24.12.04

Quelques notes d’intendance

Firefox 44% J’aime bien savoir qui d’autre partage mes lectures sur le Web, et comment. Alors, si vous êtes comme moi, voici quelques données statistiques sur ce blogue qui sont, en quelque sorte, des nouvelles de vous.

Firefox à 44%? C’est ce qu’indique l’outil statistique du blogue (section supérieure en jaune). Le fureteur Firefox, du moins pour les personnes qui lisent ces pages, a donc déclassé Internet Explorer dont les versions 5 et 6 recueillent respectivement 35 et 5 % de l’utilisation (sections en bleu).

La fréquentation de la page principale du blogue (par exemple, mardi dernier, 622 visiteurs uniques, pour un total de 814 pages vues) est alimentée par plusieurs sources. L’origine inconnue (unknown referer) constitue environ la moitié des consultations qui proviennent donc de signets ou favoris, de référents par courriel, de fils Web (RSS), etc. Google demeure le moteur de recherche qui génère le plus de consultations, attendons de voir la prochaine «danse Google» pour voir s’il y a un changement sensible. Pour ce qui est des autres référents, voir la liste hebdo des cinq principaux dans la colonne de droite.

La durée moyenne d’une consultation est de 1m28sec. Les consultations proviennent principalement du Canada, de France, de Belgique et de Suisse, mais on recense au journal pas moins de 30 États, y compris Monaco, la Norvège et la Côte d’Ivoire. Par FAI, dans l’ordre, adresse IP seulement (24 %), Wanadoo.fr (16 %), Sympatico.ca (10 %), Proxad.net (9 %), Videotron.ca (7 %).

En lançant le blogue, j’ai opté pour une mise en page conforme à la résolution de l’écran que j’utilise (1024x768), même si je croyais que la majorité des consultations se feraient en 800X600. Après avoir effectué un test sommaire avec l’outil Anybrowser, le résultat s’avérait compatible dans les deux formats. Or, il s’avère qu’environ la moitié des consultations se font en format 1024X768, et environ 20 % en format 800X600, le reste étant en format supérieur à 1024X768.

Et voilà, c'était quelques nouvelles de vous.
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Le blogue comme outil pédagogique?

Will RichardsonUn blogue, ou plus précisément l’exercice de bloguer, peut-il comporter une valeur pédagogique? Will Richardson, responsable de la technologie d’enseignement dans une école secondaire du New Jersey, n’en doute pas un seul instant. Dans un article publié dans eSchoolNews (revue spécialisée en technologie appliquée à l’enseignement) sous le titre Thinking Like a Blogger, Richardson analyse cet aspect des blogues. Lui-même blogueur depuis un certain temps, au grand dam de sa famille qui croit qu’il y consacre trop de temps, Richardson traite principalement de l’incidence d’Internet en salle de classe. Mais l’article qu’il nous propose ne traite pas de technologie, mais bien du processus associé à l’écriture d’un blogue. Certes, la tenue d’un blogue est un exercice d’écriture, peu à peu certains commencent à parler de genre ou de style d’écriture blogue.

Mais pour Richardson, l’écriture est précédée par une étape de pensée critique. «Je dirais que penser comme un blogueur est plus important qu’écrire comme un blogueur» affirme-t-il.

Le processus s’amorce par la lecture de ce que d’autres ont écrit et l’analyse de ce contenu en fonction de l’exactitude et/ou de la pertinence. On établit ensuite des rapports entre ce contenu et d’autres idées pour clarifier ce qu’il est important d’en faire ressortir. Vient ensuite l’ajout d’expériences et de notions personnelles pour adapter le contenu au lectorat pressenti, et on complète par des liens pour retracer l’origine des informations et des idées.

Si Richardson est un fervent adepte de l’enseignement des blogues en salle de classe, c’est que le processus tel que décrit enseigne à penser de manière critique à l’information qu’on consomme, et à établir des liens avec d’autres éléments d’information. Si on peut améliorer la qualité d’écriture des étudiants en leur faisant tenir un blogue, tant mieux, mais à la longue c’est le concept de pensée critique qui importe davantage car il est transposable aux autres transactions informationnelles.

À quand le Blogue 101 dans nos établissements d’enseignement?
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23.12.04

Journaliste suspendu pour son blogue

On lit dans Editor&Publisher qu’un journaliste du St-Louis Post Dispatch, Daniel Finney, a été suspendu pour avoir tenu sur son blogue des propos désobligeants à l’endroit de son employeur et de ses collègues de travail. Son blogue, «Rage, Anguish and Other Bad Craziness in St. Louis» (Rage, angoisse et autres démences à St-Louis) n’est plus en ligne chez l’hébergeur Blogspot, mais on a un aperçu de ce qu’était la page d’accueil au 11 décembre dans le serveur de cache de Google. Finney tenait son blogue depuis septembre, et l’alimentait à raison de six billets par semaine.

Finney, qui écrivait sous le pseudonyme de Roland Thompson, aurait donc ridiculisé employeur et collègues, mais aurait également abordé dans son blogue des sujets d’articles sur lesquels il écrivait dans le cadre de son travail. Le blogue a été découvert par un journal alternatif de St-Louis, le Riverfront Times.

Staci Kramer de PaidContent estime que Finney avait le droit d’exprimer ses opinions, mais a fait preuve de mauvais jugement dans sa manière de procéder. «Il aurait pu écrire un blogue tout à fait intéressant et humoristique sans abuser de l’anonymat, et je défendrais même son utilisation d’un langage assez cru. Mais la manière dont il l’a fait ne respectait ni ses lecteurs, ses collègues de travail, le journal dont il était le représentant dans la collectivité, ni lui-même en bout de ligne.»

Reste à voir si la guilde des journalistes prendra la défense de Finney.

Mise à jour : 24 décembre

Quelques détails additionnels sur cette affaire dans le Riverfront Times à l’origine de l’histoire. Commentaire de Robert Niles, éditeur du Online Journalism Review de l’université Annenberg : «Beaucoup de gens dans le milieu du journalisme aiment recevoir de l’attention. On ne fait certainement pas ce métier pour des sommes faramineuses, on est rétribué en attention. Et parfois si vous sentez que vous ne recevez pas suffisamment d’attention dans votre travail, vous cherchez d’autres façons d’obtenir cette attention.»

Mise à jour : 30 décembre

On apprend du Riverfront Times que Daniel Finney a démissionné du St-Louis Post Dispatch. Il a déclaré : «Je crois qu’en journalisme il nous arrive tous d’écrire sur des sujets qui ne nous intéressent pas, j’ai seulement commis l’erreur de le dire publiquement. J’ai gaffé, j’en suis désolé, et non seulement parce que je me suis fait prendre. [...] En tant que journaliste, j’aurais du agir avec conséquence.»
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Symbiose journalistes/blogueurs

Le grand débat journalisme/blogues vient de s’enrichir d’une contribution de taille avec la publication de deux articles de Steve Outing, un des chefs de la rédaction du Poynter Institute for Media Studies, et chroniqueur régulier du Editor and Publisher Online, publication spécialisée en journalisme. Dans un premier texte (20 décembre), Outing explore ce que les journalistes peuvent apprendre des blogueurs, et il se penche ensuite (22 décembre) sur la réciproque, c’est-à-dire ce que les blogueurs peuvent apprendre des journalistes.

Outing met la table en commençant par déplorer l’animosité qui règne dans certains cercles entre blogueurs et journalistes. On sait que certains blogueurs reprochent aux journalistes d’être peu sensibles aux changements technologiques que vivent leur lectorat, de ne pas s’y adapter, et de se complaire dans des schèmes (tant théoriques que pratiques) de diffusion qui sont dépassés. Un certain nombre de journalistes ont toujours affiché un mépris pour ce qui venait d’Internet, le phénomène blogue étant le plus récent exemple, sentent leurs assises menacées, et n’hésitent pas à dénoncer ce qu’ils appellent «l’amateurisme» des blogueurs à qui ils prêtent toutes sortes d’intentions. Caricature, certes, mais elle sert à illustrer le conflit.

Pour Outing, journalistes et blogueurs ne seront jamais jumeaux, mais s’ils ne peuvent prétendre à la fraternité, ils pourraient peut-être vivre en bon cousinage.

Outing cite Jeff Jarvis (BuzzMachine) qui reprend le thème de l’information/conversation. «La nouvelle ne s’éteint pas lorsqu’elle est publiée, c’est au contraire à ce moment qu’elle prend vie quand le public peut poser des questions, corriger l’information, ajouter une perspective. Cela va nécessairement améliorer l’information et modifier nos rapports avec nos lecteurs» dit Jarvis, ajoutant «Nous possédons les presses depuis des siècles, et maintenant avec les blogues le public possède ses presses. Il parle, et c’est à notre tour d’écouter et d’amorcer la conversation.»

Journalisme de proximité, journalisme de personnalité? Il est manifeste, comme Outing le soulève, que les blogues révèlent beaucoup de la personnalité et des idées de leurs auteurs. Dans la presse traditionnelle, hormis les chroniqueurs ou columnists, les journalistes ne manifestent pas d’opinion. Perdraient-ils à le faire? Quand le netmag Slate, le 26 octobre, a annoncé que 45 de ses 49 collaborateurs à temps plein et pigistes entendaient voter pour John Kerry, la presse traditionnelle (qui selon la tradition anglo-saxonne publie des éditoriaux sans signature) s’est sentie ébranlée.

Là où les blogueurs détiennent un avantage certain, c’est dans la possibilité de corriger leurs erreurs. Les blogueurs ont l’erratum facile, la technologie s’y prête bien, et la fonction commentaire, voire courriel, les rapproche de leur lectorat. Dans les médias traditionnels, on connaît la situation, les correctifs sont souvent relégués aux pages intérieures.

Outing ne suggère pas que les journalistes traditionnels se clonent en blogueurs, mais qu’ils s’inspirent de certaines pratiques en vigueur sur les blogues. Et l’inverse vaut aussi.

Dans son second texte, Outing soumet qu’une des principales différences entre blogues et journalisme est l’absence d’un chef de la rédaction. Si elle est appréciée à cause de la liberté qu’elle confère au blogueur, cette absence d’encadrement nuit parfois au produit : vérification des faits, coquilles, erreurs grammaticales. Mais aussi vulnérabilité aux poursuites de toutes sortes : «Avec un si grand nombre de blogueurs qui n’ont aucune formation en pratique journalistique, en éthique, et en droit des médias, la responsabilité juridique devient un facteur dont il faut tenir compte» dit-il.

Les blogueurs font peu de «terrain», produisent peu de contenu de nouvelle qui soit original, et c’est un des reproches que leur adressent les médias traditionnels. Outing perçoit un changement, davantage de blogueurs commencent à s’engager dans la voie du reportage, mais peu jouissent d’un statut professionnel leur permettant un accès aux «sources». Outing y va d’une foule d’autres conseils aux blogueurs pour améliorer la qualité de leur médium.

Deux textes forts intéressants, donc, sans prêchi-prêcha dans le débat entre journalistes et blogueurs.

Hors des concepts de journalisme participatif, de journalisme de proximité, de principes et d’éthique, de technologie et d’électrons recyclés, on termine la lecture des articles de Outing sur une constatation, sinon un rappel : le présent débat porte essentiellement sur une question de partage de pouvoirs, de partage du «quatrième pouvoir».

Comme l’écrit Ignacio Ramonet (Monde diplomatique, octobre 2003), «Contre les abus des pouvoirs, la presse et les médias ont été, pendant de longues décennies, dans le cadre démocratique, un recours des citoyens. En effet, les trois pouvoirs traditionnels (législatif, exécutif et judiciaire) peuvent faillir, se méprendre et commettre des erreurs.[...] Ce “quatrième pouvoir” était en définitive, grâce au sens civique des médias et au courage de journalistes audacieux, celui dont disposaient les citoyens pour critiquer, repousser, contrecarrer, démocratiquement, des décisions illégales pouvant être iniques, injustes, et même criminelles, contre des personnes innocentes. C’était, on l’a souvent dit, la voix des sans-voix. [...] Depuis une quinzaine d’années, à mesure que s’accélérait la mondialisation libérale, ce “quatrième pouvoir” a été vidé de son sens, il a perdu peu à peu sa fonction essentielle de contre-pouvoir.»

Cette apparente abdication du quatrième pouvoir serait-elle, en quelque sorte, à l’origine du mouvement de journalisme participatif, dont un des moteurs est la formule blogue, qu’on voit se profiler? Le quatrième pouvoir est-il à partager, peut-il être réapproprié, ou faut-il d’ores et déjà, comme Ramonet le suggère, parler de «cinquième pouvoir»?
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22.12.04

Le Washington Post s'offre Slate

Slate et cie.Le quotidien Washington Post vient de faire l’acquisition du netmag Slate, propriété de Microsoft, et fondé en 1996 avec Michael Kinsley à sa tête. Selon le New York Times, la transaction serait de l’ordre de 15 à 20 millions de dollars. Pour l’éditeur Jacob Weisberg, qui jusqu’à nouvel ordre restera en poste, il y aura peu de changements à la formule de Slate qui, avec le temps, a su s’imposer par la qualité de sa couverture. Dans son éditorial du 21 décembre, Weisberg a tenu à remercier Bill Gates et Steve Ballmer pour avoir accepté, en 1995, la proposition de son prédécesseur Kinsley de créer Slate qui, à l’époque, faisait figure d’expérience en journalisme en ligne. Il a aussi tenu à souligner l’indépendance totale de la rédaction de Slate par rapport à Microsoft, même si celle-ci n’a manifestement pas toujours apprécié ce qu’on pouvait dire d’elle dans le netmag.

Microsoft aurait englouti, depuis son lancement, environ 20 millions de dollars dans Slate qui arrive maintenant à boucler son budget avec des revenus d’environ six millions de dollars par année. En 1998, Slate avait jonglé avec le concept de contenu payant. À l’époque, il avait reçu à fidéliser 200 000 lecteurs, mais seulement 10 % avaient opté pour la formule payante à hauteur de 30 $ par année. Slate a par la suite tenté sans grand succès de proposer l’abonnement à 20 $ par année, pour ensuite abandonner complètement la formule payante en février 1999.

Mais voilà, nous ne sommes plus en 1999. Le site Web de Slate, qui compte une trentaine d’employés, attire maintenant 4,8 millions de visiteurs par mois, à comparer aux 4,5 millions du Washington Post, et la publicité en ligne rapporte beaucoup plus qu'avant.

La question que bon nombre d’observateurs se posent est de savoir si Slate pourra maintenir ce volume d’achalandage, et donc de potentiel de recettes publicitaires. Puisque le netmag était arrimé au réseau MSN de Microsoft, il pouvait bénéficier d’une promotion croisée sous d’autres bannières de Microsoft. Bien que le contrat de vente contienne des dispositions relatives au maintien d’une certaine visibilité de Slate dans le réseau de sites et services MSN, il faudra voir à l’usage si elles sont suffisantes. Il ne faut pas, non plus, négliger les partenariats qu’entretient le Washington Post avec Newsweek et MSNBC News qui eux aussi ont des accointances avec le réseau de sites Microsoft.
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En 2004, on a blogué sur...

La société Intelliseek dispose d’un robot indexeur qui recense les sujets traités dans la blogosphère anglo-saxonne et vient de publier sur son site BlogPulse le palmarès des thèmes et sujets les plus populaires auprès des blogueurs pour l’année 2004. Intelliseek diffuse également un indice des tendances par catégories de sujets qui défraient la chronique des blogues en ce moment. Répétons ici qu’il s’agit d’un tableau de l’univers anglo-saxon des blogues, et qu’on ne pourrait appliquer ces constatations à la région francophone du sixième continent.
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Un blogue, une idée-cadeau pour les Fêtes?

La date fatidique approche et vous cherchez toujours une idée-cadeau pour la personne qui a tout sauf un blogue? Offrez-lui un blogue! La proposition peut sembler farfelue, mais regardons-y de plus près.

Bien des gens ont des relents de technophobie, et malgré tout ce que l’on peut entendre sur les blogues, ceux et celles qui n’ont jamais blogué ne soupçonnent pas la grande simplicité des outils de publication.

S’il fallait auparavant, pour produire un site Web, avoir quelques connaissances en formattage HTML, disposer d’un logiciel d’édition, se trouver un hébergeur gratuit ou payant, se munir d’un logiciel de téléchargement des pages, constituer des archives, etc., les plate-formes de publication de blogues ont tout changé.

On sélectionne un gabarit, on règle les paramètres, et voilà, c’est fait, on accède à la confrérie de la blogosphère. On ne dispose pas d’un service d’hébergement? Aucun problème, un service comme Blogger héberge gratuitement le blogue sur son site Blogspot.

Donc, si vous possédez un minimum de connaissances techniques, vous pouvez constituer un blogue, et l’offrir à ce parent ou proche qui n’oserait pas faire les premiers pas. Lors de la remise du cadeau (allons, un peu d’imagination, ça peut être très drôle), vous remettez à la personne le nom d’utilisateur et le mot de passe (qu’elle pourra changer à son gré) de l’interface de publication. Une simple séance de familiarisation lui permettra de commencer à alimenter son blogue, et si elle le désire de changer les gabarits de présentation et les paramètres d’affichage et d’archivage.

Les blogues-cadeaux se présentent en différents forfaits. Le plus simple est évidemment le blogue de base : hébergé sans frais chez l’éditeur, gabarit standard pré-formatté, minimum de modifications. Un blogue hébergé chez Blogspot peut comporter l’archivage automatique, une fonction d’envoi par courriel de la référence des billets, un fil RSS Atom, et un tas d’autres fonctions.

Si l’interface de commentaires de Blogger ne vous plaît pas, il existe des services gratuits vous permettant d’insérer la fonction offerte par un tiers (comme Haloscan) dans le gabarit. Un service de mesure d’achalandage peut s’avérer un plus, dans cas-ci, SiteMeter ou Webstat s’avèrent de bons choix. Et pourquoi pas un album photo en ligne tel que le propose Flickr, un complément parfait pour les adeptes de photo numérique? Répétons-le, tout ça est gratuit.

Si je mentionne surtout Blogger comme plate-forme de publication, c’est que je l’utilise et la connais donc mieux que les autres. Par contre, soulignons le travail admirable de Stéphanie Booth qui a testé pas moins de 13 plate-formes de blogues gratuites et en a évalué les pour et les contre. Sa recommandation : mon-blog.org.
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