30.11.04

«Blog» : Le mot de l’année chez Merriam-Webster's



L’éditeur de dictionnaire Merriam-Webster's vient de proclamer le mot «blog» (en anglais) mot de l’année pour 2004, c’est-à-dire le mot le plus souvent consulté par le public dans son dictionnaire en ligne. «Blog» fera donc son entrée dans la version imprimée de l’édition 2005 du Merriam-Webster Collegiate Dictionary.

Parmi les mots les plus consultés en 2004, «blog» est suivi de «incumbent» (candidat sortant), «electoral» (électoral), «insurgent» (insurgé), «hurricane» (ouragan), «cicada» (cigale), «peloton» (peloton), «partisan» (partisan), «sovereignty» (souveraineté) et «defenestration» (défenestration).

Mise à jour : 1er décembre

Le Blog Herald se moque un peu de la définition que donne le Merriam-Webster’s d’un blogue, soit «un site Web contenant un journal ou carnet personnel de réflexions, de commentaires et, souvent, d’hyperliens fournis par l’auteur.»

Blog Definition

Le Herald rappelle la définition qu’il proposait l’an dernier : «Un blogue est une hiérarchie de textes, d’images, d’objets médias et de données, agencée de manière chronologique, qui repose sur un système de livraison de contenu permettant des ajouts fréquents sans nécessiter de compétences techniques trop poussées, et qui échafaude des rapports sociaux significatifs ou des collectivités virtuelles autour de n’importe quel sujet ou thème.»

À vous de juger.
|

Halley Suitt et les motivations des blogueurs (et blogueuses)

Halley Suitt est l’auteure du blogue Halley’s Comment qu’elle a lancé en juillet 2001. Quelque 3 800 billets plus tard, en moyenne 21 par semaine, elle a écrit quelque 550 000 mots, et proposé 4 400 liens de référence. Non, je ne l’espionne pas, c’est dans son profil chez Blogger. Elle sursauterait peut-être à l’expression, mais on pourrait affirmer qu’elle est une des doyennes de la blogosphère. D’abord rédactrice technique, puis traductrice, Halley Suitt a gagné un concours de circonstances et est devenue journaliste.

Elle vient de publier sur le site Change This un texte intitulé The Art of Alpha Female Blogging (format PDF) non sur la nature des blogues, mais sur les motivations de ceux et celles qui les écrivent.

Pour illustrer son propos, elle décortique un de ses textes, assez amusant, sur les raisons pour lesquelles elle n’aime pas les petits déjeuners au lit, ou plutôt les établissements qui en font une spécialité. Mais là n’est pas l’essentiel.



J’ai bien aimé sa métaphore pour décrire les blogueurs, image qui s’approcherait de la différence entre un coureur de fond et un sprinteur. «Comment les billets sont-ils écrits? Bien souvent de manière décontractée, laissant à l’auteur le loisir de courir avec un sujet sur une courte distance, mais très rapidement, un peu comme un sprinteur, et non comme un marathonien romancier» écrit-elle. On comprend aussi cet autre extrait : «Parfois quelque chose vous agace, et vous avez tout simplement le besoin de le partager pour voir si d’autres sont aussi agacés que vous.»

Les blogues sont là pour rester dans le paysage médiatique selon Suitt, mais ils sont destinés au changement, «ils changent, ils nous changent, et changent notre manière de communiquer et de penser.»

Une belle lecture.
|

29.11.04

Le Campaign Desk devient le Daily

Le Columbia Journalism Review, magazine de la faculté de journalisme de l’université Columbia, a publié au cours de la récente présidentielle étasunienne un blogue sur la campagne électorale vue des médias, le Campaign Desk. Depuis quelques jours, le blogue a changé de nom et est devenu le CJR Daily. La forme demeure, blogue alimenté au quotidien de bons textes d’analyse sur le travail des médias, mais le mandat s’élargit à l’ensemble du travail des médias et des journalistes, et des forces politiques, économiques, technologiques, sociales et juridiques qui conditionnent le journalisme. À ajouter aux favoris.

Et un autre blogue de campagne qui avait vu le jour pour la campagne présidentielle continuera d’être publié. FactCheck, qui s’était donné pour mission de vérifier l’exactitude des affirmations des candidats, s’accorde un moment de répit avant de reprendre un calendrier de publication régulier. FactCheck est publié par le Annenberg Public Policy Center de l’université de Pennsylvanie.
|

Erreur de dates

J’avais publié ici même un billet déplorant le manque de couverture accordé au congrès annuel de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec qui, je croyais, s’était déroulé en fin de semaine dernière. Excusez l’erreur, le congrès se tient en fin de semaine prochaine. Ça rassure. Et merci aux lecteurs et lectrices pour leur vigilance.
|

28.11.04

De choses et d’autres

Pour ceux et celles à qui cela aurait échappé, il est maintenant possible de s’inscrire à une liste d’envoi d’un courriel hebdo sur ce blogue. Rappel des titres de la semaine, suggestions de sujets à traiter, notes d’intendance. Bref, un contact plus direct entre le blogueur et ses lecteurs.

Ivan KashinskyParlant de lecteurs, un correspondant déplore ne pas retrouver ce qui était devenu une tradition des Chroniques, soit le Beau détour de la semaine, la suggestion d’un site à voir pour le plaisir des yeux. Bien d’accord, voici donc celui de cette semaine, les gagnants du 59th College Photographer of the Year. Chaque année, l’Université du Missouri organise ce concours de photographie à l’intention des étudiants de niveau collégial et universitaire. Cette année, plus de 250 étudiants et étudiantes y ont participé. Un niveau d’image très relevé pour les amateurs de photographie d’actualité. Celle-ci est de Ivan Kashinsky de San Jose State, et s’est méritée une mention honorable dans la catégorie nouvelles générales. Elle montre le militant haïtien Ludner Beauvoir s’adressant le 29 février dernier à Miami à une foule de manifestants pro-Aristide à la suite du départ forcé de celui-ci.
|

Nous, les médias?

We the MediaAprès Du bon usage de la piraterie de Florent Latrive, c’est au tour de Dan Gillmor de publier un livre «shareware», c’est-à-dire disponible sans frais en version intégrale sur Internet en format PDF. Il s’agit de We the Media: Grassroots Journalism by the People, for the People. Le livre possède également son propre blogue.

Campons d’abord le sujet. C’est le «We the People...» qui figure en préambule à la Constitution des États-Unis, ce «Nous le peuple...», qui inspire le titre du livre de Gillmor qui devient «Nous les médias...». Le thème, tout comme le titre, n’est pas nouveau. En 1997, Don Hazen et Julie Winokur avaient publié leur We the Media: A Citizen's Guide to Fighting for Media Democracy dont l’esprit recoupait le propos de Gillmor. Celui-ci soutient que l’on assiste, possiblement (on y reviendra), à une refonte totale de l’univers informationnel. Ce remaniement implique une modification des rôles des trois constituantes de cet univers, soit les journalistes, ceux et celles qui «font» la nouvelle, et le public. Le moteur de ces bouleversements est ce que Gillmor appelle le «grassroots journalism», un concept plus horizontal et plus ouvert du journalisme.

L’évolution de la presse au vingtième siècle a fait en sorte que les grands médias ont agi comme des prédicateurs, que l’information était livrée du haut de la chaire médiatique, et que le public était libre ou non de gober les propos. Ce public avait peu de recours véritables s’il voulait être entendu : écrire une lettre, envoyer une télécopie, laisser un message sur un répondeur, annuler son abonnement, ne plus syntoniser une émission? Pour Gillmor, ce système a engendré un sentiment d’autosatisfaction et d’arrogance chez les journalistes, et s’il a relativement bien fonctionné (du point de vue des médias) pendant des années, il n’est plus viable à long terme. Le journalisme de demain, la diffusion de l’information, s’éloignera du modèle «sermon» et sera davantage une conversation entre producteurs et consommateurs d’information.

Gillmor n’est pas étranger au concept d’info/conversation. Pour la petite histoire, disons qu’il a publié sur son blogue des brouillons de chapitres du livre en cours de rédaction, et qu’il invitait les lecteurs à les critiquer et à les commenter. Cette démarche «en marge de l’écriture» nous rappellera le livre Dixit Laurent Laplante dans lequel Laplante revenait, sous forme de livre, sur certains de ses textes publiés sur le Web, à la lumière de commentaires reçus de son lectorat. Ou plus récemment, ses billets des 18 novembre et 22 novembre, «Retour sur des textes récents», desquels ils disait : «Quelques courriels reçus récemment ont ravivé en moi des questions auxquelles je n'accordais peut-être pas suffisamment d'attention. [...] Même si je réfère explicitement à des courriels en particulier, il va de soi que quiconque peut m'éclairer sur la suite à donner à mes Dixit est invité à le faire.»

Gillmor et Laplante ne sont pas seuls à privilégier une communication plus étroite avec leurs lecteurs. Hier, le journaliste et blogueur Josh Marshall soulignait discrètement le quatrième anniversaire de son blogue «Talking Points Memo». Il remerciait chaleureusement ses lecteurs : «Non seulement ce site n’existerait pas sans ses lecteurs (ce qui est vrai pour toute publication), mais l’écriture en serait impossible sans eux (ce qui est loin d’être vrai pour toutes les publications) puisque tellement d’idées, de contacts, de petits faits significatifs et d’observations perspicaces me viennent de courriels de lecteurs. Si vous n’avez jamais écrit de blogue, je ne suis pas certain que vous puissiez comprendre combien cela est vrai.»

C’est évidemment Internet et la technologie qui viennent bousculer le jeu des médias traditionnels, et Gillmor parle même de «collision» entre journalisme et technologie. Si certains journalistes emboîtent le pas et s’adaptent, par exemple, à la formule des blogues, Gillmor n’est pas persuadé que, blogue ou pas, l’élément le plus important, l’écoute, soit au rendez-vous. Le modèle est toujours descendant (top down) et peu de journalistes acceptent que la conversation soit davantage importante que les affirmations pontifiantes.

Ceux et celles qui «font» la nouvelle tardent également à s’adapter, à s’ouvrir, craignant d’afficher leur vulnérabilité. La récente présidentielle aux États-Unis a donné des exemples frappants d’utilisation de la technologie par les politiciens, inutile de revenir sur l’exemple Howard Dean, ni sur l’incapacité du clan Kerry à poursuivre le travail accompli.

S’il y a adaptation, adoption de la technologie, elle vient du public, ce que Gillmor appelle le «former audience», ou l’ancien public (voir chapitre 7). Il y a d’une part ceux et celles qui se sont toujours exprimé face aux médias, malgré la faiblesse des moyens à leurs disposition. Ils ont maintenant accès aux blogues, aux forums de discussion, au courriel. Puis, il y a une catégorie nouvelle de «consommateurs avertis» d’information qui disposent eux aussi des moyens d’exprimer leur accord ou leur désaveu face à l’information qu’on leur sert.

Et c’est ce qui compte pour Gillmor, que les gens s’expriment : «C’est une des choses les plus saines à arriver depuis longtemps dans l’univers des médias. Nous entendons de nouvelles voix, pas nécessairement de personnes qui voudraient gagner leur vie à s’exprimer, mais tout simplement de gens qui veulent donner leur opinion et être entendus, même si ce n’est que par un petit groupe.» (p. 137)

L’auteur parle évidemment des blogues. «Une des principales critiques que l’on puisse adresser aux blogues est qu’ils sont refermés sur eux-mêmes. Sans doute, bon nombre n’ont d’intérêt que pour ceux et celles qui les écrivent et leur entourage. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas en tenir compte, ni pour ne pas accorder de valeur à l’échange entre individus. Dans ce contexte, ce que je trouve stimulant, c’est le nombre grandissant de blogues écrits par des gens qui parlent de manière intelligente du domaine qu’ils connaissent en propre. Les blogues peuvent représenter un engagement civique.» (p. 137)

Que nous réserve l’avenir? Gillmor souhaiterait que les journalistes, les politiciens et les grandes sociétés engagent un meilleur dialogue avec le public et fassent preuve d’une plus grande transparence. Nous aurions ainsi de meilleurs médias, et une démocratie plus saine. Il craint toutefois, en donnant plusieurs exemples à l’appui, que son souhait ne se réalisera pas. Si les grands médias sont des dinosaures, ils ne mourront pas sans se battre dit-il. Ils tenteront, avec l’appui des pouvoirs politiques, d’assurer leur mainmise sur les nouveaux médias plutôt que les voir éroder leur modèle économique traditionnel. À cet égard, lire attentivement le chapitre 11, «L’empire contre-attaque».

On termine la lecture du livre de Gillmor avec un sentiment de perplexité. D’une part, tous les facteurs matériels et techniques sont réunis pour ménager la transition du sermon médiatique à la conversation citoyenne, pour le plus grand bien du public; d’autre part il y a une très forte résistance au changement de la part des médias et de ceux qui font la nouvelle.

Tentons un exercice de logique. Si les médias et le journalisme corporatif sentent qu’il y a quelque chose à perdre dans la refonte du système informationnel, c’est qu’ils profitent de ce système. En revanche, si le public sent qu’il a tout à gagner d’une telle refonte du système actuel, c’est qu’il n’en tire rien qui vaille, ou encore si peu qu’il soit prêt à miser sur le changement.
|

26.11.04

Pséphologie ukrainienne

En lisant l’article de Ian Traynor (US campaign behind the turmoil in Kiev) dans The Guardian ce matin, j’ai eu l’occasion d’enrichir mon vocabulaire avec la phrase suivante : «US pollsters and professional consultants are hired to organise focus groups and use psephological data to plot strategy.» Traduction libre : On retient les services de sondeurs et conseils professionnels étasuniens pour organiser des groupes-témoins et utiliser des données pséphologiques pour élaborer la stratégie.

Selon Wordsmith, la pséphologie est l’étude des élections et des scrutins, et leur analyse statistique en vue de prévoir des résultats. Le mot vient du grec psephos (caillou) et de logos (étude); les grecs utilisaient des cailloux comme bulletins de vote. La déclinaison pséphocratie désigne un gouvernement installé à la suite d’une élection.

Mis à part l’enrichissement de vocabulaire, le contenu de l’article est toutefois révélateur d’un certain état de choses en Ukraine. D’après les images que l’on voit, on croirait en une vaste mobilisation populaire, la «révolution orange», pour contrer de présumées malversations électorales. Or, la Pora (mouvement des jeunes), fer de lance de l’opposition, serait fortement appuyée par le National Democratic Institute (organisme du parti démocrate étasunien), le International Republican Institute, le State Department des États-Unis, l’agence de développement international USAID, et la Freedom House, l’ONG du milliardaire George Soros.

Selon The Guardian, on a retrouvé les mêmes «partenaires» récemment à l’oeuvre en Serbie, en Géorgie et au Belarus. Ces jours-ci, c’est Kiev, l’issue demeure incertaine, mais Ian Traynor nous dit de garder l’oeil sur la Moldavie et sur d’autres régimes autoritaires de l’Asie Centrale au cours des prochains mois.

Yulia TymoshenkoPar ailleurs, toujours dans The Guardian, un article de James Meeks sur Yulia Tymoshenko, la vice-première ministre que l’on voit constamment aux côtés du candidat de l’opposition Viktor Yushchenko. Une proche de l’ex-premier ministre Pavlo Lazarenko qui a accédé à ce poste en 1996, elle aurait, avant d’entrer dans l’arène politique, largement profité du système de troc instauré par Lazarenko pour contrer la pénurie de devises. L’entreprise de Madame Tymoshenko, la United Energy System, aurait rapporté à sa propriétaire une fortune colossale, on parle de 11 milliards de dollars. En échange de comptant, d’actions ou de biens, la UES était autorisée à approvisionner en gaz naturel des entreprises ukrainiennes.

La situation en Ukraine serait donc plus complexe que ne le laisse croire l’image pséphologique de la «révolution orange» que véhiculent nos médias.

Et quelques blogues, évidemment, suivent de près la situation, comme celui de la journaliste Veronica Khokhlova, du Sabot Post-moderne (en anglais), de Windowglass, du collectif Volodymyr (basé à Londres), et enfin de Tulipgirl.
|

25.11.04

Firefox continue sa progression

GraphiqueLe 10 novembre dernier, je vous parlais du fureteur Firefox qui s’accaparait un belle part de marché face à son concurrent Microsoft Explorer. Je mentionnais aussi qu’il était le fureteur pour 16 % des consultations de ce blogue. Vérification faite ce matin, Firefox a franchi le cap du 20 % (21 % en fait, section jaune du graphique). Évidemment, Explorer 5 et 6 (en bleu) continuent de dominer largement, mais Firefox à plus de 20 %, c’est une bonne nouvelle. Plus généralement, je lisais sur neteconomie.com que «Selon une nouvelle étude Xiti Monitor réalisée de septembre à novembre sur un échantillon de sites web professionnels, le navigateur Firefox édité par la fondation Mozilla représente désormais 7.21 % des visites des internautes contre 89.98 % pour Internet Explorer de Microsoft qui passe donc sous la barre symbolique des 90 %. Netscape représente quand à lui 1.11 % des visites contre 1.09 % pour Safari (Mac OS) et un modeste 0.61 % pour Opera, un navigateur web d'origine norvégienne.»
|

24.11.04

De source bien informée...

La majorité des journalistes ont eu à employer des expressions visant à protéger des sources privilégiées d’information comme «de source bien informée», «selon un diplomate en poste dans la capitale», «d’après des proches de...», etc. Depuis le début des allégations de présence d’armes de destruction massive en Irak, les grands quotidiens américains ont tellement dépersonnalisé leurs sources d’information qu’ils ont perdu leur crédibilité et ont été obligés de faire, selon l’exppression de Jack Shafer du netmag Slate, des mini culpa auprès de leurs lecteurs. C’est qu’on ne peut, pendant des mois, faire porter des accusations et attribuer des analyses à des inconnus. À la longue, le lectorat aimerait bien savoir qui a dit quoi et quand.

Ces locutions visant à protéger l’anonymat des sources portent un nom, en anglais, anonymice. Proposons en français, jusqu’à meilleure suggestion, anonymots.

Le 10 novembre dernier, toujours selon Shafer, le rédacteur en chef adjoint du New York Times, Allan M. Siegal faisait parvenir au personnel de la rédaction du quotidien une note de service décrivant certaines mesures prises pour rehausser la crédibilité du quotidien. Dans cette note de service, il écrivait : «Nous aimons croire que nous avons réduit notre dépendance à l’égard de sources anonymes, nous avons certainement commencé à le faire et nous entendons poursuivre.»

On croyait bien en avoir fini avec le recours excessif aux anonymots dans le NYT. Eh non. Shafer rapporte que le 17 novembre, le Times a publié un article sur le remaniement du cabinet présidentiel aux États-Unis (Cabinet Choices Seen as Move for More Harmony and Control) signé par David Sanger et Steven Weisman. Tout bien compté, l’article de 1 400 mots contenait au moins 22 anonymots, soit une citation ou opinion attribuée à une personne anonyme pour chaque 63,6 mots de l’article.

Selon un ex-directeur des communications...
|

23.11.04

À la défense de Kevin Sites

Le journaliste/cameraman Kevin Sites a, comme on le sait, essuyé une volée de bois vert parce qu’il est l’auteur de la bande vidéo montrant un U.S. Marine exécutant un insurgé irakien. La droite étasunienne, sur des blogues, forums et lignes ouvertes radiophoniques, est même allée jusqu’à l’accuser de trahison. Mais voici que Paul Mulshine du Star Ledger vient à la défense de Sites.

D’une part, Sites est un journaliste «intégré» (embedded) et travaillait avec l’approbation complète du commandement des forces armées. Mais surtout, Sites était un journaliste «pool». Expliquons un peu le principe. En couverture journalistique, il est souvent impossible d’accommoder l’ensemble de la meute qui suit un événement. Par exemple, un chef d’État monte dans un hélico pour survoler une zone dévastée. Il est impossible de le faire suivre par vingt équipes de tournage. Les journalistes désignent alors une équipe de tournage pour accompagner le chef d’État, à condition que celle-ci partage à son retour les images avec les autres chaînes. La formule «pool» peut prendre bien des formes, mais c’est le principe de base. Donc, pour l’offensive sur Fallujah, Kevin Sites était un «pool».

Or, comme l’écrit Mulshine, pour avoir le privilège de se trouver à un certain endroit, le reporter «pool» est tenu de relayer l’information qu’il obtient à tous les autres journalistes. Il ne peut, même s’il le souhaite, garder cette information pour lui. Sites n’avait donc pas le choix que de partager avec les autres reporters sa bande vidéo.

On peut douter que cette explication calmera l’autre meute, celle de Washington, qui n’a pas apprécié cette version Fallujah de la mort en direct. Mais elle apporte au débat un élément intéressant.
|

22.11.04

Kevin Sites s’explique

Image: AP

Kevin Sites, le journaliste qui a tourné les images de l’assassinat par un soldat étasunien d’un insurgé irakien blessé, images par la suite diffusées par la chaîne NBC avec la réaction que l’on connaît, s’explique sur son site sous forme de lettre adressée aux militaires qu’il accompagnait. «Voici, en bout de ligne, le fond de l’histoire : lorsque l’Irakien dans la mosquée constituait une menace, il était votre ennemi; lorsqu’il a été maîtrisé, il est devenu votre responsabilité; lorsqu’il a été tué devant mes yeux et devant ma camera, le récit de sa mort est devenu ma responsabilité.»
|

21.11.04

Journalisme et blogues, retour en arrière

BloguesIl est intéressant de voir avec un certain recul l’évolution du thème «journalisme et blogues», en fait, si évolution il y a. Par exemple, à l'occasion du congrès annuel de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (à Québec, les 3, 4 et 5 décembre prochains), on abordera en discussion la question à savoir «Les blogues sont-ils en train de redéfinir l'information?», puis il y aura un atelier pratique sur «Les blogues, une nouvelle source d'information à découvrir». Je relisais certains textes écrits sur le sujet du temps des Chroniques, et il semble que le contexte, ou plutôt les perceptions, on très peu évolué du côté des journalistes, alors que c’est dans le camp des blogueurs que les idées et la maîtrise de la technique ont progressé.

Je reproduis ici avec peu de modifications (sauf pour la suppression des adresses caduques) un extrait de la chronique du 9 avril 2002.

= = =

Journalisme en ligne et blogues

Commençons par le tour d'horizon du journalisme en ligne tel que pratiqué en Europe que nous propose J.D. Lasica du Online Journalism Review.  La France et la Suisse ne font pas partie des cas étudiés par Lasica, la Belgique francophone n'est que brièvement mentionnée pour «Le Soir», l'Europe de l'Est est exclue car l'édition en ligne en est à ses premiers balbutiements, mais on trouve des portraits sur l'Autriche, le Danemark, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie, les Pays-Bas, l'Espagne et la Suède.

Lasica observe que les traditions journalistiques de chacun des pays laissent leurs empreintes sur les médias en ligne.  Il cite Mark Deuze, de l'École de communication d'Amsterdam, qui perçoit même des différences d'approche entre pays du nord et du sud de l'Europe : en Europe du Nord, les investissements et les plate-formes exploitées semblent être davantage le résultat d'un effort concerté, alors qu'en Europe du Sud, les programmes de formation et le fonctionnement des salles de rédaction relèvent davantage de l'initiative de quelques groupes d'individus.  Selon Deuze : «La formation des journalistes dans les pays du sud de l'Europe met l'accent sur son rôle en tant que maître des mots et artiste, alors que dans le nord la tradition se veut plus professionnelle et corporatiste, ce qui est bien moins amusant.»

Lasica conclut que les journalistes nord-américains auraient intérêt à regarder du côté de l'Europe où, semble-t-il, on est davantage enclin à l'innovation dans les contenus en ligne, dont les blogues.

Eh puis les blogues.  Plus une semaine ne passe sans que dans la presse spécialisée en communication, médias et journalisme, on aborde la question de ces journaux d'opinion en ligne qui se sont multipliés avec une vitesse phénoménale depuis quelques mois (voir à cet égard notre article dans Multimédium). 

Il y a eu cet article de John Hiler dans Microcontent News (publication sur les blogues, les webzines et l'édition personnelle), et largement commenté dans l'univers blogue, intitulé «Borg Journalism: We are the Blogs.  Journalism will be Assimilated».  Le journalisme aspiré par le phénomène blogue? Ironiquement, ce journaliste spécialisé dans la tendance blogue se voit déplorer que ceux et celles qui animent ces sites personnels (et collectifs) lui dérobent ses meilleurs sujets et suivis à donner à ses articles.  Par contre, il cite Dan Gillmor du San Jose Mercury News qui a adopté d'emblée le modèle et qui faisait part de ses quatre principes de base face aux blogues et au journalisme en ligne.

1.  Mes lecteurs en savent davantage que moi;

2.  Ce n'est pas une menace, c'est plutôt une occasion à saisir;

3.  Ensemble, nous pouvons créer un espace d'échange qui se situe entre un séminaire et une conversation, ce qui profitera à tout le monde;

4.  Tout ceci est rendu possible par l'interactivité et les technologies de la communication (courriel, blogues, forums de discussion, sites Web).

Cette citation de Gillmor n'est pas sans rappeler celle de l'animateur radio et communicateur Jacques Languirand que nous vous rapportions en mars 1999 : «Mon métier de communicateur aura toujours été pour moi l'occasion de m'instruire.  [...] Sans doute parce que je pratique un merveilleux métier qui me permet de m'instruire en public.  Tout le monde éprouve le besoin de plaire, d'être aimé.  J'ai découvert que je pouvais plaire - relativement - en m'instruisant en public...  Le secret est de susciter l'intérêt et de l'entretenir.  Mais j'aime bien aussi amuser la galerie.  Je demeure sans doute un homme de spectacle.  Toute communication, du reste, tient du spectacle.  Mais je ne cherche pas pour autant à être drôle.  On dit que je le suis à l'occasion.  Cela vient sans doute de ce que je m'instruis en m'amusant - ou que je m'amuse en m'instruisant...».  Vivement le retour en ondes de son émission.

Mais revenons à l'article de John Hiler et à sa conclusion : sans aucun doute, le phénomène des blogues est un élément nouveau très fort qui redéfinira ce que signifie être journaliste : «Si vous gagnez votre vie en écrivant des articles, il serait dangereux que vous ignoriez les blogues.»

Parlons maintenant d'un second article, celui de Henry Copeland publié dans Pressflex sous le titre «Talk is cheap and so is blogging» (facile de parler, facile de bloguer).  Copeland explique à sa manière la difficulté de compréhension du phénomène blogue par les journalistes traditionnels : «Comme un enfant d'un an qui découvre le concept d'autrui, le journaliste traditionnel qui écrit sur les blogueurs est incapable de définir cet “autre” sauf par une version édulcorée de lui-même.» Il reprend aussi la liste des reproches formulés aux blogues dans un récent article du Boston Globe : les blogues ne s'adressent pas à un large public, ils manquent de sérieux et d'objectivité, la qualité rédactionnelle laisse à désirer, ils sont truffés de détails personnels sans intérêt, etc.

Copeland prend la défense des blogues et estime que, comme c'est le cas pour le courriel ou les SMS, l'ensemble est plus grand que la somme des parties, que la «blogosphère» (néologisme attribué à Bill Quick) est plus que la somme des blogues.  De plus, si un nouvel ordre informationnel et communicationnel est en train de s'instaurer, il ne le fait pas en négation du précédent, pas plus qu'en ressassant vilement ses composantes, mais la société est encore en période d'apprentissage sur l'utilisation des nouveaux médias.

Enfin, la journaliste Norah Vincent aborde dans le Los Angeles Times un aspect plus politique des blogues d'actualité et soutient qu'ils irritent au plus haut point le camp libéral aux États-Unis (on ne saurait parler de gauche).  Et pourquoi? «Les blogues suscitent la colère car ils constituent des options sérieuses aux publications imbues d'elles-mêmes comme le New York Times, le Los Angeles Times ou le Washington Post et leurs satellites dont la couverture est tout aussi partiale que celle des blogueurs.  Ces derniers ont au moins l'honnêteté d'avouer leur partialité et n'ont aucune prétention à l'objectivité.»

Bref, le phénomène des blogues suscite un vif débat tant sur le fond que sur la forme, et surtout sur son avenir.  Il semble avoir pour cible principale la presse imprimée et ses dérivés Web, laissant presque intacts les autres médias.  Et c'est d'ailleurs sur ce terrain qu'il peut efficacement concurrencer les médias traditionnels en raison de son interactivité, ce qui fait dire au journaliste blogueur James Lileks, «le journal est une conférence, le Web est une conversation». 

En complément d'information, une courte liste des journalistes et blogueurs que nous lisons à l'occasion, dont celui du collectif «La Tribu du verbe» et celui tout récent d'Élie Charest, «One, Archie St.»
|

20.11.04

Blogueur ou journaliste?

Les scénaristes de l’émission culte West Wing ont intégré dans l’épisode 119 (The Hubbert Peak) un court passage sur les blogues.

En bref: Un des conseillers du président (Josh Lyman) procède à un essai routier d’un véhicule utilitaire sport (VUS) et écrase accidentellement une petite voiture hybride. L’accident, sans conséquence physique grave, tombe mal pour la Maison blanche car il coïncide avec un vote au Congrès sur un amendement visant à forcer les fabricants automobiles à produire des véhicules plus efficaces sur le plan énergétique. L’affaire prend de l’ampleur quand un blogueur publie sur son blogue des photos de l’accident. «Bof, c’est pas important» se fait dire Lyman par des collègues, «Ce n’est pas un journaliste, ce n’est qu’un blogueur.» Lyman rejoint le blogueur par téléphone pour s’expliquer et lui demander de retirer les photos de son blogue, lui dit que la conversation est «off the record» (confidentielle). Au grand désarroi de Lyman, il constate alors que la transcription de la conversation est diffusée en temps réel par le blogueur sur son site.

L’analyste de Jupiter Research Michael Gartenberg tire certaines conclusions de cette première incursion des blogues dans l’univers de la télé étasunienne aux heures de grande écoute : en cette période post-électorale, les blogues sont bien implantés dans la culture populaire, au point qu’on puisse en parler dans une émission comme West Wing; la perception qui est véhiculée est qu’ils sont d’une redoutable efficacité sur le plan technique, mais que les auteurs/blogueurs n’ont pas d’éthique (i.e. un «vrai» journaliste aurait respecté le «off the record»); les grands médias ne comprennent pas l’univers des blogues, et en transmettent donc une image erronée, voire négative.

Chris Geidner, étudiant en droit de l’Ohio, estime que sur le plan juridique, la régle du «off the record» est consensuelle et doit être acceptée par les deux parties, ce qui n’était pas le cas dans le scénario de l’émission.

Pour Joshua Sharf, l’épisode évoque le fait que les blogueurs (certains, du moins, qui traitent de l’actualité) devront composer avec l’éthique journalistique, que s’ils ne veulent pas se limiter à citer des sources officielles» (grands médias), ils devront constituer leurs propres réseaux de contacts et respecter les règles établies (comme le respect de la confidentialité).

Bref, le débat se poursuit dans certains coins de la blogosphère (une sphère peut-elle avoir des coins?) à savoir si oui ou non les blogueurs sont des journalistes, et s’ils doivent adhérer à un quelconque code.
|

19.11.04

Du bon usage de la piraterie

Du bon usage de la piraterieLe collègue Florent Latrive de Libération vient de publier un livre qui va certainement faire jaser dans certains milieux de la diffusion musicale, Du bon usage de la piraterie (sur le Net, s’entend), avec une préface signée Lawrence Lessig. Avant de parler un peu du contenu, notons une caractéristique intéressante de l’ouvrage, c’est un livre «shareware», c’est-à-dire disponible sans frais en version intégrale sur Internet, dans ce cas-ci en format PDF. Pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas la formule du livre shareware, aussi appelé Lyber, consultez les explications de Michel Valensi. Latrive écrit d’ailleurs en clin d’oeil que le médium papier se montre «encore supérieur au medium numérique par sa qualité et la relation très symbolique entretenue par notre civilisation avec cet objet. Mais pour combien de temps?» (P. 137)

Sur la formule, Lessig écrit dans la préface de ce qu’il estime être un livre «important», que «À travers une explication détaillée des origines et de la nature de ce que l’on appelle désormais “propriété intellectuelle”, Latrive aide à la replacer dans un contexte social plus large. Et en rendant son texte disponible librement sous une licence Creative Commons, il démontre la valeur des arguments qu’il défend. Il y a dans ce livre certaines idées qui sont celles de Latrive. Elles sont bâties sur le travail de beaucoup. Et en rendant son travail librement disponible, il s’assure que d’autres pourront aussi s’appuyer sur ces idées.»

Latrive, dont j’avais déjà lu Pirates et flics du net (Seuil, 2000) écrit en collaboration avec David Dufresne, profite de ce qu’il soit journaliste. Le style est clair, concis, et les arguments étayés avec efficacité. Comment d’ailleurs s’attaquer à la piraterie sur Internet, en dégager les origines, citer des cas d’exemple, parler par la bande d’OGM et de brevets pharmaceutiques, et tirer un brillant épilogue du pillage de l’«immatériel» en moins de 170 pages.

Un des grands thèmes qui se dégage du livre est l’opposition entre la rareté (ses politiques et ses impasses) et l’abondance (dont l’évidence s’impose). Latrive écrit : «La propriété intellectuelle ne serait donc rien d’autre qu’une machine à fabriquer artificiellement de la pénurie. Quoi de plus abondant que la connaissance, la musique? La copie et l’imitation composent les canaux naturels de cette profusion (comme le rappelle l’origine du mot copie - copia - qui signifie abondance en latin) dont l’immatériel est devenu le nouveau démiurge. Pourtant, au moment où cette abondance semble pouvoir s’imposer, gouvernements et grandes entreprises ne songent qu’à l’entraver comme s’il s’agissait d’une dérive anti-sociale, sinon subversive, avec pour argument que seule la restriction de la copie offre aux créateurs une garantie de revenus. L’abondance, voilà l’ennemi: la profusion détruit le marché; un consommateur n’achetant pas un bien dont il dispose déjà à satiété. À cet apparent paradoxe, une raison: l’économie. Ou plutôt la difficulté de penser celle-ci en dehors du marché.» (P. 133).

Et c’est bien là que Latrive touche à l’argument clé de ceux et celles qui s’en prennent à la copie et à la redistribution des oeuvres, soit les revenus des artistes, des gérants et des grandes maisons de production. On cite constamment l’argument qu’Internet (l’échange de fichiers entre individus) nuit aux recettes de ventes, sans pour autant mentionner (sauf à quelques exceptions près Loco Locass, les Cowboys Fringants (voir le billet du 4 avril) et quelques autres) que la visibilité (ou l’audibilité) que procurent ces échanges contribuent à d’autres formes de revenus (spectacles, prestations télé, produits dérivés).

Et c’est encore sans parler des valeurs hors marché: «Ce décalage entre l’intérêt individuel des titulaires de droits et l’intérêt général des sociétés montre l’incapacité d’un marché des droits de propriété intellectuelle à appréhender tous les effets de la circulation de la connaissance et de la culture. Les économistes parlent dans ce cas d’externalités, pour définir les conséquences d’une activité économique sur la société dont les prix et le marché sont incapables de rendre compte. [...] le marché et le système des prix, fondés sur la rareté, sont incapables d’en rendre compte. Les marchands de culture et de savoir ne peuvent appréhender que ce qu’ils encaissent et vendent, et non les gigantesques bénéfices indirects engendrés.» (P. 157).

Quelle serait donc la solution? Politique. À la fois au sens de «la» politique, mais surtout «du» politique. «... étendre sans limites l’appropriation privée de l’immatériel est voué à l’échec: cette offensive se soldera soit par la dissolution complète du lien social et la stérilité économique généralisée, soit par des conflits toujours plus virulents entre les auto-proclamés propriétaires intellectuels et la gratuité anarchique. L’obstination absurde de l’industrie musicale face au développement de la copie numérique annonce bien les batailles à venir: criminalisation des usages individuels, affrontements stériles entre le public et les ayants droit, incertitude juridique et sociale pour tous. C’est donc l’extension politique de la gratuité qu’il faut viser, la réaffirmation du primat de l’échange social sur le commerce et l’organisation civilisée du non-marchand. L’objectif historique de la propriété intellectuelle est justement de tracer la frontière, mouvante, entre la marchandise et la gratuité. C’est ce sens-là qu’il convient de lui redonner aujourd’hui.» (P. 162)

Généreux, Latrive conclut avec une bibliographie détaillée sur le propos. Les éditeurs, et c’est courant en France, se montrent plus pingres et ne daignent pas constituer un index qui, dans un livre comme celui-ci, serait d’une grande utilité.

Précédemment sur ce blogue :

Comment la crainte de sous-protection engendrera la catastrophe

L’effet zéro du piratage

Musique sur Internet : Et le juge a dit...

L’universitaire, le marchand et le pirate
|

Émeline Michel dans le NYT

Émeline Michel

La chanteuse haïtienne Émeline Michel, que l’on a parfois le plaisir de croiser rue Saint-Denis lors de ses fréquents séjours à Montréal, fait l’objet d’un article dans le New York Times à l’occasion de la sortie de son huitième disque, «Rasin Kreyol». Récemment, dans La Presse, le critique Alain Brunet écrivait «La voilà qui surfe allègrement sur un nouveau CD, Rasin Kreyol, concentré de soleil, de larmes, de sable, de boue, de konpa direct, de rara, de rythmes profanes et sacrés [...] un disque encore mieux fagoté, plus mature, voire un des meilleurs disques de musiques du monde en 2004.» Plus terre à terre, Normand Brathwaite, animateur de l’émission Belle et Bum, commentait comme suit le fait que les choses allaient très bien pour elle : «Quand Émeline Michel a participé à l'émission, elle est venue de New York en avion, pas en autobus.»

Toujours est-il le NYT cite un propos fort pertinent d’Émeline Michel sur Haïti : «“If you only look at the pictures they always show of Haiti,” she said, “we are always begging for something, or in big trouble. Because misery sells. But there is amazing stuff coming out of Haiti at the same time, beautiful art and music. This country has had a lot of suffering and pain and also so much strength and beauty”.»

Que dire de plus...
|

18.11.04

Martin en Haïti

Quelques notes de l’Agence Haïtienne de Presse sur la visite de Paul Martin en Haïti, ses rencontres, ses déclarations.

«Port-au-Prince, 15 novembre 2004 (AHP)- Le premier ministre canadien, Paul Martin, a bouclé dimanche une visite de 12 heures à Port-au-Prince. [...] À l'initiative de chef du gouvernement canadien, une rencontre s'est tenue au Palais National entre des représentants partis et groupes de l'ancienne opposition, le premier ministre intérimaire haïtien, Gérard Latortue et un cadre de Fanmi Lavalas. "Cette rencontre a été d'autant plus importante que Fanmi Lavalas y a participé", a déclaré Paul Martin qui invite le gouvernement intérimaire à créer des conditions pouvant favoriser la participation du parti de Jean-Bertrand Aristide aux prochaines élections. [...] Concernant le mandat d'arrêt international que M. Latortue affirme vouloir lancer contre M. Aristide, Paul Martin a fait savoir que c'est une décision qui relève de la compétence du pouvoir en place et qu'il n'avait pas trop de commentaires à faire sur cette question. Pressé de questions par les journaliste sur une éventuelle participation d'Aristide au discussions agités par différents secteurs, Latortue a répondu : "Aristide est absent du pays, mais s'il revient on va l'intégrer dans ce dialogue". "Je n'ai pas attendu que le premier ministre canadien parle de réconciliation et dialogue pour ensuite emboîter le pas", a fait savoir Gérard Latortue qui s'est même dit à discuter Aristide s'il revenait au pays, alors que deux jours plus tard il faisait part de son intention de lancer un mandat international contre ce dernier.»

Sur cette question du mandat, qu’il soit local ou international, c’est un peu plus ambigu dans AlterPresse : «Concernant le mandat d'arrêt que le gouvernement a l'intention de lancer contre l'ancien président Jean-Bertrand Aristide, le numéro 1 canadien, tout en affirmant ne pas vouloir commenter la décision d'une autorité étrangère, a toutefois fait savoir que son pays va prêter main forte aux autorités judiciaires haïtiennes dont les actions sont lentes, a-t-il estimé.»

Or, le lendemain, l’AHP rapporte : «Port-au-Prince, 16 novembre 2004 (AHP) - Le ministre intérimaire de la justice, Bernard Gousse a indiqué mardi qu'un mandat devra être lancé d'abord en Haïti contre le président Jean-Bertrand Aristide avant l'émission d'un mandat international. Plusieurs responsables de l'ancienne opposition avait salué vendredi (voir le billet du jour) l'annonce faite par le premier ministre intérimaire Gérard Latortue de l'intention de son gouvernement de lancer un mandat international contre M. Aristide qui réside actuellement en Afrique du Sud.»
|

Extrait d’un débat

Débat organisé par «Le Monde» au Théâtre du Rond-Point, à Paris, lundi 15 novembre, en partenariat avec TNS Sofres, avec le soutien de la Banque interaméricaine de développement.

«L'intérêt que portent les États-Unis à Haïti, ce n'est pas purement démocratique. J'ai été chargé du dossier pendant deux ans, comme représentant du secrétaire général des Nations unies. J'ai vécu en Haïti, où j'ai été victime de plusieurs attentats. Qui voulait me tuer? La politique du président Clinton était d'appuyer la solution négociée que nous avions proposée, signée par les militaires et par le président Aristide. Une force paramilitaire a été formée, le FRAP, avec à sa tête un monsieur qui s'appelait Toto Constant qui a empêché la mise en place de la solution négociée. Après trois mois, mes amis américains, avec qui j'avais souffert, m'ont dit : "Toto Constant est sur la feuille de paiement de la CIA." Haïti est la radiographie en chair et en os de la domination en Amérique latine.»

Dante Caputo, ancien ministre argentin des relations extérieures, chargé du rapport sur «La démocratie en Amérique latine» (Programme des Nations unies pour le développement, PNUD, 2004)
|

Montée préoccupante de l'insécurité en Haïti, alerte OCHA

«La détérioration de la sécurité, particulièrement aux Gonaïves est particulièrement préoccupante indique aujourd'hui le Bureau de la Coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) dans un communiqué (en anglais) faisant le point sur la situation à Haïti. Le banditisme et les comportements criminels sont de sérieux obstacles à la mise en oeuvre des programmes humanitaires mais aussi au processus de transition qui permettrait de faire passer le pays d'une situation d'urgence à une phase de réhabilitation et de développement, indique OCHA qui souligne que les anciens membres des Forces armées haïtiennes font preuve d'une audace croissance dans leur façon de se poser en garants de l'ordre public, reprenant ce faisant le contrôle de fait d'un certain nombre de villes.»

Source: Centre des nouvelles des Nations Unies, 17 novembre 2004.
|

14.11.04

Mandat contre Aristide : de la frime selon les organismes des droits

Cité dans AlterPresse : «“Une déclaration pour épater la galerie”. C'est ainsi que le Comité des avocats pour le respect des libertés réagit à l'annonce du lancement prochain d'un mandat d'arrêt international contre l'ancien président Jean-Bertrand Aristide. Le dirigeant du CARLI Renan Hédouville justifie ses réserves par diverses promesses non tenues par le gouvernement de Gérard Latortue concernant notamment la lutte contre l'impunité, l'insécurité et les violations de droits humains. Le directeur exécutif de la coalition nationale pour le respect des droits des Haïtiens (NCHR) Pierre Espérance affiche le même scepticisme, estimant que le gouvernement n'a pas encore fait montre d'une réelle détermination à combattre l'impunité.»

Par ailleurs, selon la chaîne sud-africaine News24, le gouvernement d’Afrique du Sud (qui l’a accueilli en mai dernier) n’entend pas extrader Jean-Bertrand Aristide même si un mandat était lancé contre lui. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ronnie Mamoepe, l’Afrique du Sud n’a pas de traité d’extradition avec Haïti.

Entretemps, le premier ministre Paul Martin effectue ce dimanche 14 novembre une visite-éclair en Haïti.
|

12.11.04

Haïti : Amnesty International demande une commission d’enquête indépendante

Source : Amnesty International

«- Mardi 26 Octobre, Fort National, à Port-au-Prince, des individus apparemment identifiés comme des membres de la police font irruption dans une maison et tuent au moins 7 personnes.

- Mercredi 27 Octobre, Carrefour Péan, Port-au-Prince, 4 jeunes sont exécutés en pleine lumière du jour dans la rue par des individus portant des uniformes noirs et des cagoules. Leurs voitures ont été identifiées par des témoins comme des patrouilles de police.

- Martissant, Octobre. Un enfant de la rue âgé de 13 ans est arrêté près du Théâtre National par des policiers de la marine. Au commissariat il est questionné sur les caches des chimères et sauvagement battu par des policiers alors qu’il était toujours menotté et ses yeux étaient bandés.

- Martissant, 20 Octobre. Un homme est arrêté devant témoins par des individus en uniforme noir et portant des cagoules. On lui enfile un sac de plastique sur la tête avant d’être sauvagement battu. Il a été mis en détention dans un commissariat de la capitale.

Au terme d’une visite de 18 jours pendant laquelle une délégation d’Amnesty International dirigée par Javier Zúñiga, Conseiller spécial de la Secrétaire générale de l’organisation, s’est rendue à Port-au-Prince, Mirebalais, Hinche, Cap-Haïtien, Gonaïves et Petit-Goâve, l’organisation des droits humains a conclu qu’il existe de sérieux problèmes dans le fonctionnement de l’administration de la justice en général et du fonctionnement de la police en particulier. Ces problèmes doivent être adressés d’urgence par le gouvernement de transition.

Amnesty International est profondément préoccupée par les informations recueillies de sources indépendantes indiquent des violations graves des droits humains telles que des arrestations arbitraires, mauvais traitements dans les lieux de détention et exécutions extrajudiciaires aux mains d’éléments de la Police Nationale d’Haïti.

[...]

D’autre part, Amnesty International s’est étonnée du nombre croissant de personnes détenues par la Police Nationale sans que le processus légal ait été respecté. De ce fait, la détention prolongée contre plusieurs personnes arrêtées, sans que des chefs d’accusation aient été portés, détermine l’illégalité de ces arrestations.»
|

11.11.04

Un homme et son peuple

«La stature d'un dirigeant ne se mesure pas seulement à l'importance de ses réalisations mais aussi à l'importance des obstacles qu'il a eu à surmonter. Dans ce domaine, Arafat est sans équivalent dans le monde. Aucun autre dirigeant de notre génération n'a été confronté à des expériences aussi cruelles et à de telles adversités.»

Uri Avnery
|

Coupures à la BBC

Pour donner suite à un rapport d’une commission du ministère britannique de la Culture, des Médias et des Sports, la BBC devra couper dans son effectif. On se saura pas avant décembre quelle sera l’ampleur de ces coupures, 50 % de l’effectif de 28 000 selon le Evening Standard, ou environ 6 000 selon The Independent qui cite des «insiders».

Un porte-parole de la «Beeb» a confié à l’agence Reuters qu’en fait, quatre examens distincts étaient en cours sur les opérations du réseau sur le plan commercial, le rendement sur investissement, la sous-traitance de la production de certaines émissions, et la décentralisation des services administratifs et de production sur le territoire britannique.

Certains y verront un règlement de compte de la part du gouvernement pour ce qui a été convenu d’appeler l’affaire Kelly (voir L’Humanité), d’autres une réorientation inévitable des activités du réseau public de diffusion.

Il importe toutefois de voir comment ces coupures risquent d’affecter le site Web de l’information de la BBC, sans contredit un des meilleurs sites du genre sur la toile.

À titre de service public, la BBC est principalement financée (94 %) par les droits de licence perçus auprès des propriétaires de téléviseurs. Cette licence coûte 256  dollars CAD par année pour un téléviseur couleur, et 85 dollars CAD pour un téléviseur noir et blanc. Selon ITWeek, l’ensemble des opérations de la BBC sur Internet, tous services confondus, coûte 220 millions de dollars CAD par année. Cette somme équivaut à 3,9 % du budget total de la BBC qui est de 5,5 milliards de dollars CAD.

Or, certains critiques de la BBC et de ses sites Web (culture, arts, sports, nouvelles) estiment que ce type de financement est injuste pour les payeurs de licence, car seulement environ 60 % d’entre eux auraient accès à Internet, donc aux services en ligne de la BBC.

Par ailleurs, le service des nouvelles recevait en juillet dernier l’appui de la secrétaire à la Culture Tessa Jowell qui a mené un examen des services en ligne de la BBC. D’une part, elle excluait le service des nouvelles en ligne d’une directive générale visant à accorder 25 % de la production en sous-traitance, et recommandait d’accorder, dans les services de la BBC offert sur Internet, la priorité au service des nouvelles et des affaires publiques.

Il faudra donc attendre en décembre pour savoir dans quelle mesure les coupures d’effectif toucheront les services en ligne de la BBC. Espérons ne pas avoir à déplorer la perte de ressources pour un des meilleurs sites d’information sur le Web.

Mise à jour : 14 novembre

Le site de nouvelles de la BBC vient de se mériter le Prix d’excellence de journalisme en ligne décerné par la Online Journalisme Association.
|

10.11.04

Le fureteur Firefox 1.0 : ne vous en privez pas

FirefoxJe citerai mon copain Pisani qui écrit sur son nouveau blogue : «La conférence BlogOn qui s'est tenue à Berkeley en juillet dernier m'a donné l'occasion de vivre cette scène mémorable: un représentant de Microsoft a demandé à une salle de près de 300 personnes "qui utilise Explorer?" et a dû constater à sa grande stupéfaction que la réponse était… personne. La plupart avaient adopté Firefox.»

Ce n’est pas peu dire, Firefox réussit à ébranler la domination d’Internet Explorer de Microsoft. Vérification fait ce matin, 16 % des consultations de ce blogue se font grâce au fureteur Firefox. D’accord, Internet Explorer compte encore pour 61 % de l’achalandage, les diverses moutures de Netscape pour 9 %, et Safari pour 6 %, mais c’est quand même remarquable pour un produit aussi récent. Selon PCPro, la Mozilla Foundation (qui a piloté le projet) espère que Firefox s’appropriera 10 % du marché des fureteurs aux États-Unis en 2005.

D'ailleurs, le thème de promotion retenu pour les «affiliés» de Firefox tourne autour de la redécouverte, de la réappropriation du Web, de la sécurité (Rediscover the Web, Take back the Web, The Browser You Can Trust), toutes des allusions au concurrent Microsoft.

Interface disponible en 16 langues, possibilité de bloquer l’ouverture des fenêtres contextuelles (pop-up), importation des «favoris» d’IE ne sont que quelques-unes des caractéristiques astucieuses de Firefox.

Mais la conception de cette version 1.0 de Firefox ne s’est pas faite sans heurts. Au lendemain de son lancement, la Mozilla Foundation admettait que les versions précédentes comportaient des failles de sécurité, et suggérait de télécharger la nouvelle version (voir détails dans eWeek).

Mozilla a bien d’autres projets en cours, dont un logiciel de courriel, fil RSS et lecteur de forum de discussions (Thunderbird, en version 0.9) et un logiciel de calendrier (Sunbird).

Et si on croyait que Google préparait lui-même son propre fureteur, on ne peut l’accuser de faire entrave à Firefox. Google a mise en ligne une page de départ et de promotion consacrée à Firefox, une première selon nous. On peut y lire des messages comme «Bienvenue dans Firefox 1.0, le nouveau navigateur facile à utiliser de Mozilla.», «Plus de 100 thèmes et extensions sont disponibles sur update.mozilla.org pour personnaliser Firefox.», «Marre du spam? Téléchargez Thunderbird, la messagerie qui accompagne Firefox à la perfection», «Plus de 100 moteurs de recherche peuvent être installés dans la barre de recherche pour accéder plus rapidement à des sites comme Google, Amazon et eBay.», «Avec les marque-pages dynamiques, vous pouvez afficher les flux RSS de vos sites d'actualité et blogs préférés.».

Autrement dit, si le rouleau compresseur Google pave la voie, Firefox ira loin.
|

8.11.04

10x10

Jonathan Harris nous propose 10x10, un instantané de notre monde en 100 mots/images tirés du service de nouvelles Reuters, de l’édition internationale du site de la BBC et du service international du New York Times. Une fois l’heure, 10X10 parcourt les fils RSS de ces sources et effectue une pondération linguistique des 100 mots les plus récurrents, puis leur apparente des images tirées des mêmes sources.

Un regard parfois perturbant. À voir, pour l’expérience.
|

7.11.04

Foreign Policy: Web of Influence

«Blogging is almost exclusively a part-time, voluntary activity. The median income generated by a weblog is zero dollars. How then can a collection of decentralized, contrarian, and nonprofit Web sites possibly influence world politics? Blogs are becoming more influential because they affect the content of international media coverage. Journalism professor Todd Gitlin once noted that media frame reality through “principles of selection, emphasis, and presentation composed of little tacit theories about what exists, what happens, and what matters.” Increasingly, journalists and pundits take their cues about “what matters” in the world from weblogs. For salient topics in global affairs, the blogosphere functions as a rare combination of distributed expertise, real-time collective response to breaking news, and public-opinion barometer. What’s more, a hierarchical structure has taken shape within the primordial chaos of cyberspace. A few elite blogs have emerged as aggregators of information and analysis, enabling media commentators to extract meaningful analysis and rely on blogs to help them interpret and predict political developments.»
|

BloggerCon III

C’est ce samedi 6 novembre que se tenait à la faculté de droit de Stanford la troisième édition de la conférence BloggerCon consacrée rien de moins à l’art et à la science des blogues. Les sujets traités allaient de la vie émotive des blogues aux rapports entre les blogues et le journalisme, en passant par la possible rentabilité des blogues, et évidemment le rôle que les blogues ont joué dans la récente élection présidentielle étasunienne, et pourraient jouer dans les futurs scrutins un peu partout.

Sur ce dernier point, Ed Cone, l’animateur de l’atelier, estime que cette élection a vu naître la version 1.0 des blogues sur la politique, et qu’il s’agit maintenant de faire évoluer la formule et de déterminer plus clairement les attentes, les limites et les possibilités des blogues.

Pour sa part, Mary Hodder de la faculté de journalisme de Berkeley a animé un atelier sur les valeurs fondamentales du Web appliquées aux blogues, et dans ce sens rejoint un peu la quête de légitimité qui hante tant de blogues parce que la formule est constamment vilipendée par la presse traditionnelle.

Elle propose entre autres une réflexion sur cinq valeurs qu’elle croit nécessaires au processus de publication des blogues (et j’ajouterais que les médias traditionnels auraient aussi intérêt à adopter).

1. La transparence des rapports que nous entretenons et des motivations que nous avons pour écrire et citer/sélectionner des hyperliens en guise de références.
2. La transparence de l’identité, y compris pour les personnes qui écrivent sous des pseudonymes.
3. L’excellence du contenu, par lequel elle entend des blogueurs qui écrivent honnêtement ce qu’ils croient vrai, même s’ils se voient contredits par la suite, par opposition à ceux qui écrivent ce qu’ils savent être des faussetés.
4. L’indépendance rédactionnelle.
5. L’attribution des idées et des inspirations par les hyperliens.

Enfin, Doc Searls publie sur son blogue la journée en photos, et les commentaires dans la blogosphère anglo-saxonne sont disponibles chez Technorati.
|

6.11.04

Élections, Web et blogues

Comme on pouvait s’y attendre, les élections de mardi dernier aux États-Unis ont entraîné une consultation à la hausse de certains sites Web comme le rapporte News.Com.

Ainsi, pour la journée du 2 novembre, le Washington Post a enregistré 1,1 million de visites (+98 % par rapport à sa moyenne quotidienne), le réseau de télévision Fox 1,8 million de visites (+73 %), CNN 5,6 millions (+63 %), le site de Matt Grudge 980 000 (+60 %), le New York Times 944 000 (+32 %).

On a également constaté une hausse de consultation des blogues, mais sur certains sites seulement semble-t-il. Si DailyKos (86 000 visites, +260 %) et Wonkette (aucune chiffre absolu disponible, mais une hausse de 240 % selon les responsables) ont connu un fort achalandage, les services d’édition Blogger (333 000 visites, +10 %) et Typepad (95 000 visites, +30 %) ont certes vu une hausse des activités, mais moindre que celle à laquelle on se serait attendu. C’est évidemment sans compter les très nombreux blogues qui sont publiés sous d’autres plate-formes, commerciales ou indépendantes.

On sait que pour une bonne partie, la blogosphère s’est politisée dans les mois et semaines qui ont précédé le scrutin. Y a-t-il une vie après les élections pour les blogues politiques de diverses tendances? Selon un article du Wall Street Journal, certains éditeurs de blogues sont sceptiques.

Markos Moulitsas de DailyKos (pro-Kerry) a enregistré des revenus publicitaires de 10 000 $ par mois depuis six mois, et de 20 000 $ dans chacun des deux mois précédant l’élection. Il s’agissait de publicités liées à des campagnes électorales, et cette source s’est évidemment tarie. Par contre, John Hinderaker de Power Line (pro-Bush) a touché environ 7 000 $ en publicité au cours des deux derniers mois, mais a déclaré au WSJ avoir reçu deux nouveaux contrats de publicité pour son blogue jeudi dernier.
|

5.11.04

À propos de luminothérapie

Ce n’est que le début de l’automne, mais déjà certaines personnes de mon entourage me parlent de trouble affectif saisonnier (TAS), et de luminothérapie dont ils me savent adepte. C’est que, depuis trois ans, durant les mois d’hiver, j’utilise une lampe à haute intensité lumineuse qui reproduit le spectre de la lumière solaire. Je l’utilise comme lampe de travail dans mon bureau, et j’ai constaté des effets très positifs dès les premiers jours d’utilisation. Ceci n’est pas une réclame, mais j’utilise une SADelight du fabricant montréalais Northern Light Technologies.

Qu’est-ce que le TAS? Northern Light Technologies le définit ainsi  «La dépression saisonnière ou "trouble affectif saisonnier" est une forme de dépression qui se manifeste surtout en automne et en hiver, quand les jours raccourcissent et que la luminosité diminue. Une des caractéristiques de cette forme particulière de dépression est son aspect saisonnier. Dans les nombreux articles qui traitent de ce sujet, on retrouve aussi parfois les expressions "déprime hivernale", "winter blues" ou "bleus de l'hiver".» Certaines études ont révélé que la luminothérapie peut convenir comme traitement pour 80 % des personnes affectées par le TAS.

J’avouerai que ces lampes ne sont pas données, mais qu’il y a de fortes chances qu’elles pourraient vous aider à combler la carence lumineuse qui accompagne l’hiver sous nos latitudes.

Si vous voulez en savoir davantage sur la luminothérapie, le fabricant finlandais d’appareils de luminothérapie Valotaina Oy a une section d’information bien étoffée, et en français, sur son site Web, sans oublier le dossier très complet du Réseau Proteus.

On y apprend, entre autres, le fonctionnement du «simulateur d’aube», autre arme dans l’arsenal de lutte à la déprime hivernale. «Cet appareil reproduit les conditions d'un lever de soleil, et sert de réveille-matin. Plutôt que d'être tiré du sommeil brusquement par une alarme ou la radio, l'appareil vous éveille en douceur en commençant à éclairer progressivement la chambre, à une heure préprogrammée. Par exemple, pour un lever à 7 h, la lumière pourra s'allumer doucement dès 6 h ou 6 h 30, et atteindre son maximum d'intensité à 7 h.»

Lux Fiat!
|

Nous sommes tous Américains?

Le 13 septembre 2001, l’éditorialiste du quotidien français Le Monde, Jean-Marie Colombani, écrivait «Nous sommes tous Américains», une phrase largement reprise par de nombreux commentateurs.

Ce jeudi 4 novembre 2004, Colombani écrit : «Enfin, nous n'avons plus d'échappatoire, car nous ne pouvons plus croire à des retrouvailles transatlantiques, faites de consultations et d'appréciations partagées entre gens d'un même univers. Même si l'Amérique des frontières, celles du Nord-Est et de l'Ouest, a montré par son vote démocrate sa proximité avec le Vieux Continent, le cœur de l'Amérique, celle qui, du nord au sud, occupe tout l'espace central, ce coeur de l'Amérique de Bush est bel et bien un monde à part.»
|

3.11.04

Silicon Valley - Dan Gillmor'

"More tomorrow. But I sign off with this thought: We will not recognize America in four more years. That will make half of America giddy. It will terrify the other half."
|