31.1.07

La blogosphère selon Keren

En octobre dernier, Michael Keren a publié sous le titre faussement prometteur Blogosphere: The New Political Arena (Blogosphère : La nouvelle arène politique).  Keren travaille à la chaire en communication, culture et société civile de l’université de Calgary et est actuellement professeur invité à l’université de Haïfa (Israël).  Il a obtenu un baccalauréat en philosophie et science politique à l’université hébraïque de Jérusalem, et un doctorat en science politique de l’université du Minnesota. 

BlogosphereJe n’ai pas lu l’ouvrage de Keren qui, disons-le, est passé largement inaperçu lors de sa publication.  Peut-être le prix de 80 $ pour l’édition en couverture rigide (26,95 $ en couverture papier) en a-t-il rebuté plusieurs.  Puis, il y a cette affreuse couverture qui assimile les blogueurs à des extra-terrestres.  Selon la notice de l’éditeur, Keren examine les blogues de neuf particuliers issus de divers continents et cultures et tente une analyse de la blogosphère, cette nouvelle arène publique virtuelle du 21e siècle qui transforme les structures traditionnelles des médias et de la politique. 

Mais ça se corse.  Cette nouvelle arène politique se caractériserait par une nouvelle émancipation et un sens profond de mélancolie et d’isolement.  Cette analyse de la blogosphère met en lumière les forces profondes qui opèrent dans le paysage politique actuel, soit l’apathie envers la chose politique, la résistance à la mondialisation, et une quête de rédemption par divers fondamentalismes religieux et par le terrorisme.  Rien de moins.

Si Keren soutient la comparaison entre blogueurs et terroristes, c’est qu’il affirme que bien que les méthodes préconisées par les deux groupes soient différentes, elles représentent une tendance à la diversion par des citoyens désenchantés des normes de la société civile vers un monde de fantasme dans lequel l’utilisation excessive des mots (ou des bombes) ferait en sorte que tout le monde écoute.

Michael KerenL’auteur rencontrait cette semaine un petit groupe de journalistes et y est allé d’autres déclarations qui laissent perplexe.  «Les blogueurs se considèrent comme des rebelles contestant la société traditionnelle, mais cette rébellion est principalement confinée au cyberespace, ce qui rend l’action de bloguer aussi mélancolique et illusoire que le combat de Don Quichotte contre les moulins à vent.  Dans cet univers des blogues que le monde entier peut lire, il se crée des attentes personnelles face à un lectorat qui ne sera tout simplement pas au rendez-vous pour les millions de blogueurs qui expriment leurs émotions.  Bon nombre sont comme le père McKenzie dans la chanson des Beatles Eleanor Rigby qui écrit un sermon que personne n’entendra.» (Voir Calgary author says bloggers a lonely bunch unlikely to change the world, Canadian Press, 30 janvier 2007.)

Les déclarations de Keren commencent à faire l'objet de commentaires par...  les blogueurs.  Ryan Anderson résume très bien les réactions.  Il écrit que les neuf blogueurs suivis par l’auteur aux fins d’écriture de son livre décrivent leur vie quotidienne dans ses moindres détails.  «Mais appliquer cette typologie de blogueur au reste de la blogosphère est non seulement ridicule, mais c’est irresponsable sur le plan de la recherche.  Sa description de ces blogueurs comme des êtres moroses et isolés peut être exacte, mais son échantillon n’a aucune valeur statistique et ne peut être extrapolé à l’ensemble de la blogosphère (qui est, rappelons-le, le titre du livre).» (Voir All the Lonely People, Ryan Anderson, 30 janvier 2007.)

Dans son édition du printemps 2005 (vol.7, no.3) le Journal of Military and Strategic Studies publiait un article de Michael Keren sous le titre Narrative and Image in the Commemoration of War: The Blog of L.T. Smash (Mémoire narrative et imagée de la guerre : Le blogue de L.T. Smash).  Son article était basé sur une analyse du blogue d’un militaire étasunien posté en Irak, L.T. Smash, qui incidemment est toujours en Irak et continue d’alimenter son blogue.

Dans cet article, loin de considérer L.T. Smash comme un être morose ou isolé, Keren écrivait : «En suivant le journal en ligne d’un soldat déployé en Irak, nous avons été exposés à des événements imbriqués dans le temps et la réalité.  Le narratif soutenu par L.T. Smash semble très près de la réalité d’un militaire si ce n’est que sa routine quotidienne est relatée avec grand détail.  Jamais auparavant n’avons nous eu accès en temps réel aux pensées, aux émotions et aux actions d’un soldat au combat.»

Étrange comment certains universitaires ont le don de s’adapter au gré des vents et des circonstances.  Bon, ça suffit, je dois aller démolir quelques moulins à vents avec un groupe d’amis, juste pour rire.  À bientôt.
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24.1.07

États-Unis : Blogues de journaux +210 %

C’est Danielle Attias qui a attiré mon attention sur une étude du cabinet de cybermétrie Nielsen/Netratings selon laquelle «les blogs des 10 premiers journaux américains connaissent une croissance de leur audience bien plus importante que celle des sites des journaux eux-mêmes : +210 % pour les blogs des journaux (de 1,2m à 3,7m de visiteurs uniques) et +9 % pour les sites des journaux (de 27,3m à 29,9m de visiteurs uniques), entre décembre 2005 et décembre 2006.» (Voir Blogs de journaux, Danielle Attias, 22 janvier 2007 et le résumé des constatations en format PDF chez Nielsen/Netratings).

Danielle commente très justement : «Ces blogs sont donc manifestement des relais de croissance pour les sites de presse, mais dénotent du mouvement qui poussent les éditeurs à dialoguer avec leur lecteurs.[...] Le blog de journaliste permettrait de défendre les choix qui ont été les siens dans la composition de l'article : le cas échéant, assumer sa subjectivité ou bien expliciter sa recherche de l'équilibre des points de vue.  Cette sorte de "making-off" de l'information de presse peut être précieuse et intéresser de surcroît un public exigeant.»

Autre constatation de l’étude de Nielsen/Netratings, un clivage sensible entre hommes et femmes dans le lectorat tant des pages Web que des blogues des journaux.  Les hommes constitueraient 60 % du lectorat des sites des journaux (40 % pour les femmes) et 66 % des blogues de journalistes (34 % pour les femmes).  De décembre 2005 à décembre 2006, le lectorat des blogues de journaux aurait augmenté de 226 % chez les hommes et de 183 % chez les femmes.

Carolyn Creekmore, analyste principale des médias chez Nielsen/Netratings, estime que les hommes ont tendance à être des utilisateurs précoces des nouvelles technologies (comme les blogues de journaux) et de grands consommateurs d’actualité.  Elle croit toutefois que puisque les femmes détiennent une légère majorité de l’ensemble des utilisateurs actifs d’Internet, elles seront sous peu davantage représentées dans le lectorat des blogues. 
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22.1.07

Hillary joue «la conversation»

C’était davantage une question de savoir «quand» que de savoir «si» Hillary Clinton allait se lancer dans la course à l’investiture du parti démocrate.  Samedi dernier, la sénatrice de l’État de New York annonçait la création d’un «comité exploratoire», première étape de la démarche pour sonder les appuis politiques et financiers d’une éventuelle candidature.

On ne s’étonne pas, non plus, que ledit comité exploratoire ait son propre site Web distinct du site officiel de la sénatrice.

On remarquera cependant que Hillary Clinton et ses stratèges ont fait leurs le thème de la «conversation» dans la plus pure application des principes chers aux précurseurs du journalisme citoyen, dont Dan Gillmor, soit que dorénavant la diffusion de l’information s’éloignera du modèle «sermon» et sera davantage une conversation entre producteurs et consommateurs d’information. Le the conversation begin «Que la conversation s’engage...» lit-on sur le site Web du comité exploratoire qui invite le public à participer à trois soirées d’échanges en webvidéo cette semaine.  On annonce également sur le site la mise en ligne prochaine d’un blogue que l’on décrit comme «un élément crucial de notre passionnante conversation nationale et l’endroit où en apprendre davantage sur Hillary.»

Rien de tel sur le site du comité exploratoire d’un autre candidat à l’investiture démocrate, le sénateur de l’Illinois Barack Obama.  Par contre, ce dernier a déjà en ligne un site Web pour mousser sa réélection en 2010 au poste de sénateur de la «Terre de Lincoln».
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20.1.07

Le pourriel «pump and dump»

Depuis le 12 avril 1994, le pourriel a bien évolué.  Lancé sur une arnaque qui promettait l’obtention de permis de travail aux États-Unis, on s’est depuis vu proposer de tout, allant de médicaments aux diplômes en passant par des logiciels, des tentatives de fraude bancaire et sans oublier la classique arnaque nigérianne.

Depuis un peu plus de deux mois, c’est le «pump and dump» qui, du moins dans ma boîte de courriel, représente la majorité des messages non sollicités.  L’astuce pour les fraudeurs consiste d'abord à acheter un certain volume d’actions d’un titre boursier dormant ou coté en cents (penny stock), puis par un pourriel prenant la forme d’une recommandation d’achat de susciter de l’intérêt pour le titre dans le but d’en faire artificiellement gonfler le prix (pump) et, par la suite, une fois atteint le seuil souhaité de liquider rapidement le portefeuille (dump) et d’encaisser la marge.  Évidemment, la vente en bloc du portefeuille des fraudeurs fait s’effondrer le titre et les investisseurs qui ont mordu à l’arnaque subissent des pertes.

Si le stratagème prend actuellement de l’ampleur, il n’est cependant pas nouveau. 

Je lisais il y a une dizaine de jours le récit que faisait Don MacDonald du Montreal Gazette d’une de ces arnaques qui s’est soldée par une plainte de la Securities and Exchange Commission (SEC, commission des valeurs mobilières aux États-Unis).  On comprend du texte de MacDonald qu’il y a gros à gagner dans une arnaque de type «pump and dump» et que le risque est infime.  (Voir Quebecer fined in pump and dump scheme, Montreal Gazette, 10 janvier 2007).

En 2004, deux citoyens canadiens entreprennent par divers subterfuges, dont une vaste campagne de pourriel, de gonfler le prix des actions de deux sociétés dormantes, Absolute Health et Concorde America Inc.  De juin à décembre 2004, l’action de Absolute Health grimpe de 0,55 $ à plus de 5 $.  En une semaine, en août 2004, le titre de Concorde passe de 3,70 $ à 8,90 $ l’action.  C’est alors que les deux individus larguent les titres empochant 9 millions de dollars pour les actions de Concorde et 14,4 millions pour celles de Absolute Health.  Les deux titres s’effondrent alors, laissant les investisseurs crédules, mais néanmoins légitimes, devant une perte.

En février 2005, la SEC réagit à une plainte d’investisseurs floués et accuse devant un tribunal civil de Floride les deux hommes d’avoir artificiellement créé une demande pour des actions dans deux sociétés sans valeur, et donc d’avoir touché, après transactions, près de 24 millions de dollars.

La sentence?  Des amendes respectives de 1,5 million de dollars et de 650 000 dollars pour les deux individus, plus une interdiction de transiger des titres d’actions cotées en cents.

Il est évident que des amendes aussi ridicules eu égard aux profits engendrés et aux torts causés aux investisseurs légitimes par ces manoeuvres illégales ne dissuaderont pas d’autres arnaqueurs de tenter leur chance.
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19.1.07

À propos des sables bitumineux

L’émission Zone Libre de ce soir à la télévision de Radio-Canada promet de faire grand bruit.  «Le journaliste Guy Gendron et le réalisateur Jean-Luc Paquette révèlent la face cachée de la politique environnementale du gouvernement Harper, grandement influencée par l’industrie pétrolière de l’Alberta.  Ils font la chronologie des engagements canadiens à produire toujours davantage de pétrole pour répondre à la soif américaine.»

Michel C.  Auger dans son blogue de Cyberpresse nous dit À vos magnétoscopes : «Le Canada a beaucoup investi dans les sables bitumineux, mais ils pourraient très rapidement devenir une source de pétrole qui serait boudée par les Américains, parce que trop polluante à produire.  C’est probablement l’un des grands dossiers politique et environnemental de la décennie et, pour le comprendre, ce documentaire est un point de départ essentiel.»

Avant même sa diffusion, et grâce à de courts extraits déjà diffusés sur les ondes de la chaîne publique, le reportage trouve déjà ses échos dans la presse internationale.  Hier, 18 janvier, le quotidien français Le Figaro titrait : Le Canada brade son environnement pour les USA : «Selon Radio-Canada, Ottawa s’est en effet engagé à multiplier par cinq sa production d’ici à 2015.[...] l’accord aurait été formulé, au lendemain de l'élection du gouvernement Harper, en janvier dernier, lors d’une rencontre à Houston, au Texas, entre les patrons de l'industrie pétrolière américaine et les dirigeants des grands projets d'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta.»

On sait que l’extraction du pétrole à partir de sables bitumineux (il faut traiter deux tonnes de sable environ pour récupérer un baril de bitume) a des impacts environnementaux importants.  On lit dans Wikipedia : «En Alberta, cette forme d'extraction détruit complètement, dès l'ouverture de la mine à ciel ouvert, la forêt boréale, les tourbières, les rivières ainsi que le contour naturel du terrain.[...] De plus, l'extraction d'un seul baril de pétrole des sables bitumineux de l'Alberta génère plus de 80 kg de gaz à effet de serre (GES) et entraîne le rejet de plusieurs fois son volume en eaux usées dans les bassins de décantation.»

Mais l’exploitation des sables bitumineux nécessite des investissements considérables.

Or, on apprend du service d’information financière Bloomberg que deux ministres importants du gouvernement Harper sont actuellement en Chine.  Le ministre du Commerce David Emerson et celui des Finances Jim Flaherty tentent par cette visite de haut niveau d’attirer plus d’investissements chinois au Canada, notamment dans le secteur de l’énergie.

Selon Bloomberg, les sociétés d’État chinoises ne se sont pas encore montrées très intéressées dans le développement des sables bitumineux qui nécessitera d’ici dix ans plus de 100 milliards de dollars en investissements.  La société Cnooc Ltd., détenue à 71 % par la société d’État chinoise China National Offshore Oil Corp., possède 17 % du capital-actions de la société canadienne MEG Energy Corp.  La China Petrochemical Corp.  quant à elle détient 40 % du projet de sable bitumineux Northern Lights par l’intermédiaire de Synenco Energy Inc.  Ces deux investissements totalisent moins de 300 millions de dollars canadiens.

Cette semaine, à Beijing, le ministre Emerson a déclaré que des investissements chinois seraient bienvenus au Canada : «Nous sommes ouverts et encourageons les investissements chinois dans les sables bitumineux et d’autres secteurs de l’économie canadienne.»

En novembre dernier, le ministre canadien des Ressources naturelles, Gary Lunn, s’était rendu à Beijing pour encourager les responsables chinois en matière d’énergie à envisager des prises de participation dans des entreprises canadiennes.  Il était accompagné de Pat Daniel, premier dirigeant de Enbridge Inc., une société canadienne qui propose un pipeline de quatre milliards de dollars entre la région de l’Athabaska (où sont les principaux gisements de sables bitumineux) et la côte ouest.

Résumons-nous.  Harper tient à augmenter l’exploitation de sables bitumineux.  Pour ce qui est du capital requis, les investisseurs étasuniens sont intéressés et les chinois sollicités.  Quant à l’écoulement de la production, même scénario.  Et Kyoto?  Bof...

En complément de lecture, mon billet du 9 janvier, Incursion dans l’envirolobby d’Ottawa.
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18.1.07

Politique réseau : chambardement des sources d’information

Le Pew Internet & American Life Project vient de publier les résultats de sa plus récente enquête qui traite de l’influence d’Internet sur les sources d’information des électeurs lors de campagnes politiques aux États-Unis.  Intitulé Election 2006 Online, ce rapport d’enquête révèle un bouleversement radical de la façon dont les électeurs s’informent sur les candidats et les enjeux politiques.

À la question à savoir quelle était la source principale d’information sur l’actualité politique, les chercheurs du Pew ont comparé les résultats obtenus lors du cycle électoral de 1992 à ceux enregistrés à l’élection de mi-mandat de novembre dernier.  Le moins qu’on puisse dire c’est que ces résultats révèlent des chambardements majeurs sur lesquels certains grands médias devront se pencher.

De 1992 à 2006, comme source principale d’information sur la politique, les journaux passent de 54 % à 37 % la télévision de 82 % à 69 %, et les périodiques de 11 % à 2 %.  En hausse, la radio passe de 12 % à 17 %, et Internet de 1996 (données insuffisantes pour 1992) à 2006 de 3 % à 15 %.

Environ 25 % des électeurs étasuniens (37 % des utilisateurs d’Internet) disent s’être informés en ligne au sujet des élections de 2006 et 10 % des électeurs (15 % des utilisateurs d’Internet) ont échangé des courriels sur les candidats. 

La nature participative du médium Internet semble aussi comme une incitation à militer car 23 % des personnes qui se renseignaient à partir du réseau ont soit publié leurs propres commentaires sur des blogues, des sites Web ou des forums de discussion (8 %), soit transmis par courriel ou republié à leur compte les commentaires d’autres personnes (13 %).

Des électeurs qui se sont informés en ligne, 20 % l’ont fait principalement à partir des blogues.  La majorité de ces répondants ont une scolarité et des revenus supérieurs à la moyenne, et dans les créneaux d’âge des 30 et 50 ans.

L’enquête du Pew a été menée par Princeton Survey Research Associates International entre le 8 novembre et le 4 décembre 2006 auprès de 2 562 adultes (18 ans et plus).  Le taux de confiance est de 95 % avec un écart possible de plus ou moins 2,1 %.
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13.1.07

Le procès de Lewis «Scooter» Libby sera blogué

Reggie WaltonC’est une première dans les annales judiciaires aux États-Unis.  Le juge Reggie B.  Walton de la cour de district de Washington a permis que deux sièges de l’espace réservé aux médias pour le procès de Lewis «Scooter» Libby, qui doit s’ouvrir mardi prochain, soient réservés à des membres de la Media Bloggers Association.  Si les blogueurs ont déjà eu les mêmes accès et privilèges que les journalistes à des salons commerciaux et des rassemblements politiques, c’est la première fois qu’ils pourront jouir de ces avantages dans un procès très médiatisé.

M. Libby, ex chef de cabinet et conseiller en matière de sécurité nationale du vice-président Dick Cheney (2001/2005), fait face à cinq accusations de fausse déclaration, d’obstruction à la justice et de parjure pour avoir menti aux enquêteurs du FBI au sujet de ses conversations avec les journalistes concernant la fuite ayant permis d’identifier Valerie Plame comme agent de la CIA.  Il est passible de trente ans d'emprisonnement.

En février 2002, l'ex-ambassadeur Joseph Wilson est chargé par la CIA de faire une enquête au Niger afin de découvrir si l'Irak a acheté de l'uranium dans ce pays.  Par la suite, Wilson se montre très critique vis-à-vis de Bush et de son réquisitoire contre l'Irak.  Le scandale qui prend alors forme est que quelqu'un à la Maison-Blanche aurait révélé à la presse que la femme de Wilson, Valérie Plame, était un agent de la CIA, spécialisée dans les armes de destruction massive.  Pourquoi?  Pour intimider Wilson et le punir de s'être opposé à Bush.

La Media Bloggers Association qui compte un millier de membres a donc obtenu deux sièges dans la salle d’audience, deux sièges que pourront s’échanger la douzaine de membres de l’association ayant exprimé un intérêt à «couvrir» le procès.  Cependant ils ne pourront bloguer directement de la salle d’audience car le juge Walton y a interdit tout dispositif électronique (incluant les téléphones cellulaires).  Il devront le faire depuis une salle attenante pourvue d’une connexion sans fil et d’écrans géants, tout comme les journalistes des médias traditionnels.

Un porte parole de la cour de district de Washington, Sheldon Snook, a déclaré à l’agence Reuters : «Les blogueurs font partie du paysage médiatique, et si nous ignorons les blogueurs nous ignorons la réalité.» (Voir Bloggers gain access to Libby trial, Reuters, 11 janvier 2007). 
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12.1.07

La guerre des télécoms aux États-Unis

Vers 1h37 le 18 janvier 2002, 31 des 112 wagons d’un convoi ferroviaire du Chemin de fer Canadien Pacifique déraillent près de la petite localité de Minot au Dakota Nord.  Cinq wagons contenant environ 560 000 litres d’ammoniaque anhydre, un gaz liquéfié comprimé, hautement toxique, que l'on utilise en agriculture, sont éventrés et un panache de vapeur recouvre la scène de l’accident, puis gagne les sections habitées de la ville.  Environ 11 500 résidants de Minot qui en compte 37 000 seront affectés par les vapeurs toxiques.  (Voir le rapport d’incident de la National Transportation Safety Board.)

Les autorités tentent de communiquer des consignes d’urgence à la population de la région, mais les six stations de radio locales, toutes propriété de la société Clear Channel Communications, sont désertes.  Pourtant la programmation est bel et bien en ondes, mais il s’agit de stations «automatisées» dont l’exploitation ne nécessite la présence d’aucun personnel la nuit.

Fighting for AirC’est par ce récit que commence le plus récent livre de Eric Klinenberg, Fighting for Air: The Battle to Control America's Media qui vient d’être publié chez Henry Holt et qui porte un regard très critique sur la concentration des médias aux États-Unis.  Stations de radio préprogrammées automatiquement, stations de télévision alimentées à distance, journaux «coquilles vides» dans lesquels la publicité ne sert qu’à encadrer des dépêches d’agences sont le fruit de cette concentration.  Si elle s’avère très rentable pour les conglomérats de médias, et qu’elle ait été rendue possible par la négligence des organismes de régie et de surveillance, elle n’en sape pas moins les bases de l’information locale.

Eric KlinenbergKlinenberg nous avait déjà donné en juin 2005 l’excellent Heat Wave: A Social Autopsy of Disaster in Chicago, qui relatait la canicule de 1995 à Chicago qui a fait près d’un millier de victimes.  (Voir Des canicules : retour sur Chicago en 1995, 29 juin 2005).  Professeur de sociologie à l’Université de New York, Klinenberg a d’abord mené quelques projets de recherche à Chicago, sa ville natale, puis travaillé au Centre de sociologie européenne sous la direction de Pierre Bourdieu.  De retour à Chicago, il entreprend la rédaction de son «post-mortem social» de la tragédie urbaine de la canicule de 1995.

Déjà dans Heat Wave, Klinenberg avait observé un dysfonctionnement médiatique.  Par exemple, le samedi 15 juillet 1995 fut la journée la plus mortelle de la canicule de Chicago, on dénombra alors quelque 300 victimes.  Les fins de semaine, les journaux fonctionnent avec un effectif réduit, ce sont principalement des reporters généralistes, des stagiaires ou des journalistes à contrat de durée déterminée (les one-years dans le jargon) qui s’affairent dans les salles de rédaction.  Les journalistes dont l’affectation principale était les services publics (police, incendie, ambulances, bureau du coroner, morgue, etc.) étaient également en congé, tout comme ceux affectés à l’hôtel de ville et à la politique municipale.  Faute de ces spécialistes, il était donc difficile pour les médias d’avoir une idée précise de l’ampleur de la tragédie qui se déroulait, et de la réaction des services publics.

Le cas du déraillement de Minot pose le problème de manière différente.  Selon Klinenberg le public veut de l’information sur son entourage immédiat, sur l’actualité et la culture locale.  En outre, si une crise survient, il tient à recevoir des consignes d’urgence.  Toutefois, en raison de la concentration de la propriété des médias, et de la recherche de hausses de rendement qui porte les grands conglomérats à tout vouloir centraliser pour réaliser des économies, le public se trouve floué dans ce nouveau paysage médiatique.

Une des solutions avancées par Klinenberg vise l’attribution des licences de diffusion qui devrait favoriser davantage les petits groupes communautaires en mesure de produire cette information locale tant souhaitée.  L’attribution de licence pour des émetteurs en MF de faible puissance pourrait rétablir l’équilibre entre grands conglomérats et médias de proximité.

Malgré la montée en puissance des blogues et du journalisme citoyen, Klinenberg ne croit pas qu’Internet soit la solution à la carence d’information locale.  En entrevue avec Bill Moyers de la chaîne publique PBS, il a dit reconnaître qu’Internet a beaucoup à offrir sur le plan de l’information, mais que l’information locale n’en a pas profité.  «Je suis sceptique quant au mythe qui veut que l’on n’ait pas à se soucier de la baisse de la couverture de l’information locale car les journalistes citoyens prendront la relève.  Je crois qu’il y a de superbes blogueurs qui ont des choses intelligentes à dire, qui écrivent bien et qui formulent des opinions structurées.  Mais est-ce de l’actualité locale soutenue?  Ça nécessite des ressources, des compétences, et un appui institutionnel.  Ce n’est pas quelque chose que les citoyens peuvent faire aussi bien que les professionnels.[...] Si on ne dispose pas d’une couverture journalistique professionnelle pour examiner ce qui se passe au conseil municipal, au conseil scolaire, en matière de routes, d’hôpitaux et d’entreprises locales, on ouvre la porte à des abus terribles.» (Voir Moyers on America, PBS).

Klinenberg remet donc en question le journalisme citoyen et les tendances comme le placeblogging, ces sites hyperlocaux traitant en grand détail de nouvelles dans un quartier donné et qu’on a tendance à les associer au terme «journalisme citoyen».

Toutefois, certaines grandes chaînes de médias prennent la menace du placeblogging au sérieux.  Par exemple, à Muncie (Indiana), le journal local (Star Press, propriété de la chaîne Gannett) a ouvert une section de son site aux contributions de ses lecteurs.  Il tente ainsi de contrer l’action du placeblog Muncie Free Press ouvert récemment.  Il interdit même tout lien pointant vers ce placeblog comme le rapporte Lisa Williams de Placeblogger.  (Voir Newspaper to Local Blogs: Drop Dead, Placeblogger, 10 janvier 2007.)
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11.1.07

Bush sur l’Irak : Pas de surprise

Comme attendu, George W. Bush a annoncé l’envoi de renforts en Irak. Et comme attendu, cette escalade est modelée sur les recommandations de l’American Enterprise Institute.  L’élève Bush avait bien appris sa leçon.  Voir L’AEI et sa solution pour l’Irak (5 janvier 2007), L’AEI et sa solution pour l’Irak (2) 6 janvier 2007), le texte intégral de l’allocution de George Bush sur le site de la Maison Blanche, et les principaux passages en français sur le site du journal Le Monde.

Frederick KaganCe qu’il y a de neuf ce matin nous vient du Times de Londres et raconte comment le chercheur de l’AEI et auteur du rapport sur la nouvelle approche en Irak, «Iraq: A Turning Point», Frederick W. Kagan, a présenté ses recommandations au président.  Selon des collègues de M. Kagan, lorsqu’il a rencontré George Bush pour lui exposer son plan de sortie de crise, ce dernier a exprimé un grand soulagement.  «Vous voulez dire que l’on peut vraiment gagner cette guerre?» aurait-il dit à Kagan.  Le mois dernier, le groupe d’étude sur l’Irak de la Maison blanche estimait que les États-Unis avaient perdu la guerre et qu’il était temps d’envisager un désengagement. (Voir The 'surge' author, Times, 11 janvier 2007.)

La seule différence majeure entre le plan de Kagan et celui de la Maison blanche porte sur le nombre d’effectifs à envoyer en renfort.  George Bush a annoncé l’envoi de 20 000 militaires additionnels, alors que Kagan en aurait souhaité 35 000.
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9.1.07

Incursion dans l’envirolobby d’Ottawa

On parle beaucoup d’environnement à Ottawa ces jours-ci, du changement de ministre, des engagements de Kyoto qui ne sont pas respectés, du thème que le nouveau chef de l’Opposition voudra imposer aux prochains débats parlementaires, etc.  Il s’agit évidemment du volet public des échanges sur ce thème, mais il y a des entretiens plus discrets, des communications, des rencontres, bref ça bourdonne.

Il existe dans la structure gouvernementale canadienne un Bureau du directeur des lobbyistes dont le rôle consiste à assurer le bon fonctionnement des systèmes et processus destinés à appuyer la mise en oeuvre de la Loi sur l'enregistrement des lobbyistes et le Code de déontologie des lobbyistes

On lit sur le site Web du Bureau : «Le lobbyisme (ou lobbying) est une partie légitime de notre système démocratique.  Les citoyens, les organismes et les entreprises ont le droit de communiquer aux décideurs l'information et les opinions qu'ils estiment importantes.  Il importe toutefois qu'ils le fassent de façon transparente, afin que les Canadiens et les Canadiennes puissent savoir qui fait pression auprès des détenteurs d'une charge publique et à quelle fin.»

En vertu de la Loi sur l'enregistrement des lobbyistes, toute personne qui, moyennant paiement, s’engage, auprès d’un client, d’une personne physique ou morale ou d’une organisation à communiquer avec le titulaire d’une charge publique au sujet (entre autres) de l’élaboration de propositions législatives par le gouvernement fédéral, du dépôt d’un projet de loi ou d’une résolution devant une chambre du Parlement, de l’élaboration ou de la modification d’orientation ou de programmes fédéraux, de l’octroi de subventions, de contributions ou d’autres avantages financiers doit s’inscrire au Registre public des lobbyistes.

En effectuant une recherche dans le Registre avec le mot clé «environnement» (consulté le 9 janvier 2007), on constate qu’il n’y a pas moins de 1 269 mandats actifs de lobbying inscrits. 

Autre constatation, il y a souvent cumul de mandats pour un seul lobbyiste, ce qui est tout à fait légal.  Prenons le cas de André Albinati, partenaire au Earnscliffe Strategy Group (qui a ses bureaux à quelques enjambées de la colline parlementaire) a un mandat de l’Université de l’Alberta (son alma mater qui mène des recherches sur l’énergie), de Monsanto Canada (biotechnologie agricole, OGM), de la société Encana (sources non conventionnelles de gaz naturel, exploitation des sables bitumineux) et de Nexen (exploration et exploitation pétrolière).

Le cas n’est pas unique, bon nombre de lobbyistes cumulent des mandats dans des secteurs spécialisés, et ces mêmes secteurs peuvent se chevaucher.  Par exemple, André Albinati peut également démarcher les titulaires d’une charge publique en matière de santé, d’agriculture ou de défense pour le compte de l’Université d’Alberta et de Monsanto.

Et comment se compare l’environnement à d’autres secteurs d’activités de lobbying?  Une recherche dans le Registre révèle 1 187 mandats actifs pour la santé, 733 pour l’agriculture, 705 pour la défense et 549 pour l’éducation.  Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça jase.
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7.1.07

Nouvelle année, nouvelle tendance : le placeblogging

PlacebloggerDepuis le début de l’année, le site Placeblogger recense les blogues «locaux», les «placeblogs» qui se concentrent dans le menu détail sur de petites collectivités dont on entendrait autrement peu parler.  Sa fondatrice est Lisa Williams qui est appuyée dans cette initiative par trois personnalités bien connues du Web, soit Dan Gillmor maintenant directeur du Center for Citizen Media et on s’en souviendra auteur de We the Media, Jay Rosen le professeur de journalisme à l’Université de New York qui anime le blogue Press Think et dirige le projet de journalisme «sources ouvertes» newassignment.net, et Susan Mernit, directrice principale des développements de produits chez Yahoo! et aussi blogueuse.

Selon Williams, on appelle parfois les placeblogs des sites “hyperlocaux” parce que certains traitent en grand détail de nouvelles dans un quartier donné, et on a tendance à les associer au terme «journalisme citoyen» car ils sont produits par des non journalistes.  Mais, dit-elle, les placeblogs débordent du cadre de la nouvelle. Ils constituent un acte d’attention soutenue dans le temps à une localité.  Ils peuvent être produits par une personne, un groupe ou encore être ouverts à toute une collectivité.  Bien qu’il puisse comporter des nouvelles, un placeblog n’est pas un journal.  Un placeblog traite de l’expérience de vivre dans une collectivité, des gens qui y habitent, des petites frustrations et des grandes joies qu’on y vit, et tout ça dans un style non traditionnel.

Placeblogger recense déjà 750 placeblogs, dont 59 au Canada (quatre au Québec), et offre la possibilité de s’inscrire sans frais au répertoire.

C’est certainement une expérience à surveiller. Quoiqu’il en soit, Mitch Wagner de InformationWeek estime que placeblog est le premier mot à la mode de 2007.
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Une clé USB pour la radio MF

Comme bien des gens mon bureau est installé chez-moi et j’ai donc l’immense avantage de pouvoir contrôler mon milieu de travail.  Comme bien des gens, j’écoute la radio en travaillant.  Et comme bien des gens, si on en croit les plus récents sondages de cotes d’écoute, mes habitudes de consommation radio ont changé depuis un certain temps.

Le problème est que mon récepteur combiné en est à sa deuxième décennie de bons et loyaux services et est pourvu d’un syntoniseur rotatif.  Or, changer fréquemment de station s’avère laborieux quand on doit le faire «à la roulette» vu le paysage hertzien montréalais qui commence à être encombré.  Et c’est sans parler de la propagation des ondes hertziennes sur le Plateau qui est parfois erratique et qui n’aide rien.

J’envisageais l’achat d’un récepteur à syntonisation numérique directe, mais voilà que j’ai reçu en cadeau à l’occasion des Fêtes la solution à mon problème.

InstantFM MusicLe InstantFM Music de ADS Tech est un récepteur MF qui se présente sous la forme d’une clé USB de la grosseur d’un briquet.  Il est livré dans une trousse qui comprend le récepteur, deux logiciels sur cédérom, un câble de branchement USB, une antenne rétractable sur bobine et une pochette de transport.  Sous Windows XP Pro, on n’a qu’à brancher le récepteur à un port USB et le système reconnaît automatiquement le nouveau dispositif.  Précisons qu’il s’agit d’un récepteur d’ondes hertziennes, et non d’un syntoniseur de radio Web, et que son fonctionnement n’exige pas qu’on soit en ligne.  Il ne reste alors qu’à installer les logiciels.

Le premier, Instant Radio, est le gestionnaire principal qui dispose de toutes les fonctions de syntonisation (jusqu’à huit présélections, plus les fonctions syntonisation, recherche et balayage) et permet en outre d’enregistrer sur disque dur ce que l’on écoute.  Il récupère et affiche aussi des données RDS/RBDS comme les lettres d 'appel d’une station, des textes radio, et indique la puissance du signal à la réception.

Le second, Snaptune One, est conçu pour les amateurs de musique.  Lorsqu’on lance le logiciel pour la première fois et qu’on est en ligne, en inscrivant son code postal, il récupère et affiche la liste des stations disponibles dans notre localité.  Dès lors, en sélectionnant une station, on peut enregistrer les plages musicales que le logiciel identifiera et classera tout en supprimant les publicités.  L’enregistrement est pré-programmable tout comme avec un magnétoscope.  On peut par la suite classer ses enregistrements, constituer des collections, et évidemment verser le tout sur des disques compacts ou des lecteurs portables.

Très fonctionnel, le InstantFM Music est idéal pour ceux et celles qui travaillent sur des portables hors de leurs domiciles dans des bureaux ou endroits publics et qui tiennent à conserver le «contact radio».  Dans ce cas, le casque d’écoute (non inclus) est bien sûr de mise.
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6.1.07

L’AEI et sa solution pour l’Irak (2)

Hier matin j’écrivais au sujet de l’influence de l’American Enterprise Institute sur l’administration Bush : «En fait, cette influence sur les milieux de pouvoir est telle que dans le passé, il suffisait de lire les études et les documents produits par l’AEI pour prévoir quelles seraient les orientations futures de la Maison blanche.»  (Voir L’AEI et sa solution pour l’Irak.)

Il n’aura pas fallu longtemps pour que cette affirmation se confirme.  On lit aujourd’hui dans Le Monde : «Comme attendu, l'administration américaine a procédé vendredi 5 janvier à un remaniement de hauts responsables de la diplomatie, du renseignement et de l'armée, alors que le président George W. Bush devrait annoncer sa nouvelle stratégie pour l'Irak mercredi, selon la Maison Blanche, et que les chefs du Congrès démocrate lui ont écrit qu'"il est temps que la guerre se termine".» (Voir Face aux contestations, Bush renouvelle en profondeur l'"Iraq team", Le Monde, 6 janvier 2007.)

Un peu plus loin : «Lors d'une brève cérémonie, le président américain a nommé le super-patron des services du renseignement, John Negroponte, adjoint de Condoleezza Rice au département d'État, poste laissé vacant depuis juillet.»  Pour ceux qui ne connaissent pas l’homme, voir mon billet de février 2005 «C’est un diplomate...».

Puis, «Quant au général de corps d'armée David Petraeus, artisan de la formation des troupes irakiennes, il remplacera le général George Casey à la tête des forces américaines en Irak.»

Mettons en contraste les recommandations de l’AEI et ce que nous dit le New York Times du nouveau chef des forces étasuniennes en Irak.  (Voir A New Commander, in Step With the White House on Iraq, New York Times, 6 janvier 2007.)

AEI : Appuyer cet objectif par l’envoi de troupes supplémentaires principalement déployées à Bagdad.  Kagan évoque l’envoi d’au moins sept brigades (une brigade compte entre 1 500 et 3 200 militaires), une force nécessaire, possible et suffisante selon lui.

NYT : «Comme il soutient l’augmentation de l’effectif en Irak, on s’attend à ce que le général Petraeus endosse le déploiement rapide de cinq brigades.»

AEI : Adjoindre ces forces à des unités irakiennes et procéder au «nettoyage» des quartiers où s’affrontent les belligérants sunnites et chiites, principalement dans la zone ouest de Bagdad.  Assurer, une fois ces quartiers «nettoyés», le maintien de la sécurité grâce à la présence d’unités militaires étasuniennes et irakiennes.

NYT : «Le général Petraeus devrait également voir au changement des opérations militaires étasuniennes à Bagdad.  On peut s’attendre à ce que les forces étasuniennes établissent des positions dans les quartiers de la capitale plutôt que de se limiter à des patrouilles à partir de bases fortifiées.»

AEI : Accorder la priorité non pas à la formation des militaires et policiers irakiens, mais à la protection des populations civiles, ce qui n’a jamais été prioritaire pour les forces d’occupation étasuniennes.

NYT : «Sous le commandement du général Casey, la priorité était le transfert des responsabilités relatives à la sécurité aux forces irakiennes pour permettre un retrait graduel des troupes étasuniennes.  Dorénavant, on accordera la priorité à la protection de la population irakienne des violences sectaires.»

Restera à voir, mercredi prochain, les autres recommandations de l’AEI qui feront partie du discours de George W.  Bush sur sa nouvelle stratégie. 
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5.1.07

L’AEI et sa solution pour l’Irak

On est toujours dans l’attente d’un discours majeur de George W.  Bush qu’il doit livrer la semaine prochaine et dans lequel il exposera sa nouvelle stratégie pour l’Irak.  Ce matin, Libération résume bien les préparatifs de la Maison blanche à cet égard : «A l'orée d'un changement attendu de la politique américaine en Irak, George W. Bush opte pour le grand remaniement.  Alors qu'il devrait nommer vendredi l'actuel chef du renseignement national américain, John Negroponte, au poste d'adjoint de la chef de la diplomatie Condoleezza Rice, la chaîne de télévision ABC a également révélé que tout le commandement militaire sur le terrain allait être remplacé.» (Voir USA : grand remaniement avant une «nouvelle» politique irakienne, Libération, 5 janvier 2007).

Quelle sera la teneur de cette nouvelle politique irakienne?

On sait l’influence qu’exerce l’American Enterprise Institute (AEI) sur les politiciens conservateurs aux États-Unis, et qu’elle proposait le renversement du régime de Saddam Hussein depuis 1998.  (Voir Chalabi et la filière iranienne, 23 mai 2004).

On sait qu’elle compte plus de 75 universitaires et membres associés, dont le Canadien David Frum (ex journaliste du National Post et rédacteur des discours de George W.), Michael Ledeen (ex conseiller en matière de défense et de sécurité au cours du premier mandat de George W. et un des artisans de la politique de «guerre au terrorisme»), Roger Noriega (ex secrétaire d’État adjoint pour les Amériques et cerveau des interventions étasuniennes en Amérique latine de 2003 à 2005), et Richard Perle (ex conseiller de George W. en matière de défense et de sécurité).

En fait, cette influence sur les milieux de pouvoir est telle que dans le passé, il suffisait de lire les études et les documents produits par l’AEI pour prévoir quelles seraient les orientations futures de la Maison blanche.

Or, ce vendredi 5 janvier, l’AEI tient une conférence sous le thème Iraq: A Turning Point (Un point tournant pour l’Irak).  À cette occasion, Frederick W.  Kagan (historien militaire et ex professeur à l’académie militaire de West Point) présentera une version approfondie d’une analyse déjà publiée le 14 décembre dernier intitulée Choosing Victory: A Plan for Success in Iraq (Choisir la victoire : Un plan pour réussir en Irak).

Le plan repose sur un constat évident : «La situation en Irak a atteint un point critique.  La stratégie consistant à miser sur un processus politique pour mater l’insurrection a échoué.  La violence sectaire qui ne cesse de s’amplifier risque de briser la volonté des États-Unis de se battre.  Si elle n’est pas rapidement jugulée, cette violence détruira le gouvernement, les forces armées et la population d’Irak.»

Kagan estime que la victoire en Irak est toujours possible, et ce à un degré «acceptable» d’effort (acceptable level of effort), mais qu’il faut adopter une nouvelle approche rapidement et de manière résolue.

Le chercheur passe en revue trois solutions envisagées jusqu’à présent. 

Se retirer immédiatement : le retrait immédiat signifierait la défaite immédiate, l’effondrement des forces armées et de police irakiennes tributaires des États-Unis pour leur maintien, et plongerait le pays dans une guerre civile totale qui risquerait de se répandre dans toute la région.

S’en prendre aux États voisins : une approche vouée à l’échec car les belligérants des deux côtés sont Irakiens, et que si certains États voisins encouragent la violence, ils ne pourraient y mettre un terme.

Augmenter le nombre de formateurs militaires et policiers : cette approche ne peut pas être mise en oeuvre assez rapidement pour éviter la défaite. 

Il faut donc, toujours selon Kagan, adopter une stratégie en cinq points.

Accorder la priorité non pas à la formation des militaires et policiers irakiens, mais à la protection des populations civiles, ce qui n’a jamais été prioritaire pour les forces d’occupation étasuniennes.

Appuyer cet objectif par l’envoi de troupes supplémentaires principalement déployées à Bagdad.  Kagan évoque l’envoi d’au moins sept brigades (une brigade compte entre 1 500 et 3 200 militaires), une force nécessaire, possible et suffisante selon lui.

Adjoindre ces forces à des unités irakiennes et procéder au «nettoyage» des quartiers où s’affrontent les belligérants sunnites et chiites, principalement dans la zone ouest de Bagdad.

Assurer, une fois ces quartiers «nettoyés», le maintien de la sécurité grâce à la présence d’unités militaires étasuniennes et irakiennes.

Travailler alors avec des cadres civils irakiens au retour à la vie normale et au renforcement du gouvernement en déployant l’aide à la reconstruction.

Cette stratégie nécessite néanmoins ce que Kagan appelle un «engagement national» à l'emporter en Irak qui s’articule autour de quatre conditions, et c’est là qu’on pourra voir la semaine prochaine si George W. Bush est toujours à l’écoute de ses conseillers néo-conservateurs.

Les forces étasuniennes sur le terrain doivent accepter des périodes de service plus longues, et il faudra mettre à contribution un plus grand nombre d'unités de la garde nationale des États-Unis.

Il faut surmonter les pénuries de matériel en transférant celui dont disposent les unités non déployées des forces régulières, de la garde nationale et des unités de réserve.  Il faut également mobiliser d’urgence le complexe industrialo-militaire pour assurer le remplacement du matériel.

Le président doit demander un accroissement des sommes destinées à la reconstruction, et établir un cadre de responsabilisation pour l’utilisation de ces fonds.

Enfin, le président doit demander une augmentation substantielle des effectifs sur le terrain, ce qui rehausserait le moral des troupes déjà déployées sachant que des renforts arriveront.  Le président doit lancer un appel personnel aux jeunes étasuniens pour qu’ils joignent les rangs des forces armées à cette étape décisive du conflit.

Toutefois, l’arrivée au pouvoir des parlementaires démocrates qui exigent un retrait de l’Irak risque bien de compliquer la mise en oeuvre de tels plans de sortie de crise pour l’administration Bush.

Comme l’écrit Geoff Elliott, correspondant à Washington du quotidien The Australian, «Il semble assuré que M.  Bush s’en tiendra à son credo selon lequel l’Irak est le front principal de la guerre au terrorisme et qu’il ignorera les appels des démocrates et de certains républicains pour un “retrait responsable” d’Irak.  “Il incombe au président de formuler un nouveau plan qui fasse comprendre aux Irakiens qu’ils doivent défendre leurs rues et leur sécurité” a déclaré Madame Pelosi [Ndb.  leader démocrate au Congrès], un plan qui favorise la stabilité dans la région et qui nous permette de redéployer nos troupes de manière responsable.» (Voir Pelosi takes gavel amid Iraq split, The Australian, 6 janvier 2007.)

Thomas Mann, analyste politique à la cellule de réflexion Brookings Institute, voit poindre un affrontement.  «La décision du président Bush d’augmenter l’effectif militaire en Irak sera très impopulaire tant dans la population qu’au Congrès.  Ces luttes politiques sont susceptibles de diminuer toute chance de collaboration bipartite sur des questions intérieures.»

Et les enjeux de politique intérieure sont nombreux comme le signale Carl Hulse du New York Times.  Une partie de l’électorat qui a voté pour les démocrates favorisait une plus grande sécurité économique pour les démunis, une hausse du salaire minimum, un examen de la recherche sur les cellules souches, une aide accrue aux étudiants des classes moyennes, l’abolition des coupures de taxes aux classes aisées.  (Voir New Majority’s Choice: Should G.O.P.  Policies Be Reversed?, New York Times, 4 janvier 2007.)

Il est donc évident que quelqu’un devra céder.  Reste à savoir qui, et quelles politiques serviront de monnaie d’échange.
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4.1.07

É.-U.  : Le parti républicain confie ses communications à un blogueur

Jon HenkeLe leader de la minorité républicaine au sénat, le sénateur du Kentucky Mitch McConnell, a annoncé la nomination au poste de coordonnateur des communications pour les élus du parti du blogueur Jon Henke qui publie dans le blogue politique de droite QandO (Questions and Opinions).  Ce n’est pas la première incursion en politique pour Henke qui a brièvement participé à la campagne du sénateur George Allen de Virginie (défait) à titre de conseiller pour la blogosphère.  Ses fonctions consisteront en des activités de veille et d’interaction dans les nouveaux médias, en plus d’agir comme conseiller auprès des sénateurs républicains sur la manière de traiter avec les blogues.  (Voir McConnell hires blogger, The Hill, 4 janvier 2007.)

Il décrit lui-même assez succinctement son mandat : «Faute de meilleure définition, disons que c’est un peu d’agir comme attaché de presse auprès des blogues.» (Voir Inside Politics: Blogging the Senate, Washington Times, 2 janvier 2007.)

Henke est arrivé comme conseiller du sénateur sortant George Allen qui sollicitait un nouveau mandat en pleine controverse.  En août dernier, alors qu’il prend la parole devant un groupe d’électeurs, Allen commence par dire qu’il mènera campagne sur des idées positives et constructives. Puis, pointant du doigt un jeune homme de descendance indienne, il dit : «Ce type là, avec la chemise jaune, macaca ou peu importe son nom, il travaille pour le compte de mon adversaire et il nous suit partout. Souhaitons-lui la bienvenue à macaca. Bienvenue aux États-Unis et au vrai monde de Virginie.» (Voir Allen Quip Provokes Outrage, Apology, Washington Post, 15 août 2006.)

En anglais, macaca (macaque) peut signifier un singe, mais est aussi une insulte raciste à l’endroit d’immigrants.  L’opposant de Allen, le démocrate Jim Webb, réagit alors fortement aux propos racistes adressés au jeune homme, S.R. Sidarth, âgé de 20 ans et né de parents Indiens à Fairfax en Virginie.  Allen présente des excuses du bout des lèvres, et dit ne pas savoir ce que macaca signifie, que le mot ressemble à Mohawk.

Ce qui dans cette course au sénat devient rapidement «l’affaire macaca» est jouée très fort par les médias, mais surtout par les blogues sympathiques aux démocrates.  La popularité de George Allen, jusqu’alors en avance dans les sondages d’intention de vote, tombe en chute libre.  Pour ne parler que du «nerf de la guerre», Allen disposait d’une caisse électorale de 14,8 millions de dollars, comparativement à 4,4 millions pour son adversaire. Le soir du vote, le démocrate Jim Webb reçoit 49,6 % des voix, et George Allen 49,3 %.

Henke est donc arrivé comme conseiller de la campagne de George Allen dans la foulée de l’affaire avec pour mandat de modifier la perception qu’avaient les blogueurs du sénateur sortant.  Dans les milieux politiques à Washington, on estime que n’eût été de son intervention, plutôt que d’assister à une victoire courte de Jim Webb, la défaite de Allen aurait été très cuisante.

Dans le blogue QandO qu’il quitte du moins temporairement, Henke s’est dit très heureux des possibilités qui s’ouvrent à lui et croire dans l’importance d’une opposition parlementaire efficace.  En outre, il estime que sa nomination confirme l’engagement du Parti républicain à s’investir dans les nouveaux médias.  «C’est important car les républicains accusent un certain retard dans ce secteur.  Il est à espérer que cet engagement des politiciens et des groupes d’intérêts contribueront à améliorer la blogosphère en nous donnant un meilleur accès à plus d’information, plus rapidement, et mieux cadrée dans un contexte plus large» écrit-il.

On lit dans le Wall Street Journal que la nomination de Henke illustre bien le poids d’Internet en politique.  Ce jeudi, le sénateur McConnell s’entretiendra avec la presse de son État par voie d’appel conférence, puis de même manière avec un groupe de blogueurs.  (Voir Conservative Blogger Gets Senate Post, Wall Street Journal, 2 janvier 2007.)

Parlant de l’embauche de Henke, le blogueur James Joyner de Outside the Beltway commente : «C’est une bonne décision, à condition qu’on l’écoute.»
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3.1.07

Il y a riche, et riche...

Le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) a publié une étude sur les dirigeants canadiens d’entreprises qui n’étonne pas vraiment.  Le 2 janvier, à 9h46, le dirigeant moyen aura déjà gagné l’équivalent du salaire annuel moyen d’un canadien ou d’une canadienne, soit 38 010 $.  (Voir Timing is Everything, Canadian Center for Policy Alternatives, 2 janvier 2007, format PDF).

Le CCPA base son calcul sur des données publiées dans l’édition du 6 mai 2006 du Globe & Mail faisant état des revenus des 100 dirigeants canadiens d’entreprises les mieux payés.  Le salaire moyen est de 9 059 113 $, les salaires s’échelonnent de 2 870 118 $ (Claude Dussault, de la banque ING-Canada) à 74 824 355 $ (Hank Swartout, président et chef de la direction du Precision Drilling Trust, de Calgary).  Pour ce qui est du revenu moyen des Canadiens, le Centre s’appuie sur les données de Statistique Canada qui l’évalue à 728,17 $ par semaine, soit 38 010 $ par année.

Si je dis que ces informations n’étonnent pas (bien qu’elles puissent choquer), c’est que le journaliste Alain Bisson du Journal de Montréal arrivait sensiblement aux mêmes conclusions dans un article publié en août 2006 qui évoquait aussi les données du Globe & Mail sur le classement des 100 dirigeants les mieux payés.

«Les grands patrons canadiens et québécois ont connu une très bonne année 2005, raflant en moyenne autour de 252 fois le salaire moyen du travailleur québécois.[...] Le salaire moyen du travailleur québécois, heures supplémentaires incluses, a atteint 35 781 $ en 2005, selon Statistique Canada.  Le premier Québécois du classement, André Desmarais, de Power Corporation, figure au huitième rang canadien, avec 18,8 M$ et un multiple de 525,4.  Son frère Paul Jr.  le suit de près avec 13,9 M$ et un différentiel de 385,7.  Alain Bouchard, de Couche-Tard, se pointe au 3e échelon québécois et au 17e rang canadien avec ses 12,1 M$ et un différentiel de 338,2.  Au total, 32 Canadiens, dont 3 Québécois, ont gagné plus que le multiple canadien moyen de 252 en 2005.» (Voir Le salaire moyen d'un an en un seul jour ou presque, Journal de Montréal, 14 août 2006.)

Pour l'économiste Hugh Mackenzie, chercheur au CCPA, ces inégalités importent : «“Quand les plus riches gagnent 238 fois le salaire moyen, c'est un signe de classes sociales qui risquent d'être complètement déconnectées.” Ces données sont un signe que le Canada se polarise, à l'image des États-Unis des dernières années.  “Ça n'a certainement pas l'ampleur de ce qu'on observe là-bas, mais c'est un signe qu'on s'engage dans cette voie nous aussi.” Une tendance à l'encontre de la perception qu'ont les Canadiens du pays comme d'une société essentiellement de classe moyenne, dit-il.» (Voir Le temps d'un café le boss gagne votre salaire, La Presse Affaires, 3 janvier 2007.)
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2.1.07

Un Acer Ferrari 1000 en cadeau?

Acer FerrariLe New York Times rapportait hier que la société Microsoft a offert à environ 90 blogueurs triés sur le volet des ordinateurs portables haut de gamme Acer Ferrari 1000 (valeur approximative de 2 500 $US) tournant sous le nouveau système d’exploitation Vista.  Microsoft a confirmé cette remise de «cadeaux» à des blogueurs qui traitent de technologie, mais aussi à d’autres qui s’expriment sur des sujets plus divers (photographie, l’art d’être parent, etc.).  Mais comme tout ce qui a trait à Microsoft, la générosité de l’entreprise envers les blogueurs suscite la controverse.

En apprenant la nouvelle, bon nombre de blogueurs ne figurant pas sur la liste des récipiendaires ont critiqué l’approche de Microsoft qui vise éventuellement à susciter des évaluations et des commentaires sur Vista dans la blogosphère, et ont fait valoir que les blogueurs sont tenus aux mêmes règles que les journalistes, entre autres de ne pas accepter de cadeaux de valeur des grandes entreprises.

Pour tenter de répondre à ces critiques, un employée de Microsoft a envoyé à certains des heureux récipiendaires un courriel expliquant qu’ils devraient retourner l’ordinateur une fois leur évaluation de Vista complétée, ou encore le donner.  Mais pour ajouter à la confusion, un porte parole de Microsoft a ensuite émis une déclaration affirmant que les blogueurs pouvaient, s’ils le souhaitent, garder les ordinateurs.

Le blogueur Scott Beale, un des heureux élus, a décidé de vendre l’ordinateur reçu aux enchères sur eBay (la date limite est fixée à jeudi, 4 janvier), et de remettre le produit de la vente à la Electronic Frontier Foundation, un organisme qui milite pour les droits des citoyens face à la technologie.  Au moment d’écrire ces lignes, la mise a atteint 3 650 $US.

Mark Evans estime que cet épisode approfondira le clivage entre blogueurs qui se comportent en journalistes et s’attendent à être traités ainsi par les entreprises, les cabinets de relations publiques et les organisateurs de conférences, et blogueurs pour qui leur activité n’est pas un travail et que ne s’estiment pas tenus de retourner ce qu’on leur offre à l’oeil.

Quant à Amit Agarwal, il a décidé de garder le sien, comme la plupart des 19 autres récipiendaires qu’il a consultés. 

Puis, il y a Om Malik qui n’a même pas encore ouvert le colis contenant l’ordinateur, et qui consulte ses lecteurs sur ce qu’il devrait en faire.  Original.
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