27.5.05

Desbiens, muraliste

Desbiens, muralisteY a-t-il un Desbiens près de chez-vous? Si vous habitez le Plateau Mont-Royal, il y a de bonne chances, et vous aurez certainement remarqué l’une ou l’autre de ces murales impressionnantes qui enluminent rues et ruelles de l’arrondissement. Je vous propose cinq exemples de l’art et de la technique de Desbiens, ainsi que leurs coordonnées physiques et une référence au service de cartes de Google si l’envie vous prend de les voir grandeur nature. De plus, si vous connaissez l'emplacement d'autres murales de Desbiens, n'hésitez pas à m'en faire part.
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Afficher son parti-pris?

Une enquête menée par le Annenberg Public Policy Center de l’université de Pennsylvanie vient peut-être jeter un éclairage nouveau sur la popularité des blogues auprès du grand public. L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 500 répondants du grand public, et de 673 professionnels de l’information (communiqué, format PDF).

On peut déduire de l’ensemble de la recherche sur les blogues et sur leurs effets certains points récurrents. S’ils sont encore relativement mal connus du grand public, les utilisateurs d’Internet qui les connaissent les apprécient et les consultent de plus en plus. Ils jouent un rôle important dans le nouveau discours politique, principalement aux États-Unis. Par ailleurs, un des principaux reproches qu’ont leur fait (et qui vient souvent des médias traditionnels) porte sur l’objectivité des blogueurs qui affichent sans problème leur parti-pris politique.

Or, 43 % des répondants du public estiment que c’est une bonne chose si un média d’information affiche ses couleurs politiques alors que cette opinion n’est partagée que par 16 % des journalistes.

Pourrait-on en déduire que la popularité des blogues, qui commencent à être reconnus comme partie intégrante des médias, tient au fait que leurs auteurs, pour la plupart, font preuve de transparence à l’égard de leurs idées politiques?
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21.5.05

Boycotter le Pew?

Le Pew Internet & American Life Project, bien connu pour ses études sur l’utilisation d’Internet et ses effets, publiait le 16 mai dernier les résultats d’une étude sur la place qu’occupent les blogues sur la scène politique aux États-Unis, notamment le rôle qu’ils ont joué au cours de la dernière présidentielle. Intitulée «Buzz, Blogs and Beyond: The Internet and the National Discourse in the Fall of 2004» (communiqué de presse et rapport complet (PDF)), l’étude présente deux constatations principales.

D’une part, les blogues auraient été autant initiateurs qu’amplificateurs d’informations ou de rumeurs (buzz). Ils auraient néanmoins servi de «guide à l’univers d’Internet» pour une bonne partie des médias traditionnels (MT). On cite à cet égard des textes de Dan Gillmor et de la prestigieuse revue Foreign Policy. Selon les auteurs du rapport, «Les blogueurs démontrent une grande aptitude à déceler des informations d’intérêt; ils incluent dans leurs textes des liens de sorte que cette information puisse être vérifiée et corroborée, ils font preuve d’esprit et de passion dans leurs commentaires.» Ceci expliquerait qu’aux États-Unis du moins, une nouvelle lancée par des blogueurs attire l’attention des MT.

D’autre part, la contribution principale des blogueurs au discours politique durant la campagne présidentielle aurait été de fournir un espace de discussion libre et ouvert sur l’affaire du Rathergate (Dan Rather, présentateur vedette de la chaîne CBS, histoire des fausses notes de service sur les antécédents militaires de George Bush). C’est à notre avis un champ qui n’est pas propre aux blogues, les forums de discussion sont nombreux et installés depuis longtemps sur Internet.

Pour le Dr Michael Cornfield, conseiller principal à la recherche au Pew, «La blogosphère est certainement un ajout de taille dans le discours national. Mais nous devons faire preuve de prudence envers l’influence qu’exercent certains blogueurs politiques. Cette influence est modulée en fonction de l’information qui est disponible, du comportement des médias, et de la tendance des formes et formats de contenus Internet qui peuvent évoluer très rapidement.»

Le rapport du Pew a fait l’objet de nombreux commentaires. Par exemple, la notion d’«amplificateurs» est retenue par Guy Therrien sur Tactiques. Dans Business 2.0, on s’attarde aux passages de l’étude qui tendent à diminuer la force politique des blogueurs en raison de l’évolution rapide du médium qui pourrait fragiliser la forme avant qu’elle n’ait atteint un stade de maturité, et la propension des blogueurs à diffuser de l’information assimilée à des rumeurs.

Mais Duncan Riley du Blog Herald a formulé une critique très sévère à l’égard de l’étude du Pew. Le lendemain de la publication des résultats, Riley a remis en question le très petit échantillon de blogues qui a servi à l’étude peut-être moins de 40 selon Riley. Michael Cornfield du Pew a été prompt à répondre, sur le site même de Riley, que l’échantillon était de 40 blogues, pas un de moins.

Riley est revenu à la charge est écrivant que si le Pew se basait sur un échantillon si limité pour juger que l’effet des blogues était circonstanciel, se limitait à modérer des discussions, et ne remplaçait pas en partie certaines fonctions autrefois échues aux MT, il fallait boycotter le Pew. Boycotter le Pew?

Ma réponse à Duncan, «Tu écris “En défense de la blogosphère, voici ce que je propose. Nous boycottons Pew Internet...” Comment envisages-tu ce boycott? Ne pas parler des prochains rapports du Pew? Déconstruire leur méthodologie? Ça me semble être un concept abstrait de boycotter un organisme de recherche, quelle que soit la base flouée de ses conclusions.»
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19.5.05

Qui est cet homme?

L'homme au pianoLe 7 avril dernier, deux agents de la force constabulaire de la ville portuaire de Sheerness sur la petite île de Sheppey (sud-est de l’Angleterre, environ 70 km de Londres) trouvent un homme, fin vingtaine début trentaine, blond, environ 1m80, qui déambule sur la plage aux petites heures du matin. Il est vêtu d’une tenue de soirée, chemise blanche et cravate noire, mais ses vêtements sont détrempés. La pluie tombe abondamment, mais les agents ne peuvent déterminer avec certitude si l’homme a été en mer. L’individu agit de manière craintive et ne parle pas. Il est conduit au poste de police, puis à l’hôpital Kent and Medway.

On veut le soumettre à une évaluation psychologique, mais l’individu refuse toujours de parler. On lui apporte du papier et un crayon pour voir s’il peut écrire son nom ou communiquer autrement un message. Il dessine alors avec grands détails un piano à queue. Un travailleur social affecté à son cas le mène alors à la chapelle de l’hôpital où se trouve un piano. Il s’y installe et interprète avec virtuosité (selon les témoins) une série de pièces musicales, allant d’extraits du Lac des Cygnes de Tchaïkovsky à des airs contemporains comme Across the Universe de Lennon et McCartney. Après quatre heures de ce récital impromptu, il tombe d’épuisement.

Qui est cet homme? Il ne portait aucune pièce d’identité au moment de son interpellation. Les étiquettes de tous ses vêtements avaient été retirées avant qu’on ne le trouve, impossible de disposer d’indices de ce côté. L’hôpital a diffusé sa photographie dans les médias et sur Internet, toutefois malgré de nombreuses pistes aucune ne s’avère probante. On a communiqué sans succès avec de grands orchestres et des écoles de musique.

L’homme au piano refuse toujours de communiquer, il n’a dit mot depuis le 7 avril. Selon le personnel de l’hôpital, il affiche un comportement quasi autiste de retrait et de méfiance, sauf quand il joue du piano et semble alors totalement absorbé par sa musique. Il compose aussi des pièces, et conserve les partitions de ses oeuvres à l’abri de tous les serrant sur lui. On a fait entendre de ses compositions à des professeurs de musique qui, outre de constater son talent manifeste, n’ont pu que dire qu’il s’agissait d’une personne empreinte d’une grande tristesse.

Un histoire à suivre, notamment sur le site Web de l’hôpital Kent and Medway qui publie depuis le 16 mai des communiqués sur le piano man. On apprenait hier de l’AFP que «Son histoire étonnante attire déjà la convoitise à Hollywood, où un producteur cherche à en acquérir les droits.»

Mise à jour : 20 mai

Possibilité d’une filière canadienne dans le mystère de l’homme au piano selon le Yorkshire Post. Mais là encore, rien n’est confirmé.

J’avoue avoir un faible pour ce genre d’histoire, et aimer les polars et romans à mystères. Et ce matin, le journal Le Monde m’apprend que je ne suis pas seul. Dans sa rubrique livres, on lit : «Meurtres, disparitions, les intrigues des polars semblent infinies : 626 nouveaux titres ont vu le jour en 2003 et 963 ont été réimprimés, soit un total de 1 589 histoires selon les chiffres du Syndicat national de l'édition (SNE) et du département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la culture (DEPS) publiés dans Statistiques de la culture, chiffres clés (La Documentation française, 2005). Pour l'ensemble du genre romanesque, 12 508 titres ont paru en 2003, dont 5 677 nouveautés. Sur près de 100 millions de romans vendus, le policier représentait 15,6 millions, dont près de 13 millions en Poche. En 2003, le chiffre d'affaires global du roman était de 423,5 millions d'euros dont 62 millions d'euros pour le policier (38,1 millions pour les Poches).»
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18.5.05

Journalisme citoyen : Agoravox.fr

AroravoxUn premier journal citoyen francophone à grande échelle vient d’être mis en ligne avec Agoravox. L’initiative vient de la société Cybion, créée par Carlo Revelli et Joël de Rosnay, pionnière en France de la veille stratégique. À l’invitation de Carlo Revelli, j'ai accepté de me joindre à l’équipe de cette nouvelle plate-forme d’expression indépendante, tout comme Edgar Morin, Jean Véronis et Loic Le Meur pour ne nommer que ceux-là.

Pourquoi? Comme le proposait Revelli dans son invitation, «Tout simplement pour faire entendre votre voix et pour relater des faits que vous avez identifiés et qui ne vous paraissent pas être suffisamment repris dans les médias traditionnels voire ignorés ou censurés.» Le plan est ambitieux, donc intéressant. Ce journal en ligne comporte neuf grandes rubriques (Citoyenneté, Culture et Loisirs, Économie, Infos Locales, Politique, Santé, Science et Techno, Société et Sport) elles-mêmes réparties en fonction de huit régions de la planète (Afrique, Amérique du Nord, Amérique du Sud, Asie, Europe, France, Moyen Orient, Océanie).

Comme le projet était en gestation depuis un certain temps, Agoravox est déjà bien étoffé en contenu, dont une entrevue de Joël de Rosnay par Véronique Anger sous le thème Des Mass Media aux Media des Masses qui résume bien, en sorte, l’optique du site :

«Les citoyens sont en train d’inventer une nouvelle démocratie, non pas une "E-démocratie" caractérisée par le vote à distance via internet, mais une vraie démocratie de la communication. Cette nouvelle démocratie, qui s’appuie sur les "media des masses", émerge spontanément, dynamisée par les dernières technologies de l’information et de la communication auxquelles sont associés de nouveaux modèles économiques. Ni les media traditionnels, ni les politiques, n’en comprennent véritablement les enjeux. Les media des masses, seuls véritables media démocratiques, vont radicalement modifier la relation entre le politique et le citoyen et, par voie de conséquences, avoir des impacts considérables dans les champs culturel, social et politique. Je pense que les internautes commencent seulement à réaliser à quel point le Net du futur va leur permettre d’exercer leur pouvoir, si tant est qu’ils parviennent à se montrer solidaires et organisés...»

Ma participation à Agoravox ne remet évidemment pas en question la tenue de mon blogue. Il y aura à la fois contenus partagés et contenus exclusifs, selon le cas et selon les sujets. Bonnes lectures.
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Le 2 avril 1995

Le nouveau fureteur Netscape est arrivé, c'est la version 1.1b3 disponible chez Netscape en appuyant sur le bouton Welcome de la barre menu de votre ancienne version.

D'entrée de jeu, deux mises en garde : le serveur de Netscape est très occupé et le sera probablement pour quelques jours, donc si vous ne parvenez pas à attirer son attention, armez-vous de patience. Le serveur Netscape ne peut répondre aux besoins que de 275 clients à la fois; mais à bien y penser, 275 clients, ça fait tout un banquet..! Deuxième mise en garde : le téléchargement est relativement long. La version 1.1b3 de Netscape est plus costaude que la précédente, le module d'exécution est de 1,1 Mo alors que le précédent était (est encore) de 847 K. Le fichier complet à télécharger (module d'exécution et autres compléments) fait donc un peu plus que 1,5 Mo.

Ceci dit, passons aux trouvailles. La nouvelle version de Netscape permet l'exploitation des nouvelles normes HTML et donc la visualisation de pages comme vous n'en avez pas encore vues. Finies les pages à fond gris; l'option de rédaction body background, si elle est bien utilisée, met un peu de vie et de couleur dans tout ça.

Autre nouveauté, on peut davantage maîtriser certains paramètres d'affichage dans la section Options (police de caractère, couleur, etc.). Premier commentaire : c'est beau et bon, mais il importe de bien configurer. Avec quatre versions du logiciel en 5 mois, je commence un petit musée de versions Netscape. Ah oui, j'oubliais, la nouvelle version a une durée de vie prévue de 3 mois; on annonce une nouvelle version pour juin 1995.


C’est ma façon de commenter les dix ans, comme le font Martine et Jean, en soulignant le dossier des archives de Radio-Canada.
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17.5.05

Une revue de presse sous forme blogue

La technologie blogue s’exporte-t-elle vers des utilisations autres que la publication de blogues ou carnets dans une forme traditionnelle? Petite étude de cas.

extremis-tvPrincipalement investi depuis trois ans dans la production du site Web eXtremis.tv, j’ai participé avec l’équipe à l’élaboration de la première version du site, puis à celle de la deuxième version récemment mise en ligne. Il s’agit du site d’accompagnement de la série documentaire diffusée sur les ondes de Télé-Québec et de la chaîne francophone internationale TV5. Pour rappel, la série porte sur des situations «extrêmes» (enfance assassinée, planète ravagée, disparitions, peine de mort, etc). Trois nouveaux documentaires seront diffusés la saison prochaine à Télé-Québec (désobéissance militaire, catastrophes provoquées par l’Homme, immigration clandestine à haut risque), en plus de certaines reprises des émissions précédentes, dont «Planète ravagée» le jeudi 7 juillet à 20h00.

En plus d’extraits vidéo des documentaires (538x302 pixels) et de dossiers thématiques, une des composantes du site est une revue de presse spécialisée qui porte sur les thèmes abordés dans le cadre de la série d’émissions. Reconnaissant que ces thèmes sont souvent négligés par les grands médias, ou relégués au second rang, il nous a semblé important d’accorder un suivi aux sujets traités par ces documentaires en produisant une revue de presse quotidienne.

Après avoir examiné diverses possibilités, nous avons retenu l’option blogue plutôt que d’autres formes d’édition Web pour de nombreuses raisons.

D’une part, l’efficacité des outils pour la publication. En se basant sur la fonction BlogThis! de Blogger, le programmeur responsable du site (Serge Grenier) a créé une fonction javascript qui s’inscrit dans la barre personnelle du marque-pages de Firefox. Ainsi, en parcourant les sites de nouvelles, cette fonction permet au rédacteur de la revue de presse de créer d’un clic une entrée sur le blogue à partir d’une page d’un site Web, d’en citer l’URL actif et une partie du contenu, ou d’y ajouter ses propres commentaires (dans ce cas-ci, principalement la traduction de dépêches en langues autres que le français). Avec près de 2 400 articles répertoriés depuis le lancement en version 1 de la revue de presse, on comprendra la priorité de l’efficacité de publication.

Seconde fonctionnalité importante : le fil RSS. En concevant un service d’information destiné à des professionnels (médias, décideurs, droits de la personne, environnement, ONG, etc.), il importe de tenir compte de la valeur du temps et d’en faire réaliser l’économie au lectorat. Dans une économie de l’attention, la devise maîtresse est le temps, et son optimisation est essentielle. Notons que ces considérations valent aussi pour les blogues traditionnels. Vu leur nombre en croissance constante, le fil RSS permet d’être informé de ceux qu’on tient à suivre, et laisse ainsi du temps pour découvrir les nouveaux venus. Dans le cas d’une revue de presse, le fil RSS offre un résumé des sujets abordés, laissant au lecteur la possibilité d’effectuer sa sélection d’informations qu’il juge pertinentes.

Toujours en adaptant le modèle blogue au concept de revue de presse, lorsqu’on consulte un des résumés d’articles, il est possible d’ajouter de l’information selon la formule «Ajoutez un lien qui permettra aux autres lecteurs de cette nouvelle d'accéder à une information complémentaire ou que vous croyez pertinente.» On peut soit, comme sur un blogue traditionnel, formuler un commentaire, ou encore choisir entre deux options : l’article ci-dessus «me fait penser à» ou «dit le contraire de» (avec champs réservés pour titre d’article et URL).

Bref, l’expérience démontre qu’il y a cohabitation productive entre les outils propres aux blogues traditionnels (publication en un clic, fils RSS, commentaires) et d’autres produits d’édition plus spécialisés, notamment une revue de presse.
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16.5.05

États-Unis : Écarts statistiques entre les journalistes et le grand public

Un sondage mené par le département de politiques publiques de l’université du Connecticut révèle à maints égards des écarts statistiques entre les journalistes et le grand public (résultats détaillés).

Par exemple, 60 % des répondants du grand public estiment que les médias affichent un parti pris dans le traitement des nouvelles, et 22 % croient que le gouvernement devrait avoir un droit de censure. De plus, 53 % affirment que l’on ne devrait pas publier de nouvelles basées sur des sources anonymes. Chez les journalistes, 70 % disent que les médias font un bon travail.

Si le sondage a le mérite de confirmer ce que plusieurs pensent, c.-à-d. un écart grandissant entre les idées et la manière de penser des journalistes et de ceux et celles qu’ils prétendent informer, les différences sont les plus éloquentes en ce qui a trait aux blogues.

Par exemple, 83 % des journalistes disent consulter des blogues, alors que seulement 10 % des répondants du grand public avouent le faire. Parmi ces journalistes consommateurs de blogues, 40 % disent le faire au moins une fois par semaine, et 55 % affirment que la lecture des blogues contribue à leur travail. Les journalistes sont indulgents face aux blogueurs, dans une proportion de 85 % ils déclarent que ceux-ci devraient être protégés par le Premier amendement de la Constitution (liberté de presse); en revanche, 75 % des journalistes disent que les blogueurs ne sont pas des journalistes car ils n’adhèrent pas à un code d’éthique commun.
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15.5.05

Blogues au Québec, blogues pour les entreprises

La question m’est souvent posée, et je dois avouer ne pouvoir y répondre. On est loin de l’époque de la bulle quand les entreprises et les gouvernements tenaient mordicus à savoir combien on comptait d’utilisateurs, et quelles étaient leurs habitudes d’utilisation. Des dizaines de milliers de blogues naissent et meurent chaque jour. Combien au Québec? Combien de gens les consultent? De quoi y traite-t-on? On est dans le noir, les enquêtes NETendances CEFRIO/Léger Marketing n’ont pas encore daigné aborder le sujet des blogues dans leurs cinq questions posées à 1 000 adultes québécois chaque mois sur leur utilisation d’Internet.

C’est peut-être que les entités «corpo» (qui incluent les gouvernements) ne s’intéressent pas au phénomène des blogues et le considèrent comme marginal. Tout semble baigner dans l’huile, le magasinage, les achats et les transactions bancaires en ligne se portent bien, pourquoi creuser davantage?

Pourtant, aux États-Unis, il en va tout autrement. Par exemple, le cabinet de veille stratégique eMarketer publiera le 5 juin prochain un rapport de recherche, The Business of Blogging. Un document d’analyse de 15 pages, comportant 27 tableaux statistiques, dans lequel les auteurs se penchent sur l’utilisation des blogues par les entreprises comme outil de communication interne ou de marketing. Ainsi, les entreprises clientes de eMarketer verseront 695 «vrais dollars» pour s’informer des tendances récentes en matière de blogues.

Le document se base sur des recherches récentes (Pew Internet and American Life Project, Forrester) dont, pour la plupart, je vous ai fait mention au cours de mois passés. Parmi les plus récentes données qui figurent dans le rapport de eMarketer, soulignons l’enquête de Harris Interactive (13 avril 2005) selon laquelle 18 % des utilisateurs d’Internet aux États-Unis consultent des blogues sur la politique au moins une fois par semaine. Voilà qui pourrait intéresser les partis politiques canadiens qui s’apprêtent à convoquer les citoyens aux urnes.

D’après l’auteur du rapport, Ezra Palmer, directeur des publications chez eMarketer, la popularité des blogues aux États-Unis a grandement profité de l’élection de novembre dernier, ce qui aurait introduit une distorsion des données sur la croissance du lectorat. Dans sa conclusion au document, il écrit : «Cette croissance du lectorat ralentira probablement cette année. Il faudra un autre élan de croissance, considérable celui-là, pour compenser la désaffection post-électorale.»

Revenons aux entreprises, bien qu’avec les révélations entendues par la commission Gomery, on fasse de moins en moins la différence entre politique et «business». Palmer écrit : «Les blogues constituent un phénomène social en pleine expansion qui déborde dans le secteur des affaires. Par contre, jusqu’à présent, les incidences économiques des blogues sur les entreprises ont été minimes.»

Pourtant, la société Microsoft a depuis un certain temps encouragé ses employés à lancer des blogues et à partager leurs connaissances avec les lecteurs de blogues (on trouve sur blogs.msdn.com et sur blogs.gotdotnet.com une liste assez complète des blogueurs Microsoft).

C’est maintenant au tour d’IBM d’emboîter le pas et de lancer une campagne massive pour inciter ses employer à créer des blogues. On lisait vendredi dernier dans SiliconValleyWatcher que l’entreprise annoncera demain (lundi, 16 mai) un vaste programme pour encourager ses 130 000 salariés à devenir des porte-parole en ligne des produits et de la technologie IBM.

Le projet est dirigé par Jim Finn, le numéro deux des communications chez IBM, selon qui l’entreprise «compte à son emploi de très nombreux experts dans leurs domaines, et nous voulons les inciter à bloguer et animer des discussions en ligne». Parmi les premiers à s’engager dans l’offensive blogue, Irving Wladawsky-Berger, stratège en chef d’IBM à qui on attribue le virage Linux pris par l’entreprise et qui s’est soldée tant par une réduction des coûts que par un rattrapage commercial face à Microsoft.

Bref, on peut s’attendre à voir de nombreux nouveaux blogues d’entreprises en ligne au cours des prochains mois.
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