26.5.06

CentPapiers : un média citoyen québécois

CentPapiersL’exemple de média citoyen d’AgoraVox fait des émules au Québec.  CentPapiers, projet mené par le tandem Olivier Niquet et Jean-Philippe Wauthier, fonctionne sous le modèle de blogue collectif, et compte une douzaine de collaborateurs.  Les articles sont classés sous les rubriques habituelles (Monde, Canada, Québec, Économie, Technologie, Médias, etc.) et permettent l’ajout de commentaires des lecteurs.  Par ailleurs, CentPapiers vous invite à joindre les rangs de ses collaborateurs, et comme on peut lire dans la FAQ, «Vous avez le pouvoir d’écrire et de publier.  Grâce à Centpapiers, vous pourrez publier vos textes, vos idées.  Car être un citoyen comporte plus que la simple obligation de voter, mais bien le devoir de s’informer, de discuter.  Tel est le devoir du citoyen et tel est le pouvoir de Centpapiers.»  Une expérience à surveiller.
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24.5.06

Le National Post présente ses excuses

C’est dissimulé dans les pages du site Web accessibles seulement aux abonnés que le National Post, par la voix du rédacteur-en-chef Doug Kelly, a présenté ses excuses pour avoir diffusé l’article de Amir Taheri sur les intentions du gouvernement iranien d’imposer des signes distinctifs aux minorités religieuses.  Dans l’édition papier du Post, le texte de Kelly figure en page A2.  Le blogueur Derek Raymaker reproduit sur son blogue le texte complet de la note d’excuses.

Concernant les vérifications sur la véracité des faits, Kelly écrit : «Nous avions alors quatre sources, soit M. Taheri, le Centre Wiesenthal, et deux exilés iraniens vivant au Canada.  Chacune nous disait que selon elles, le projet de loi iranien semblait contenir des dispositions qui forceraient les membres de minorités religieuses à s’identifier en public.[...] Nous reconnaissons qu’en ce qui a trait à cette nouvelle, nous n’avons pas assez fait preuve de prudence et de scepticisme, et que nous n’avons pas vérifié auprès de suffisamment de sources.  Nous aurions dû insister auprès des sources dont nous disposions pour qu’elles corroborent davantage l’information qu’elles nous donnaient.  Ce n’est pas dire que nous avons ignoré les pratiques journalistiques de base ou que nous nous sommes précipités pour publier le texte sans songer aux conséquences.  Mais, étant donné le sérieux des allégations, nous aurions dû faire davantage.  Nous présentons nos excuses pour cette erreur et pour la consternation qu’elle a provoquée, non seulement aux lecteurs du Post, mais aussi au public en général qui a lu cette information.  Nous prenons cet incident très au sérieux et nous revoyons nos procédures pour éviter qu’une telle erreur ne se reproduise.»

Voir :

Autour des signes distinctifs en Iran, 21 mai.

Taheri persiste et signe, et autres précisions, 23 mai.
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Un nouveau Desbiens

Desbiens, bobines

Je viens d’ajouter un nouveau Desbiens à ma collection.  Dans une ruelle parallèle à l’avenue Mont-Royal, intersection de Bordeaux, la murale date de 1998.
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Les blogues au menu de l’Associated Press

Technorati Related BlogsL’agence Associated Press vient de conclure une entente avec l’outil de recherche Technorati pour inscrire à son menu livré aux sites Web des grands quotidiens une sélection de blogues traitant d’une dépêche.  Sur les 440 sites Web de journaux abonnés au service de l’AP, lorsqu’on consultera un texte de nouvelle, on verra à droite un encadré dressant la liste des blogues qui citent le texte en question.  Cette liste de références est gérée dynamiquement par Technorati.  En annonçant la nouvelle sur le blogue de Technorati, Peter Hirshberg écrit : «De plus en plus, ce qui se dit dans la blogosphère à propos d’une nouvelle devient partie intégrante d’une information qui se voit complétée [dans les blogues] par diverses opinions et, souvent, de commentaires d’experts.  L’AP a cru qu’il était de plus en plus important d’inclure la blogosphère en valeur ajoutée à ses produits journalistiques. 

En outre, comme le souligne Hirshberg, ce nouveau service sera l’occasion pour un grand nombre de consommateurs d’information de faire l’expérience des blogues sur des sujets comme l’actualité locale, nationale, internationale et les rubriques spécialisées.

Technorati n’en est pas à sa première initiative de rapprochement des blogues et des médias traditionnels.  En septembre dernier, je vous parlais du Washington Post qui publiait désormais avec l’aide de Technorati la liste des blogues (avec liens directs) dans lesquels un de ses articles était cité et je commentais : «On crée ainsi un produit à valeur ajoutée, car non seulement le lecteur a-t-il accès à l’article, mais aussi aux mentions, commentaires, compléments d’information, rebuffades ou contestations issues de la blogosphère.»

On pourra toujours rêver et espérer une telle fonctionnalité pour les médias francophones.
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23.5.06

Taheri persiste et signe, et autres précisions

Quelques rebondissements dans l’affaire Taheri

National Post, 19 mai 2006Par voie de communiqué émis par le cabinet de relations publiques Benador Associates, Amir Taheri répond à ses détracteurs.  Il affirme avoir été informé du projet d’imposition de signes distinctifs par trois parlementaires iraniens qui se seraient opposés au projet de loi.  Il ajoute : «J’ignore s’il y a de ces dispositions qui seront retenues.  Nous le saurons après que le comité désigné pour en faire l’étude présentera son rapport, peut-être en septembre.» (L'image est tirée du National Post, 19 mai 2006.)

Juan Cole, professeur d’histoire contemporaine du Proche-Orient à l’université du Michigan et expert reconnu de la question écrit : «Les lois adoptées par le parlement iranien sont disponibles sur le Web et dans les journaux iraniens, et si une telle loi [Ndb. celle décrite par Taheri] aurait été publiée et aurait provoqué des réactions.  M. Taheri aurait-il l’obligeance de nous fournir une adresse Web pour le texte de loi en farsi? [Ndb. langue officielle que Cole maîtrise] Sinon, nous n’aurons plus aucune raison de croire ce qu’il dit.»

Le blogueur Jim Henley nous apporte d’autres précisions.  Taheri attribue dans son article trois citations à Mostafa Pourhardani qui serait le ministre iranien de l’Orientation islamique, mais en effectuant une recherche sur Google, on ne trouve de référence à Pourhardani que dans le texte de Taheri.  Même sur le site Web de la présidence iranienne qui affiche les membres du cabinet, on présente le ministre de la Culture et de l’Orientation islamique comme Saffar Harandi et on ne trouve aucune référence à Pourhardani. 

Par ailleurs, Jim Lobe du Asia Times cite Hadi Ghaemi, recherchiste principale de l’organisme Human Rights Watch pour les questions iraniennes qui affirme qu’il y a un projet de loi de code vestimentaire, mais qu’il n’y est nullement question de minorités religieuses; «Il n’y a que des généralités en ce qui a trait à un code vestimentaire national et à une industrie de la mode qui serait subventionnée et appuyée par l’État.»

Pour sa part, le blogueur iranien zharf a traduit en anglais les onze points principaux dudit projet de loi qui se lit comme un texte d’appui à l’industrie vestimentaire nationale, sans plus.

Il est très éclairant de lire la journaliste Taylor Marsh qui décrit les rapports qu’a eu John Turley-Ewart du National Post avec le rabbin Aaron Breitbart du Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles.  Ce dernier a fait parvenir à Marsh une télécopie d’un message adressé par Turley-Ewart à un certain rabbin Copper aussi du Centre avant que la décision ne soit prise de publier l’article de Taheri : «Pour faire suite à notre conversation, j’envisage de publier ce texte, mais j’ai été incapable d’en confirmer la véracité.  Spécifiquement, je veux m’assurer que la partie dans laquelle il est dit que les Juifs devront porter une bande de tissu jaune, et les Chrétiens une bande de tissu rouge, est bien exacte.  La loi n’est pas encore promulguée, mais elle chemine dans le processus législatif, et je crois que nous devons y attirer le plus d’attention possible.  Toute aide que vous pourriez nous apporter pour confirmation serait grandement appréciée.»

Enfin, pour clore le dossier, il importe de préciser que Amir Taheri a bel et bien écrit que, en vertu du projet de loi, les minorités religieuses devraient porter des signes distinctifs en public, mais n’a fait dans son texte aucune allusion à l’Allemagne nazie ou à son sinistre leader.  C’est la rédaction du National Post qui, en fin d’article, a écrit «L’Iran est-elle en train de devenir la nouvelle Allemagne nazie?» (Is Iran turning into the new Nazi Germany?) et qui a décidé d’illustrer le propos avec les images que l’on connaît.

Mise à jour, 24 mai : Le National Post présente ses excuses
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22.5.06

Un domaine .blog?

.blog ?Verra-t-on bientôt un nouveau nom de domaine réservé aux blogues?  Pas encore d’indice du côté des organismes de gouvernance, mais parions que cela ne saurait tarder.  Les noms de domaines sont des dispositifs mnémoniques qui permettent de taper en toutes lettres l’adresse d’un site Web plutôt que d’avoir à composer l’adresse IP assignée à chaque ordinateur relié au réseau.  C’est l’Internet Corporation For Assigned Names and Numbers (ICANN) qui est responsable de la gestion du système de noms de domaines.

Au cours des années quatre-vingt, on a créé sept noms de domaines (.com, .net, .org, .edu, .gov, .int et .mil), les trois premiers étant attribués avec peu de restrictions, les quatre autres étant réservés à des usages spécifiques.  S’ajoutent à ces noms de domaines les quelque 240 désignations de noms de premier niveau en deux lettres (.ca, .fr, .be, .ch, etc.) que l’on appelle aussi «codes de pays» et qui correspondent à la désignation ISO des États et territoires.

En 2001 et 2002, on a introduit dans le système sept nouveaux noms de domaines, soit .biz, .info, .name, et .pro qui sont non parrainés, et .aero, .coop, et .museum qui sont parrainés. Les noms de domaine non-parrainés sont régis en fonction des règles établies par l’ICANN, alors que ceux qui sont parrainés le sont par un organisme qui doit disposer d’une charte qui précise entre autres l’objectif visé par la création de ce nom de domaine. (Pour plus de détails, voir Chroniques de Cybérie, 21 novembre 2000.) Puis, on dispose maintenant des .mobi.

Avec des dizaines de millions de blogues en ligne, je pense que ce ne sera qu’une question de temps avant qu’un groupe ne se forme et propose à l’ICANN de gérer un éventuel .blog.
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Point mobi

.mobiC’est aujourd’hui qu’entre en service le nom de domaine .mobi qui vise à offrir aux utilisateurs de téléphones mobiles une expérience du Web à la mesure des capacités de leur appareil.  Le consortium de compagnies téléphoniques qui parraine ce nom de domaine a publié un guide de style à l’intention des concepteurs de sites Web pour téléphones mobiles dans lequel on traite des exigences spécifiques pour rehausser l’expérience de consultation du Web (navigation, hyperliens, imagerie, mise en pages, etc.).  Toutefois, à moins que vous ne soyez un exploitant de service de téléphonie mobile ou détenteur d’une marque de commerce, ne vous précipitez pas chez votre registraire agréé.  La réservation d’un nom de domaine .mobi n’est permise qu’aux exploitants de services mobiles jusqu’au 29 mai, puis du 12 juin au 21 août elle sera ouverte aux détenteurs de marques de commerce.  Ces mesures ont été prises pour éviter l’appropriation de noms de domaines.
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21.5.06

Autour des signes distinctifs en Iran

National Post, 19 mai 2006Vendredi dernier, le National Post publiait un article dont l’auteur alléguait que le parlement iranien envisageait d’adopter une loi visant à imposer des «signes distinctifs» à ses citoyens membres de minorités religieuses.  (A colour code for Iran's 'infidels'.) «Il [Ndb. le gouvernement] envisage un code vestimentaire différent pour ses minorités religieuses, chrétiens, juifs et zoroastriens, qui devront respecter un code de couleur distinct pour les rendre identifiables en public» écrivait Amir Taheri, décrit comme auteur et journaliste (j’y reviens plus bas).  La rédaction n’y est pas allée de main morte avec l’infographie.  La manchette de l’article occupait toute la largeur de la première page et coiffait une photo sur quatre colonnes d’un couple arborant l’étoile de David tel que l’avait imposé aux Juifs Adolf Hitler en Allemagne.  Dans l’édition Web, on illustrait l’article avec d’autres photos semblables.  Amir Taheri précisait que «La nouvelle loi, rédigée sous la présidence de Muhammad Khatami en 2004, était bloquée au Majlis [Ndb. le parlement iranien].  Les obstacles ont toutefois été levés à la suite de pressions exercées par le successeur de Khatami, le président Mahmoud Ahmadinejad.»

Mise à jour, 22 mai. Le Post a retiré l'article de son site Web et en a publié un autre rapportant les doutes de nombreux experts, Experts say report of badges for Jews in Iran is untrue.  Le texte original de Taheri est disponible ici.

On comprendra que l’article a provoqué une sérieuse commotion.  Le premier ministre canadien, Stephen Harper, a dit ne pas être en mesure de vérifier l’authenticité des faits cités par Taheri, mais a déclaré : «Malheureusement, on en a déjà trop vu de la part de ce régime iranien, et nous savons qu'il est très capable de ce genre de geste.»

Marc Thibaudeau dans La Presse a recensé d’autres réactions.  «Le Congrès juif canadien, se basant sur les affirmations de l'auteur iranien, a indiqué qu'il était “scandaleux” que Téhéran puisse envisager de stigmatiser les minorités religieuses.[...] Le centre Simon-Wiesenthal a écrit pour sa part au secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, pour lui demander de faire la lumière sur le sujet.» Mais aussi, «“C'est un mensonge et les gens qui l'ont inventé veulent en faire une exploitation politique”, a indiqué à l'Agence France-Presse le député [Ndb. lui-même Juif] Maurice Motammed.[...] Sami Aoun, spécialiste du Proche-Orient, a indiqué à La Presse, après avoir réalisé une revue de presse, qu'il n'y avait aucune référence dans les médias de la région à un nouveau traitement des minorités religieuses en Iran.»

Samedi, le Post publiait un article faisant état du démenti officiel de l’ambassade d’Iran à Ottawa, et citait plusieurs autres experts de la question iranienne qui disaient ne rien avoir entendu ou lu sur le projet de loi.  (Voir dans le Post Iranian embassy denies dress code.)

Bref, tout porte à croire que rien de cette nouvelle concernant l’imposition de signes distinctifs en public aux minorités religieuses n’est fondé.  Mais le Post (tirage de 250 000 exemplaires) s’est quand même permis de publier cet article sans vérifier les faits, et en ayant recours à des images relativement choquantes.  Imaginez si un blogueur en avait fait autant...

Mais revenons à l’auteur de l’article, Amir Taheri.  Vendredi, évoquant l’affaire, l’animateur de la Première chaîne de Radio-Canada Michel Désautels le décrivait comme «journaliste indépendant».  Le Post le disait auteur et journaliste, et là où bien des choses s’éclairent, membre du cabinet Benador Associates.

Benador, TaheriBenador Associates est un cabinet de relations publiques mis sur pied en 2001 par Eleana Benador, une Suisse-Américaine née au Pérou (sur la photo, mars 2003, en compagnie de Amir Taheri).  Le cabinet a des bureaux à New York et Washington, et selon son site Web se spécialise dans l’utilisation des médias entre autres en politique, en résolution de conflits, en politique extérieure.  Ses membres associés, influenceurs dans leurs milieux respectifs, écrivent des articles ou prononcent des conférences sur ces thèmes. 

On trouve dans la liste de ces associés des noms comme Alexander Haig (général à la retraite, ex-conseiller militaire de Henry Kissinger, ex-chef de cabinet de Richard Nixon), James Woolsey (entre autres directeur de la CIA de 1993 à 1995, et membres des conseils des équipementiers militaires Martin Marietta, British Aerospace et Fairchild Industries), ainsi que Michael Ledeen et Richard Perle de l’American Enterprise Institute.

Rappelons que Richard Perle est ex-conseiller de George W.  Bush, ex-président du Conseil de la politique de défense de l'administration Bush (poste non rémunéré), et partenaire principal (avec Henry Kissinger) dans la société de capital de risque Trireme Partners LP (Sécurité intérieure, défense).  Le 30 mars 2003, dernier, en entrevue à la CBC, Richard Perle déclarait au sujet de l’Irak : «La perspective qu'un autre pays soit le prochain à faire l'objet d'une intervention n'est pas une mauvaise base pour la diplomatie».

Ne figure plus sur la liste des «experts» Khidhir Hamza, scientifique nucléaire irakien associé au Congrès national irakien de Ahmed Chalabi qui avait soutenu que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive.

En 2003, le journaliste John Lobe écrivait dans le Asia Times : «Lorsque les historiens étudieront la guerre des États-Unis contre l’Irak, ils seront certainement étonnés de voir comment un groupe relativement restreint d’analystes et de militants néoconservateurs ont pu façonner le débat dans les médias étasuniens de sorte qu’il a été beaucoup plus facile que prévu de faire accepter la décision d’aller en guerre[...] Mais ces historiens feraient preuve de négligence s’ils oubliaient de mentionner le travail quotidien d’une seule et unique personne qui, plus que quiconque à l’extérieur de la Maison blanche, a rendu possible leur ubiquité dans les médias.» On l’aura compris, Lobe parlait de Eleana Benador.  (Voir Asia Times The Andean condor among the hawks, 15 août 2003).

Pour réussir à «placer» ses «experts» et associés sur toutes les tribunes médias, Benador a évidemment pu compter sur certains membres de la presse comme Judith Miller du New York Times (elle a démissionné du Times le 9 novembre 2005 dans la foulée du scandale Plame/Wilson), qui faisait elle-même partie des «associés» (elle n'y figure plus officiellement). 

Miller était la courroie de transmission pour Ahmed Chalabi du Congrès national irakien voulant justifier une intervention en Irak.  «Le 26 mai 2004, une semaine après que le gouvernement des États-Unis ait apparemment coupé les ponts avec Ahmed Chalabi, un éditorial du New York Times admet qu'une partie des articles affirmant l'imminence de la guerre avec l'Irak s'étaient fortement appuyés sur les dires de Chalabi et d'autres exilés opposés au régime irakien.  Du même souffle, le New York Times regrettait que “l'information prêtant à controverse n'a jamais été contre-vérifiée”[...] Bien que l'éditorial rejetait la faute sur des journalistes indépendants, plusieurs critiques ont fait remarquer que dix des douze articles en faute étaient rédigés par Miller».  (Voir Wikipédia, Affaire Plame-Wilson et Judith Miller.)

Depuis janvier 2006, Amir Taheri a signé à lui seul pas moins de 30 articles sur l’Iran.  La plupart font état d’enrichissement d’uranium et d’un besoin de «changement de régime». 

Le rouleau compresseur médiatique de Benador Associates est en marche.  Après avoir «vendu» l’idée des armes de destruction massive en Irak et de l’impérieuse nécessité de déloger Saddam Hussein du pouvoir, c’est maintenant le régime de Mahmoud Ahmadinejad qui est dans sa mire.

Je n’ai jamais été un fan de Hussein, et n’en est pas un de Ahmadinejad que j’estime comme bien d’autres dangereux.  Toutefois, quand des cabinets de relations publiques comme Benador utilisent des tactiques comme cet article non fondé sur les signes distinctifs imposés aux minorités religieuses pour attiser le ressentiment contre un régime, quel qu’il soit, et qu’un média d’envergure nationale diffuse de tels propos les assaisonnant d’images provocantes, on part d’un bien mauvais pied pour comprendre une situation et y trouver solution.

Mise à jour, 23 mai : Taheri persiste et signe, et autres précisions.

Mise à jour, 24 mai : Le National Post présente ses excuses
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7.5.06

É.-U. : le Parti démocrate privilégiera les blogues

Nancy PelosiÀ l’approche des élections de mi-mandat en novembre prochain, le Parti démocrate entend contourner les médias traditionnels et privilégier les blogues en ce qui a trait à la diffusion d’information.  C’est ce qu’a déclaré hier la leader du Parti démocrate à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi (démocrate de Californie).  Selon elle, même les médias dits «libéraux» ont souvent négligé le Parti par crainte de se voir refuser à l’accès à des membres influents du Parti républicain majoritaire à la Chambre et au Sénat.  «C’était courant, nous ne sommes pas parvenus à faire en sorte que les médias établis communiquent nos prises de position» a-t-elle affirmé (voir Raw Story, In blogger call, Pelosi outlines Democratic strategy for 2006 elections).  Madame Pelosi estime qu’en alimentant les médias sur Internet, le Parti pourra s’assurer que ses messages circulent, et que les médias comme les blogues pourront damer le pion aux médias traditionnels, introduisant ainsi un élément de concurrence pour l’information.
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4.5.06

États-Unis : les blogues politiques haussent le ton

Joshua Marshall, un des blogueurs politiques les plus en vue aux États-Unis avec son blogue Talking Points Memo (4,2 millions de pages vues en mars) a ajouté début mars à son blogue/forum de discussion TPMCafe (1,8 million de pages vues en mars) un autre blogue, mais qui adopte un ton très différent.  TPMmuckraker comme son nom l’indique fouine pour mettre à jour des scandales politiques.  Lancé le 7 mars, ce nouveau blogue a enregistré en trois semaines plus d’un million de visites.

TPMmuckraker n’y va pas par quatre chemins.  Scandale de prostitution au Capitole, copinage avec des membres influents de l’administration Bush d’un exploitant de service de limousine opérant sans permis, livre à venir de Valerie Plame (agente de la CIA dont l’identité a été dévoilée par des proches de Bush), versements de pots-de-vins...  Washington grelotte.

Voilà que le très sérieux Harper’s Magazine, bien connu pour son index mensuel des données étonnantes, emboîte le pas en lançant un blogue, Washington Babylon, qui traitera principalement de la corruption politique à Washington.  Écrit par le chef de la rédaction de Harper’s, Ken Silverstein, ce blogue est mis à jour plusieurs fois par semaine avec des analyses et des exposés percutants.

Reste à voir comment les grands médias réagiront à cette incursion des blogues dans ce créneau très sensible de la politique étasunienne.
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2.5.06

Parlez-vous blogue (2)

Le billet Parlez-vous blogue a suscité quelques courriels sur les explications de cette répartition du nombre de billets publiés sur les blogues en fonction de la langue de leurs auteurs.  Nicolas Langelier y va sur son blogue d’une interprétation : «Le français, lui, stagne autour de 2 % des billets, ce qui est bien moindre que sa proportion démographique. À cause de tous ces francophones qui bloguent en anglais, bien sûr.»

Pour ma part, j’estime que la situation est quelque peu plus complexe.  Reconnaissons qu’avec 2 % des billets, c’est vrai qu’il y a écart avec le nombre d’utilisateurs d’Internet francophone qui se situe à 4 % de l’ensemble des utilisateurs, soit 40,9 millions d’utilisateurs pour 381 millions de francophones sur la planète, taux de pénétration de 10,7 % (voir Internet World Stats 2006, Top Ten Languages Used in the Web.)  Ici, les statistiques sont faussées par le taux de pénétration très faible de pays qui se réclament de la Francophonie comme l’Algérie (taux de pénétration d’Internet de 2,6 %), la Côte d’Ivoire (1,5 %), ou le Sénégal (4,4 %).

Parlons du Japon. Sur un population de 128 millions, on compte 86,3 millions d’utilisateurs d’Internet, pour un taux de pénétration de 67,2 % (le plus élevé au monde).  En fait, des dix langues les plus «présentes» dans la blogosphère, il n’y en a que deux pour lesquelles on puisse établir une corrélation directe entre cette dite présence et le pourcentage global d’utilisateurs d’Internet d’une langue donnée, soit l’anglais (31 % des billets blogues, 30,6 % de l’ensemble des utilisateurs) et le chinois (15 % des billets, 13 % des utilisateurs). Pour toutes les autres langues, les écarts sont considérables, comme dans le cas de l’allemand avec 1 % des billets blogues pour 5,6 % des utilisateurs d’Internet à l’échelle du globe.

Loin de moi l’idée de vouloir déclencher ici (ou ailleurs) une guerre de statistiques qui, comme toutes les guerres, sont inutiles. Je crois simplement que devant des données comme celles qui sont citées ici, il faut faire preuve de discernement.

En outre, sur la question du français, Davis Sifry précise : «Nous croyons sous-estimer la blogosphère francophone en raison des difficultés que nous avons à indexer les blogues de Skyblog.» Ce n’est pas rien les 4,7 millions de blogues de Skyblog.
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Darfour : n’oublions pas le pétrole

Résumons, bien que trop brièvement, la situation : «La région du Darfour, au nord-ouest du Soudan, est ravagée, depuis février 2003, par un conflit économico-politique qui a provoqué la mort de plusieurs milliers de personnes et un exode massif de réfugiés au Tchad.  Cette catastrophe humanitaire, à propos de laquelle les Nations unies évoquent un "nettoyage ethnique", est souvent éclipsée par les fragiles pourparlers de paix entre le nord arabo-musulman et le sud chrétien et animiste, qui s’affrontent depuis 1983 sur fond de manne pétrolière.» (Voir Désolation au Darfour in Le Monde diplomatique, mai 2004.)

Puis, ceci : «La bataille tant redoutée par les experts, pour obtenir la suprématie sur le pétrole tchadien est désormais lancée, américains et français en étant les principaux protagonistes.  La Chine ne devrait pas être loin cependant, pour suivre d'un oeil très attentif la situation, afin de pouvoir intervenir au moment qu'elle jugera opportun, fidèle ainsi à sa stratégie...  laissant ainsi le soin aux autres puissances d'effectuer à leurs frais les "opérations" préliminaires.  Les États-Unis ne feraient-ils pas en fait que prolonger les conflits du Darfour voisin, en appliquant les mêmes principes : un seul chiffre suffit à lui tout seul à résumer la situation.  Darfour : 2 millions de morts...  mais aussi 2 millions de barils/jour attendus en 2008 en terme de volume d'exportations de pétrole.» (Voir Tchad : bataille France/USA pour le pétrole in Le Blog Finance, 17 avril 2006.)
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1.5.06

Parlez-vous blogue?

David Sifry, p.d.-g. de Technorati vient de publier la deuxième partie de son état de la blogosphère 2006.  Si vous pensiez que l’espace blogue était majoritairement anglophone, détrompez-vous, il serait principalement nippophone.  En mars 2006, 37 % des billets écrits étaient en japonais (comparativement à 31 % en novembre 2005).

En pourcentage de billets publiés, viennent ensuite l’anglais (31 %), le chinois (15 %), l’espagnol (3 %), l’italien, le russe, le français et le portugais (2 % chacun), le néerlandais et l’allemand (1 % chacun), et toutes les autres langues confondues représentent 4 % des billets.

Sifry remarque que les blogueurs japonais semblent souvent écrire des billets plus courts que la moyenne, et avance que ce serait le résultat de l’utilisation de téléphones portables qui se prête moins à la dissertation. 
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Qui lit les blogues sur la politique?

La régie publicitaire Blogads qui gère des campagnes très ciblées sur le plan démographique vient de publier les résultats de sa troisième enquête annuelle sur le lectorat des blogues.  En tout, l’échantillon porte sur 56 000 répondants, principalement étasuniens, qui ont rempli un questionnaire qui était diffusé sur 214 blogues affiliés à Blogads.

De l’aveu même de Blogads, l’enquête et ses résultats ne peuvent prétendre à la rigueur scientifique car elle est limitée à ses blogues affiliés.  Les données recueillies sont néanmoins révélatrices car elles mettent en relief des différences majeures du profil du lectorat selon les différents genres de blogues.  En effet, l’enquête de cette année a porté sur quatre genres distincts soit les blogues de «mamans», les blogues de potins, les blogues sur la musique, et les blogues sur la politique.

Par exemple, les blogues de mamans (les «mom blogs», les blogues écrits par et pour des mères, qu’elles soient au foyer ou qu’elles travaillent à l’extérieur, et qui traitent de l’éducation des enfants et d’autres sujets) attirent principalement des femmes lectrices dont l’age médian est de 29 ans et dont le revenu annuel du ménage est de 70 000 $.  Cette lectrice moyenne consulte cinq blogues par jour, et y consacre quatre heures par semaine.  (Si le phénomène est nouveau pour vous, consultez le portail/guide The Mom Salon.)

Les blogues de potins attirent également un lectorat à majorité féminine, âge médian 27 ans, revenu annuel moyen du ménage de 60 000 $.  On parle ici de quatre blogues par jour, et de cinq heures par semaine.

Pour les blogues sur la musique, le profil est différent : le lecteur moyen est de sexe masculin, âgé de 26 ans avec un revenu annuel de ménage de 60 000 $.  Il consulte cinq blogues par jour pour quatre heures de lecture par semaine.

Mais là où tout change radicalement, c’est dans le profil de lectorat des blogues sur la politique.  Le profil est celui d’un homme, âge médian de 43 ans, revenu annuel du ménage de 80 000 $.  Il lit six blogues par jour, une activité qui lui accapare dix heures par semaine.  Autre caractéristique frappante, seulement 18 % des lecteurs de blogues politiques ont leur propre blogue (48 % des personnes qui lisent des blogues de mamans ont leur propre blogue, 23 % pour les blogues de potins, 41 % pour les blogues sur la musique).

Ceux et celles qui souhaitent décortiquer plus à fond les résultats ventilés de l’enquête 2006, et ceux des enquêtes de 2005 et 2004, trouveront l’ensemble des données ici.

Mais revenons aux blogues sur la politique.  Blogads offre une ventilation des résultats selon l’allégeance politique des lecteurs de blogues.  Chez les républicains, 43 % ont contribué financièrement à un parti politique ou à une cause, comparativement à 21 % des démocrates. 

Par contre, 71,91 % des répondants démocrates ont téléphoné ou écrit à un politicien local, de l’État ou national alors que 68 % des républicains l’ont fait; 82,8 % ont signé une pétition (60,3 % chez les républicains).  À savoir si ces lecteurs de blogues commentent les billets qu’ils lisent, 55,53 % des démocrates le font (42,29 % pour les républicains).

Quant à ce qui attire les lecteurs vers les blogues qui traitent de politique, les répondants veulent un point de vue différent (85 % des républicains, 77,8 % des démocrates) et de l’information qui n’est pas traitée ailleurs dans les médias (84 % des républicains, 83 % des démocrates).

Dans des proportions quasi égales, les lecteurs de blogues sur la politique n’utilisent pas les fils RSS (environ 70 %) et n’écoutent pas la baladodiffusion (76 %).

On constate peu d’écart sur la grande utilité perçue des blogues (59 % chez les démocrates, 63 % chez les républicains), et aucun sur la partie du «budget temps» accordé aux médias qui va aux blogues (23 % dans les deux camps).

Et c’est peut-être cette statistique qui étonne le plus.  Les blogues sont un phénomène relativement récent, mais ont réussi en peu de temps à s’accaparer 23 % du budget temps accordé aux médias dans un domaine où l’information et l’échange d’opinion sont aussi cruciaux que la politique. 

Bon, je retourne à ma lecture de Crashing the Gate...
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