17.10.05

L’état de la blogosphère, octobre 2005

David Sifry de l’outil de recherche Technorati fait périodiquement l’état de la situation de la blogosphère (voir octobre 2004, mars 2005, juillet 2005) à partir des données collectées par Technorati. La version octobre 2005 ne fait pas exception aux précédentes, elle nous met devant des chiffres faramineux.

La blogosphère a doublé de taille cinq fois en trois ans. Chaque jour il se crée 70 000 blogues, environ un à la seconde. Aussi, chaque jour, entre 700 000 et 1,3 million de billets sont publiés, soit environ 33 000 à l’heure, 9,2 à la seconde. La langue en plus forte croissance, et qui influe sur le nombre de nouveaux blogues, est le chinois.

Il y a cependant ombre au tableau, soit la hausse du nombre de splogs, mot-valise issu de la contraction de spam et blog, spamblog, ou encore les faux blogues, qui représenteraient maintenant près de 5 % de la blogosphère. Technorati et d’autres outils de recherche, sans parler des fournisseurs d’hébergement, tentent d’endiguer le phénomène, mais la battaille pourrait être longue.

Comme l’expliquait Sifry en août dernier, la technique consiste à créer un blogue, à le remplir de manière indiscriminée d’une série de mots-clés en vogue comme celui-ci sur la surcharge pondérale et la perte de poids. Les splogueurs insérent des liens vers des sites commerciaux dont l’éthique doit être comparable à celles des expéditeurs de pourriel, et ces liens vers ces sites affiliés augmentent leur visibilité sur Google selon la méthode Page Rank. Tout lien pointant de la page A à la page B est considéré comme un vote de la page A en faveur de la page B et joue sur le classement dans les résultats d’une recherche.

Selon Sifry, le problème est jusqu’à présent contenu, mais nécessitera la vigilance constante de l’industrie pour éviter qu’il prenne de l’ampleur.
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Bientôt sur CNN...

CNN... une plus grande importance accordée aux blogues. En effet, la chaîne d’information continue CNN lance un appel à candidatures pour un poste de producteur ou de productrice affecté à la couverture des blogues, de la baladodiffusion (podcasting) et des autres formes de nouveaux médias. La personne choisie devra trouver des éléments de nouvelles, suivre la et les politiques, les commentaires et autres informations au sujet de la blogosphère susceptibles d’intéresser l’auditoire. Ces informations seront traitées dans le cadre de bulletins quotidiens à l’antenne de CNN.
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14.10.05

États-Unis : Blogues et politique

Si certains doutaient encore de l’influence que peuvent avoir les blogues et leurs auteurs sur la politique étasunienne, l’affaire Mehlman/Miers est un exemple de l’attention que les politiciens prêtent aux commentaires qui circulent dans la blogosphère.

Miers, BushLa semaine dernière, George W. Bush annonçait la désignation de Harriet Miers au poste de juge à la Cour suprême. Miers, une juriste texane, était avant cette annonce conseillère juridique du président. Le Parti démocrate a alors affirmé qu’il s’opposerait à la nomination de Miers (qui doit être avalisée par le Sénat), estimant ses positions politiques trop à droite. Avec le décès du juge en chef Rehnquist et la démission de la juge O’Connor, il y avait donc deux postes à pourvoir. La stratégie des démocrates a alors consisté à ne pas trop s’opposer à la nomination de John Roberts (reconnu de droite) au poste de juge en chef, espérant la désignation d’une personne d’allégeance libérale pour le second poste à pourvoir. Bien compté, mal calculé.

Mais sitôt la désignation de Miers, la blogosphère de droite politique a vivement critiqué son manque d’expérience car elle n’a jamais de toute sa carrière occupé un poste de juge. Les blogueurs ont estimé que même si c’est une proche conseillère du président, ils ne disposaient donc pas d’un dossier sur les décisions rendues, ses positions sur des enjeux de société comme l’avortement, la peine capitale, l’immigration, et estimaient qu’elle pourrait être influencée par les forces politiques libérales.

Deux jours après sa nomination, un sondage CNN/USA Today/Gallup révélait que 44 % des répondants estimaient que le choix de Miers était «bon ou excellent», et 41 % «convenable ou mauvais». Les blogueurs conservateurs n’ont pas désarmé et ont continué à s’en prendre à la fragilité de la candidature de Miers. Tant et si bien, en fait, que quelques jours plus tard, un autre sondage, cette fois de SurveyUSA, révélait que seulement 12 % des répondants croyaient que le choix de Miers était une brillante décision, et 31 % que c’était une grave erreur.

Mercredi, le président Bush dans une entrevue accordée à la chaîne de télévision NBC s’est senti forcé de défendre le choix de Miers, mais de son côté Ken Mehlman, président du Republican National Committee (la haute instance du Parti du président Bush) s’engageait dans une opération de rattrapage pour le moins inusitée. Comme le rapporte le Financial Times, Mehlman a organisé un appel conférence pour discuter avec certains acteurs influents de la blogosphère de droite, pour parler, entre autres choses, du choix de Harriet Miers, et en expliquer les motifs. Un des blogueurs, le professeur de droit commercial à UCLA Stephen Bainbridge, résume les points abordés au cours de l’appel qui a duré un peu plus de 25 minutes. En plus de Bainbridge, soulignons Lori Bird de PoliPundit, Pat Hynes de anklebitingpundits, Matt Margolis de BlogsForBush, et Ed Morrissey de Captain’s Quarters.

Colmatage efficace? Oui dans le cas de Morrissey qui dit maintenant tendre à appuyer le choix de Miers, non dans le cas de Bainbridge qui affirme que son opinion adverse à Miers n’a pas changé, «beaucoup d’assurances et pas de faits» commente-t-il.

Efficace ou non, et ne tenant pas compte des sondages, l’opération de Mehlman prouve une chose, soit que l’administration Bush perçoit le pouvoir qu’ont les blogueurs d’influer sur l’opinion publique, qu’elle n’hésitera pas à leur demander leur appui.
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13.10.05

Blogues : Universitaires à risque?

Depuis l’arrivée des blogues, nombreux sont les professeurs universitaires qui se sont investis dans le médium, effectuant parfois un passage de la page Web traditionnelle au blogue pour des questions de simplicité de publication. Les motifs des universitaires pour bloguer peuvent varier. Certains y voient une manière de mieux communiquer avec leurs étudiants, d’autres croient que c’est une façon de décloisonner le milieu académique et d’élargir la «conversation», et pour d’autres il s’agit d’une nouvelle approche à la règle du «publish or perish» (littéralement, publier ou se voir oublié) qui hante tant les universitaires. Cependant, le fait de publier un blogue pourrait-il nuire à l’avancement ou à la titularisation d’un professeur universitaire?

Daniel DreznerUn des sujets très discuté dans la blogosphère ces jours-ci est la déconvenue de Daniel Drezner, professeur adjoint de science politique à l’Université de Chicago et blogueur depuis septembre 2002. Les écrits de Drezner lui ont valu une certaine renommée dans la blogosphère (surtout conservatrice), et il a traité de questions comme la mondialisation, la politique internationale et les relations extérieures des États-Unis dans des publications imprimées comme Foreign Policy, Foreign Affairs, le New York Times Book Review et le Wall Street Journal.

Vendredi dernier, le département de sciences politiques de l’Université de Chicago l’a informé qu’on lui refusait sa titularisation, et qu’à compter de juin 2006 ses services ne seraient plus requis. Déçu, on le comprend, il s’auto-interview sur son blogue. Les responsables ne lui ont pas signifié que son blogue avait pesé dans leur décision, et il hésite à lier blogue et titularisation. Dans son billet inaugural en 2002, il avait pourtant écrit qu’il ne devrait peut-être pas se lancer dans l’écriture d’un blogue, «je serai candidat à la titularisation bientôt...»

Un universitaire blogueur qui publie sous le pseudonyme de Juan Non-Volokh offre une perspective de l’intérieur : les responsables des facultés auraient les blogues en aversion à cause du ton et du contenu des blogues qui détonnent avec le langage académique. Il écrit : «J’ai souvent entendu des universitaires déprécier l’écriture non académique pour croire qu’elle peut compromettre le processus de titularisation, et ce sans même tenir compte de la qualité du contenu. C’est une des raisons pour lesquelles je blogue anonymement, et continuerai de le faire jusqu’à ce que je sois titularisé.»

Une des critiques formulées à l’endroit des universitaires blogueurs est que le temps consacré à publier un blogue grugerait sur le temps consacré à la recherche. À cet égard, Non-Volokh dit que bloguer dans ses temps libres n’a rien à voir avec le processus de recherche, pas plus que le temps que ses collègues consacrent à d’autres activités personnelles, mais que rien ne prouve qu’ils le verront ainsi.

Un autre blogueur universitaire non titularisé qui blogue sous le pseudonyme de Leopold Stotch adresse deux reproches à Drezner. D’une part, dit-il, il aurait été préférable qu’il blogue de manière anonyme, et d’autre part il a tenté d’amalgamer blogue et savoir. «En examinant son curriculum vitae, bien qu’impressionnant, le comité de sélection a peut-être cru qu’une fois titularisé il aurait accordé une grande partie de son temps à écrire des articles, des livres et à bloguer alors qu’ils cherchaient autre chose dans un titulaire.»

Charles Norman Todd (son vrai nom), détenteur d’une maîtrise et candidat au doctorat en philosophie à l’Université de Chicago (la même qui refuse à Drezner la titularisation) estime que c’est un erreur d’évaluer selon les mêmes règles tous les contenus publiés sans distinction au médium utilisé. Il faudrait que les facultés et les comités de titularisation établissent des critères eu égard aux médias utilisés.

En outre, Todd décrit certains avantages qu’un universitaire peut tirer d’un blogue. D’abord, un blogue permet de mettre à l’essai les théories et d’obtenir une rétroaction d’un auditoire très diversifié. Un blogue permet de créer un réseau d’universitaires et de non universitaires autour d’intérêts communs. Il peut prolonger les contenus et les échanges qui ont lieu en salle de cours. Enfin, il peut constituer une source précieuse de renseignements pour les étudiants, les autres universitaires et le grand public qui souhaite approfondir certaines questions.

Les comités de titularisation ne sont pas tenus de fournir le ou les motifs d’un refus, on ne sait donc pas si le blogue de Drezner a joué dans la décision. D’autres universitaires blogueurs ont été titularisés, d’autres ont subi des refus. Il serait toutefois regrettable que des universités refusent le statut de professeur titulaire à des universitaires en se basant du moins en partie sur le fait qu’ils maintiennent des blogues, surtout quand on considère l'apport qu'ils peuvent avoir à leurs travaux. Ce serait un peu comme dire qu’il peut y avoir trop d’information.
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12.10.05

Enquête Edelman sur les blogues

Le cabinet de relations publiques Edelman vient de publier les résultats d’une enquête menée auprès de 821 blogueurs (54,81 % des États-Unis, anglophones à 91,93 %) pour tenter de déterminer comment ils interagissent avec les cabinets de RP et les entreprises. Visiblement axée sur les blogues qui traitent de produits divers, l’enquête révèle que les blogueurs se méfient des RP mais font confiance aux autres blogueurs.

Les principales motivations pour publier un blogue seraient d’accroître sa visibilité comme autorité dans un domaine (33,86 %), tenir un journal de ses pensées (31,55 %), communiquer et échanger avec d’autres personnes (20,34 %). Seulement 4,63 % espéreraient en tirer un revenu.

Le quart des blogueurs (25,70 %) publient des billets quotidiennement, près du cinquième (18,39 %) plusieurs fois par jours, mais près de 40 % laissent filer quelques jours entre les publications. La formule hebdo est retenue par environ 10 % des blogueurs.

Seulement 12,66 % ne parlent jamais d’entreprises ou de produits dans leurs blogues; 70,52 % disent qu’ils aimeraient bien recevoir des échantillons de produits pour les mettre à l’essai et publier leurs évaluations. (En passant, j’accueillerais volontiers des échantillons d’appareils photo numériques Nikon, des piles Optex NiMH et des produits d’impression Epson...)

Près de la moitié des blogueurs interrogés n’ont jamais été contactés par une entreprise ou son cabinet de RP, mais ceux qui le sont reçoivent surtout des courriels (19,37 %), des courriels personnalisés invitant à une rencontre (15,96 %), et 14,73 % par communiqué de presse. Si une erreur factuelle se glisse dans un billet, seulement 1,46 % des blogueurs ne la corrigeront pas, le reste prendront diverses mesures pour rétablir les faits.

La question de confiance : sur un indice de 1 à 10 (1 étant le plus faible, et 10 le plus fort), un message d’un cabinet de RP atteint un indice de confiance de 4,60, et celui qui vient directement d’une entreprise 5,52. Les blogues d’entreprises recueillent à divers degrés la confiance des blogueurs (91,84 %), comme ceux de leurs employés (96,23 %). Quand les blogueurs cherchent de l’information sur un produit, l’indice de confiance va aux autres blogueurs (62,85 %), aux sites Web des fabricants (26,18 %), aux blogues d’entreprises (6,09 %) et aux communiqués émis par les RP (4,87 %).
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11.10.05

Yahoo! se met aux blogues

Yahoo!L’outil anglophone de recherche des actualités de Yahoo! offre désormais (en version beta) les résultats d’une recherche dans les blogues. Contrairement à Google qui a préféré séparer les recherches entre actualités et blogues, Yahoo! affiche côte à côte les résultats, ceux des blogues figurant dans une case à droite de l’écran. En optant pour les résultats uniquement dans les blogues, Yahoo! affiche alors à la droite de l’écran des photos pertinentes à l’objet de la recherche mises en ligne par des utilisateurs de son service d’albums photo Flickr.

Pour Michael Liedtke de l’Associated Press, le but de l’expérience est de mesurer la faveur du public pour de l’information provenant de sources alternatives. Yahoo! refuse de préciser la taille de son échantillon de blogues, mais invite les blogueurs anglophones à lui communiquer l’adresse de leurs fils RSS.

Yahoo!, tout comme Google, entend donc profiter de la popularité croissante des blogues comme source d’information. En juin dernier, lors d’une conférence de l’association étasunienne des éditeurs de magazines, le chef de la rédaction de Technology Review (publié par le MIT), Jason Pontin, avait prédit un déclin des médias traditionnels imprimés. L’idée n’est pas nouvelle et compte ses défenseurs et ses détracteurs. Pontin suggère que les lecteurs, surtout les jeunes, sont réfractaires à l’idée que l’on sache dans les salles de rédaction ce qui les intéressera. Dans un environnement numérique fragmenté, ils préfèrent grappiller eux-mêmes l’information selon les sujets, les auteurs ou les fréquences de publication. C’est donc à cette clientèle que s’adressent les nouveaux services de recherche dans les blogues.
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10.10.05

Croissance record du Web en 2005

Selon le cabinet de recherche Netcraft, le Web a connu une croissance de 2,68 millions d’adresses (noms de domaines) de septembre à octobre 2005, et de 17,5 millions d’adresses depuis le début de l’année, pour atteindre 74 409 971 domaines actifs. Netcraft souligne que la plus importante croissance enregistrée depuis les dix ans qu’il mène son enquête sur le nombre de domaines actifs remonte à l’an 2000, soit aux meilleurs moments de la bulle des pointcom, alors qu’il avait recensé 16 millions de nouveaux domaines.

Malgré certaines failles passées dans la méthodologie de Netcraft pour arriver à des chiffres précis signalés entre autres par la BBC, l’analyste Rich Miller estime que les données sont fiables et reflètent fidèlement l’état de la situation. Selon Miller, la hausse serait principalement attribuable à trois facteurs. D’une part, il constate l’arrivée en ligne de beaucoup de petites entreprises et d’organisations de taille modeste qui estiment maintenant essentiel d’être présents sur le Web. D’autre part, les spammeurs multiplient les sites Web pour tenter d’obtenir de meilleurs résultats dans les moteurs de recherche.

Le troisième facteur contribuant à la hausse du nombre de noms de domaines serait la mouvance blogue. Les blogues hébergés des services gratuits comme Blogspot de Blogger, par exemple, ne sont pas comptés comme des noms de domaines actifs, seul le domaine générique blogspot.com l’est. En revanche beaucoup de blogueurs, même s’ils utilisent des plate-formes d’édition (Blogger, Typepard, MovableType, etc.), hébergent leurs blogues sur leurs propres nom de domaine (martinepage.com, pierretessier.com, anniestrohem.com, warrenkinsella.com, andrewsullivan.com, etc.).

Pour ce qui est du nombre total de blogues, sujet souvent controversé, The Blog Herald estime qu’en octobre 2005, il y aurait plus de 100 millions de blogues. Le Herald reconnaît qu’il s’agit d’un chiffre approximatif étant donné la difficulté d’assembler des données de ce genre. Le compte par pays donnerait 75 millions, mais la donnée est faussée par l’utilisation de services d’hébergement étasuniens par des étrangers. Le compte par fournisseur de services serait de 134 à 144 millions, mais là encore le recoupement est difficile à établir. C’est pourquoi le Herald parle d’environ 100 millions de blogues; une bonne partie de ce nombre serait composée de spamblogs (même technique que pour les noms de domaines) ou de blogues inactifs.
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9.10.05

Desjardins et l’hameçonnage

Comme des millions de Québécois et Québécoises, je suis client du groupe financier Desjardins. Comme les autres usagers des services bancaires en ligne AccèsD, j’avais vu la mise en garde contre les courriels frauduleux et les techniques d’hameçonnage (aussi appelé phishing) : «Desjardins met ses membres en garde contre les courriels les invitant à mettre à jour leurs données personnelles (numéro de carte de débit, mot de passe AccèsD, numéro d'assurance sociale et date de naissance) sous prétexte que leur compte AccèsD arrive à expiration ou pour toute autre raison.» Mais ce matin, j’ai été confronté à la bête. Un courriel à l’allure très officielle (logo corporatif de Desjardins, expéditeur «Acces/Desjardins ») qui se lit comme suit :

Cher(e) membre Desjardins/ AccèsD

Nous avons récement déterminé que plusieurs ordinateurs ont tanté [sic] de rentrer [sic] dans votre compte à plusieurs reprise [sic] avec des mots de passe erronés. Pour cela, nous vous prions de rentrer dans votre compte banquaire [sic] en ligne, d’introduire vos renseignement [sic] ainsi de vérifier vos activités.

Si cela n’est pas complété avant le 9 octobre 2005 nous serons obliger [sic], en mesure de sécurité, de geler votre compte pour une periode indeterminé [sic]. Par crainte qu'une tierce partie puisse acceder [sic] à votre compte.

Pour accéder a votre compte et vérifier vos activités, cliquez sur le lien :

https://accesd.desjardins.com/

Nous vous remercions de votre compréhension et coopération dans cette situation pour protéger votre identité.

Sauf pour les fautes d’orthographe, tout semble indiquer qu’il s’agit d’un courriel en provenance de Desjardins. Par contre, vérification faite, il n’en n’est rien.

En décortiquant les en-têtes complètes du courriel, on constate qu’il a été transmis par l'intermédiaire d'une société de services Internet ayant ses bureaux à Montréal, mais dont Desjardins ne fait pas partie de la liste des clients.

Dans le courriel, on cite en lien actif l’adresse du service AccèsD de Desjardins, https://accesd.desjardins.com, mais ce lien dirige plutôt sur l’adresse accesdesjardins.com. Or, ce nom de domaine a été enregistré par une société paravent, Whois IDentity Shield de Vancouver, qui se spécialise dans l’enregistrement anonyme de noms de domaines pour ses «clients». C’est cette même entreprise qui a enregistré le nom de domaine paypall.com (notez les deux «l» contrairement au service légitime de paiement Paypal) dont le site est soupçonné d’hameçonnage.

Le 16 septembre 2005, Jean-François Ferland de Direction informatique publiait un article sous le titre Méfiez-vous des hameçons...et des lignes à pêche et dans lequel on pouvait lire : «Il y a quelques jours le Mouvement Desjardins a fait l'objet d'une fraude de ce genre, alors qu'un courriel a été transmis à fort volume vers des milliers de comptes. L'entreprise montréalaise ZéroSpam, dont la raison d'affaires est de filtrer le courrier des messages indésirables et des virus, a sonné l'alarme pour prévenir les dégâts. La veille, c'était un courriel identifié au nom de la Banque Royale du Canada qui atterrissait dans plusieurs boîtes de réception, dont celle de l'auteur de ces lignes. Dans les deux cas, les messages étaient rédigés en anglais seulement. En raison du fait francophone que nous tentons de préserver de peine et de misère dans l'océan shakespearien qui nous entoure, les internautes québécois auraient été forts nombreux à monter aux barricades pour dénoncer l'unilinguisme des communications écrites émanant de ces institutions financières, surtout envers Desjardins, si ces messages avaient été réellement émis par ces organisations. Cette absence précise de texte en français a sûrement mis la puce à l'oreille de plusieurs internautes. Malheureusement, quelques personnes, dont des francophones, n'y ont vu que du feu et ont mordu à l'hameçon.»

Il semble que les hameçonneurs aient repris du service et que, malgré une pauvre qualité de langue française, bon nombre de consommateurs risquent de se faire attraper.

Mise à jour : 15 juin 2006
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2.10.05

«Un portable par enfant»

Ordinateur ouvert«One Laptop per Child» est le nom de l’organisme sans but lucratif mis sur pied par Nicholas Negroponte, co-fondateur du Media Lab au Massachusetts Institute of Technology. L’ambitieux plan de doter des centaines de millions d’enfants de pays en voie de développement d’un ordinateur portable avait été dévoilé au sommet de Davos en janvier dernier. Mais depuis, Negroponte et ses partenaires (Google, Advanced Micro Devices, News Corp., Red Hat et BrightStar) ont franchi de nombreuses étapes et accouché d’un prototype de portable dont le coût de fabrication ne sera que de 100 dollars. Ils entendent produire et distribuer entre 100 et 150 millions de ces ordinateurs d’ici 2007. Auparavant, un premier lot de 15 millions d’ordinateurs seront distribués pour fins d’essais au Brésil, en Chine, en Thaïlande, en Égypte et en Afrique du Sud. Le prototype sera officiellement dévoilé au Sommet mondial sur la société de l’information à Tunis en novembre.

Le concept est pour le moins novateur. L’ordinateur pourvu d’un processeur oscillant à 500MHz est exploité sous Linux, dispose de quatre ports USB et de la connectivité sans fil (WiFi). Les utilisateurs pourront communiquer aisément sans fil entre eux, et l’équipe de Negroponte travaille à un système qui pourra les brancher sur une dorsale Internet. L’ordinateur est conçu pour être quasi indestructible, résister à la chaleur, à l’humidité et aux intempéries, et pourra même fonctionner de manière autonome grâce à un système électrogène à manivelle. L’écran d’affichage est d’un nouveau type, qui consomme très peu d’énergie, offre une très haute résolution, et on peut même l’utiliser sans peine en plein soleil. Quant au fragile disque dur, il est remplacé par une mémoire de type «flash».

Ordinateur ferméLa question qui se pose évidemment est comment peut-on arriver à un coût de fabrication de 100 dollars par unité. Negroponte explique que trois facteurs interviennent. D’abord la réduction du coût de l’écran d’affichage qui reviendra à environ 35 $ par écran en ayant recours à un nouveau processus de fabrication. Ensuite, il s’agit selon lui de «dégraisser» la machine, car les portables d’aujourd’hui sont devenus «obèses». «Deux tiers du logiciel sert à gérer l’autre tiers qui ne sert qu’à exécuter de neuf manières différentes les mêmes fonctions» dit-il. Enfin, les économies d’échelle vu le grand nombre d’unités produites, et la vente directe aux ministères de l’éducation des États où ils seront utilisés.

Pourquoi ce projet alors qu’on aurait pu investir dans des structures d’accès communautaires? «On ne conçoit pas un crayon comme un outil communautaire, les enfants ont tous leurs propres crayons. Ce sont des outils qui soutiennent la pensée, ils sont peu chers, peuvent servir à travailler, à jouer, à dessiner, à écrire ou exécuter des calculs. Un ordinateur c’est un peu la même chose, mais en beaucoup plus puissant. De plus, il y a bon nombre de raisons pour qu’un enfant puisse “posséder” quelque chose comme un ballon, une poupée ou un livre, entre autres qu’ils en prendront soin.»

Une expérience à suivre attentivement en raison de l’impact considérable qu’elle peut avoir, mais aussi pour voir comment, d’un pays à l’autre, elle sera vécue sur le terrain.
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