26.2.05

Recherche dans les blogues sur Turboscout

Un étudiant taïwanais a mis au point une page rassemblant plusieurs moteurs de recherche baptisée Turboscout qui simplifie tous les types de recherche. Depuis la page d’accueil, on a accès à sept catégories, soit Web, images, ouvrages de référence, nouvelles, produits, audio/vidéo et blogues.

La fonction d’intérêt ici pour nous est celle qui permet d’effectuer une recherche uniquement dans les blogues sur neuf services, soit blo.gs, Blogdex, Blogdigger, Blogwise, DayPop, Fastbuzz, Feedster, MSN Spaces et Technorati, en plus des groupes Google et Yahoo.

Une fois la recherche lancée, Turboscout s’affiche en deux écrans. L’écran inférieur rapporte les résultats de Google pour le ou les mots clés choisis, alors que l’écran supérieur conserve la fenêtre d’interrogation et les mots clés, ainsi que les noms des neufs services cités plus haut. Il ne s’agit alors que de cliquer sur l’un ou l’autre pour relancer la recherche spécifiquement dans ce service.

Le seul hic est que plusieurs des services qui permettent une recherche dans les blogues ont de la difficulté à digérer les caractères accentués, tout comme chez Blog Search Engine, problème auquel il serait intéressant de remédier.
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Le Gannongate et le silence des MT

Eric Boehlert dans le netmag Salon s’interroge à bon droit sur le silence des médias traditionnels (MT) dans l’affaire du Gannongate (voir Les blogues et l’affaire Wilson/Plame du 1er février, Daily Kos et le «gannongate» du 9 février et Gannon/Guckert : encore des retombées du 11 février.

Dans son article See no Gannon, hear no Gannon, speak no Gannon, Boehlert écrit : «Normalement, des révélations à l’effet qu’un ex-prostitué mâle, travaillant sous un faux nom (Jeff Gannon) pour le compte d’une fausse agence de presse ait eu accès à la Maison-Blanche, sans devoir se prêter à la moindre vérification de sécurité, dans le but de poser des questions complaisantes aux porte-parole de l’administration, constitueraient un grosse nouvelle.»

L’affaire refuse de s’éteindre. La fausse agence de nouvelles, Talon News, se dit en «restructuration». Le principal intéressé, James D. Guckert alias Jeff Gannon reprend son blogue et tente de recueillir des fonds pour riposter aux attaques de la «gauche».

Par contre, selon Boehlert, les chaînes ABC et CBS n’ont à aucun moment traité de l’affaire dans leurs nombreuses émissions d’information depuis son début. Pour sa part, la chaîne NBC a diffusé trois courts reportages. La situation dans l’imprimé n’est guère plus reluisante, la plupart des grands quotidiens ont été muets sur l’affaire. Ce n’est qu’hier (25 février) que le Los Angeles Times a abordé pour un première fois la question. Leo Wolinsky, adjoint au chef de la rédaction du Times, déclare  «C’est un peu tard. Peut-être avons-nous été un peu lent à reconnaître que l’affaire revêtait un intérêt public.»

Plusieurs qui suivent l’affaire, comme l’organisme de veille des médias Media Matters relèvent une dichotomie dans les MT face à l’affaire Gannon/Guckert. Aucun des cinq plus importants quotidiens (USA Today, le Wall Street Journal, le New York Times, le Los Angeles Times et le Washington Post) n’a consacré d’éditorial à quelque aspect que ce soit de l’affaire (propagande, sécurité, passé douteux de Guckert). En trevanche, une dizaine de journaux locaux ont traité de l’affaire en page éditoriale.

Boehlert met en contrepoint au Gannongate la nouvelle sur Edward Lee Pitts, correspondant en Irak du Chattanooga Free Times Press, qui aurait aidé un enrôlé de la garde nationale à formuler une question «difficile» au secrétaire d’État à la Défense Donald Rumsfeld en tournée d’inspection de troupes en décembre dernier. La question portait sur le manque de matériel adéquat de protection des militaires envoyés au front. En moins de 24 heures, la suggestion de question formulée par Pitts était devenue la grande nouvelle dans les MT, éclipsant le fait que les troupes manquaient effectivement de matériel. Boehlert écrit : «Contrairement à Guckert, critiqué pour ses questions complaisantes aux porte-parole de l’administration, Pitts a été accusé d’avoir aidé à poser une question trop “difficile”.»

Il y a aussi dans le Gannongate, comme le souligne Boehlert, l’aspect sexe que les MT trouvent gênant d’aborder, malgré toutes les preuves à l’effet que Gannon/Guckert ait travaillé comme escorte mâle et ait posé en tenue légère sur des sites Web gays.

Je jasais de cette affaire de Gannongate cette semaine avec une amie qui a toujours une vue perspicace des choses. Son commentaire : «Et qu’est-ce qui serait arrivé si Gannon avait été une femme?»
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Stranger in a strange land, 2.0

Thomas Cantaloube, correspondant à Washington du Parisien, de Marianne et de La Vie, m’écrit pour m’annoncer la reprise de son blogue Stranger in a strange land laissé en friche depuis dix mois pour cause d’écriture d’un livre, Chirac contre Bush : L'autre guerre écrit en collaboration avec Henri Vernet.

La semaine dernière, Cantaloube écrivait : «Bush est toujours Président, Rumsfeld dirige toujours le Pentagone, Scott McClellan continue ses briefings pour ne rien dire, l'Irak ressemble toujours à un bourbier, on ne sait toujours pas qui a balancé Valerie Plame, les Frenchies n'ont toujours pas la côte (même si cela s'améliore)... Bref, rien de bien neuf. Alors, pourquoi reprendre ce blogue?» En clin d’oeil, quelques motifs : «Parce que je ne souhaite pas laisser le terrain libre à mes petits camarades de Libé, du Monde ou du Figaro. Parce que j'ai un nouveau projet de livre en cours et besoin de réfléchir à voix haute (c'est essentiellement cela un blogue).»

Welcome back, Stranger.
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24.2.05

La revue des blogues de Slate

Today's BlogsLe netmag Slate, propriété du Washington Post depuis décembre, vient d’ajouter une rubrique à son menu soit Today’s Blogs, une revue de presse de ce qui s’écrit sur certains des blogues d’actualité étasuniens. On lisait déjà la revue de presse des grands quotidiens, Today’s Papers, et cette nouvelle chronique tenue par Bidisha Banerjee est un ajout apprécié au panorama de l’actualité, en plus d’une reconnaissance de la qualité du contenu de plusieurs blogues.
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21.2.05

Hunter S. Thompson, 1939-2005

Hunter S. ThompsonLa semaine commence mal. De Reuters, «Le journaliste et écrivain américain Hunter S. Thompson, symbole de la contre-culture américaine, auteur notamment du roman "Las Vegas Parano", s'est suicidé dimanche soir dans sa maison d'Aspen, au Colorado, a-t-on appris de source policière.»

Extrait des Chroniques de Cybérie, 4 octobre 1996 : «Chaque présidentielle américaine me rappelle celle de 1968, l'année où l'hebdomadaire de la contreculture de l'époque, Rolling Stone, avait résolu de s'écarter en partie de ses thèmes habituels (musique, cinéma, arts, marijuana) pour accorder une place importante à la présidentielle Nixon/McCarthy dans ses pages. Mais encore fallait-il trouver une formule, qui plus est un chroniqueur à la mesure des attentes du lectorat assez particulier qu'avait Rolling Stone. Solution : un des pères du gonzo moderne, Hunter S. Thompson, qui avait déjà à l'époque commis un livre sur les Hell's Angels. Le gonzo, c'est un style qui favorise l'emploi de la première personne du singulier, où l'esprit de l'observateur se partage étroitement avec celui de ceux et celles qui le lisent, et qui trouve son origine chez H.K. Mencken circa les années vingt. À ne pas confondre avec une autre tendance populaire des années soixante, le néo-journalisme, que pratiquait Tom Wolfe et Truman Capote, très personnel aussi, mais quand même différent. Selon le literati Stephen Walt Pitalo, "le néo-journalisme est une recherche de la précision, le gonzo une quête de la vérité". Et comme toujours, tout est là, dans la nuance...»

Extrait des Chroniques de Cybérie, 3 octobre 1997 : «Nous vous avons déjà dit pourquoi nous tenions l'oeuvre de Hunter S. Thompson en haute estime. Mis à part les souvenirs personnels, le personnage a influencé tout un pan de génération du journalisme américain dans les années soixante et soixante-dix, père de l'école de journalisme gonzo qu'il définit comme un style fondé sur l'idée de William Faulkner que la bonne fiction littéraire est tellement plus "vraie" que n'importe quelle forme de journalisme. Le gonzo, c'est le reportage devenu psychodrame. C'est le journalisme en immersion totale, loin des 400 canaux push et cast commandités par les relationnistes de presse et de la prévisibilité du clique de la souris ou de la télécommande qui caractérise notre fin de soirée, de décennie, de siècle, de millénaire.

Irrévérencieux comme l'époque et ses figures politiques le méritaient, mis au ban par les autres journalistes qui n'en continuaient pas moins de le lire attentivement, de le citer, de le caricaturer et d'envier secrètement sa liberté de pensée, l'homme a marqué une époque.

Verrait-on sur le radar météo du journalisme l'approche d'un système de perturbations venant tout droit de Woody Creek, Colorado? Pas vraiment, le confort et l'indifférence se sont trop bien ancrés dans les moeurs journalistiques; la rectitude politique, bien que décriée, fait en sorte que le pire écart aux bonnes moeurs d'un membre de la presse d'aujourd'hui équivaut à peu près au gamin qui prononce le mot "pipi", à table, devant les invités de ses parents horrifiés. Cependant, on édite la correspondance de Thompson, on réédite ses livres, on tourne un film sur un des classiques de son oeuvre, Fear and Loathing in Las Vegas avec en vedette dans le rôle de Thompson, nulle autre que la star montante Johnny Depp.

[...]

Fear and Loathing, la peur et le dégoût. C'est un des thèmes récurrents de l'oeuvre de Thompson et, d'après le biographe Sven Birkerts, c'est "ici que l'on perçoit le véritable registre de Thompson. Comme Lenny Bruce, Norman Mailer ou Allen Ginsberg à leur meilleur, il a trouvé une façon de dire ce qui méritait d'être dit. Peu de gens ont la témérité de dévoiler ainsi la profondeur de leur rage."

Pour Birkerts, c'est un ensemble de documents prenants, saisissants, passionnants, où on apprend entre autres l'origine du fameux Fear and Loathing. C'est l'assassinat de John F. Kennedy, en novembre 1963, qui a cristallisé chez Thompson sa perception de peur et de dégoût pour la société américaine, ses establishments et "powers that be" et leurs intendants.»

À consulter, le site de Christine Othitis Bennett The Great Thompson Hunt.

Mise à jour, 23 février :

As Gonzo in Life as in His Work
No one categorization covers this new form unless it is Hunter Thompson's own word, gonzo. If so, in the 19th century Mark Twain was king of all the gonzo_writers. In the 20th century it was Hunter Thompson, whom I would nominate as the century's greatest comic writer in the English language.
- Tom Wolfe

The minuteman of the Rockies
I'm not that crazy about the gonzo school, or any other version of the new journalism either, but Thompson's signature style was not always, or not entirely, about faxing unedited notes or having his life insurance cancelled by Jann Wenner. He was, above all, a highly polished hater, and could fuel himself as well as ignite others with his sheer contempt for Richard Nixon and all that he stood for.
- Christopher Hitchens

To Write Like Hunter S.
The greedy little hustlers are still running this country, 32 years later. Good writing only goes so far, no matter how compelling the opening paragraph.
- Ed Quillen
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20.2.05

Typologie de blogueurs

À propos de mon billet du 21 janvier (Blogues, journalisme et crédibilité) dans lequel j’écrivais qu’il fallait éviter de confondre les divers types de blogues, Jon Garfunkel m’a écrit pour porter à mon attention sa typologie des blogues, Deconstructing Blogs: Presenting Blogger Archetypes.

Garfunkel met la table pour son exposé en citant Robert Cox, un des organisateurs de la conférence Blogging, Journalism & Credibility qui dans son blogue se penche sur la terminologie des blogues. Cox écrit : «Je m’inquiète de l’utilisation trompeuse du terme générique “blogueur”. C’est un terme vide de sens. Au mieux, c’est une expression fourre-tout pour laquelle chacun a sa propre définition.[...] Si on est incapable d’en arriver à une définition adéquate de ce qu’est “bloguer”, nous devrons élaborer une nouvelle terminologie pour décrire les personnes, les organismes, les logiciels, les services, et les motivations que, de manière paresseuse, nous confondons tous en un seul lot, les “blogues”.»

Abondant dans le sens de Cox, Garfunkel soumet qu’il faut cesser de décliner le substantif blogue. «Sur le plan linguistique, c’est un piège. Le substantif générique (blogue) s’est décliné en verbe (bloguer) puis en substantif de rôle (blogueur), ce qui donne qu’un blogueur blogue sur son blogue.»

Il y a eu évolution depuis l’arrivée des blogues note Garfunkel. En 2000, les blogues servaient à filtrer ou à écumer le Web. L’arrivée de logiciels plus conviviaux a vu la possibilité de publier des billets de style journal, et arrive alors la dichotomie entre ceux qui ne diffusaient que des liens, et ceux qui ajoutaient des commentaires de leur crû (linkers vs. thinkers). Mais cette typologie précoce n’a pas tenu la route bien longtemps, surtout à cause de la nature et des motivations très diverses des commentateurs.

Ceci nous amène à la conférence sur les blogues, le journalisme et la crédibilité, et au rôle des blogueurs improvisateurs (wingers) qui selon Garfunkel exacerbent l’apparent conflit entre blogueurs et journalistes. Très vite émerge une seconde catégorie, les carillonneurs (ringers) qui n’ont pas a défendre leur crédibilité, et les enfileurs (stringers) qui cherchent à s’en construire une. Le tout n’aurait pas été complet sans les bardes (singers) et les spécialistes (fingers), ces derniers s’apparentant aux improvisateurs, mais en mieux.

Tentons de nous y retrouver.

Les bardes (singers) constituent la majorité de ceux et celles qui bloguent. Caractéristique première : ils ne traitent jamais de politique. Si Garfunkel les appelle les bardes, c’est en référence à la poésie de Walt Whitman qui utilisait cette notion pour décrire la célébration de soi, de l’égo, de son petit monde. À cet égard, la notion rejoint celle de David Weinberger et du complexe d’athenticité.

Puis, Garfunkel identifie les improvisateurs (wingers) qui dans la majorité des cas bloguent sur l’actualité en écrivant chaque jour de nombreux billets relativement courts. Il souligne que la plupart des doléances des journalistes à l’égard des blogueurs ont trait aux improvisateurs, surtout ceux qui bloguent sur la politique.

Il y a ensuite les spécialistes (fingers). Comme les improvisateurs, ils commenteront certains volets de l’actualité, mais ils connaissent à fond les sujets dont ils traitent, les mettront en contexte, vérifieront leurs sources, seront plus sélectifs. Ils affichent habituellement moins de parti pris et plus d’indépendance que les improvisateurs.

Les carillonneurs (ringers) jouissent déjà d’une notoriété et utilisent leurs blogues comme voie alternative d’expression. Personnalités publiques, ils n’ont pas à commenter la nouvelle, ils la font. Pour eux, selon Garfunkel, un blogue est une manifestation symbolique de leur statut. Ils adorent la blogosphère car elle leur permet de briller sur une autre plate-forme que celle à laquelle ils sont habitués.

Enfin, les enfileurs (stringers) sont un peu les coureurs de fond de la blogosphère. Ils ne sont ni bardes ni spécialistes, mais espèrent se tailler une crédibilité à force de travail et de patience et ils ne publient presque uniquement que des textes originaux. Ils seraient mêmes les moins attachés à la formule blogue, misant avant tout sur la publication de leurs écrits, peu importe la plate-forme.

C’est sans prétention que Garfunkel nous propose cette typologie qu’il reconnaît sommaire, mais dont on voit l’utilité pour tenter de cerner ce qui motive la tenue d’un blogue. On pourrait ajouter les formes hybrides de blogues, selon les dispositions changeantes de leurs auteurs. D’ailleurs, Garfunkel écrit : «Je crois que les résultats les plus intéressants seront ceux qui réussiront à combiner des éléments empruntés à divers types».
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18.2.05

«C’est un diplomate...»

NegroponteVoilà une des phrases utilisées par George W. Bush pour décrire John D. Negroponte, le nouveau grand patron des services de renseignement des États-Unis.

Ce n’est pas tout à fait faux. Negroponte a été à l’emploi du service des affaires étrangères de 1960 à 1997, et a servi comme ambassadeur auprès des Nations Unies de septembre 2001 à juin 2004 avant d’être nommé ambassadeur en Irak. Voir sa biographie sur Wikipedia.

Le problème, c’est qu’il a été une des personnes au centre de l’affaire Iran/Contra visant à combattre les sandinistes nicaraguayens, et qu’il a camouflé les opérations de la CIA au Honduras durant son mandat comme ambassadeur (1981 à 1985), période qui a par ailleurs vu l’aide militaire étasunienne passer de 4 à 77,4 millions de dollars par année.

Ce 17 février, on lit dans Newsweek que le milieu du renseignement aux États-Unis se réjouit de la nomination de Negroponte. Pourquoi? «En partie parce qu’il s’est mérité le respect de bien des membres du milieu du renseignement depuis la doctrine de contre-insurrection sous l’administration Reagan. “C’est un type qui sait jouer dur. Il comprend tout l’éventail du contre-espionnage, du renseignement et des opérations clandestines” affirme John MacGaffin, l’ex-directeur adjoint aux opérations de la CIA.

En Irak, on a entendu parler de l’«option salvadorienne». Au cours des années quatre-vingt, sous l’administration Reagan, les États-Unis avaient appuyé et financé au Salvador des escadrons de la mort pour éliminer les dissident politiques. Le 14 janvier dernier, toujours dans Newsweek, on apprenait que les États-Unis envisageaient une telle opération pour mater la violence en Irak. Negroponte, le diplomate, a-t-il participé à ces réflexions?

Y aurait-il un lien entre Negroponte, une hypothétique application du modèle salvadorien en Irak, et l’assassinat de 310 scientifiques irakiens et 120 imams et personnalités religieuses depuis la chute de Bagdad? (Voir les articles de Ghali Hassan du 21 novembre 2004 et du 24 janvier 2005).

«C’est un diplomate...» Avant d’entrer en fonction, Negroponte devra recevoir l’aval du Sénat (majoritairement républicain). D’ici là, verra-t-on la presse soulever certains éléments assez sombres de sa carrière? Chose certaine, les blogueurs sont sur la piste, à commencer par DailyKos.

Negroponte en quelques textes :

When a wave of torture and murder staggered a small U.S. ally, truth was a casualty
Baltimore Sun, 11 juin 1995

Torturers' confessions
Baltimore Sun, 13 juin 1995

A survivor tells her story
Baltimore Sun, 15 juin 1995

A carefully crafted deception
Baltimore Sun, 18 juin 1995

Former envoy to Honduras says he did what he could
Baltimore Sun, 15 décembre 1995

Our Man in Honduras
New York Review of Books, 18 octobre 2001

John Negroponte : Du Honduras à l’Irak, en passant par l’ONU
The Council on Hemispheric Affairs, 1er mai 2004

Negroponte, le nouvel ambassadeur US en Irak
Radio Air Libre, automne 2004

Negroponte: The Right Man for the Job but for the Wrong Reasons
Council of Hemispheric Affairs, 17 février 2005
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17.2.05

Deux mois après...

... ma lettre adressée au maire de Montréal, M. Gerald Tremblay, concernant l’affaire Roadsworth, une réponse dont voici le texte intégral.

Bonjour,

Le maire de Montréal, M. Gérald Tremblay, a bien reçu votre courriel relatif aux activités de l'artiste Peter Gibson, surnommé Roadsworth, sur la voie publique à Montréal. Veuillez excuser le délai bien involontaire à vous répondre.

Permettez-moi, dans un premier temps, de vous rappeler les faits. Le 29 novembre 2004, vers 5 h 00, la police a procédé à l'arrestation de M. Peter Gibson, pris en flagrant délit et en possession de pochoirs et de bombes de peinture. S'en est suivi deux perquisitions où des éléments de preuve ont été trouvés. Suite à l'enquête policière, M. Gibson a été accusé de 53 chefs de méfaits (graffitis sur la chaussée). Il a été libéré sous promesse de comparaître assortie de conditions servant à prévenir les récidives.

D'un point de vue légal, la police a fait son travail, faisant respecter la loi et les règlements municipaux qui n'ont d'autres buts que d'assurer la sécurité publique. Elle ne doit pas et n'a pas porté un jugement de valeur sur le travail de M. Gibson et ne peut donc être blâmée pour son intervention.

Ceci dit, au cours des dernières années, la Ville de Montréal et ses arrondissements ont accordé de nombreux permis d'occupation aux artistes en arts visuels, qui souhaitaient utiliser le domaine public. Chaque demande est étudiée en fonction notamment du maintien de la sécurité publique. À titre d'exemple, la Ville de Montréal autorise chaque année l'événement Nuit blanche sur tableau noir, à l'occasion duquel les artistes utilisent la chaussée de l'avenue du Mont-Royal.

Pour en revenir à M. Gibson, légalement, nous ne pouvons intervenir dans le processus judiciaire mais croyez bien que nous espérons qu'une solution convenant à toutes les parties sera identifiée rapidement.

Je vous remercie de nous avoir fait part de vos commentaires et espère que ces brèves explications vous permettront de mieux comprendre la situation.

Veuillez agréer l'assurance de mes meilleurs sentiments.

Richard Thériault
Directeur de l'Administration et des Communications
Cabinet du maire et du comité exécutif
Ville de Montréal
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16.2.05

Fils RSS et journaux

Les fils RSS qui permettent de suivre les mises à jour de blogues et de sites Web commencent à intéresser les sites de presse. Par exemple, la chaîne CNN offre 14 fils selon les catégories, et le Washington Post plus de 125.

Aux États-Unis, deux blogueurs (Jackie Rejfek et Kevin Reynen) ont compilé une liste de 1 178  de sites Web de journaux et constaté que 74 offraient sur leur site Web un fil RSS, soit environ 6 %. Bien que ce nombre soit relativement faible, il illustre une progression par rapport à décembre dernier quand un autre blogueur avait recensé 45 journaux offrant le service. On se souviendra qu’en janvier, le Pew Internet & American Life Project estimait que 5 % des utilisateurs d’Internet avaient adopté la technologie RSS. On trouvera sur RSSvision quelques suggestions de lecteurs de fils.
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11.2.05

Gannon/Guckert : encore des retombées

De nouveaux ajouts au dossier Gannon/Guckert, à commencer par le point de presse de Scott McClellan, porte-parole de la Maison-Blanche. Il déclare que le processus d’accréditation des journalistes ne relève pas de lui, et que par voie de conséquence la présence de Gannon aux conférences et points de presse était hors de son champ de compétence.

La membre de la Chambre des représentants Louise Slaughter (démocrate, New York) a adressé une lettre au président Bush lui demandant des explications sur l’affaire Gannon/Guckert. Faisant allusion aux récents scandales impliquant des journalistes qui auraient reçu d’importantes sommes d’argent pour promouvoir certaines politiques de l’administration Bush, Madame Slaughter écrit : «J’étais déjà troublée par ce qui semble être une campagne systématique de votre administration de maquiller la propagande partisane en nouvelles légitimes. Maintenant que nous apprenons que ce genre de tromperie a cours à l’intérieur même de la salle de presse de la Maison-Blanche, je suis encore plus troublée.»

Pour sa part, le sénateur démocrate Frank Lautenberg demande à l’attaché de presse Scott McClellan de rendre publics tous les documents dont dispose le service de presse de la Maison-Blanche sur Gannon/Guckert afin de clarifier les raisons qui lui valaient l’obtention de laisser-passer aux points de presse. Lautenberg souligne que le service de presse du Congrès avait refusé d’émettre une accréditation à Gannon/Guckert, et se demande pourquoi la Maison-Blanche l’a fait.

Dans Salon, le reporter à la Maison-Blanche Eric Boehlert reprend l’information selon laquelle Jeff Gannon obtenait, jour après jour depuis deux ans, des laisser-passer quotidiens pour avoir accès à la salle de presse, ce qui est inusité, hors du commun. Il pose la question à savoir pourquoi la Maison-Blanche a toléré cette pratique.

Le columnist Bruce Bartlett exprime dans Editor&Publisher ses préoccupations en matière de sécurité. Quiconque voulant assassiner le président pourrait s’inventer une publication et avoir accès aux conférences de presse dit-il, «Ça soulève la question à savoir s’il est opportun pour le service de presse de la Maison-Blanche d’accorder des accréditations à des gens qui fonctionnent sous un nom d’emprunt».

Et, bien sûr, la droite protège ses oisillons. Cliff Kincaid de l’organisme Accuracy In Media écrit dans un texte largement repris dans la presse pro-conservatrice étasunienne que ce sont les allusions à caractère sexuel qui auront triomphé de Gannon. «Ce qu’on reproche à Gannon se résume à avoir écrit des articles d’un point de vue conservateur et d’être lié à une pratique, l’homosexualité, qui est acceptée et célébrée par les accusateurs de Gannon eux-mêmes. La norme de la police de la pensée libérale est donc que la vie privée d’une personne devrait être protégée, sauf quand l’accusé est d’allégeance conservatrice. Les médias traditionnels et leurs nouveaux amis de la blogosphère gauchiste n’arrêteront devant rien pour conserver leur pouvoir politique.»
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9.2.05

Daily Kos et le «gannongate»

Quelques développements intéressants dans le «gannongate» (voir Les blogues et l’affaire Wilson/Plame).

Le faux journaliste Jeff Gannon (nom de plume) quitte la fausse agence de presse Talon News, disant que toute l’attention dont il fait l’objet ne lui permet plus de fonctionner adéquatement. Selon la formule consacrée, il entend accorder plus de temps à sa famille.

Les recherches du blogue Daily Kos ont porté fruit, Jeff Gannon serait en fait James D. Guckert, associé à une société nommée Bedrock, et aussi à des noms de domaines de sites pornos gays.

Mais le gros morceau vient de SusanG de Daily Kos qui a obtenu une entrevue très révélatrice avec l’ambassadeur Joseph Wilson, conjoint de Valerie Plame, sur toute l’affaire.

Après les détails politiques, en fin d’entrevue, on aborde le rôle des blogues.

Question : Que pensez-vous du processus de recherche à Daily Kos sur cette affaire? Comment s’inscrit-il dans votre perception du rôle des citoyens par rapport au rôle des médias officiels dans la collecte et la diffusion d’information?

Réponse : Je crois qu’en raison de l’absence de médias nationaux responsables, les blogues jouent un rôle important pour mettre en lumière certaines situations, y compris le bien-fondé de l’accréditation de certains soi-disant correspondants de la Maison-Blanche, et aussi pour traiter de questions ignorées par les journalistes des médias nationaux. Je crois aussi que la nature de la profession a changé, et ce au détriment du journalisme d’enquête. On constate qu’il y a moins de recherche de la vérité, et qu’on se concentre davantage à exposer les deux points de vue sur une situation, même si l’un d’eux est truffé de mensonges et d’aberrations. Quand on accorde autant de poids à la vérité qu’à la fiction, dans l’intérêt de ce qu’on appelle l’équitabilité, on trompe le public et la presse se rend complice de ce jeu.

Mise à jour : 10 février

Le retrait «volontaire» de James D. Guckert, alias Jeff Gannon, de la scène journalistique suscite de nombreux commentaires, à commencer par le principal intéressé qui a accordé une entrevue au Wilmington News Journal, un quotidien de sa ville de résidence. Citation : «Il y a des gens qui se plaisent à bouleverser la vie des autres. Ils on tenté de m’intimider, de me punir, puis de me mettre dans l’embarras, et ils ont bien réussi.»

Timothy Karr, directeur exécutif de MediaChannel.org et de Media for Democracy, écrit sur son blogue Media Citizen : «Il est inutile de fouiller plus à fond la vie privée de Gannon/Guckert. Son orientation sexuelle n’est pas en cause ici, ce qui l’est c’est bien plus la viabilité de notre quatrième pouvoir face à des tentatives croissantes de maquiller la propagande en information crédible.»

Le journaliste Daniel Conover (Conover on Media) examine le rôle des médias traditionnels (MT) dans toute cette histoire : «Le rôle des MT? Pratiquement nul.[...] Il est maintenant clair que les blogues et les sites Web fournissent maintenant l’essentiel de l’information sur les questions qui touchent les MT. Et ceux d’entre nous qui travaillent dans les MT et s’intéressent à ces questions consultons ces sources “non officielles” pour savoir ce qui se passe dans notre industrie, une tendance qui n’est pas près de s’estomper. Et pourtant, le noeud de l’affaire Gannon/Talon est une question à laquelle les MT devraient s’intéresser, soit une opération secrète d’information visant le public, assortie d’un contournement des divers mécanismes de contrôle qui offre à n’importe quelle organisation politique ce dont elle a besoin pour survivre et poursuivre son action : la possibilité de tout nier.»

Le Washington Post est toutefois là pour le post-mortem. On y cite Glenn Reynolds (Instapundit), bien connu pour ses opinions de droite, qui qualifie de «méprisables» les «tactiques» utilisées par certains blogues pour exposer Gannon/Guckert. On y rappelle également la mission auto-proclamée de Gannon/Guckert, qui était selon ses dire «d’exposer les mensonges des libéraux claironnés par les médias, Hollywood, les syndicats d’enseignants et le Parti démocrate.»
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8.2.05

Juppé au Québec?

Alain JuppéDepuis la mi-janvier, il est question qu’Alain Juppé, ex-adjoint aux Finances de l'ancien maire de Paris (Jacques Chirac), ancien ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre, vienne enseigner au Québec. M. Juppé, condamné en décembre dernier à 14 mois de prison avec sursis pour financement politique illégal (utilisation de fonds publics pour payer sept personnes travaillant pour son ancien parti, le RPR), est inéligible à quelque fonction élective que ce soit jusqu'en janvier 2006.

Le principal intéressé prenait soin de confier à La Presse le 15 janvier qu’aucune décision n’était prise quant à sa venue au Québec, il qualifiait de prématurées les nouvelles circulant à cet effet, mais il avouait que la chose l’intéressait.

Le 31 janvier, M. Juppé écrivait sur son blogue qu’il avait abandonné depuis une semaine : «Pas de panique, je suis rentré. Beaucoup d'entre vous se sont demandés où j'étais passé. Juste une petite coupure nord-américaine. Je sais que j'aurais pu m'exprimer de là-bas, mais j'avais la tête ailleurs. A Montréal notamment, je me suis occupé d'organiser ma prochaine année universitaire; les choses se mettent petit à petit en place.»

La rumeur le destinait à un poste à l’Université du Québec à Montréal, mais devant l’hostilité du corps professoral à l'idée d'accueillir M. Juppé (selon les médias montréalais) car il a été reconnu coupable de corruption, il se pourrait qu’il soit disposé à accepter un poste à l’École nationale d’administration publique où il occuperait une nouvelle chaire de relations internationales.

Selon Radio-Canada, «Il va falloir une autorisation spéciale d'Ottawa pour que M. Juppé puisse travailler au Québec, en raison de son casier judiciaire. Une enquête de sécurité devra être faite et son séjour, approuvé par le ministre fédéral de l'Immigration.»

Eh oui, vous avez bien lu un peu plus haut, Juppé est un blogueur. Si la chose étonne, elle a été prise avec scepticisme par bon nombre dans la blogosphère qui doutaient qu’il en soit vraiment l’auteur, jusqu’à ce que M. Juppé le confirme à la chaîne TF1, et par la suite il écrive sur son blogue, un peu exaspéré, «L'un d'entre vous me demande : "Comment être sûr que c'est bien vous qui bloggez?" J'avoue que j'ai un peu de mal à trouver la réponse adéquate. Faut-il que je fasse venir un huissier pour constater que je suis bien devant mon écran et que je frappe moi-même sur mon clavier? Je suis sûr que, pour l'immense majorité d'entre vous, ma bonne foi suffit. Oui, ce blog est artisanal; oui, je fais tout par moi-même avec de temps en temps l'aide d'Isabelle; oui, j'ai pris le virus et je consacre désormais à cette activité plusieurs heures par jour. Et j'y prends du plaisir! Cela dit, je suis parfaitement conscient des imperfections de ce blog-notes. Je n'ai pas encore pris le réflexe ni trouvé le temps de mettre en ligne tous vos messages ou d'y répondre de manière personnalisée, ce qui peut provoquer des frustrations . Je découvre que les internautes ont une grande exigence d'interactivité, ce qui fait d'ailleurs tout l'intérêt du système.»

Mise à jour, 10 février

Le Soleil : «Les professeurs de l'ENAP ont approuvé à 22 contre 6 la venue d'Alain Juppé dans leur institution l'automne prochain. La nature relativement bénigne de sa faute et le fait qu'il a déjà été puni, notamment, ont joué en faveur de l'ex-premier ministre français.»
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Blogues et notoriété

L’institut de journalisme Poynter tenait la semaine dernière un colloque sur l’avenir du journalisme en ligne (Web + 10: The Future of Online Journalism) au cours duquel on a traité des questions de contenu, d’auditoire, de crédibilité, de concurrence et de compétences. Les participants ont convenu de travailler à l’élaboration d’un manifeste, et à cet égard on a déjà créé un blogue collaboratif.

Parmi les commentaires lus sur divers blogues au sujet du colloque, je retiens celui de Bertrand Pecquerie de Editors Weblog qui rapporte les propose d’un des participants, nul autre que Dave Winer, l’inventeur du fil RSS. En ce qui a trait au journalisme participatif et aux blogues, Winer modifie un des paradigmes sociaux selon lequel tout le monde connaîtrait ses 15 minutes de grande notoriété. À l’avenir, selon lui, tout le monde sera célèbre pour 15 personnes.
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7.2.05

Il y a 19 ans...

United States’ role in recent events
by
Jean-Pierre Cloutier
Published in Haiti Times, February 20, 1986.
“Although it has been denied by United States officials, both in Port-au-Prince and in Washington, it is clear that the U.S. government had a lot to say in former President Jean-Claude Duvalier's departure. Jamaica and France both had supporting roles in the sequence of events, but the United States was the main actor.”

C-141 Passenger List
“When former President Jean-Claude Duvalier flew away on the United States Air Force C-141 jet in the night of February 7, he was accompanied by 20 other persons. We have been able to obtain the list of passengers on the night flight. [Note: Initially published on February 20, 1986, in the Haiti Times. The confidential source could not at the time give an accurate identity of Capucine (no. 13). I later learned that Capucine was a young Haitian homeless girl that had been taken into the Duvalier household by Michèlle Bennet.]
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6.2.05

Bush était-il branché (prise 3)

Photo de Robert NelsonLors du débat Bush/Kerry du 30 septembre à Miami, Dubya portait-il oui ou non un dispositif radio qui permettait de lui souffler «à distance» des arguments, des données ou des faits pour répondre à son adversaire? Le 11 octobre, j’écrivais que plusieurs se posaient la question, mais que dans les grands médias on parlait de la machine à rumeurs qu’est Internet et on se demandait si on n’était pas témoins d’une autre de ses éruptions.

Le 30 octobre, je revenais sur le sujet qui continuait à susciter l’intérêt des médias en ligne et des blogueurs, mais non celui des médias traditionnels ni celui des organisateurs du clan Kerry, et je m'interrogeais sur ces raisons : «La première est attibuable à la "blogophobie" dont font preuve les médias qui, dès le début, on traité l’affaire comme une de ces "rumeurs qui circulent sur Internet". Peu importe le nombre de spécialistes de haut niveau qui se sont prononcés sur la possibilité, même légitime, que Bush ait porté un dispositif de communication quelconque, rien n’y a fait, la blogophobie l’a emporté. On s’explique moins la seconde hésitation, celle du clan Kerry. Dans une campagne où on a utilisé les anciens emplois de la première dame comme argument, où l’électorat des chasseurs a été courtisé au prix de quelques oies sauvages, et on en passe, l’affaire du dispositif d’écoute n’aurait-il pas eu meilleure résonnance?»

L’organisme Faireness in Media Reporting (FAIR), dans l’édition de janvier/février de son magazine Extra!, apporte un nouvel éclaire sur l’affaire. Le journaliste Dave Lindorff y publie un article (The Emperor's New Hump) dans lequel il affirme témoignages à l'appui que le New York Times avait affecté trois journalistes (William Broad, Andrew Revkin et John Schwartz) pour enquêter sur les allégations de «branchement», y compris celles formulées par un spécialiste en imagerie de la NASA, Robert Nelson, et que l’article devait être publié le 25 octobre. Cependant, la publication a été retardée, puis la direction de la rédaction du NYT a écarté la possibilité de publier l’article car on était trop près du jour de l’élection.

Autrement dit, dans les mots de Lindorff, «Le New York Times a sabordé un article qui aurait pu changer l’issue de l’élection parce que, justement, il aurait pu changer l’issue de l’élection.»
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David Weinberger et les blogues

David Weinberger est co-auteur (avec Rick Levine, Christopher Locke et Doc Searls) du Manifeste des évidences (Cluetrain Manifesto), écrit en 1999 et qui proclamait que «les marchés sont des conversations» entre consommateurs et entreprises, entre consommateurs entre eux, entre salariés et entreprises, etc. Par la suite, Weinberger et Searls ont écrit également en mode manifeste, cette fois en dix points, Un monde de bouts (World of Ends) avec le joyeux sous-titre «Ce qu'est Internet et comment cesser de le confondre avec quelque chose d'autre.»

Depuis 2001, Weinberger anime son blogue, JOHO (Journal of Hyperlinked Organization) et contribue à d’autres blogues collectifs dont Personal Democracy Forum et Many2Many.

Dans un court entretien avec Bruce Taylor de ITworld (Persistent presence: The long tail of the blog), Weinberger aborde la question des blogues et de ce qui les distingue des médias.

«La page personnelle promettait que l’on puisse créer un espace permanent qui serait nôtre sur le Web. Maintenant c’est fait, et on les appelle des blogues. Les blogues sont une représentation de soi en conversation avec d’autres. Une bonne partie du maintien d’un blogue consiste à répondre à d’autres, à établir des liens vers d’autres. C’est donc considérable d’avoir un espace qui soit une représentation de nous sur le Web, et qui soit créée en interaction avec d’autres. C’est considérable. Par contre, ça a très peu à voir avec un média.»

Weinberger soumet que toutes les questions que se posent les médias sur les blogues (similarités, concurrence, crédibilité) ont, pour leur part, peu à voir avec le phénomène social que constituent les blogues.
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5.2.05

Incroyable...

Selon la Presse canadienne, «Montréal connaît présentement son quatrième épisode de smog depuis le début de l'hiver et il pourrait durer encore quelques jours. L'hiver dernier, l'épisode de smog le plus long observé avait duré quatre jours et s'était produit à la fin du mois de février.»

Pendant ce temps, du moins à 9h00 en ce samedi sur le site Web du ministère de l’Environnement du Québec qui devrait nous informer sur l’indice de la qualité de l’air...

Difficultés temporaires

Complément d’info, «Le smog d'hiver est causé par une forte concentration de particules polluantes en suspension dans l'air des villes, émises surtout par le chauffage au bois, particulièrement polluant.»

Mise à jour, 6 février

Ça ne semble pas s’améliorer, Sixième jour de smog à Montréal.

Mise à jour, 7 février

À lire dans Le Devoir, Bois de chauffage, sel de déglaçage et moteurs au banc des accusés de Louis-Gilles Francoeur. «Le Québec n'a jamais connu jusqu'à maintenant un épisode de smog hivernal, une “brume sèche”, aussi long et aussi intense, de mémoire de chimiste et de météorologue.[...] La brume sèche, faite de particules toxiques, qui couvrait hier Montréal était si intense, racontait Jacques Lavigne en revenant du mont Royal, qu'il n'a pu photographier le stade olympique, complètement noyé dans les contaminants atmosphériques. Ce n'est qu'à partir de la rue Papineau que le mât géant devenait perceptible, a-t-il raconté.»

Le smog devrait se lever cette nuit : «LCN - L'épisode de smog hivernal que connaît Montréal depuis quelques jours est sur le point de se terminer. La pluie prévue la nuit prochaine devrait dissiper les fumées des poêles à bois, le sel des routes et les vapeurs de pots d'échappement reponsables de ce phénomène.»
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1.2.05

Les blogues et l’affaire Wilson/Plame

Rebondissements dans l’affaire Wilson/Plame, une fausse agence qui emploie un faux journaliste avec une vraie accréditation de presse à la Maison-Blanche : on nage en plein scénario de politique-fiction.

L’affaire Wilson/Plame. Je laisse Pierre Carion résumer pour nous : «L'ex-ambassadeur Wilson a été chargé par la CIA de faire une enquête au Niger pour enquêter afin de découvrir si l'Irak avait acheté de l'uranium dans ce pays. Par la suite, Wilson s'est montré très critique vis-à-vis de Bush et de son réquisitoire contre l'Irak. Le scandale qui prend forme est que quelqu'un à la Maison-Blanche aurait révélé à la presse que la femme de Wilson, Valérie Plame, était un agent de la CIA, spécialisée dans les armes de destruction massive. Pourquoi? Pour intimider Wilson et le punir de s'être opposé à Bush. Et, surtout, pour envoyer un avertissement à ceux qui seraient tentés d'en faire autant. L'affaire est d'ampleur car révéler l'identité d'un agent de la CIA est un acte très grave aux yeux de la justice américaine et est passible d'une peine d'emprisonnement de 10 ans.»

La fausse agence de presse. Talon News, soi-disant agence de presse d’allégeance conservatrice, dirigée par Bobby Eberle. La diffusion des textes de Talon s’effectue par GOPUSA, une entreprise dont l’énoncé de mission précise qu’elle vise à propager les idées conservatrices aux États-Unis; son logo représente l’aile droite stylisée d’un aigle en vol; son nom évoque la désignation du Parti républicain (Grand Old Party, GOP). GOPUSA est dirigée elle aussi par Bobby Eberle. Selon une enquête de Media Matters, Talon et GOPUSA sont étroitement liés. Eberle est également un militant républicain du Texas, membre de la coalition chrétienne et du mouvement anti-avortement texans.

Le faux journaliste. Jeff Gannon. C’est en fait le seul journaliste de Talon News qui, autrement, publie des articles de journalistes «bénévoles». Toujours selon Media Matters, ses articles sont toujours favorables à l’administration Bush, ne critiquent jamais ses politiques, et sont parfois même guère plus que des copier/coller de communiqués de la Maison-Blanche. Malgré qu’il soit le seul «journaliste» à l’emploi d’une minuscule agence, Gannon est néanmoins détenteur d’une accréditation de presse officielle de la Maison blanche.

Rejoint par un collaborateur de Fishbowl Washington, le «journaliste» avoue que Jeff Gannon n’est qu’un nom de plume, qu’il n’a pas de formation en journalisme, et qu’avant de travailler pour Talon News il a occupé divers emplois. Il se défend des accusations de copier/coller des communiqués, affirmant que de relayer exactement les points de vue de la Maison-Blanche constitue un service à rendre au public.

Là où toute l’affaire prend sa dimension, c’est que Gannon serait (selon le Washington Post) le seul journaliste a avoir été au courant de l’existence de la note de service confidentielle de la CIA qui liait le choix de l’ambassadeur Wilson pour enquêter sur la filière nigériane de l’uranium au fait que son épouse était un agent de la CIA, spécialisée dans les armes de destruction massive.

SusanG de Daily Kos est sur la piste depuis la semaine dernière. Qu’est-ce au juste que l'agence Talon? Qui est Jeff Gannon, et pourquoi la Maison-Blanche lui a-t-elle accordé une accréditation de presse officielle? Comment Talon et Gannon servent-ils à diffuser l’information de l’administration Bush? Quelle est l’implication du Parti républicain dans cette histoire? Et surtout comment tous ces faits sont-ils liés à la fuite de la note de service de la CIA qui dévoilait l’identité d’une de ses agents?

Daily Kos a mis à contribution ses lecteurs et lectrices pour faire enquête. Le premier billet de SusanG, publié le 28 janvier, a fait l’objet de 555 commentaires, précisions et nouvelles informations qui aident à approfondir l’enquête.

Si vous avez raté le rathergate l’an dernier, ne manquez pas le gannongate qui se déroule en ce moment et qui fera histoire dans les annales du journalisme participatif.

Mise à jour : 2 février

1) Ce matin, le Boston Globe reprend l’affaire dans un article (White House-friendly reporter under scrutiny) signé par deux de ses journalistes, Charlie Savage et Alan Wirzbicki. Faut-il s’étonner qu’on ne mentionne ni le groupe de veille des médias Media Matters, ni le blogue d’actualité politique Daily Kos qui ont été à la source de l’enquête?

2) Hier après-midi, Media Matters nous apprenait que la biographie de Jeff Gannon avait été retirée du site de Talon News. Par contre, elle figure toujours sur le site de GOPUSA et elle contient un lien vers un site Web de Gannon, The Conservative Guy, qui lui a été vidé de tout contenu.

Mise à jour, 6 février :

SusanG poursuit son enquête sur le «faux correspondant» Jeff Gannon : «Derrière Jeff Gannon, ou du moins derrière jeffgannon.com, on trouve des noms de domaines enregistrés au noms de sociétés et de fondations constituant un réseau complexe de sites «couverture» sans contenu, de liens redirigés vers d’autres sites, de demandes de dons par l’intermédiaire du service Paypal, de rhétorique conservatrice enflammée, d’adresses de détenteurs de noms de domaines qui sont des casiers postaux privés dans différents États. Les numéros de téléphone sont hors service, les codes postaux ne correspondent pas aux adresses inscrites, les adresses courriel ne sont pas fonctionnelles.»

Dans les recherches de SusanG et de ses assistants bénévoles sur cet écheveau de sites Web, le fil central semble être la Free Speech Foundation (FSF), un organisme qui dit défendre la liberté d’expression. Pour ce qui est des dons, la FSF précise qu’ils sont déductibles du revenu pour fin d’impôt en vertu de l’article 501(c) (3) de la Loi sur l’impôt des États-Unis. Or, les entités visées par l’article sont les organisme de charité, religieux, éducatifs, littéraires, de bien public, de promotion de compétitions sportives nationales ou internationales, et de prevention de la cruauté envers les animaux.

Et c’est là un autre élément étrange dans l’affaire, la FSP qui aurait pour mission la défense de la liberté d’expression, qui a des activités journalistiques, et qui est reconnue pour celles-ci par la Maison-Blanche, se décrit comme un organisme religieux sans but lucratif.
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Blogues de journalisme régional

Le site journalisme/médias étasunien mediabistro a lancé trois blogues, les Fishbowls, dans lesquels les journalistes régionaux de New York, Washington et Los Angeles peuvent diffuser de courts billets et commenter sur la vie des médias dans leurs collectivités.

Fishbowl. An sens littéral, on peut parler de bocal à poisson rouge, mais le concept a été étendu en anglais à la notion de transparence. Difficile de se cacher dans un bocal à poisson. Par exemple, une «fishbowl action» désigne une action accomplie au vu et au su de tout le monde. Dans le domaine de l'éducation, on parle de «fishbowling» lorsqu'il s'agit d'une décision prise publiquement.

On comprendra que le but de ces blogues est de fournir de l’information sur les médias qui autrement échapperait peut-être à la diffusion. Le ton est irrévérencieux, mais rafraîchissant. L’information provient parfois du public qui la communique aux collaborateurs, elle est parfois reprise de médias établis, on y trouve de tout sur le petit monde des journalistes de ces trois grands centres. Par exemple, que les autorités du comté de Santa Clara (Californie) exigent des médias 800 000 $ pour les frais additionnels encourus par la présence de la horde de journalistes au procès de Michael Jackson. Une fois ventilés, ces coûts représentent 125 $ par jour pour un journaliste de l’écrit, et 300 $ par jour pour une équipe télé. Un détail, direz-vous? Peut-être, mais c’est toujours bon de connaître le prix des choses.
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