22.2.06

Haïti : Hip-Hop et «Option belge»

On en apprend chaque jour davantage sur les fins détails des récents événements en Haïti. Deux articles dignes de mention, l’un porte sur les images de bulletins de vote dans une décharge publique diffusées à la télévision, l’autre sur ce que les diplomates appellent «l’option belge».

En novembre dernier, le chanteur hip-hop d’origine haïtienne Wyclef Jean se portait acquéreur de la chaîne de télévision locale Télémax pour la somme rapportée de 2,7 millions de dollars. Jean faisait partie au milieu des années quatre-vingt-dix du très populaire groupe The Fugees, formation musicale alliant hip-hop, soul et influences antillaises qui mit un terme à ses activités en 1997. Wyclef poursuivit après une carrière solo, tout comme les autres membres du groupe.

Wyclef JeanDans un entretien qu’il a accordé au blogue du Star Pulse News, le musicien originaire de Croix-des-Bouquets raconte qu’il a été informé par un appel téléphonique de New York de la présence des bulletins de vote dans la décharge publique. C’est alors qu’il a fait dépêcher sur les lieux une équipe de tournage de Télémax, et qu’il a fait diffuser en boucle durant des heures, sans commentaire, les images des bulletins de vote ainsi laissés dans une décharge publique. Par la suite, la cohorte de journalistes locaux et étrangers ont suivi. L’impact de la diffusion de ces images a été énorme dans la suite des choses, tant pour le public que pour les responsables onusiens et électoraux. Il aura cependant fallu que l’information vienne de New York. Étrange.

Puis, le report des «votes blancs» aux candidats, au pro-rata des votes dûment comptabilisés, qui a tant fait jaser. Devant l’impossibilité pour Préval d’obtenir 50 % des voies au premier tour (48,7 %), et à la suite de la diffusion par les médias de preuves d’irrégularités, on est parvenu à dégager un compromis pour sortir de l’impasse, éviter un second tour, et accorder la victoire à René Préval.

Il y avait un nombre très élevé de «votes blancs» (91 219 au dernier compte, 4,36 %), c’est-à-dire de bulletins sur lesquels le scrutateur ne peut pas reconnaître l'intention ou la volonté politique de l'électeur. Le compromis négocié par les dirigeants politiques du parti de René Préval, des membres du gouvernement intérimaire, du Conseil électoral, de la force de «stabilisation» des Nations Unies, de l’organisation des États Américains, et des ambassadeurs du Chili, du Brésil, des États-Unis, de la France et du Canada a consisté à répartir les votes au prorata des votes exprimés en faveur des candidats, ce qui accordait à Préval 51,15 % des votes (depuis révisé à 51,21 %).

Cet exercice «créatif» a été contesté par les adversaires de Préval, bien que la plupart reconnaissaient qu’en pratique la victoire lui revenait. Or, Carol J. Williams du Los Angeles Times nous apprend que cette pratique de report des votes blancs n’est pas si inusitée que l’on aurait voulu faire croire (voir 'Belgian Option' Helped Avert Crisis in Haiti), et qu’elle a été désignée par les diplomates en poste d’«option belge» comme possibilité de sortie de crise car c’est une pratique électorale acceptée en Belgique et étudiée en France, et ce pour nombre de raisons. L’article de Williams est le meilleur que j’ai lu pour son compte rendu des négociations complexes et tendues qui ont mené à ce compromis.

CEPPar ailleurs, soulignons que le Conseil électoral provisoire (CEP) a repris depuis hier l’actualisation de sa page de résultats et que l’on a désormais accès en plus des résultats de la présidentielle, au fur et à mesure de leur publication, aux résultats de l’élection des sénateurs. La seule question qui me tracasse est de savoir pourquoi sur le logo du Conseil il est écrit «provisoires» avec un «s»...
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20.2.06

Désobéir

Désobéir«Ne faites jamais rien contre votre conscience, même si l’État vous le demande. - Albert Einstein» C'est une minorité infime. Un sur cent. Dix sur mille. Ils ont osé défier la discipline et la hiérarchie militaires. Ils ont sciemment désobéi aux ordres. Igal Vega, soldat israélien, a refusé de se battre contre des civils. Efrain Jaña, colonel chilien, a désobéi aux ordres du général Pinochet en 1973. Camilo Mejía, soldat américain, a fait face à une cour martiale après avoir servi en Irak et décidé de ne plus participer à la «guerre du pétrole», comme il la qualifie. Ils ont écouté leur conscience. Et ils ont payé très cher le prix de leurs convictions.

Sur les ondes de Télé-Québec, lundi 27 février 2006 à 21h00 (rediffusion jeudi 2 mars à 10h00 et samedi 4 mars à 14h00, le film Désobéir de Patricio Henriquez produit dans le cadre de la série eXtremis par Macumba International (auquel je suis étroitement associé comme vous le savez).
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18.2.06

Haïti : La suite des choses et la dette bolivarienne

Période fertile en rebondissements de toutes sortes en Haïti : une élection jugée valide par les observateurs internationaux (malgré certaines difficultés), un décompte des voix interminable, des preuves d’irrégularités, des négociations intenses pour trouver une issue, et finalement un compromis qui a permis de dégager un élu à la présidence. Pour les détails, voir les références de médias haïtiens.

Un étrange commentaire dans Le Devoir sous le clavier de Serge Truffaut (Victoire bancale) qui écrit : «Et maintenant, le vaudeville. Comment Préval a-t-il été déclaré vainqueur? Si on se fie aux propos de certains responsables de cette élection, il a été décidé de ne pas calculer les 80 000 bulletins blancs. D'autres assurent qu'ils ont été répartis entre les diverses formations en considérant leur pourcentage enregistré lors du scrutin. Enfin, il semblerait qu'une proportion de ces bulletins ait été comptabilisée et que le reste ait été rejeté. Comprenne qui pourra.[...] Au terme de cette élection, on a le sentiment très désagréable qu'elle a en partie été une mascarade. Chose certaine, la crédibilité de cet exercice démocratique a été passablement altérée par l'usage du forceps par des gens qui tenaient à précipiter le tout.»

Soulignons à M. Truffaut la déclaration lue par le président du Conseil électoral provisoire, M. Max Mathurin, et relayée par l’agence HPN : «Le Conseil électoral provisoire considérant que le décret électoral de 2005 dispose que les votes blancs sont des votes valides [Ndb. Article 185], a décidé de répartir les votes au prorata des votes exprimés en faveur des candidats dans la compilation des résultats des élections du 7 février 2006. En conséquence, compte tenu du fait que les procès-verbaux restants ne pourra pas influencer les résultats définitifs, Monsieur René Garcia Préval est crédité de 51,15 % des voix sur 96 % des procès verbaux traités est déclaré vainqueur à l'élection présidentielle du 7 février 2006.»

Pour ce qui est de «l'usage du forceps par des gens qui tenaient à précipiter le tout», le New York Times (A Deal Is Reached to Name a Victor in Haiti's Election) précise que les négociations menant à la solution que l’on connaît ont débuté lundi, 13 février, entre les dirigeants politiques du parti de René Préval, des membres du gouvernement intérimaire, du Conseil électoral, de la force de «stabilisation» des Nations Unies, de l’Organisation des États Américains, et des ambassadeurs du Chili, du Brésil, des États-Unis, de la France et du Canada.

Or, ces trois derniers pays sont justement ceux qui ont tout précipité en premier lieu. Comme l’écrit Vincent Larouche dans Montréal Campus (Au Nord comme au Sud, une ingérence inacceptable), «Le journaliste Michel Vastel a révélé dans les pages de la revue l'Actualité les détails d'une rencontre secrète sur Haïti, tenue aux abords du lac Meech, en janvier 2003. Réunis à l'initiative du député libéral Denis Paradis (qui était alors secrétaire d'État du Canada pour l'Amérique latine, l'Afrique et la Francophonie), de hauts responsables français, canadiens, états-uniens ont fait le vœux de renverser le gouvernement élu de Jean-Bertrand Aristide, sans même attendre les prochaines élections haïtiennes. Les Haïtiens n'étaient pas invités à cette réunion. On y discutait du sort d'une nation sans en inviter les représentants légitimes. L'année suivante, lors du coup d'État, quand le président Aristide a été "escorté" hors du pays par des soldats américains, ce sont des militaires canadiens qui protégeaient l'aéroport de Port-au-Prince.» Voir aussi Le Canada en Haïti de Anthony Fenton et Le rôle du Canada en Haïti sur le blogue de l’émission radiophonique Les rejetons de Gérard Lambert (CISM).

Cela dit, revenons à René Garcia Préval, 63 ans, agronome de formation qui a étudié au collège de Gembloux en Belgique. Forcé de quitter Haïti en 1963 sous la dictature de Duvalier père, il revient au pays en 1975 sous Duvalier fils. Après le départ de Jean-Claude Duvalier en 1986, il s’investit dans le mouvement politique de Jean-Bertrand Aristide La fanmi selavi, ainsi que dans d’autres mouvements comme le Comité Fred Coriolan.

Il a été pour une courte période ministre de l’Intérieur et de la Défense et premier ministre au cours du premier mandat de Jean-Bertand Aristide qui était renversé par un coup d’État militaire en septembre 1991. Il a été lui-même élu président avec près de 90 % du vote en 1995. Après avoir quitté la vie politique en 2001 lors de la seconde élection de Jean-Bertrand Aristide, il a mené une vie discrète jusqu’à la plus récente campagne électorale.

Le mandat de Préval comme président a été marqué entre autres par de nombreuses réformes économiques imposées par les institutions internationales, notamment la privatisation de sociétés d’État. Toutefois, on avait noté une diminution du chômage (bien qu’encore à des niveaux astronomiques), une tendance qui devait se maintenir jusqu’au départ forcé de Jean-Bertrand Aristide en 2004.

Malgré son élection, il reste encore bien des inconnues, dont les résultats des élections législatives qui se tenaient aussi le 7 février dernier et qui détermineront la composition du parlement avec lequel il devra travailler. Tant pour les députés que pour les sénateurs, le décret électoral (articles 75 et 83) dispose que «Si la majorité absolue n’est pas obtenue au premier tour par un ou plusieurs candidats, il est procédé, selon le cas, à un second tour.» Théoriquement, s’il y a second tour, la date retenue serait celle du 19 mars. Mais la tenue d’un autre scrutin à cette date est incertaine pour nombre de raisons (voir HPN).

Puis, il y a la question de la passation des pouvoirs du président intérimaire Boniface Alexandre au président désigné. On évoque la date du 29 mars, mais aucune confirmation n’a été émise. Entre temps, Préval a choisi d’attendre à mercredi prochain (22 février) pour tenir sa première conférence de presse. D’ici là, on pourrait être fixé tant sur un second tour que sur une date de prestation de serment d’office.

Quelles que soient le orientation politiques, on s’entend pour dire que la tâche sera lourde car tout est à faire en Haïti. Il faudra du temps, «plus que cinq ans» (durée de son mandat) selon Préval. Il faudra aussi des moyens, et des alliés.

Préval pourra-t-il compter vraiment sur les trois pays interventionnistes qui ont plongé Haïti dans la situation actuelle en renversant un président démocratiquement élu? On dit Préval intelligent, il se devra d’être prudent. Ajoutons à ce devoir de prudence que sur le plan intérieur, certains des candidats défaits lors du scrutin du 7 février sont de ceux-là mêmes, ou appartiennent à des groupes, qui ont participé au renversement d’Aristide il y a deux ans.

Un des atouts de Préval est certainement le portrait politique de l’Amérique latine qui a beaucoup changé depuis deux ans avec l’élection de gouvernements populistes qui seraient enclins à aider Haïti dans un modèle de coopération «sud-sud».

À cet égard, le cas de Cuba dans le secteur de la santé est éloquent comme l’explique un dossier de l’agence Syfia : «Depuis la signature d’un accord tripartite entre Haïti, Cuba et l’Organisation mondiale de la santé en 1998, on estime à plus de 86 000 le nombre de vies humaines sauvées par les travailleurs cubains de la santé dans ce pays où l’espérance de vie à la naissance n’est que de 53 ans. Haïti ne compte en effet que huit médecins pour 100 000 habitants, contre 290 à Cuba et 216 en République dominicaine voisine (331 en France). En six ans, nos médecins ont effectué plus de 6 millions de consultations médicales et 60 000 interventions chirurgicales, sans parler de 150 000 accouchements", précise Rolando Gomez Gonzales, chef de la diplomatie cubaine en Haïti.[...] Les résultats sont probants. Dans certaines régions, la mortalité des enfants de moins d’un an est passée de 80 à 28 pour mille et de 159 à 39 pour mille chez ceux de moins de 5 ans. Le taux de mortalité maternelle, lui, a été réduit de moitié, passant de 523 à 259 pour 100 000 accouchées.» En outre, l'École latino-américaine de Médecine (ELAM) à Cuba a formé quelques centaines d’Haïtiens.

Ce qui n’aura rien pour plaire à Washington est le rapprochement annoncé entre Haïti et le Venezuela. Hugo Chávez aurait déjà eu un entretien téléphonique avec René Préval : «Dans un communiqué de presse la présidence du Venezuela a qualifié la conversation téléphonique entre M. Chávez et M. Préval de "dialogue sincère empreinte de cordialité". Selon le communiqué René Préval a affirmé vouloir effectuer prochainement une visite à Caracas alors que Hugo Chávez a annoncé la création d'une commission pour étudier l'entrée d'Haïti au sein de Pétrocaribe, l'organisation qui vend des produits pétroliers à des tarifs préférentiels.» (Source : Radio Métropole, Port-au-Prince).

On apprend également que Hugo Chávez a manifesté son intention de visiter la ville de Jacmel le 12 mars prochain pour fêter le 200e anniversaire de l'arrivée du précusseur de l'indépendance vénézuélienne, Francisco de Miranda, dans cette ville. Et c’est là que prend toute la dimension de ce que l’on pourrait appeler la «dette Bolívarienne».

Le 12 mars 1806, Francisco de Miranda, précurseur de l’indépendance vénézuélienne crée à Jacmel le drapeau de son pays en surmontant du jaune de l’Espagne les bandes horizontales bleue et rouge du drapeau haïtiens. Miranda échouera dans sa tentative de déloger les Espagnols d’Amérique latine, mais Simón Bolívar prendra la relève.

En 1816, Jacmel accueille Bolívar qui en repartira chargé d’armes et de munitions fournies par le président haïtien de l’époque Alexandre Pétion. En plus des armes et des munitions, Pétion accorde à Bolívar le droit de recruter des volontaires Haïtiens pour se joindre à ses troupes. La seule condition de Pétion est que Bolívar libère les esclaves de tous les pays qu’il libérera de la domination espagnole. Bolívar devra battre en retraite mais tentera de nouveau en 1817 un débarquement qui mènera à la défaite, en 1819, de l’armée impériale espagnole en Colombie et à l’indépendance de plusieurs autres nations.

Cette contribution d’Haïti à la libération de l’Amérique du Sud est largement occultée dans les analyses géopolitiques, mais elle est bien présente à l’esprit des historiens sud-américains et aussi à celui des écoliers du continent à qui on apprend qu’ils sont en partie redevables à Haïti pour son soutien au Libertador Bolívar.

L’heure du remboursement aurait-elle sonnée? C’est à souhaiter pour Haïti qui trouverait davantage son compte dans la coopération «sud-sud» que dans le modèle traditionnel qui sous des couverts humanitaires s’assortit trop souvent d’interventionnisme.
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11.2.06

États-Unis : Lectorat des blogues en baisse

Selon la maison de sondages Gallup, le nombre de personnes consultant les blogues serait demeuré à toutes fins pratiques inchangé depuis un an aux États-Unis (voir Blog Readership Bogged Down). L’enquête sur les modes de vie des Étasuniens menée du 5 au 8 décembre 2005 révèle que 9 % des répondants lisent fréquemment des blogues, 11 % le font occasionnellement, 13 % rarement, alors que 66 % ne les consultent jamais. Ces données concordent avec une autre enquête menée en février 2005. La proportion d’utilisateurs du réseau qui consultent fréquemment ou occasionnellement les blogues (20 %) serait comparable à celle de ceux qui téléchargent de la musique ou participent à des encans en ligne.

La stagnation de l’utilisation ne touche pas uniquement les blogues explique Gallup qui constate un plafonnement dans toutes les applications. C’est que depuis trois ans, le taux de pénétration d’Internet aux États-Unis semble bloqué à 75 %. La seule donnée sur l’utilisation qui connaît une hausse serait le temps passé en ligne. En décembre 2002, 42 % des utilisateurs disaient passer une heure ou plus en ligne chaque jour; en décembre 2005, cette proportion serait passée à 51 %.
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10.2.06

NETendances 2005 et les blogues

Le CEFRIO (Centre francophone d'informatisation des organisations) vient de publier les résultats de son enquête NETendances 2005 réalisée entre les mois de janvier et décembre 2005. On apprend entre autres que : «Près de 4 millions d’adultes ont désormais adopté Internet au Québec, ce qui représente 64 % de la population de plus de 18 ans.» Le rapport fait aussi état d’une hausse du nombre de télétravailleurs dont l’activité professionnelle est réalisée grâce à Internet (un bond important au cours de la dernière année, passant de 19 % en 2004 à 25 % en 2005), des adeptes de la téléphonie IP (9,5 % des Québécois disaient y être abonnés en octobre 2005, alors que 15,5 % prévoyaient s’y convertir au cours de la prochaine année).

Pour ce qui est des blogues, c’est moins reluisant selon le CEFRIO. «L’enquête révèle qu’en juin 2005, 12,3 % des adultes québécois avaient déjà consulté un blogue. Les hommes visitent en plus grand nombre les carnets Web que les femmes (16,1 % contre 8,8 %). Les jeunes adultes âgés entre 18 et 24 ans (27,5 %) ainsi que les étudiants (30,9 %) semblent, eux aussi, avoir un grand intérêt pour ce type de site Web. Si l’on considère uniquement la population internaute, la proportion de gens qui lisent les blogues grimpe à 16,4 %. Les Québécois sont moins nombreux à visiter les carnets Web puisqu’à titre comparatif, les résultats d’une étude américaine effectuée en avril 2005 ont révélé que 30 % de la population internaute des États-Unis avait déjà consulté un blogue.»

L’étude dont parlent les auteurs du rapport du CEFRIO a été menée par la société Ipsos (voir Blogs Now Seen By Readers As Influential Media Source). Mais tant l’enquête du CEFRIO que celle de Ipsos pourrait être mise en parallèle avec celle de Nielsen/Netratings dont je vous parlais en juillet 2005 (voir Sondages : notoriété des blogues et censure). De ceux et celles qui consultent des blogues, 13 % ont répondu ne jamais avoir entendu parler des blogues, et 50 % savoir ce qu’est un blogue, mais ne pas vraiment les consulter, ou avoir entendu parler des blogues, mais ne pas savoir exactement ce qu’ils sont! En clair, près des deux tiers des répondants qui consultent des blogues ne savent pas que ces sites sont des blogues et les confondent avec des sites Web généraux.

J’ajoutais alors, «On pouvait douter de sondages antérieurs selon lesquels les blogues étaient très peu connus et que leur influence était donc marginale, mais les résultats de Nielsen/Netratings viennent expliquer les écarts entre perception et données statistiques.» En serait-il de même au Québec?
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9.2.06

L’état de la blogosphère, février 2006

David Sifry de Technorati publie régulièrement ses constatations sur l’état de la blogosphère et ses grandes tendances. Son plus récent billet, State of the Blogosphere, February 2006, révèle qu’il n’y a pas encore d’essoufflement de la mouvance blogue, que le nombre de blogues double à tous les 5,5 mois, et qu’il s’en crée environ 75 000 par jour.

De ce nombre, près de 10 % seraient de faux blogues (voir mon billet du 17 octobre dernier), aussi nommés splogs, un phénomène que Technorati et d’autres partenaires de l’industrie tentent d’enrayer. Technorati effectue un suivi de 27,2 millions de blogues sur lesquels 1,2 million de billets sont alimentés chaque jour, soit environ 50 000 à chaque heure.

Dans le lot de statistiques qui accompagne le rapport de Sifry, retenons le nombre de blogues qui sont activement maintenus par leurs auteurs. Tous les acteurs de l’espace blogue admettent qu’il y a eu inflation sur le nombre réel de blogues. Un grand nombre seraient créés par des personnes qui mettent la technologie à l’essai, puis l’abandonnent lorsque leur curiosité est satisfaite. Ces blogues n’en continuent pas moins de compter dans les statistiques globales. Or, Sifry rapporte que 13,7 millions de blogueurs continuent d’alimenter leurs blogues trois mois après leur création; en octobre 2005, ce nombre était de 10,4 millions.
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PBS s’intéresse à la modération sur CBC.CA

Faut-il modérer les commentaires sur un blogue? Un blogue sans possibilité d’inscrire des commentaires est-il un blogue? L’inflation verbale de certains dissuade-t-elle d’autres lecteurs de participer à un échange? Ce ne sont là que quelques-unes des questions qui se posent régulièrement dans l’espace blogue.

Le journaliste Mark Glaser qui tient blogue sur le site de la chaîne de télévision publique étasunienne PBS (MediaShift) s’intéresse à l’expérience de la chaîne canadienne CBC lors de la plus récente élection fédérale le 23 janvier dernier (voir CBC offers moderated forum for Every Precinct). Il dit avoir observé le projet Riding Talk de la CBC qui a consisté à mettre en ligne pas moins de 308 forums parallèles (un pour chaque circonscription du pays) pour permettre aux électeurs de commenter les résultats.

L’idée est venue de Jonathan Dube, directeur de l’information du site Web de la CBC, qui pour éviter tout débordement des propos a recruté pour l’occasion une groupe de modérateurs composé de journalistes. Leur tâche consistait à filtrer les commentaires pour s’assurer de leur pertinence, ce qui selon lui a assuré un haut niveau de qualité du débat. L’équipe de modérateurs n’a pas chômé : plus de 10 000 électeurs se sont exprimés sur le site Riding Talk.

Glaser se demande si un tel modèle pourrait s’appliquer à l’élection de mi-mandat de l’automne prochain aux États-Unis alors que les électeurs devront renouveler le tiers du sénat, l’ensemble de la chambre des représentants, et en outre dans 36 États choisir un gouverneur. D’une part, le défi serait de taille en raison du grand nombre de districts électoraux, et Jonathan Dube estime que certains médias locaux pourraient s’inspirer de l’expérience de la CBC. Toutefois, ce qui a rendu Riding Talk intéressant a été de pouvoir créer à l’échelle nationale une série d’échanges sur les perspectives locales.

Pour Glaser, «La technologie et Internet ont déjà changé notre manière de nous renseigner sur les candidats et les modes de financement des campagnes. Il serait intéressant, toutefois, de sortir les débats et les discussions de leurs silos partisans polarisés et de les inscrire dans un espace non partisan.»
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8.2.06

Perte des marque-pages en Firefox

Pour tout utilisateur sérieux du Web, quel que soit l’outil utilisé, la fonction signets, favoris ou marque-pages selon la plate-forme est certainement essentielle. La collection de marque-pages prend des mois à constituer, on y consigne des liens fréquemment consultés, on classe des ressources pour des projets à venir, bref, c’est la cartographie de notre espace Web.

Peu après avoir installé la mise à jour 1.5.0.1 de Firefox, en quittant l’application, une erreur est survenue et mon système (en Windows XP Pro) a redémarré. Jusque là banal comme incident, sauf qu’en relançant Firefox j’ai constaté que tous mes marque-pages avaient disparu, ainsi que tous mes paramètres et autres réglages de personnalisation.

Astuce technique : une recherche sommaire m’a permis de trouver une extension pour Firefox (format .xpi), Bookmark Backup, qui effectue une sauvegarde des marque-pages et d’autres réglages chaque fois que l’on quitte Firefox. De cette manière, si un «incident» survient, on ne perdra que les marque-pages de la plus récente séance de travail. Ingénieux.

Bookmark Backup, implicitement, effectue cette sauvegarde dans votre profil d’utilisateur. Il offre cependant la possibilité de le faire dans un répertoire de votre choix, et enregistre vos marque-pages dans un fichier html. Cette extension Firefox fonctionne sous Windows et Linux, bien que certains utilisateurs de Mac OS X aient signalé quelques problèmes.
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7.2.06

Des nouvelles d’Haïti, en quelques liens

Si le déroulement des élections présidentielle et législatives en Haïti vous intéresse, voici quelques sources d’information sur le Web.

Agence haïtienne de presse

AlterPresse

Haïti en marche

Haïti Impact

Haïti Info

Haiti Press Network

Haïti Progrès

Radio Métropole
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Il y a vingt ans...

Le 7 février 1986, Jean-Claude Duvalier quittait Haïti à bord d’un avion C-141 mis à sa disposition par les États-Unis. Liste des passagers voyageant sur cet appareil, et quelques détails sur le rôle des États-Unis dans le départ de Jean-Claude Duvalier.
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6.2.06

L’étrange affaire des caricatures

Pas besoin de refaire le topo, tout le monde est bien au fait du tollé qu’a provoqué la publication de caricatures de Mahomet (Voir la galerie dans Courrier international). Ce que je trouve étrange de cette affaire m’est venu vendredi dernier d’un billet de Danielle Attias qui écrivait : «je viens de découvrir que ces caricatures ont été publiées par le quotidien danois Jyllands-Posten le 30 septembre 2005 dernier. Pourquoi les ressortir maintenant? À quelles fins? Est-ce un moyen utilisé pour dévier l'attention des opinions publiques? À suivre...»

Samedi, dans L’Humanité, Bruno Odent tente une explication : «Les condamnations des dessins satiriques représentant le prophète Mahomet parus initialement dans un journal danois (qui l’avait lui même tiré d’un média norvégien) se sont multipliées dans l’ensemble du monde musulman au rythme de l’hyper médiatisation donnée à cette affaire.[...] L’événement qui aurait dû en rester à la dimension d’un aléa bien peu glorieux de la vie médiatique et politique danoise où les services d’un caricaturiste, libre et excessif par définition (croquant notamment Mahomet portant un turban en forme de bombe), ont été utilisés, non sans arrière-pensées, par un quotidien conservateur proche du pouvoir, lui même allié au parti d’extrême droite d’une certaine Pia Kjaersgaard, dont les dérapages xénophobes sont permanents.»

Du côté de la BBC qui consacre une foire aux questions sur l’affaire, on glane d’autres détails. Les caricatures, après avoir été publiées par un journal danois en septembre 2005, ont d’abord été reprises par un journal autrichien en janvier avant de l’être par bon nombre de médias européens quelques jours plus tard. On apprend également que dès octobre 2005, il y a eu protestations diplomatiques contre le Danemark de la part d’un certain nombre d’États islamiques.

Mais revenons aux questions posées par Danielle Attias, soit «Pourquoi les ressortir maintenant? A quelles fins? Est-ce un moyen utilisé pour dévier l'attention des opinions publiques?» Et c’est là qu’à défaut de réponse adéquate, l’affaire devient étrange.
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5.2.06

Bientôt un «timbre» courriel?

Timbre courrielNon, ce n’est pas le 1er avril, et la nouvelle vient ce matin du New York Times (Postage Is Due for Companies Sending E-Mail). Les sociétés America Online et Yahoo s’apprêtent à mettre en place un système qui accordera un traitement préférentiel aux courriels d’entreprises qui verseront un quart de sou (0,0025 $) par message pour leur livraison, l’équivalent d’un timbre-poste virtuel. Les expéditeurs devront s’engager à n’envoyer ces courriels qu’aux personnes ayant fait la demande expresse de figurer sur leurs listes d’envoi. Les courriels d’entreprises qui ne verseront pas ce droit seront livrés quand même, mais ne bénéficieront pas du traitement préférentiel qui consiste à livrer directement et sans intermédiaire les messages dans les boîtes aux lettres des abonnés.

On estime que 60 % du courriel est en fait du pourriel (courriel non sollicité expédié à des fins commerciales ou promotionnelles), et que 20 % du courriel légitime s’empêtre dans les mailles des filtres anti-pourriel et n’est donc pas livré aux destinataires. L’adoption du système de timbre-poste virtuel vise donc à assurer que les courriels commerciaux légitimes parviennent directement à leurs destinataires sans faire l’objet de filtrage.

Les observateurs soulignent qu’il y a un risque tant pour les entreprises que pour les utilisateurs car cette mesure s’appliquera tant aux envois de masse qu’aux communications commerciales individuelles comme les confirmations d’achat en ligne et les avis promotionnels. En outre, mardi prochain, le comité sénatorial du Commerce tiendra des audiences sur la neutralité d’Internet qui pourrait mener à l’adoption d’une loi interdisant aux fournisseurs de services Internet d’accorder un statut préférentiel à certains fournisseurs de contenu pour préserver l'accès universel au réseau.

Ironiquement, le Times propose d’envoyer par courriel le titre et l’adresse d’un article susceptible d’intéresser nos connaissances. Ce matin, l’article sur un éventuel timbre-poste courriel figurait en tête de liste des articles les plus recommandés.
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3.2.06

Québec : Médias «trads» et blogues

Ils ont tardé à y venir, mais des journalistes des médias traditionnels s’adonnent maintenant aux blogues. Certains, comme Josée Blanchette du Devoir, après avoir lancé le sien en janvier 2005, ont même eu le temps de quitter l’espace blogue après quelques mois (dernier billet, 28 juillet). Il y aurait eu surabondance de commentaires et de courriels selon l’auteure. Dommage, mais on comprend. D’ailleurs, en annonçant le début de l’expérience, Joblo écrivait : «Je ne sais trop si c'est l'ultime piège à cons qui me bouffera les dernières minutes qui me restent, mais je suis tombée dedans mains jointes, comme dans la religion ou les chips. Ne manquait qu'un point G à Joblo pour en faire Joblog.[...] Appelons ça une page personnelle active sur laquelle l'interactivité s'installe. Ce qu'on ne ferait pas pour éviter l'ennui...»

Comme j’écrivais déjà, «C’est vrai qu’on peut difficilement demander à des cumulards de prendre le temps de bloguer. Entre la chronique à écrire, l’autre article pigé, l’émission à animer, la présence à l’émission d’un ou d’une collègue, le commentaire occasionnel parce qu’ils sont à portée de micro, et que sais-je encore, leurs semaines sont déjà bien chargées. On ne peut être partout à la fois, même si on le voudrait.»

Ça n’empêche pas les Francs tireurs Richard Martineau de Voir (un des premiers «trads» blogueurs) et Patrick Lagacé du Journal de Montréal de tenir des blogues très fréquemment mis à jour, et de susciter de nombreux commentaires.

Par ailleurs, le chroniqueur Michel Vastel tient un blogue sur le site du magazine L’Actualité, quoique certains comme le communicateur Marc Snyder ne soient pas persuadés qu’il s’agissent dans la forme d’un «vrai» blogue. Pour le fond, c’est du bon Vastel. D’ailleurs, j’ai bien apprécié qu’il nous fasse officiellement part de ses prévisions chiffrées sur le résultat de l’élection du 23 janvier dernier, peu de chroniqueurs l’ont fait. Ce n’est pas nécessairement d’avoir raison qui compte, c’est de se commettre. Et les mois qui viennent fourniront à Vastel amplement de matériel à bloguer.

Cyberpresse nous offre de beaux exemples. J’aime bien les chroniques linguistiques des Amoureux du français (Fabienne Couturier et Paul Roux), surtout que Paul Roux ait pris le temps la semaine dernière de répondre à un certain académicien (voir Maurice Druon et nous). Mais parmi les blogues de Cyberpresse, si on en juge par l’abondance des commentaires, le Sans ligne rouge de François Gagnon qui traite de hockey est certainement le plus populaire et celui qui représente le plus l’«esprit» blogue. C’est un blogue généreux sur le plan du contenu, et aussi de l’interactivité entre l’auteur et ses lecteurs.

Le seul problème des blogues de Cyberpresse, et ce sans égard au contenu, est l’interface d’accueil qui ne présente que les premières lignes du plus récent billet. Certes, les archives sont disponibles par jours et par mois, mais on souhaiterait un «look» davantage blogue avec un aperçu des billets précédent en acceuil.

Enfin, un tout nouveau blogue, celui de Lise Ravary rédactrice en chef du magazine Châtelaine lancé ce 2 février. Elle confie tenir un journal depuis longtemps : «Après 30 ans, j’ai l’impression de me parler toute seule. C’est pourquoi l’idée du blogue m’a séduite. Je vais continuer à tenir mon journal, à l’abri des regards, car je ne vais certes pas vous ennuyer avec mes petites histoires intimes. Mais voilà, pour mes 50 ans, je m’offre une nouvelle tribune dans l’espoir de susciter la réflexion, la discussion, le brassage des idées. Je serai souvent à contre-courant. Si je ne décoiffe personne, en aucun cas, je n’aurai pas bien fait mon travail.»
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2.2.06

France : dispense de déclaration obligatoire des blogues

CNILLa Commission nationale de l’informatique et des libetés vient de publier une directive issue d’une recommandation du 22 novembre 2005, soit que la Loi informatique et libertés (Wikipedia) s’applique aux blogues, mais que leurs auteurs sont dispensés de déclaration à la CNIL, distinguant ainsi les blogues des sites Web traditionnels. En vertu de l’article 16 de la Loi Informatique et libertés, «tout traitement automatisé de données personnelles doit faire l’objet préalablement à sa mise en œuvre d’une déclaration auprès de la CNIL par le responsable de traitement (c’est celui qui détermine les finalités et les moyens du traitement). L’absence de déclaration à la CNIL est sanctionnée pénalement de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.» Voir Centre d’Études Juridiques et Économiques du Multimédia.

La CNIL explique dans un bref communiqué : «Les dispositions relatives à la protection des données à caractère personnel s’appliquent dès lors qu’un site web diffuse ou collecte une donnée à caractère personnel (nom, image, etc.). Ces sites internet, des blogs notamment, sont des traitements de données personnelles qui doivent être déclarés à la CNIL mais la plupart des internautes l’ignorent. Prenant la mesure du très grand nombre de sites web mis en œuvre par les particuliers et du faible enjeu d’une formalité administrative dans ce domaine, la CNIL a décidé, le 22 novembre 2005, de dispenser de déclaration ces sites. Ainsi leur situation juridique est clarifiée : l’auteur du site ne peut désormais voir sa responsabilité engagée sur la seule base de la non-déclaration à la CNIL.»

Emmanuel de Givry, Commissaire de la CNIL, précise que la Commission : «a voulu aussi prendre en compte la spécificité des sites personnels et particulièrement des blogs. C’est pourquoi elle vient de décider de dispenser de déclaration ces sites tout en mettant l’accent sur les règles qui y sont applicables : la diffusion d’une information sur une personne ne peut se faire sans son accord et toute personne peut s’opposer, ultérieurement, à une telle diffusion.»
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1.2.06

Chine : Microsoft suggère une approche commune, Google explique

Après que Yahoo! eut identifié un de ses clients et transmis ses données personnelles aux autorités chinoises qui lui reprochaient d’avoir transmis des secrets d’État par courriel, après que Microsoft eut fermé le blogue d’un client chinois de son service d’hébergement de blogues MSN Spaces à la demande du gouvernement, et après l’annonce récente que Google se plierait à la censure dictée par Beijing, voilà que Microsoft suggère aux entreprises de technologie une approche commune à l’égard des restrictions gouvernementales relatives au contenu des blogues. C’est le vice-président et conseiller juridique principal de Microsoft, Brad Smith, qui a formulé cette suggestion lors d’une conférence prononcée hier à Lisbonne (voir le communiqué de Microsoft).

L’approche de Microsoft repose sur trois principes. D’abord, l’adoption de normes précises pour protéger l’accès au contenu. Microsoft ne bloquera l’accès à un contenu que si elle reçoit une directive gouvernementale lui enjoignant de le faire sous peine de mesures juridiques, ou si le dit contenu contrevient aux conditions d’utilisation de ses services. Puis, Microsoft ne bloquera l’accès au contenu visé que dans le pays dont les autorités auront fait la demande de blocage; le contenu demeurera accessible au reste du monde, une mesure permise par des changements apportés à l’infrastructure de MSN Spaces. Enfin, lorsque les autorités d’un pays demandent le blocage d’un contenu, Microsoft informera l’auteur des raisons précises du blocage. Nulle part dans le communiqué de Microsoft n’est-il question d’un pays en particulier.

Le service d’hébergement de blogues MSN Spaces aurait 35 millions d’abonnés, dont 3,3 millions en Chine. Smith a déclaré que Microsoft cherchait à établir un consensus entre l’industrie et les gouvernements en ce qui a trait à la censure de contenus, mais a refusé de préciser s’il avait directement proposé cette approche à Google et à Yahoo!. Pour John Palfrey de la faculté de droit de Harvard, l’initiative de Microsoft a du bon, mais il s’attend à ce que l’entreprise de Bill Gates doive faire face à d’énormes pressions si elle maintient l’accès ailleurs dans le monde à des contenus censurés dans un pays, et si elle communique aux auteurs de ces contenus les raisons précises du blocage. (Voir Associated Press, Microsoft Amends Blog Shutdown Policies.)

Aujourd’hui, devant le Congressional Human Rights Caucus qui tenait audience à Washington sur le thème des droits de la personne, d’Internet et de la République populaire de Chine, Google a expliqué la nature de ses activités en Chine, et sa décision de lancer Google.cn pour offrir un meilleur service à la clientèle chinoise. Andrew McLaughlin, conseiller principal aux politiques chez Google et chercheur à la faculté de droit de Harvard, a déclaré que Google envisageait aussi participer à la recherche d’une approche commune de la part de l’industrie face aux restrictions gouvernementales sur le contenu.

Il a toutefois ajouté que le gouvernement des États-Unis avait un rôle important à jouer en matière de liberté d’expression et d’ouverture des communications. «Par exemple, en tant que société étasunienne dont le secteur principal d’activité est celui de l’information, nous avons demandé au gouvernement des États-Unis à traiter la censure comme un obstacle aux échanges commerciaux.»

Soulignons que le caucus du Congrès sur les droits de la personne entendra également des représentants des sociétés Cisco, Yahoo! et Microsoft et des organismes Reporters sans frontières, Human Rights Watch et Amnesty International sur la question de la censure d’Internet en Chine.

Mise à jour, 2 février

Précisons ici que Google n’a pas délégué de représentants à l’audience, mais a fait parvenir un communiqué signé par Andrew McLaughlin, conseiller principal aux politiques chez Google.

Idem pour Yahoo! et Microsoft qui ont fait parvenir une déclaration commune par écrit, tout comme l’équipementier Cisco.

Comme le rapporte News.Com, les parlementaires n’ont pas du tout apprécié que Google, Microsoft, Yahoo! et Cisco fassent parvenir des déclarations écrites. Le représentant démocrate de Californie, Tom Lantos, a déclaré que ces toutes puissantes sociétés devraient «avoir honte» d’agir ainsi : «Avec toute leur influence, leurs moyens et la visibilité dont elles jouissent, ils ont refusé de s’investir dans le type d’action positive comme le font tous les jours les militants de droits de la personne en Chine.» Puisque le caucus n’a pas statut de comité, il ne peut forcer les sociétés à témoigner. La «bande des quatre» devra cependant comparaître le 15 février prochain devant le comité des relations internationales de la chambre des représentants.
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