et son propriétaire était en pourparlers avec des investisseurs potentiels. Ces derniers ont toutefois décidé de retarder leur décision jusqu’à ce que la question du nom du service soit résolue.
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