29.5.04

Photo numérique : l’astuce de l’encadrement

La grande rencontreOn les aimes nos appareils photo numériques, on ne se prive pas de les utiliser, on «joue» avec les fichiers à volonté, et malgré le prix exhorbitant des cartouches d’encre (un sujet sur lequel je me propose de revenir), on imprime les meilleures photos. Et vient le moment où on voudrait soit en couvrir nos murs, soit en offrir à des proches, et le choix d’un mode d’encadrement s’impose.

Il y a la solution du laminage sous pellicule plastique. L’avantage est qu’on a alors un support très rigide qui protège la photo de la poussière et de l’humidité. Pour un laminage d’une photo de 8.5x11 pouces, selon le service de laminage, le prix variera entre 8 et 12 dollars, ce qu’on peut estimer raisonnable. Remarquez que j’ai utilisé le système «impérial» (pouces) pour cet exemple, car il est à l’origine de l’astuce promise.

Si on envisage un cadre traditionnel, et à moins de s’adresser à un encadreur qui fera le travail sur mesure, on cherchera un cadre de de 8.5x11 pouces, format du papier à imprimer. Or, les boutiques de matériel photographique et les autres commerces offrant des cadres pour photo ont conservé, pour la plupart, les mesures du papier photo argentique, soit 8x10 pouces. Petit problème.

Il s’agit alors de trouver un endroit où on vend des cadres destinés aux «documents» (diplômes, certificats, permis, attestations) qui eux acceptent un format 8.5x11 pouces. Et le tour est joué.

L’astuce hyper économique se trouve dans les boutiques à «tout pour un dollar». Comme son nom l’indique, pour un dollar, on peut se procurer un cadre «minimaliste». De format 8.5x11 pouces, le cadre se compose d’un plaque rigide de composite, et d’une plaque de verre retenue par quatre agrafes métalliques. Côté photo, les agrafes n’ont qu’une très petite emprise sur la surface et ne masquent rien de l’image. Côté arrière, chacune des agrafes comporte un petit trou qui permet d’accrocher l’ensemble au mur, soit horizontalement ou verticalement.

L’intérêt de cette méthode est qu’on peut se procurer plusieurs cadres sans grever son budget, et changer les photos au gré des humeurs et des goûts. En effet, pour changer la photo, on n’a qu’à dégraffer l’ensemble, remplacer la photo, et tout ragraffer.

Cette solution permet donc de se constituer à peu de frais sa propre petite galerie dont on pourra à volonté renouveler les images.
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26.5.04

Le New York Times, Chalabi et Judith Miller

Dans son édition du 26 mai, le New York Times présente ses excuses pour le manque de rigueur de nombreux articles traitant de la situation irakienne depuis 2001. Dans certains cas, l’information qui faisait alors l’objet de controverse, et qui semble maintenant discutable, n’a pas été suffisamment vérifiée.

La rédaction du Times écrit : «Les articles faisant problème ont été écrits par divers journalistes, portaient sur différents sujets, mais avaient un trait commun. Ils reposaient, du moins en partie, sur de l’information provenant d’un petit groupe d’informateurs, de transfuges et d’exilés irakiens militant pour un “changement de régime” en Irak, des personnes dont la crédibilité a été entachée au cours des récentes semaines. (Le militant anti-Saddam le plus en vue, Ahmad Chalabi, a occasionnellement été cité comme source dans des articles du Times depuis 1991, et a été l’intermédiaire entre des journalistes du Times et d’autres exilés. Il était devenu un favori des partisans de la ligne dure au sein de l’administration Bush, et un courtier d’information rémunéré pour des renseignements sur d’autres exilés irakiens, jusqu’à ce que l’administration mette un terme aux paiements la semaine dernière.) Ce qui a compliqué la situation pour les journalistes, c’est que l’information fournie par ces exilés était souvent confirmée avec véhémence par des responsables gouvernementaux des États-Unis persuadés de la nécessité d’intervenir en Irak. Certains de ces responsables reconnaissent maintenant qu’ils auraient pu être victimes de désinformation de la part de ces exilés. Tout comme d’autres organismes de presse, en partculier celui-ci.»

Cette note de la rédaction du Times a été publié en page A 10 de l’édition papier du journal, et cite comme exemple de désinformation six articles.

Mais comme le souligne Greg Mitchell du site Editor & Publisher (site de veille des médias), la journaliste Judith Miller n’est nullement mentionnée dans la note du Times, bien qu’elle ait écrit deux des articles cités, et en ait co-écrit deux autres. Cette critique vient de ce que E&P avait, il y a un an déjà, demandé au Times de vérifier l’authenticité des informations publiées par Miller.

En juillet 2003, le travail de Miller était contesté par ses pairs. William Jackson, ex-directeur du General Advisory Committee on Arms Control (GAC), écrivait que la journaliste avait agi comme intermédiaire entre l'unité des forces armées à laquelle elle était affectée en Irak (embedded) et Ahmad Chalabi. Elle avait également été à l'origine d'articles sur les mystérieux tubes d'aluminium que l'on croyait servir à la fabrication d'armes de destruction massive, et de la défection d'un présumé scientifique irakien qui incriminait Saddam Hussein.

Fin mars 2004, Bill Keller, un des hauts responsables de la rédaction du Times défendait la qualité du travail de Miller : «Comme bien des journalistes agressifs, en particulier ceux et celles qui travaillent sur des dossiers délicats, elle a parfois brusqué des gens, mais c’est loin d’être un motif à réprimande. C’est l’évaluation que j’ai fait lorsque nous avons travaillé ensemble, et rien qui n’ait été publié dans ce journal depuis que j’en suis chef de la rédaction ne pourrait me faire croire autrement.»
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25.5.04

On était prévenus...

«La gestion d’une occupation de l’Irak sera compliquée par des divergences profondes sur le plan religieux, ethnique et tribal qui prévalent dans la société irakienne.

Les forces étasuniennes pourraient faire face à des conflits entre Irakiens, ou devoir agir en arbitre, dans des situations qu’ils auront peine à comprendre.

Une stratégie de sortie nécessitera l’instauration d’un climat de stabilité politique difficile à atteindre vu la diversité de la population irakienne, la faiblesse des institutions politiques, et une propension à diriger par des moyens violents.

[...]

Toute montée d’activité terroriste ou de guérilla contre les troupes étasuniennes nécessitera sans aucun doute une réponse musclée. De telles actions par les États-Unis pourraient entraîner une escalade du nombre d’arrestations, d’interrogations et de détentions d’Irakiens. Bien que ces mesures contribuent à un plus haut degré de sécurité et de protection des effectifs, elles sont rarement bien vues par la population locale. Des personnes opposées à l’occupation par les États-Unis pourraient bien voir leur hostilité renforcée par ces mesures.

[...]

Un soulèvement de masse contre les forces d’occupation est peu probable dans les premières étapes d’une occupation de l’Irak par les États-Unis, du moins pour la première année. On peut, de manière raisonnable, s’attendre à un sentiment de gratitude de la part de la population pour avoir délogé Saddam Hussein du pouvoir, et une incertitude sur les limites à ne pas franchir face à l’occupant. Lorsqu’une année sera écoulée, il y aura possibilité accrue d’un soulèvement d’ampleur si la population est désillusionnée et que les Irakiens tracent des parallèles entre les actions des États-Unis et d’autres exemples historiques d’impérialisme occidental.»

Source : Reconstructing Iraq: Insights, challenges, and missions for military forces in a post-conflict scenario, Conrad C. Crane, W. Andrew Terrill, U.S. Army War College’s Strategic Studies Institute, February 2003
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24.5.04

Nick Berg ne serait pas mort décapité

C’est du moins ce qu’affirme le journaliste d’enquête Ritt Goldstein dans l’édition du 22 mai du quotidien Asia Times. Il cite deux experts, soit le docteur John Simpson, directeur des services de chirurgie au Royal Australasian College of Surgeons, et l’expert médico-légal Jon Nordby, chercheur associé au American Board of Medicolegal Death Investigators.

On se rappellera que le corps de Nick Berg avait été retrouvé près d’un viaduc à Bagdad le 8 mai dernier, et que des séquences vidéo de la présumée décapitation de Nick Berg par des gens en cagoule avait fait surface sur Internet le 11 mai et reprises par l’ensemble des grandes chaînes de télévision.

Goldstein écrit : «Bien que les circonstances entourant le fichier vidéo et les derniers jours de Nick Berg aient fait l’objet de nombreuses hypothèses, Simpson et Nordby croient qu’il est hautement probable que Berg soit décédé quelque temps avant d’être décapité. Un des facteurs soutenant leur thèse est l’absence de saignement artériel “massif” que provoque un tel geste.» Les deux chercheurs affirment que si Berg avait été vivant au moment de sa décapitation, les personnes l’entourant auraient été aspergées de sang, ce qui n’est manifestement pas le cas. Les chercheurs citent également l’absence de réaction attribuable au système nerveux autonome (spasmes, contractions) lorsque Berg est attaqué.

D’autres informations concernant le fichier vidéo sont pour le moins étranges selon Goldstein. Par exemple, alors que les chaînes Fox News, CNN et BBC affirmaient avoir téléchargé la séquence vidéo d’un site en langue arabe «lié à Al Quaeda» (voir plus bas), le service d’information AlJazeera a cherché en vain pendant 90 minutes sur ce site sans parvenir à trouver le fichier en question.

Aujourd’hui, 24 mai, AlJazeera revient sur l’affaire du fichier vidéo avec des constatations troublantes.

D’une part, Nick Berg porte une combinaison orange identique à celles que portent des détenus du camp de Guantanamo, identique à celles dont dispose la police militaire étasunienne. Comment de présumés assassins ou terroristes irakiens auraient-ils pu se procurer une telle combinaison?

Nick Berg est vu assis sur une chaise identique à celle que l’on voit sur les photos de la soldate Lynddie England prises à la prison d’Abu Ghraïb. Étrange coïncidence. Autre élément troublant : le mur derrière Berg est de la même couleur et texture que les murs que l’on voit sur les photos prises à Abu Ghraïb. Puis, dans les cadres 9306 à 9368, on voit brièvement à l’écran une partie de la tête d’une personne portant une casquette militaire verte comme celles que portent les militaires étasuniens.

Selon AlJazeera, l’ensemble de ces preuves tend à indiquer que la scène de décapitation aurait été tournée à Abu Ghraïb.

À propos de l’homme qui porte une cagoule et, présumément, revendique l’assassinat de Berg, soit le Jordanien Abou Moussah Al Zarkaoui, différentes sources citées par Ritt Goldstein dans le Asia Times et dans l’article de AlJazeera indiquent qu’il serait mort dans un bombardement de la coalition dans les montagnes de Sulaimaniya (nord de l’Irak). De plus, des arabophones ayant visionné la bande vidéo affirment que celui qui prétend être Al Zarkaoui ne parle ni avec un accent irakien, ni avec un accent jordanien, et que sa langue maternelle n’est pas l’arabe. En outre, comme la figure de Al Zarkaoui était bien connue, pourquoi chercher à dissimuler son identité en portant une cagoule?

Pour ce qui est du site Web en langue arabe «lié à Al Quaeda» qui aurait diffusé le fichier vidéo, www.al-ansar.biz, il n’est plus en service. Le nom de domaine a été enregistré auprès d’un régistraire aux États-Unis le 7 janvier 2003 au nom d’un certain Omar AbuOmar, qui a donné une adresse fictive au Danemark, et une adresse de courriel Hotmail. Le service d’hébergement du site, tassmeem.net, semble lui aussi hors service. Le nom de domaine a été enregistré le 13 janvier 2002 auprès d’un régistraire aux États-Unis. L’adresse citée pour l’entreprise est au Caire (Égypte), l’adresse des services techniques est à Riyadh (Arabie Saoudite), certaines recherches DNS pointent vers des serveurs en Malaisie.

Comme le confirme Jon Nordby à Ritt Goldstein, le fichier vidéo soulève davantage de questions qu’il n’offre de réponses.

Une recherche exhaustive des sites spécialisés ne fait aucune mention d’une autopsie pratiquée sur le corps de Nick Berg, même si cette procédure pourrait apporter des éléments de réponse sur les circonstances entourant sa mort. Berg avait été arrêté par les forces de la coalition à Mossoul le 24 mars, détenu et interrogé par le FBI pendant 13 jours. Il a été libéré le 6 avril, après que sa famille eut entrepris contre le gouvernement des États-Unis une poursuite pour emprisonnement illégal. Il s’est rendu à Bagdad le 9 avril d’où, selon sa famille, à partir d’où il voulait quitter pour le Koweit. On ignore tout de son emploi du temps entre le 9 avril et le 8 mai, jour de la découverte de son corps.
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23.5.04

Chalabi et la filière iranienne

Jeudi dernier (20 mai), les bureaux du Congrès national irakien (CNI) à Bagdad font l’objet d’une descente de la part de militaires de la coalition et de la nouvelle armée irakienne. On y saisit des documents, du matériel informatique, et les responsables du Congrès rapportent certains dommages matériels.

Son président, Ahmed Chalabi, membre du Conseil de transition et celui que bon nombre considéraient comme «l’homme des Américains», est indigné et accuse les États-Unis de vouloir le discréditer. Il se dit fier d’être devenu la cible de la coalition, et affirme que la descente prouve qu’il n’est pas l’enfant chéri des néo-conservateurs de l’administration Bush. Rappelons que c’est ce même Ahmed Chalabi qui avait déclaré, avant le début de l’opération militaire contre l’Irak, que les soldats étasuniens y seraient «accueillis avec des fleurs».

L’origine du CNI remonte à mai 1991. Après l’opération Tempête du désert, le président Bush (père) demande à la CIA de «créer les conditions» propices pour déloger Saddam Hussein du pouvoir. L’agence de renseignement ne dispose pas des moyens pour s’acquitter de cette tâche, et refile alors un contrat à un cabinet de communications stratégiques, le Rendon Group, pour monter une campagne de propagande anti-Hussein. C’est Rendon qui en juin 1992 réunit à Vienne environ 200 délégués d’une douzaine de groupes d’opposition en exil, les convainc de s’unir dans une cause commune, et trouve le nom de Congrès national irakien (Iraqi National Congress).

L’unité de ces groupes s’avère difficile à réaliser, notamment avec les factions kurdes qui se retirent du CNI en 1994, et les États-Unis se font plus discrets dans leur appui au Congrès. (Voir le texte de Kenneth Katzman du Congressional Research Service de la Federation of American Scientists, Iraq’s Opposition Movements.)

Le 25 février 1998, l’American Enterprise Institute (AEI), influente cellule de réflexion néo-conservatrice, est l’hôte d’une conférence sur l’Irak et sur le bien-fondé d’appuyer les mouvements de résistance au régime de Saddam Hussein. Sont présents Richard Perle, un des directeurs de l’AEI (qui deviendra par la suite de 2001 à 2003 directeur du conseil de la politique de défense de l’administration Bush), Paul Wolfowitz, alors recteur de la School of Advanced International Studies à l’Université John Hopkins (actuel secrétaire-adjoint à la Défense des États-Unis), et Ahmed Chalabi.

Chalabi déclare alors que le CNI jouit de l’appui de presque tous les secteurs de la population irakienne et peut compter sur des poches de résistance dans chacune des divisions de l’armée de Saddam. Il déplore le manque de soutien, en 1992, des efforts du CNI pour déloger Saddam Hussein. «Les mouvements démocratiques d’opposition ne peuvent réussir seuls, ils ont besoin de l’aide de démocraties établies» affirme-t-il.

Le 31 octobre 1998, le président Bill Clinton proclame la Loi sur la libération de l’Irak (Iraq Liberation Act of 1998 (PL 105-338)) qui vise à déloger Saddam Hussein du pouvoir et à instaurer un régime démocratique. La Loi dispose d’un volet communications et d’un volet militaire, et des crédits de 97 millions de dollars sont affectés à ces fins. Deux millions vont à l’Agence d’information des États-Unis (USIA), et le reste aux opérations de soutien à l’opposition, et le CNI recoltera la part du lion.

Parallèlement à l’évolution du CNI qu’il préside toujours, Ahmed Chalabi trempe dans diverses affaires. En 1977, en Jordanie, il fonde la banque Petra. Le diplômé du MIT et de l’Université de Chicago en fait, dix ans plus tard, la seconde banque en importance au pays. Il introduit l’utilisation des guichets automatiques, de la carte Visa, du crédit aux entrepreneurs, et tisse des liens avec d’autres institutions financières appartenant à des membres de sa famille à Beyrouth, Genève et Washington.

Le 2 août 1989, les avoirs de la banque sont saisis. La banque centrale de Jordanie exigeait le dépôt dans ses coffres de 30 % des réserves en devises étrangères dont disposaient les banques privées, et Petra ne pouvait répondre à cette exigence. Il fuit le pays dans des circonstances nébuleuses. Une vérification par la société Arthur Andersen, à la demande de la banque centrale de Jordanie, révèle que plutôt que de disposer d’un actif de 40 millions de dollars selon les livres comptables de Petra, elle accuse un passif entre 215 et 350 millions. En avril 1992, Chalabi est jugé in absentia et condamné à 22 ans de prison sous 31 chefs d’accusation de vol, fraude, spéculation sur devises et mauvais usage de l’argent des déposants. (Voir l’article de Andrew Cockburn, The Truth About Ahmed Chalabi.)

Avril 2003, Chalabi rentre en Irak par les bons offices de l’armée des États-Unis. Il est accompagné d’un peu plus de 100 miliciens des «Forces irakiennes libres» entraînés par les États-Unis. Ils lui servent plus ou moins de garde privée, bien que le CNI dise disposer de plus de 1 500 miliciens. Chalabi multiplie les contacts avec les leaders de factions irakiennes, et le CNI bénéficie de crédits de 340 000 $ par mois du Pentagone selon la BBC. En novembre 2003, David Frum du American Enterprise Institute réaffirme l’attachement des néo-conservateues à Chalabi : «Il n’y a jamais eu qu’un seul gouvernement intérimaire possible pour l’Irak : le Congrès national irakien dirigé par Ahmed Chalabi. Mais certains secteurs de l’administration gouvernementale des États-Unis, comme le Département d’État et la CIA, n’aiment pas Chalabi pour leurs propres petites raisons mesquines.»

La descente effectuée aux bureaux du CNI est révélatrice de la défaveur dans laquelle est tombée Chalabi auprès des forces de la coalition. Y a-t-il un seul motif ou conjugaison de facteurs?

On évoque ces jours-ci que Chalabi aurait transmis aux services de renseignement iraniens des informations politiques et militaires sur les intentions de la coalition, ce que dément formellement le gouvernement iranien.

Par contre, Chalabi et le CNI étaient à l’origine des documents faisant état de la présence d’armes de destruction massive en Irak, documents qui ont servi à justifier l’intervention armée, alors que les ADM restent introuvables. Selon Andrew Cockburn, les documents étaient presque impeccables. Presque. Les scientifiques qui les ont analysés ont constaté que certaines descriptions techniques contenaient des termes qui n’auraient pu être utilisés que par un Iranien. Par exemple, le mot «dôme» en place de «hémisphère», soit «qubba» en farsi (langue parlée en Iran) en place de «nissuf kura» en arabe. Il appert donc que les documents auraient été écrits en farsi, puis traduits en arabe.

De plus, le quotidien australien The Age rapporte ce dimanche 23 mai que Chalabi aurait, avant l’intervention de la coalition, mandaté des dissident irakiens auprès de huit agences de renseignement occidentales afin de promouvoir la thèse de l’existence d’armes de destruction massive.

Résumons-nous. Les documents soutenant l’existence des armes de destruction massives auraient pu venir d’Iran. Chalabi entretient de nombreux contacts avec des officiels iraniens, on le soupçonne de collaborer avec ses services de renseignement. Richard Boucher, porte-parole du State Department, a du mal à expliquer comment le CNI, de 1999 à 2003, recevait du gouvernement des États-Unis des fonds dont une partie servait à la location d’un bureau à Téhéran. L’Iran maintient aussi des rapports étroits avec le Conseil suprême de la révolution islamique iranienne (allégeance chiite), l’Union patriotique kurde, et le Parti démocratique du Kurdistan. Ces trois groupes, dont les leaders sont membres du Conseil de transition, ont tous des bureaux à Téhéran. Le chef de la sécurité de Chalibi, Araz Habib, est depuis hier recherché par les autorités irakiennes et de la coalition pour ses rapports étroits avec les services de renseignement iraniens (voir AlJazeera).

La question qui se pose est de savoir si l’Iran est à l’origine du bourbier irakien dans lequel les États-Unis et leurs alliés s’embourbent, et si l’administration Bush et ses néo-conservateurs ont été piégés par Chalabi.
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20.5.04

The Center for Defense Information

"On Wednesday, May 12, Gen. Anothony Zinni, former commander of the U.S. Central Command and a senior military advisor to the Center for Defense Information, outlined a 10-point critique of the vital mistakes the United States made leading up to and during the war in Iraq. Gen. Zinni argued that the following series of decisions contributed to the current situation:

* Abandoning the existing policy of containment
* Promoting a flawed regional strategy
* Creating a false rationale for war in order to get public support
* Failing to internationalize the effort
* Underestimating the task
* Propping up and trusting the Iraqi exiles
* Overall lack of planning
* Allocating insufficient military forces
* Installing an inadequate and ad hoc government
* Enacting a series of bad decisions on the ground
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19.5.04

Le Grand Soir: Le pétrole Cubain intéresse les USA

"Bien qu’il s’agisse effectivement d’une région dans laquelle il y a beaucoup de prospection pétrolière, ce n’est que récemment que l’on dispose de la connaissance et la technologie nécessaires pour conclure qu’il s’agit d’une région à grande concentration d’hydrocarbures qui se caractérise par sa localisation à grande profondeur. (...) Les réserves cubaines ne paraissent pas être négligeables. Repsol YPF annonçait que les réserves potentielles correspondant uniquement au bloc de Yamagua pourraient être d’un milliard 600 millions de barils ou l’équivalent de 30% des réserves vérifiées actuelles de la multinationale. Les estimations pour les six blocs au nord de Cuba, selon Repsol YPF, pourraient contenir jusqu’à six milliards de barrils. Conséquemment, la multinationale considère Cuba comme 'une de ses zones prioritaires de croissance'. Mais notez bien que les réserves potentielles pourraient être encore plus grandes, ce qui ne peut se confirmer qu’au moment du forage."
Gian Carlo Delgado Ramos
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Agence Haïtienne de Presse



"Port-au-Prince, 18 mai 2004 - Plusieurs dizaines de milliers de militants Lavalas ont manifesté pacifiquement ce mardi à Port-au-Prince pour réclamer la fin des arrestations arbitraires et des persécutions politiques contre les partisans du président Jean Bertrand Aristide dont ils ont réclamé le retour au pouvoir. Au moins un militant Lavalas, Simpson Saintus dit Titus, 23 ans, a été tué par balles par des agents de la police alors que la population s'approchaient de la zone du Champ-de-mars où se trouve le palais présidentiel. Des agents de la Cimo et des membres d'un nouveau corps qui aurait récemment été formé avec d'anciens membres des forces armées dissoutes, ont alors ouvert le feu sur les manifestants, tuant de plusieurs balles dans la tête le jeune Simpson et blessant plusieurs autres. (...) Selon les manifestants, plusieurs autres personnes auraient été tuées, mais leurs corps ont été emportés dans des sachets par des policiers qui bénéficiaient, ont-ils dit, du support de soldats de la force multinationale. Plusieurs arrestations ont également été opérées."
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Libération : Pornographie de la guerre

"World Trade Center: l'électrochoc de la puissance, l'humiliation infligée à la puissance, mais de l'extérieur. Avec les images des prisons de Bagdad, c'est pire, c'est l'humiliation, tout aussi meurtrière symboliquement, que s'inflige la puissance mondiale à elle-même ­ les Américains en l'occurrence ­, l'électrochoc de la honte et de la mauvaise conscience. C'est en quoi les deux événements sont liés. (...) Il y a dans tout cela, et tout particulièrement dans le dernier épisode irakien, une justice immanente à l'image : celui qui mise sur le spectacle périra par le spectacle. Vous voulez le pouvoir par l'image? Alors vous périrez par le retour-image."
Jean Baudrillard
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18.5.04

L'Humanité : Nick Berg

L'Humanité: Irak. L’énigme de l’affaire du jeune Nick Berg

"Beaucoup de zones d’ombre planent sur l’affaire Nick Berg, ce jeune Américain décapité par un groupe d’al Qaeda. La famille de ce jeune Américain, décapité par un groupe islamiste, a contesté les explications des autorités américaines sur plusieurs points. D’abord, son arrestation par la police irakienne fin mars à Mossoul. (...) Ensuite, et c’est là que l’affaire se corse, ce même FBI savait que Nick Berg avait croisé le Français Zacarias Moussaoui, présumé membre d’al Qaeda, en voie de jugement actuellement aux États-Unis pour sa vraie-fausse implication dans les attentats du 11 septembre 2001. En effet, Nick Berg avait été interrogé en 2002 par le FBI au sujet de l’utilisation du mot de passe sur sa messagerie électronique par Zacarias Moussaoui avant son arrestation! (...) Autre bizarrerie, la thèse d’un Nick Berg se trouvant en Irak à la recherche de contrats de travail. Il faut savoir que c’est le Pentagone qui supervise, via USAID (agence américaine pour l’aide internationale), le marché de la reconstruction en Irak. C’est elle qui gère les appels d’offres pour l’Irak, y compris les petits contrats. D’où l’impossibilité pour Nick Berg d’arracher, par ses propres moyens, un quelconque contrat en Irak. (...) Nick Berg a-t-il mis le nez dans une affaire qui a fini par provoquer sa mort violente? Était-il en relation avec ses ravisseurs avant qu’ils ne l’enlèvent et l’exécutent?"
Hassane Zerrouky
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16.5.04

Wolfowitz fronts hostile Senate committee

ABC Online: Wolfowitz fronts hostile Senate committee

"Secretary Wolfowitz went to the Senate Armed Services Committee wanting the US Congress to approve an extra $25 billion to go towards the missions in Iraq and Afghanistan. But he got a hostile reception. Democrat Senator Jack Reed was particularly belligerent.
JACK REED: Mr Secretary, do you think crouching naked for 45 minutes is humane?
PAUL WOLFOWITZ: Not naked, absolutely not.
JACK REED: So if he's dressed up, that's fine? Let me put it this way. 72 hours without regular sleep, sensory deprivation which would be a bag over your head for 72 hours. Do you think that's humane? And that's what this says, a bag over your head for 72 hours. Is that humane?
PAUL WOLFOWITZ: Let me come back to what you said the work…
JACK REED: No, no. Answer the question, Secretary. Is that humane?
PAUL WOLFOWITZ: I don't know whether it means a bag over your head for 72 hours Senator. I don't know.
JACK REED: Mr Secretary, you're dissembling, non-responsive. Anybody would say putting a bag over someone's head for 72 hours, which is sensory deprivation…
PAUL WOLFOWITZ: I believe it's not humane. It strikes me as not humane, Senator.
JACK REED: Thank you very much."
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"Harsh Methods" Aren't Torture, Says the New York Times

FAIR ACTION ALERT: "Harsh Methods" Aren't Torture, Says the New York Times

"The New York Times, revealing the interrogation techniques the CIA is using against Al-Qaeda suspects, seemed unable to find a source who would call torture by its proper name. The May 13 article, headlined 'Harsh CIA Methods Cited in Top Qaeda Interrogation,' described 'coercive interrogation methods' endorsed by the CIA and the Justice Department, including hooding, food and light deprivation, withholding medications, and 'a technique known as water boarding, in which a prisoner is strapped down, forcibly pushed under water and made to believe he might drown.' The article took pains to explain why, according to U.S. officials, such techniques do not constitute torture: 'Defenders of the operation said the methods stopped short of torture, did not violate American anti-torture statutes, and were necessary to fight a war against a nebulous enemy whose strength and intentions could only be gleaned by extracting information from often uncooperative detainees.' The article seemed to accept that the techniques described are something other than torture: 'The tactics simulate torture, but officials say they are supposed to stop short of serious injury.' The implication is that only interrogation methods that cause serious physical harm would be real and not simulated torture."
Fairness & Accuracy In Reporting
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The Nation: Conditions of Atrocity

The Nation: Conditions of Atrocity

"The Iraq military environment is quite different from that of Vietnam, but there are some striking parallels. Iraq is also a counterinsurgency war in which US soldiers, despite their extraordinary firepower, feel extremely vulnerable in a hostile environment, and in which higher-ranking officers and war planners feel frustrated by the great difficulty of tracking down or even recognizing the enemy. The exaggerated focus on interrogation, including the humiliation of detainees as a 'softening-up' process, reflects that frustration."
Robert Jay Lifton
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L'Humanité: Les enterrés vivants de la première guerre du golfe

L'Humanité: Les enterrés vivants de la première guerre du golfe

"Cela s’est passé à la fin de l’offensive terrestre, durant l’opération 'Tempête du désert', qui s’est déroulée du 24 au 28 février 1991. Deux brigades de la première division américaine d’infanterie mécanisée ont enterré vivants entre 600 et 1.000 soldats irakiens, probablement davantage, dans des tranchées situées sur la ligne de front irakienne. Les première et deuxième brigades de la division appelée plus couramment la Big Red One s’étaient entraînées à cet exercice macabre avant l’offensive, lorsque les armées de la coalition stationnaient en Arabie saoudite attendant l’ordre d’attaquer. À partir de photos satellites, des tranchées identiques au dispositif irakien furent creusées dans le camp de base de la Big Red One. Des chars d’attaque Abrams furent équipés de plaques de métal fixées à l’avant des véhicules. La tactique consistait à placer un char à l’extrémité de chaque tranchée et d’avancer à vive allure en rabattant le sable dans la tranchée. (...) Bien que le président du Sénat américain, Sam Nunn, ait déclaré alors qu’il demanderait des informations supplémentaires au Pentagone, estimant que 'cela ressemble à un autre exemple des horreurs de la guerre', le dossier a été enterré, avec la même efficacité et la même rapidité que les soldats irakiens."
Christine Abdelkrim-Delanne
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Largeur.com : Les tortionnaires, ces «hommes ordinaires»

Largeur.com : Les tortionnaires, ces «hommes ordinaires»

"Et si les actes de torture dans les prisons de Abu Ghraib n'étaient pas des actes isolés, mais une fatalité? Des actes qui obéissent à une mécanique systématique au sein des bataillons de police militaire engagés dans les zones de guerre, partout dans le monde, partout dans l'histoire?"
Jean-Philippe Ceppi
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[Politis] Tortures coloniales

[Politis] Tortures coloniales

"C’est un système colonial qui s’est installé en Irak. Et les témoignages affluent qui nous démontrent que nous n’avons pas affaire à des cas isolés. La torture ne s’applique pas indistinctement, comme un penchant particulier au sadisme. Elle vient en son heure, en son lieu. C’est une phase de la détention. Elle a ses spécialistes, son organisation, ses chefs, ses auxiliaires, recrutés parfois parmi les prisonniers eux-mêmes. Le tout est d’un classicisme terrible qui nous renvoie à la guerre d’Algérie, et à toutes les guerres coloniales. Il y a une logique de la guerre d’occupation qui se mène au milieu d’un peuple hostile. Les responsables des tortures sont connus: ils s’appellent Donald Rumsfeld et George W. Bush."
Denis Sieffert
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15.5.04

L’effet Google

Tenons pour acquis la domination de Google dans le marché des moteurs de recherche. Marc Duval du Service de recherche documentaire DSI, citant Indice DR (indice des outils de recherche sur l’Internet québécois), nous apprenait cette semaine que «Google est la destination privilégiée des 59 % des Canadiens français, suivi par MSN avec 14,9 % et Yahoo! à 9,8 %.» Tenons également pour acquis que pour quiconque publie sur Internet des contenus étroitement liés à l’actualité, Google amène un fort achalandage. Mais quel achalandage?

Dans l’affaire des photographies de prisoners irakiens, bref rappel chronologique. Le 29 avril, l’émission 60 Minutes II de la chaîne CBS diffuse les premières images de détenus maltraités.

Le 1er mai, le journaliste Seymour Hersch publie dans The New Yorker un long article sur l’affaire. Aussi le 1er mai, le quotidien britannique Daily Mirror publie des photos qui illustreraient des scènes de torture de détenus aux mains de militaires britanniques. Ces photos s’avéreront par la suite fausses.

Le 7 mai, le Wall Street Journal diffuse sur son site Web un rapport du Comité international de la Croix-Rouge selon lequel les mauvais traitement infligés aux détenus de la prison de Abu Ghraib sont monnaie courante, bien qu’entre 70 % et 90 % auraient été arrêtés par erreur.

L’affaire prend une telle ampleur que pour la semaine se terminant le 10 mai, Goggle rapporte que l’expression «iraqi prisoner photos» arrive au cinquième rang dans son indice de popularité, et que le nom de «lynndie england», jeune militaire impliquée dans l’affaire, au huitième rang. Il sera bon de vérifier si «la tendance se maintient» au prochain relevé zeitgeist de Google.

Pour sa part, Isabelle Hontebeyrie note ce samedi 15 mai que sur son blogue Google se déchaîne :

«Depuis le 13 mai, les référencements de Google ont littéralement explosé et ont doublé en moins de 24 heures. [...] je me suis aperçue d'une montée assez impressionnante des recherches concernant l'Irak/Iraq, Lynndie England et Nicholas Berg.» Suit la liste des 10 phrases les plus utilisées lors des recherches qui ont mené vers son blogue. Elle fait un constat similaire pour les recherches effectuées directement sur son blogue.

Le phénomène est identique pour le blogue que vous lisez en ce moment, mais les utilisateurs qui arrivent ici par l’entremise de Google et de mots clés que l’on suppose trouveront-ils ce qu’ils cherchent, c’est-à-dire les photos en question? Non, et c’est une des failles de la recherche sur le Web.

Prenons un exemple : une recherche sur Google sur une sordide histoire de sexe, de viols, d’accusations et d’un nom connu. Et vlan, on aboutit sur cette page de mon blogue. Reprenons la démarche Google à l’aide de quelques mots clés, et constatons le résultat :

+sexe +viols +accusations +cloutier

On arrive bel et bien sur la page, mais dans quel contexte?

Sexe
Haïti occupe 16 minutes dans les grands bulletins au cours de la semaine, derrière les primaires du Wisconson (19 min.), les efforts de reconstruction en Irak (18 min.), et le débat sur la légalisation du mariage entre personnes du même sexe (18 min.).

Viols
Toujours selon la même commission, toutes les caractéristiques de la répression se développent : exécutions sommaires ou extrajudiciaires (3 010 cas officiellement), disparitions, tortures, viols

Accusations
La BBC mentionne que de telles accusations avaient fait surface au sujet du régime de Jean-Claude Duvalier, et du régime Cedras après le renversement d’Aristide en 1991.

Cloutier
Jean-Pierre Cloutier : Le blogue

Force est de constater que celui ou celle qui est à la recherche de détails sur l’affaire sordide n'en trouvera pas ici quelque mention que ce soit, sauf pour le présent billet. Et pas de photos des prisonniers irakiens ou autres non plus.
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12.5.04

À quoi nous prépare-t-on?

Photos de restes de quatres mercenaires occidentaux suspendus à un pont. Images de séances de torture et d’humiliation; le secrétaire d’État à la Défense des États-Unis nous previent que le pire reste à venir. Quelque part en Irak on décapite un citoyen des États-Unis, Nick Berg, entrepreneur en télécommunications, et on brandit sa tête en guise de trophée. À Gaza, des soldats israéliens sont charcutés par des milices, on se dispute les restes. Et on nous promet de renchérir demain soir à l’émission «60 Minutes II» à la chaîne CBS, cette même émission qui, il y a deux semaines, diffusait la première série d’images de la prison d’Abu Ghraib.

On épiloguera longtemps sur le rôle que joue la technologie dans la diffusion de ces images, et sur l’effet probable si elle avait existé à Verdun en 1916 ou à Dien Bien Phu il y a cinquante ans.

Certes, on ne nous montre pas tout. Relativement peu d’images ont circulé sur les fosses communes de Mazar-I-Sharif en Afghanistan où, selon certains rapports des centaines de combattants afghans, fusillés ou laissés à suffoquer dans des conteneurs par les forces étasuniennes, sont enterrés (voir à cet égard l’émission Disclosure de la CBC et la liste de liens afférents). L’assassinat de Nick Berg rappelle vaguement celui du journaliste Daniel Pearl, une affaire malheureusement vite oubliée. Curieux aussi de constater que «nos» victimes ont des noms, et «les leurs» n’ont que des sexes et des âges.

Mais revenons à ce qu’on ne peut que qualifier d’«escalade» de l’imagerie de violence dont on est témoin depuis quelques jours. L’effet net est de polariser et de durcir les positions. Chez les Irakiens, on le comprendra, les photos de prisonniers maltraités à Abu Ghraib suscitent colère et indignation. Aux États-Unis, l’effet est partagé. Les anti-guerre s’en servent pour dénoncer l’aventure irakienne de George Bush; la droite déclare de manière simpliste, comme si c’était une justification, que les présumées victimes ne sont que des assassins et des terroristes.

Soulignons au passage que dans son rapport de février dernier (format PDF) sur les prisons en Irak, le Comité international de la Croix rouge écrivait : «Certains agents du renseignement des forces de la coalition ont confié au CICR qu’entre 70 % et 90 % des personnes privées de leur liberté en Irak ont été arrêtées par erreur».

On décèle chez les auteurs des sévices imposés aux détenus irakiens, et ce sans vouloir entrer dans le détail, une volonté manifeste d’humilier et de terroriser. Y aurait-il un autre effet à cette stratégie de torture et de diffusion d’images à la limite du soutenable, et dont la cible serait la conscience collective occidentale? D’où la question : à quoi nous prépare-t-on? C’est comme si la banalisation de ce genre de violence ne servait qu’à nous conditionner pour ce qui reste à venir.

Comme dit Cabrel...

Ajout, 13 mai 2004.

Et comme si le flot continu de photos et de révélations troublantes n’était pas suffisant, certains cherchent à en rajouter. Le Boston Globe, dans son édition du 12 mai, a publié un article sur un conseiller municipal, Chuck Turner, qui disait disposer de photos de soldats étasuniens violant des femmes irakiennes. Turner a dévoilé ces photos lors d’une conférence de presse, accompagné de Sadiki Kambon, militant du centre d’information pour les Afro-américains (Black Community Information Center). Ce dernier disait les avoir reçues d’un certain Akbar Muhammad, un représentant de la Nation de l’Islam. Le Globe a publié une photo de Turner et Kambon qui étalaient les photos pour la presse, mais où les détails était clairement visibles. Trois hauts responsables de la rédaction en ont autorisé la publication. La journaliste du Globe, Donovan Slack, avait communiqué avec le ministère de la Défense dont le porte-parole mettait en garde l’utilisation de photos circulant sur Internet. Or, comme le rapporte le WorldNetDaily, ces photos sont fausses. Il s’agit de photos piquées sur un site Web de pornographie extrême.
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